Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Buste Georges Simenon

Buste Georges Simenon, réalisé par Ursula Förster et Angelo Monteforte, 17 juin 1992.

Au cœur du rond-point de la place du Congrès, dans le quartier d’Outremeuse, à Liège, surgit un buste de Georges Simenon, chapeau sur la tête, et désormais sans sa célèbre pipe aux lèvres, dans la mesure où de pseudo-collectionneurs ou de véritables vandales ont décidé, à plusieurs reprises, d’en priver le buste, en dépit des efforts des autorités publiques. Inaugurée le 17 juin 1992, cette statue est la première qui rende hommage à l’écrivain dans sa ville natale. L’initiative en revient au comité de quartier « Outremeuse promotion », présidé par Guy Rutten, qui, dès l’annonce du décès du citoyen d’Outremeuse, décide de lancer une large souscription publique : celle-ci rencontre un franc succès et bénéficie du soutien d’un mécène anonyme ainsi que de la Loterie nationale. Avec l’accord des autorités communales liégeoises, la place du Congrès est choisie pour installer sur un socle de pierre bleue, polie sur les faces avant et arrière, un buste en bronze sculpté par Ursula Förster et Angelo Monteforte et fondu par le fondeur ciseleur José Lhoest et son atelier installé à Herstal. Sur la face avant, une plaque en bronze mentionne simplement le prénom et le nom de l’écrivain. L’ensemble est placé au sommet d’une petite butte et le rond-point est ceinturé par des bornes en petit granit reliées par une forte chaîne.

Né à Liège où il fut notamment journaliste, le romancier Georges Simenon (1903-1989) s’est fait un nom à Paris, avant de s’installer en Amérique puis finalement en Suisse. Ses romans policiers sont parsemés de références à ses années passées en bord de Meuse ; ainsi en est-il par exemple de Pedigree, ou du Pendu de Saint-Pholien, histoire où le Commissaire Maigret impose son personnage. Avec une apparente indifférence, les meilleurs de ses romans et la série des Maigret (au total plus de 300 titres en 34 ans) brossent un panorama du temps comme Balzac et Zola l’ont fait pour leur époque. Un grand nombre de ses livres sont adaptés au cinéma, conférant une dimension supplémentaire à l’œuvre de l’écrivain.
En raison du caractère international du parcours de l’illustre Wallon, plusieurs localités « se disputent » les honneurs de l’écrivain. Depuis quelques années, la ville de Liège – aidée par la province et la Région wallonne – est attentive à honorer la mémoire de l’enfant de la cité, qui a d’ailleurs légué une partie de ses archives littéraires à l’Université de Liège (1977). Si une rue de Liège porte le nom de Simenon depuis 1978, le buste installé en Outremeuse anticipe, dans une certaine mesure, une série de manifestations d’hommage à Simenon : exposition de prestige (1993) ; « Année Simenon » en pays de Liège (2003) ; un géant représentant le Commissaire Maigret dans le folklore local ; un parcours permanent de promenade truffé de références à l’écrivain et à son œuvre ; une place du Commissaire Maigret avec un banc Simenon (2004) ; ouverture d’un Musée (2015) ; etc. 

