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Pieper Henri II

Conception-Invention

Liège 30 ou 31/03/1867, Bruxelles 12/09/1952

L’avantage d’un père inventeur, c’est que les enfants peuvent l’imiter sans susciter de question. Henri Pieper II est dans ce cas, lui qui dispose dès son adolescence d’une sorte de laboratoire où il réalise principalement des expériences d’électricité. Comme son père, Henri Pieper I, est un mécanicien particulièrement imaginatif, qui a imposé la mécanisation de la fabrication de fusils de chasse dans le pays de Liège, là même où l’on se targue d’une longue tradition de fabrication à la main, il ne voit rien de répréhensible à ce que son fils dépose un brevet pour système de lampe à arc révolutionnaire (décembre 1883). Deux ans après la présentation par Zénobe Gramme de sa dynamo à l’exposition de Paris, voici un autre jeune Wallon qui marche dans son sillage avec un socket à spirale.

Tout le petit monde de l’électricité salue l’invention du jeune Pieper ; les premières récompenses lui sont attribuées tandis que le père Pieper développe un département « électricité » dans son usine d’armement. En janvier 1885, Thomas Edison en personne est à Berlin et, au nom de la Deutsche Edison Gesellschaft  für angewandte Elektricität, signe un contrat avec les Pieper. Derrière la société berlinoise se trouve Émile Rathenau qui, en 1887, transforme la DEG en Allgemeine Elektricitäts-Gesellschaft (la célèbre société AEG) en donnant une dimension internationale à l’invention du jeune Pieper. Alors qu’il n’a pas vingt ans, le fils prodige poursuit son conte de… fée. En mai 1885, les Pieper sont appelés d’urgence à Paris. Il s’agit de créer une illumination grandiose le temps des funérailles de Victor Hugo, dont le catafalque est exposé sous l’Arc de Triomphe.

Refusant l’offre d’AEG de devenir directeur d’une de ses filiales, Henri Pieper crée, le 20 avril 1889, à Liège, la Compagnie internationale d’Électricité, société de construction de matériel électrique ; depuis la rue des Bayards, l’usine ne cessera de s’agrandir vers le quai Coronmeuse. Dans le même temps, l’une de ses deux sœurs, Elise, épouse Walther Rathenau, fils d’Émile et futur homme politique allemand, et l’autre, Joséphine, le peintre Émile Berchmans. À l’instar de Dulait à Charleroi, voire de Jaspar à Liège, Henri Pieper marche sur les traces de Zénobe Gramme et va apporter l’électricité en Russie. Administrateur de la société anonyme Compagnie internationale d’Entreprises et Exploitations électriques (1898-1920), puis administrateur de la société Construction électrique de Belgique (1920-1952), Pieper est présent dans d’autres sociétés à Moscou, Angers, Ixelles, Seraing, Liège et Spa, fondateur et administrateur de la Société des Centrales électriques de Bruxelles, et de sociétés électriques à Rostoff, Ploesti, Las Palmas, Ténériffe et Biskra. En Allemagne, il reste en contact avec AEG et Rathenau, et pourtant l’électricité n’est pas sa seule et principale préoccupation.

Alors que son père créait la FN et contrôle le Crédit général liégeois SA, que ses frères poursuivent dans le secteur de l’armement, Henri Pieper II se passionne pour tout ce qui roule : tramways, vélos et automobiles. En 1893, il met au point le premier tramway électrique à trolley du pays, et la ligne est inaugurée du côté de Herstal. Sa société se lance aussi avec succès dans la fabrication de vélos (1897).

À la tête de la SA des Établissements Pieper Liège et Nessonvaux (1898), Henri Pieper se lance résolument dans la course à la mise au point d’automobiles. Dès la fin du siècle, plusieurs modèles sont présentés. Mais en 1905, le département est en faillite et Henri Pieper se recentre sur son activité « électricité ». Du moins en partie. Toujours actif dans le secteur des tramways (invention de systèmes de freins, etc.), il veut réussir à créer son automobile. Inventant un système sans boîte de vitesse, Pieper dépose une série de brevets qui donnent naissance à « Auto-Mixte », modèle exceptionnel de voiture hybride (pétrole, batterie électrique). Construit avec l’aide de Henri Tudor, le principe de véhicule rencontre un certain succès en Europe jusqu’à la Grande Guerre, plusieurs constructeurs développant, en Italie, en France, en Angleterre, le brevet Pieper sous licence. Implantée à Herstal, la société Auto-Mixte fabrique jusqu’en 1913 des autos du système Pieper, ainsi que des camions de pompiers et des autobus. Mais dans ce secteur, les inventions de Pieper ne parviennent pas à percer, le pétrole s’imposant, à l’époque, à l’énergie électrique. Inventeur infatigable, Henri Pieper occupera les années de la Grande Guerre en créant des jouets pour les enfants que fabrique la société Le Jouet Liégeois.

