À la mort de Carloman en 771, Charlemagne élimine la descendance de son frère, ce qui lui confère tous les pouvoirs. Le maintien de la puissance des Carolingiens a un prix : l’établissement d’une pyramide hiérarchique où s’établissent des liens particuliers reposant sur une obligation contractuelle et des satisfactions consenties. En 779, Charlemagne édite le capitulaire dit de Herstal. Il s’agit de son premier texte destiné à organiser le fonctionnement du royaume, en particulier la question financière. D’autres capitulaires préciseront le « modèle carolingien ».
À défaut d’ors et autres richesses, les puissants n’ont d’autres moyens de payer la fidélité des hommes libres (vassi) – souvent des guerriers de métier – qui se placent sous leur protection qu’en confisquant ou conquérant des terres ; après les biens de l’Église (contre paiement d’un cens), ceux des pays voisins sont accaparés. Pour s’assurer d’une fidélité prêtée par serment, des envoyés du seigneur (missi dominici) procèdent au contrôle strict des vassaux et imposent progressivement un modèle unique à l’ensemble du royaume (justice, monnaie, poids et mesures, etc.). De surcroît, à leur décès, les vassaux sont contraints de rendre leurs terres. En grande partie, la politique de conquête européenne de Charlemagne s’explique par la nécessité de « nourrir » le délicat système de gouvernement reposant sur les relations féodo-vassaliques.
Références
Duby42 ; www_cm0714 ; www_cm0814
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)