Ursula Förster (Saint-Vith 1944) a suivi une formation en sculpture monumentale, en peinture au chevalet et en dessin à l’Académie de Liège avant de faire de la sculpture le hobby qui occupe l’essentiel de son temps. Recourant aussi bien au bronze, à la pierre, à la résine ou à la terre cuite, celle qui a installé son atelier à Seny privilégie la femme comme thème d’inspiration, même si d’autres sujets (enfants, animaux, scènes quotidienne, etc.) donnent aussi forme à des réalisations de taille moyenne ou monumentale ; le buste de Simenon est celle qui est la plus connue, mais elle est aussi l’auteur des Joueurs de billes à Huy, de L’homme au banc à Durbuy, Les Macralles à Vielsalm (2000) et de Lison à Waremme (2010). Lauréate de plusieurs prix internationaux, elle expose régulièrement. Quant à Angelo Monteforte, le mari d’Ursula Förster, il prend une part active dans la réalisation de plusieurs des œuvres monumentales de sa complice artistique, tout en appréciant travailler le frigolite. Outre les œuvres déjà citées, le couple signe, en 2005, un duo Tchantchès et Nanèsse pour le restaurant du même nom, en Grande-Bèche.
 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://mobilart-2009.be/artiste2007.php?prenom=Ursula&nom=F%F6rster (s.v. juillet 2015)
Paul DELBOUILLE, Nouvelle Biographie nationale, t. IV, p. 354-359
Pierre ASSOULINE, Simenon, Paris, éd. Julliard, 1992
Jean-Christophe CAMUS, Simenon avant Simenon. Les Années de journalisme (1919-1922), Bruxelles, Didier-Hatier, 1989.
Centre d’études Georges Simenon, Simenon, l’homme, l’univers, la création, Bruxelles, Complexe, 2002
Anne RICHTER, Simenon sous le masque, Bruxelles, Racine, 2007
Jean-Denys BOUSSART, Dans les pas de Georges Simenon. De la place Saint-Lambert à Outremeuse, Liège, Céfal, 2003, p. 20-21

 

Buste Georges Simenon (Liège)

Place du Congrès
4020 Liège

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Banc Georges Simenon

Banc et statue Georges Simenon, réalisé par Roger Lenertz, 13 février 2004.

Situé tout près de la place Saint-Lambert, derrière l’hôtel de ville, au cœur de Liège, un banc en bronze invite à partager un moment de détente, de lecture ou une photo avec l’écrivain Georges Simenon (1903-1989), représenté sans lunettes, le chapeau sur la tête, la pipe dans la main gauche, tandis que le bras droit étendu sur le dossier du banc invite le passant à partager la pose avec l’illustre romancier. Né à Liège où il fut notamment journaliste, le romancier s’est fait un nom à Paris, avant de s’installer en Amérique puis finalement en Suisse. Ses romans policiers sont parsemés de références à ses années passées en bord de Meuse ; ainsi en est-il par exemple de Pedigree, ou du Pendu de Saint-Pholien, histoire où le Commissaire Maigret impose son personnage. Avec une apparente indifférence, les meilleurs de ses romans et la série des Maigret (au total plus de 300 titres en 34 ans) brossent un panorama du temps comme Balzac et Zola l’ont fait pour leur époque. Un grand nombre de ses livres sont adaptés au cinéma, conférant une dimension supplémentaire à l’œuvre de l’écrivain. Depuis quelques années, la ville de Liège est attentive à honorer la mémoire de l’enfant de la cité, qui a d’ailleurs légué une partie de ses archives littéraires à l’Université de Liège (1977).

Outre l’exposition de prestige qui s’est déroulée en 1993, « l’Année Simenon » en 2003 en pays de Liège, l’introduction dans le folklore d’un géant représentant le Commissaire Maigret, et le parcours permanent de promenade truffé de références à l’écrivain et à son œuvre, le nom de Simenon s’inscrit durablement dans le quartier d’Outremeuse, sous la forme d’une rue et de l’identification de l’auberge de Jeunesse, à l’entrée du piétonnier en Neuvice sous la forme d’une plaque commémorative et, depuis 2004, par l’ouverture d’une place du Commissaire Maigret où a été installé le bronze de Simenon assis sur un banc… à quelques dizaines de mètres de la permanence de la police locale et surtout de la maison natale de l’écrivain (24 de la rue Léopold).