 

Sources

Michel BEDEUR, dans Nouvelle Biographie nationale, t. 9, p. 288-289
Michel BEDEUR, Henri Pieper : Un génie créateur : 1867-1952, Andrimont, Vieux-Temps, 2003
Michel BEDEUR, Imperia, un empire automobile belge, Andrimont, 2004
Michel BEDEUR, Auto-Mixte Pescatore. Herstal 1905-1913, Andrimont, 2006
Les origines des grandes entreprises de l’électricité : Douze pionniers belges, s.l., Cercle d’Histoire de l’électricité, 2010
Auguste FRANCOTTE, René LALOUX (préface), Fabrique nationale d’armes de guerre. 1889-1964, Liège, Desoer, 1965
Pascal DELOGE, Une histoire de la Fabrique nationale de Herstal, Liège, Céfal, 2012, p. 36 et 45
Robert HALLEUX, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995Guy GADISSEUR, Michel DRUART, Qui est qui de l’Armurerie liégeoise. 1800-1950, s.l., éd. du Pécari, 2005, p. 211-212

Pieper Henri I

Conception-Invention

Soest (Westphalie) 30/10/1840, Liège 23/08/1898


Pionnier de la fabrication mécanique des armes, Henri Pieper avait quitté la Westphalie pour s’installer dans le pays de Liège, vers 1859. Après avoir travaillé à Herstal, Liège et Verviers, il s’établit à Liège, vers 1866/1867, et ouvre un atelier de mécanique et d’armurerie qui prend progressivement de l’expansion. Puis il se dote, dans les années 1870, d’une deuxième fabrique, à Nessonvaux, orientée dans la production de canons de fusils en damas. 

Spécialisé dans les fusils de chasse destinés à l’exportation, Henri Pieper abandonne la fabrication artisanale et parvient à la mécaniser. À partir de 1892, accompagnée d’un cavalier galopant tenant une lance à la main, la marque « Bayard » est rapidement adoptée par les amateurs d’armes et les chasseurs ; son prix est sans nulle autre concurrence. Henri Pieper produit d’autres fusils, ainsi que des revolvers dont le « Bergman – Bayard », 9 mm, sur le modèle du Mauser. Cartouches et munitions sortiront encore de ses usines. Inventif, Pieper va déposer 69 brevets en Belgique et créer 24 marques de fabrique entre 1892 et 1898. À son nom est particulièrement associé le développement de revolvers sans déperdition de gaz, dont un modèle (celui de 1893) est adopté par le Mexique, en même temps qu’une carabine à barillet du même type. À Liège, Pieper a d’ailleurs été désigné consul du Mexique en 1894.

Habile mécanicien devenu patron d’industrie, Henri Pieper est encore parmi les promoteurs du projet de Fabrique nationale d’Armes de guerre. Il s’est en effet associé à d’autres armuriers liégeois pour résister à la concurrence étrangère et pour répondre à une importante commande du gouvernement belge (150.000 fusils à répétition système Mauser, type 1889, de la société allemande Ludwig Loewe & Cie). Co-fondateur de la FN, il détient à titre personnel un cinquième des actions privilégiées de la société et est aussi présent via le Crédit général liégeois SA qu’il contrôle. Principal actionnaire, Henri Pieper revend ses parts et quitte le Conseil d'administration de FN en 1895, à la fin de la commande du gouvernement, estimant que l’association des armuriers avait vécu. L’entreprise allemande Ludwig Loewe & Cie reprend les parts et devient alors l’actionnaire majoritaire de la FN, jusqu’en 1918. Selon certaines sources (Francotte), Henri Pieper est alors nommé administrateur délégué.

Avec son fils, Henri Pieper crée la Compagnie internationale d’Électricité (1889). Ils sont encore actifs dans d’autres secteurs en plein développement, comme les bicyclettes, les voitures électriques, les tramways. En 1897, le père s’est lancé avec son fils dans la construction de tout nouveaux bâtiments, à Nessonvaux ; ses halls accueilleront l’usine Impéria, en 1907. Mais Henri Pieper père reste avant tout fabricant d’armes. À la suite d’une importante commande pour le Mexique, il se verra décerner le titre de Consul général du Mexique à Liège.

 

Sources

Michel BEDEUR, dans Nouvelle Biographie nationale, t. 9, p. 288-289
Michel BEDEUR, Henri Pieper : Un génie créateur : 1867-1952, Andrimont, Vieux-Temps, 2003
Auguste FRANCOTTE, René LALOUX (préface), Fabrique nationale d'armes de guerre. 1889-1964, Liège, Desoer, 1965
Pascal DELOGE, Une histoire de la Fabrique nationale de Herstal, Liège, Céfal, 2012, p. 36 et 45
Robert HALLEUX, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
Guy GADISSEUR, Michel DRUART, Qui est qui de l’Armurerie liégeoise. 1800-1950, s.l., éd. du Pécari, 2005, p. 211
http://www.littlegun.be/arme%20belge/artisans%20identifies%20p/a%20pieper%20henri%20fr.htm (s.v. juillet 2013)