La loi de juillet 1932 sur l’emploi des langues en matière administrative continue de se référer aux limites provinciales et aux résultats du volet linguistique du recensement décennal de la population : quand elle est majoritaire, la réponse donnée à l’expression « langue parlée uniquement ou le plus fréquemment » à l’occasion des recensements rend obligatoire la langue utilisée par les administrations communales. Si une minorité atteint 30%, l’administration communale est tenue de communiquer au public dans les deux langues. La mise en application de la loi de 1932 fut vivement contestée avant-guerre, sous prétexte que la référence de la loi au recensement linguistique n’était pas connue des recensés. Ce n’est plus le cas lors du recensement de 1947.
« À la frontière linguistique et à la périphérie de la région de Bruxelles de nombreux recensés optent pour le français, écrit P-H. Levy. À Enghien, si la connaissance du français passe, entre 1930 et 1947, de 90 à 96% sa « pratique la plus fréquente » passe de 47 à 89%. La majorité change et la pratique du flamand tombe loin en dessous des 30% nécessaires à la communication dans les deux langues ! À Bruxelles, toute l’agglomération devient à majorité francophone par la francisation de Molenbeek, Jette, Koekelberg et Anderlecht auxquelles viennent s’ajouter Ganshoren, Evere et Berchem-Sainte-Agathe ; d’autres communes périphériques se francisent et les milieux flamands usent de l’expression de la tache d’huile de Bruxelles pour qualifier le phénomène. Le résultat du recensement de 1947 est refusé par les Flamands. La lutte se fera plus vive et c’est finalement par accord entre néerlandophones et francophones que le recensement linguistique est supprimé en mai 1960 » (Lévy). Néanmoins, la loi s’applique en 1954, dès que le nouveau gouvernement publie les résultats du volet linguistique du recensement de 1947.
Référence
Loi du 28 juin 1932 ; Ency02 ; Ency03
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)