Au sol, devant le banc, une plaque en bronze explique la raison pour laquelle le monument a été érigé :


« 13 février 2004
Clôture de « Wallonie 2003, Année Simenon au Pays de Liège »
(Province, Ville et Université de Liège)

Œuvre du sculpteur Roger Lenertz et des « Carrières de Sprimont »
sur une idée de « La Libre Belgique – Gazette de Liège »,
avec l’aimable autorisation de Monsieur John Simenon,

avec le soutien de l’Office de promotion du tourisme Wallonie-Bruxelles,
de la société « Georges Simenon Family Rights Ltd »,
ainsi que des maisons d’éditions (sic)
« Georges Simenon Ltd (a Chorion Company) » (GB), « Gallimard » (F),
« Les Presses de la Cité » (F), « Tusquets Editores » (SP) et « Adelphi Edizioni) (I) ».



Inspiré d’une photo de Simenon prise à Liège en 1950, le sculpteur Roger Lenertz (1924-2012) a conçu la statue assise de Simenon et a conçu le moule dans son atelier à Saive. La sculpture en bronze qui a été coulée à Merelbeke pèse 200 kilos. Elle est déposée sur un banc de pierre, du petit granit sorti des carrières de Sprimont, qui pèse quant à lui près de 800 kilos. Déjà auteur d’un buste en argile de Simenon exposé au Palais des Congrès lors de l’Année Simenon à Liège, Roger Lenertz est un artiste liégeois au parcours atypique. L’essentiel de sa carrière, il l’a menée à la Société des Transports intercommunaux liégeois (la STIL, ancêtre du TEC) ; admis à la retraite, il décide de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts, se lance dans la peinture, avant de se consacrer à la sculpture. À Saive où il installe son atelier, il prend l’initiative d’organiser tous les deux ans une exposition de sculpture, avec l’association Saiv’Art. Son talent est apprécié et il honore plusieurs commandes publiques comme le Vî Bleu à Cheratte Haut, le buste d’Henriette Brenu au Musée de la Vie Wallonne, le monument en l’honneur des chasseurs ardennais à Florenville, ou les deux mineurs de Blegny. Reconnu aussi à l’étranger, où il expose, il laisse notamment une œuvre chez Moët et Chandon à Epernay.
 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Paul DELBOUILLE, Nouvelle Biographie nationale, t. IV, p. 354-359
Pierre ASSOULINE, Simenon, Paris, éd. Julliard, 1992
Jean-Christophe CAMUS, Simenon avant Simenon. Les Années de journalisme (1919-1922), Bruxelles, Didier-Hatier, 1989.
Centre d’études Georges Simenon, Simenon, l’homme, l’univers, la création, Bruxelles, Complexe, 2002
Anne RICHTER, Simenon sous le masque, Bruxelles, Racine, 2007
 

Banc Georges Simenon


 

 

Place Commissaire Maigret 
4000 Liège

carte

Paul Delforge

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Simenon Georges

Culture, Littérature

Liège 13/02/1903, Lausanne 6/09/1989

Parmi les personnalités marquantes de Wallonie, la signature de Georges Simenon s’impose sans conteste. Né à Liège, le romancier s’est fait un nom à Paris ; installé en Amérique puis finalement en Suisse, il jouit d’une indéniable réputation internationale sans que ne soit rompu le lien avec sa région natale. L’œuvre du maître du roman policier est en effet parsemée de références à ses années passées en bord de Meuse.

En ouvrant Pédigrée, par exemple, cette chronique d’une famille liégeoise vivant entre 1903 et 1918, que l’écrivain a écrite pendant la guerre et publiée en 1948, on rencontre le jeune Simenon, sous les traits de Roger Mamelin, bon élève de l’Institut Saint-André en Outremeuse, étudiant au Collège des Jésuites qui rêve de devenir officier, et enfin l’adolescent qui abandonne ses études à l’annonce de la grave maladie de cœur de son père : il a quinze ans quand la Grande Guerre s’achève et il doit gagner sa vie. 

Apprenti-pâtissier, commis dans une librairie, le jeune garçon qui est un grand lecteur trouve sa voie dans le journalisme, à La Gazette de Liège. Au gré des reportages, un nouveau monde se révèle à lui, celui des commissariats de police, celui des théâtres, des conférences... Sous le nom de Monsieur le Coq, il signe un billet quotidien : « Hors du poulailler », qui ne manque pas de sel. Plaçant quelques nouvelles dans diverses revues, la plume de Monsieur le Coq s’attache à faire sourire à la lecture des mœurs liégeoises dans Au Pont des Arches ; sous le pseudonyme de Georges Sim, illustré par des copains et publié à compte d’auteur, ce petit roman constitue sa première publication (1921), le premier d’une longue série. Si les premiers écrits publiés sous divers pseudonymes sont surtout « alimentaires », Georges Simenon qui part s’installer à Paris dès 1923 produit à un rythme forcené des contes légers, des nouvelles et des romans d’aventures qui construisent son écriture et son univers.

Sans grande importance lorsqu’il apparaît pour la première fois dans Le Train de nuit (1930), le personnage de Maigret va s’imposer de manière centrale dans l’œuvre de Simenon à partir de Pietr-le-Letton (1931), composé aux Pays-Bas, puis du Pendu de Saint-Pholien. Si des « affaires criminelles » liégeoises constituent la matière de ses romans, Simenon a besoin de voyager pour nourrir son inspiration. Comme ses romans, il fait le tour du monde. Après un séjour près de La Rochelle (1938-1945), il part pour le Canada puis les États-Unis. Pendant dix ans, il séjourne en Amérique (1945-1955), avant de s’installer à Lausanne (1957), au bord du lac Léman, où il achève paisiblement ses jours. En 1972, il avait décidé de ne plus écrire. En lieu et place de la dactylographie, il utilisera un magnétophone et alimentera de ses réflexions les Dictées publiées en 21 volumes.

Si l’influence de ses vingt premières années passées à Liège transparaît dans nombre de ses ouvrages, le talent de Simenon réside surtout dans sa manière de donner vie à des gens ordinaires, en qui chacun peut se reconnaître, qu’il les situe sous des cieux d’Amérique ou d’Europe. Cette volonté sobre de réalisme quotidien, même en situation de conflit, est l’une des clés du succès littéraire rencontré par l’écrivain prolifique. Romancier le plus traduit du siècle, Simenon a été une véritable « machine à écrire ». Menée tambour battant, l’intrigue de ses romans policiers ne peut faire oublier les dons d’observation, la peinture réaliste de la société du XXe siècle, ni même la psychologie des personnages confrontés avec des événements exceptionnels. Avec une apparente indifférence, les meilleurs de ses romans et la série des Maigret (au total plus de 300 titres en 34 ans) brossent un panorama du temps comme Balzac et Zola l’ont fait pour leur époque. Un grand nombre de ses livres sont adaptés au cinéma, conférant une dimension supplémentaire à l’œuvre de l’écrivain qui accepte volontiers de participer à des jurys de festival.

En 1977, Simenon fait don de ses archives littéraires à l’Université de Liège. Avec Jacques Dubois et Jean-Marie Klinkenberg, le professeur Maurice Piron crée le Fonds Simenon et un Centre d’études consacré à l’écrivain. Ce sont aussi des professeurs liégeois (Jacques Dubois et Benoît Denis) qui éditent une sélection des romans de Simenon en trois tomes dans la collection de la Pléiade. Quant aux autorités publiques liégeoises, elles accordent une très grande importance à leur illustre citoyen, notamment en 2003, décrétée année Simenon.

Sources

DELBOUILLE Paul, Nouvelle Biographie nationale, t. IV, p. 354-359
ASSOULINE Pierre, Simenon, Paris, éd. Julliard, 1992
Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
CAMUS Jean-Christophe, Simenon avant Simenon. Les Années de journalisme (1919-1922), Bruxelles, Didier-Hatier, 1989.
Centre d’études Georges Simenon, Simenon, l’homme, l’univers, la création, Bruxelles, Complexe, 2002
RICHTER Anne, Simenon sous le masque, Bruxelles, Racine, 2007
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. III
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV