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7100

Paul Delforge (avril 2015)-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Plaque Marguerite BERVOETS

Apposée sur la maison familiale des Bervoets à La Louvière, une plaque rend hommage à l’héroïsme d’une jeune résistante promise à une belle carrière littéraire. Professeur à l’École normale de Tournai au moment de l’invasion allemande de mai 1940, Marguerite Bervoets avait suivi une formation de romaniste auprès de Gustave Charlier à l’Université libre de Bruxelles qui lui avait procuré un diplôme universitaire, mais surtout lui avait permis de cultiver son goût et sa curiosité pour l’écriture. Délaissant sa thèse de doctorat et son activité littéraire, elle s’engage dans la Résistance dès 1941.

Membre de la Légion belge, elle fait paraître le clandestin La Délivrance, tout en devenant un agent de liaison. Surprise au moment où elle tentait de prendre des photographies du champ d’aviation de Chièvres, Marguerite Bervoets est arrêtée, jugée et condamnée à mort. Transférée en Allemagne, elle est décapitée à Brunswick, à la prison de Wolfenbüttel le 7 août 1944.
 

Inauguration de la plaque commémorative apposée sur sa maison natale. (La Louvière, 17 novembre 1946)

Le jour même où un monument est inauguré dans la cour de l’École moyenne de La Louvière, une autre inauguration a lieu quelques dizaines de mètres plus loin, la pose officielle d’une plaque sur la façade de la maison natale de Marguerite Bervoets, juste à côté de l’hôtel-restaurant Mille Colonnes exploité par son père. En raison de la ressemblance entre la plaque apposée sur la maison familiale et celles figurant sur le monument de l’École moyenne, on peut être tenté d’attribuer à Hector Brognon (1888-1977) la réalisation de la plaque commémorative évoquée ici.

Professeur à l’École industrielle et commerciale d’Écaussinnes pendant plusieurs années, Brognon a signé de nombreuses réalisations en Hainaut, aussi bien des bustes et des statues, que des monuments aux morts sur les places publiques (comme celui d’Écaussinnes-d’Enghien, sur la Grand-Place) ou dans les cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926, ou le bas-relief Ernest Martel en 1939). La pierre bleue d’Écaussinnes n’a plus de secret pour celui qui a été surnommé récemment « le Rodin de Bois d’Haine ».

Dans les années 1970, d’importants travaux conduisent à la démolition de l’hôtel et de la maison voisine, dans le haut de la rue Sylvain Guyaux, près de la place Mansart. Dans l’étroite galerie piétonne qui est aménagée, entre la rue Guyaux et la rue Albert Ier, la plaque commémorative a été rétablie. Depuis le début du XXIe siècle, la galerie est cependant fermée et la plaque disparaît de la vue du public, jusqu’à sa restauration et son rétablissement sur la façade du n°32 de la rue Guyaux fin 2014, début 2015.


Lucienne BALASSE-DEGUIDE, dans Biographie nationale, t. 43, col. 82-89
Roger DARQUENNE, Images de Chapelle-lez-Herlaimont, Écomusée régional du Centre, 1994
http://www.lalouviere.be/UploadDirectory/Publication/Documents/PV%20Conseil%2008.03.17.pdf 
http://www.maisondusouvenir.be/marguerite_bervoets.php (s.v. avril 2014)
Émile PEQUET, Marguerite Bervoets, [Mons], Hainaut, Culture et Démocratie, 2014, coll. Les Carnets de la Mémoire.
Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d'Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, p. 155
 

rue Sylvain Guyaux 32
7100 La Louvière

carte

Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Monument Marguerite BERVOETS

Situé dans la cour de l’Athénée de La Louvière, un monument rend hommage à l’héroïsme de deux femmes, résistantes durant la Seconde Guerre mondiale. Si l’accent est mis sur la personnalité de Marguerite Bervoets (1914-1944), l’œuvre réalisée par le sculpteur Hector Brognon (1888-1977) est également dédiée à Laurette Demaret (1921-1944).

Professeur à l’École normale de Tournai au moment de l’invasion allemande de mai 1940, Marguerite Bervoets avait suivi une formation de romaniste auprès de Gustave Charlier à l’Université libre de Bruxelles qui lui avait procuré un diplôme universitaire, mais surtout lui avait permis de cultiver son goût et sa curiosité pour l’écriture. Délaissant sa thèse de doctorat et son activité littéraire, elle s’engage dans la Résistance dès 1941. 

Membre de la Légion belge, elle fait paraître le clandestin La Délivrance, tout en devenant un agent de liaison. Surprise au moment où elle tentait de prendre des photographies du champ d’aviation de Chièvres, Marguerite Bervoets est arrêtée, jugée et condamnée à mort. Transférée en Allemagne, elle est décapitée à Brunswick, à la prison de Wolfenbüttel le 7 août 1944. En 1946, le ministre Auguste Buisseret autorise – fait exceptionnel – le Lycée de Mons à porter le nom de celle qui y avait achevé ses humanités ; l’établissement était dirigé par la mère de Marguerite Bervoets. À La Louvière, où elle avait accompli ses classes primaires avant ses trois premières années d’humanités à l’École Moyenne du Centre, c’est un monument qui est élevé dans la cour d’honneur dès le 17 novembre 1946. Le même jour, est apposée une plaque commémorative sur sa maison natale.

Le monument de La Louvière rend également hommage à Laurette Demaret, elle aussi entrée très jeune dans la résistance active. Membre du Mouvement national belge, affectée dans un réseau de renseignements et d’évasion de pilotes alliés, Laurette Demaret est tuée lors d’une opération menée le 26 août 1944 dans les environs de Temploux. Ancienne élève de l’École moyenne de la rue de Bouvy, Laurette Demaret voit non seulement son nom mais aussi son combat associés à celui de Marguerite Bervoets dans ce monument dédié au rôle des femmes dans la Résistance.

Le monument de La Louvière rend un égal hommage à Laurette Demaret et à Marguerite Bervoets. Le visage réalisé par le sculpteur est une synthèse de celui des deux jeunes filles, ne ressemblant ni à l’une ni à l’autre. Sur un socle de pierre, le sculpteur a en effet représenté une jeune femme en pied, tenant en main un fusil (symbolisant leur combat), et semblant vouloir aller de l’avant d’un pas décidé.

Quant au sculpteur et architecte Hector Brognon, par ailleurs professeur à l’École industrielle et commerciale d’Écaussinnes pendant plusieurs années, il a signé de nombreuses réalisations en Hainaut, aussi bien des bustes et des statues, que des monuments aux morts sur les places publiques (comme celui d’Écaussinnes-d’Enghien, sur la Grand-Place) ou dans les cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926, ou Ernest Martel en 1933). La pierre bleue d’Écaussinnes n’a plus de secret pour celui qui a été surnommé récemment « le Rodin de Bois d’Haine ».

 

Lucienne BALASSE-DEGUIDE, dans Biographie nationale, t. 43, col. 82-89
Roger DARQUENNE, Images de Chapelle-lez-Herlaimont, Écomusée régional du Centre, 1994
Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d'Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56

rue de Bouvy, cour d’honneur de l’Athénée
7100 La Louvière

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Jean-Baptiste BERGER

Entre la rue Albert Ier et la rue du Temple, à La Louvière, s’étirait au début du XXe siècle une rue des Écoles, en référence à l’école primaire du Centre et à l’école moyenne des garçons qui s’y trouvaient. En 1929, elle est débaptisée tout en continuant pourtant à se référer au monde de l’éducation scolaire puisque c’est le nom de Jean-Baptiste Berger (1882-1927) qui lui est donné, en hommage à l’action menée par le « directeur-fondateur des écoles industrielles moyenne et supérieure, directeur d’école moyenne », ainsi que le précise le bas-relief en bronze fixé sur le mur de l’établissement scolaire qui accueille au début du XXIe siècle un enseignement de promotion sociale (format21).
Confiée à Alfred Courtens, le bas-relief qui est un « hommage de reconnaissance » représente Berger en trois quarts profil dans la partie centrale, énonçant dans la partie supérieure :


EN SOUVENIR DE
Mr J.B. BERGER
1882-1927


Régent de formation, J-B. Berger avait en effet fait partie de l’équipe qui contribua à fonder l’école des garçons en 1882. Structure scolaire embryonnaire à ses débuts, l’établissement voyait progressivement grossir le rang de ses élèves et de ses professeurs au moment où il prenait ses quartiers définitifs rue Malbecq. En 1894, J-B. Berger succédait au premier directeur, Eugène Dufour ; quatre ans plus tard, il créait l’École industrielle moyenne et, en 1907, en raison du succès de l’enseignement prodigué à des élèves toujours plus nombreux, Berger fondait une école industrielle supérieure qui offrait une formation de techniciens qualifiés, destinés à être immédiatement employés par une industrie en plein développement. En raison de son rôle fondateur, J-B. Berger assura la direction des deux écoles, dès 1898 pour l’École industrielle, à partir de 1907 pour l’École industrielle supérieure.
 

Statue Jean-Baptiste Berger (La Louvière)

En choisissant de confier la réalisation du bas-relief au sculpteur bruxellois Alfred Courtens (1889-1967), les autorités locales optaient pour un jeune artiste qui disposait déjà d’un nom dans le métier. Ayant grandi dans une famille de peintres, sculpteurs et architecte, le fils de Franz Courtens avait par ailleurs bénéficié également des conseils de Charles Van der Stappen à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, avant de suivre les cours de Thomas Vinçotte à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts à Anvers. Prix Godecharle 1913 (grâce à un Caprice exceptionnel, Le Caprice est le nom de l’œuvre audacieuse qu’il vient de réaliser), le jeune artiste ne cache pas qu’il cherche à sortir des sentiers battus ; mais, après la Grande Guerre, il répond essentiellement à des commandes officielles, tout en accordant beaucoup d’attention à la famille royale de Belgique (notamment le monument reine Élisabeth à Eisden, Léopold II à Ostende, reine Astrid à Courtrai, Léopold III à Courtrai, etc.).

Après l’Armistice, la production de Courtens va correspondre à la volonté des autorités nationales d’honorer les victimes de la Grande Guerre et de réaffirmer le projet politique de 1830. Ses monuments sont essentiellement implantés en Flandre et à Bruxelles, mais pas seulement : il signe en effet le monument de La Louvière, de Virton et de Sombreffe pour les victimes de 14-18 et, en 1949, il sera le lauréat du concours visant à ériger La borne de la Libération à Hértain, première localité libérée par les troupes britanniques en 1944. Des bustes lui sont aussi commandés par des diplomates, des hommes politiques (Gutt, Pholien, etc.), des industriels ou en leur honneur, comme c’est le cas à Court-Saint-Étienne avec le buste Henricot. De 1927 à 1951, il enseigne aussi le modelage et la sculpture à l’Académie de Dendermonde (la ville dont sa famille est originaire). « Illustrateur du sentiment patriotique belge », médailleur et statuaire de la Cour, Courtens est absorbé par la statuaire publique et le bas-relief qu’il signe à La Louvière en hommage à Berger reste une œuvre soignée et de qualité, tout en étant classique.


Marcel HUWÉ, Fidèle MENGAL, Fernand LIENAUX, Histoire et petite histoire de La Louvière, 1959, p. 573
Axelle DE SCHAETZEN, Alfred Courtens, sculpteur, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Ixelles, juin-septembre 2012, Bruxelles, Racine, 2012
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Alfred Courtens, dans Nouvelle biographie nationale, vol. 6, p. 87-91
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Les Courtens. Deux générations d’artistes, Mouscron, 1999
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 262

rue Jean-Baptiste Berger (anciennement rue des Écoles), place Maugrétout
7100 La Louvière

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Banc Maurice Roland

Banc Maurice Roland, 28 septembre 1947.
Sculpteur et architecte inconnus.

Banc Maurice Roland – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam


À la Louvière, le parc communal Warocqué rassemble plusieurs monuments commémoratifs importants. Parmi ceux-ci, un banc rend hommage au chanteur wallon Maurice Roland. Il a été inauguré au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, au moment où la stèle dédiée à Léopold Dupuis a été déplacée, soit très précisément à l’occasion des Fêtes de Wallonie, le 28 septembre 1947. Les Mouchons d’aunias fêtent alors leur 35e anniversaire. Ce petit monument dédié à Maurice Roland est installé face au monument Vî-Stou. Érigé à l’initiative du groupement wallon Les scryeus du Centre, il se présente sous la forme d’un petit banc dont le nom complet est  « le banc de la chanson wallonne » et d’une stèle comportant une inscription en wallon :
 

Banc del canson walone al memwâre du fel canteû Maurice Roland.

Chansonnier wallon bien connu, Maurice Roland fait partie de la troupe de Coop Parade avec Marcel Vanbrabant et bien d'autres (Chaumont les rejoindra). À la Louvière, l’équipe du journal El Mouchon d’Aunias (né en 1912) met sur pied un cabaret wallon ; s’y produisent les Brismé, les Nopère, Isidore Collin, ainsi que Maurice Roland. Après l’interruption de la Grande Guerre, les activités reprennent.
Aussi ritualisé que le parcours namurois des plaques lors des Fêtes de Wallonie, un cortège folklorique se rend chaque année aussi, à La Louvière, à l’occasion des Fêtes de Wallonie, en différents endroits, dont le parc communal, et l’on s’arrête devant chaque monument. Des discours sont prononcés. Lors de l’inauguration du mémorial Maurice Roland, en 1947, la ville de La Louvière est remerciée pour avoir réalisé le « banc de la chanson wallonne » et pour le soutien attentif qu’elle apporte à la littérature wallonne en général.

Sources

Le Mouchon d’aunias, Revue wallonne, La Littérature patoisante. La chanson. Le folklore du Centre, octobre 1947, 35e année, p. 2-8
http://www.lalouviere.be/Front/c2-772/Promenade-au-Parc-communal.aspx (s.v. mai 2014)
Promenade au parc, La Louvière, archives de La Louvière, s.d., p. 21

Parc communal
7100 La louvière

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Paul PASTUR

Encastrée dans la façade de la maison située au coin de l’avenue Rêve d’Or et de la rue Warocqué, à La Louvière, une plaque rend hommage à l’action menée par Paul Pastur (1866-1938) en faveur des loisirs des travailleurs.

 

Paul Pastur

Avocat au barreau de Charleroi, grand ami de Jules Destrée, Pastur resta marqué toute sa vie par les événements sociaux de 1886 et se fera le défenseur acharné du suffrage universel et de législations sociales favorables aux travailleurs. Dirigeant du POB naissant, échevin de Charleroi entre 1896 et 1900, il n’acceptera que des mandats à l’échelon provincial : de 1900 à 1938, il est l’un des députés permanents du Hainaut et, à ce titre, consacre ses meilleurs efforts pour démocratiser l'enseignement et la culture. 

Initiateur de l'École industrielle supérieure provinciale (1903), qui devient l'Université du Travail en 1911, il introduit en Hainaut, sur l'exemple américain, une fête des mamans, le dernier dimanche de mai (1927), qui deviendra nationale 10 ans plus tard. Il consacre aussi une attention particulière à l’obtention puis à l’amélioration de loisirs pour les travailleurs (temps de travail, infrastructures, etc.).

Dès 1919, il avait créé une structure provinciale active sur le Hainaut : la « Commission des loisirs des travailleurs » était chargée de réfléchir à la manière de procurer aux ouvriers des occupations de leur temps libre équivalant à celles des bourgeois aisés. Ensuite, en constituant 7 sections (habitation, jardinage, petit élevage, étude, éducation physique, éducation artistique, éducation intellectuelle), il les chargea de mener des animations, des concours, des ateliers afin de structurer « positivement » le temps libre obtenu par la diminution des horaires de travail. 

Se constituèrent des sociétés d’habitation à bon marché, des compagnies de théâtre, des groupes d’animateurs socio-culturels, des sociétés de gymnastique et d’éducation physique, plus de 200 bibliothèques, et furent organisées des expositions, des « projections lumineuses », des conférences, etc. En 1924, Pastur lance l’idée d’un congrès international des loisirs de l’ouvrier : il se tiendra en 1935 à Bruxelles, dans le cadre de l’Exposition.

Quelques mois après la disparition de Paul Pastur, l’ouverture d’une Maison des loisirs, à La Louvière, perpétue son œuvre. L’inauguration a lieu le 9 juillet 1939. C’est là qu’est apposée la plaque, en présence d’Alexandre André, président du Conseil provincial. Dans son discours, ce dernier compare l’activité de Paul Pastur à celle de Jules Destrée. Sur la plaque, apparaissent aussi les armoiries de la province de Hainaut.



Jacques GUYAUX, Paul Pastur, la grandeur du Hainaut, Bruxelles, éd. Labor, Institut Destrée, Fonds Pastur, 1978, p. 77-81, 115-116.
Paul DELFORGE, Paul Pastur, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1240-1241.

Rue Warocqué
7100 La Louvière

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Amand MAIRAUX

Statue à la mémoire d’Amand Mairaux, réalisée par Victor Rousseau, 30 août 1890.
 
Considéré comme le fondateur de La Louvière, Amand Mairiaux (1817-1869) a été statufié dans l’espace public dès la fin du XIXe siècle. Dans ce siècle particulièrement dynamique et prospère que connaît la Wallonie, la petite commune de Saint-Vaast n’échappe pas au phénomène de transformation qu’impose le développement des industries et des moyens de communication. Située à proximité du canal Charleroi-Bruxelles et de la ligne ferroviaire Mons-Manage, Saint-Vaast accueille tant de nouveaux ateliers que sa population explose. Ainsi, en vingt ans, ils sont six fois plus nombreux à s’être installés dans le petit hameau de La Louvière qui fait partie de la localité dirigée, depuis 1854, par Amand Mairaux. Et dans cette localité, il est très tôt question de séparation administrative.

Pour faire face à l’afflux d’habitants et à ses conséquences, le bourgmestre a élaboré avec son collège un projet visant à développer le quartier jusqu’alors négligé de La Louvière. Par son mariage avec une fille de Nicolas Thiriar, Mairaux y possède des biens fonciers. Ce conflit d’intérêt, les opposants au déplacement du centre de gravité de Saint-Vaast vers La Louvière le dénoncent. Dans les quartiers de Baume et du vieux Saint-Vaast, on considère que les investissements déjà réalisés (une église a été construite et deux classes d’école ouvertes) suffisent et l’on s’oppose vivement au plan d’agrandissement défendu par Amand Mairaux et ses partisans. Entre les partisans du maintien de l’unité de Saint-Vaast et ceux qui prônent l’autonomie et la séparation administrative, l’opposition locale est particulièrement vive. C’est le parti de Mairaux qui s’impose quand un arrêté royal valide en 1866 le plan d’aménagement de La Louvière : de nouvelles rues sont tracées, de nouvelles infrastructures sont construites (église, école, maison communale) et une structuration de l’espace est imposée.

Quant à la scission de l’entité communale, elle est débattue et approuvée par le Conseil provincial du Hainaut en 1867, puis par le Sénat le 10 avril 1869. Dès le mois d’août, La Louvière dispose du statut de commune autonome. Amand Mairaux n’est cependant plus là pour assister à l’événement. Homme d’affaires, défenseur des idées et du programme du Parti libéral, il était décédé en février 1869.

C’est donc à « son bienfaiteur » que La Louvière rend hommage en août 1890, en inaugurant une imposante statue réalisée par le sculpteur Victor Rousseau (1865-1954). L’artiste est alors tout jeune. Il n’est pas encore professeur de sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1901-1919), ni directeur de la dite Académie (1919-1922, 1931-1935). À ce moment, il n’a pas encore reçu le Grand Prix de Rome 1911, ni le Grand Prix des arts plastiques (1931), ni celui des amis du Hainaut 1935. Il n’a pas encore travaillé à la décoration du Pont de Fragnée à Liège, ni dans la cour d’honneur de l’ancien château de Mariemont (Vers la Vie), ni à la réalisation du Memorial in Gratitude à Londres. Victor Rousseau n’est pas encore le représentant actif de l’art wallon dont on cherche à cerner la définition tout au long des premières années du XXe siècle. Il n’est pas encore le « Grand » Victor Rousseau, mais sa participation au chantier pharaonique du Palais de Justice de Bruxelles (dans les années 1880) l’a poussé à suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles et, en 1890, le prix Godecharle distingue ce jeune talent promis à un bel avenir. C’est ce « sculpteur d’âmes », originaire de Feluy, qui fige Mairaux dans le bronze pour l’éternité.

Représentant Mairaux debout, tête nue et en redingote, il tient son bras gauche le long du corps avec la main ouverte pointée vers le sol, tandis que la main droite tient le plan d’aménagement du quartier du centre de 1866. La statue en bronze fait 3 mètres de haut et est posée sur un socle en pierre qui fut d’abord installé sur la place communale. De nombreux travaux d’aménagement de La Louvière ont conduit le monument au bas du boulevard Mairaux, avant d’être (définitivement) installé dans le haut de la même avenue.
Le monument ne met en évidence que l’action politique locale. 

Particulièrement explicites, les inscriptions mentionnées sur le socle identifient clairement le personnage et les intentions de ceux qui  ont pris l’initiative de lui élever une statue. De face, on peut lire :

« Amand Mairaux
bourgmestre de Saint-Vaast – La Louvière
1854-1869 »
Du côté gauche : 
« Né à Frasnes-lez-Couvin le 28 janvier 1817
décédé à Soignies siégeant au conseil de milice le 26 février 1869 »
À l’arrière : 
« Inauguré le 30 août 1890 »
Du côté droit
« Au fondateur de La Louvière les habitants reconnaissants ».

 

Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434
http://lalouviere-ville.skyrock.com/425448810-Amand-Mairaux.html 
Richard DUPIERREUX, Victor Rousseau, Anvers, 1944, coll. Monographie de l’art belge
Marcel BOUGARD, Victor Rousseau. Sculpteur wallon, Charleroi, Institut Destrée, 1968, coll. Figures de Wallonie
Denise VANDEN EECKHOUDT, Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 539

Place Maugrétout 
7100 La Louvière

carte

Paul Delforge

IPW

Monuments du parc communal de La Louvière

Inauguré en 1898 non loin du centre-ville, le parc communal de La Louvière accueille trois monuments rendant hommage aux artistes wallons.

Un mémorial dédié à l’auteur-compositeur wallon Léopold Dupuis se trouve en bordure de la rue Warocqué. Né à Saint-Vaast le 27 mars 1859 et mort à La Louvière le 9 janvier 1932, il était surnommé Vî-Stou. Compositeur attaché pendant plus de quarante ans à la faïencerie Boch, il nous laisse des œuvres variées et nombreuses, très appréciées du public. En 1912, il crée le journal wallon Wallonia et El’ mouchon d’Aunias auquel il collaborera jusqu’à sa mort. Il y publiera notamment un glossaire du wallon du Centre. Auteur de deux opérettes et de pièces de théâtre, il en a composé toutes les musiques. Le monument lui rendant hommage a été érigé en 1934 à l’initiative du Mouchon d’Aunias et comporte un buste de Dupuis réalisé par Hector Brognon (1888-1977), sculpteur originaire de Bois-d’Haine et créateur de plusieurs monuments commémoratifs dans le Hainaut. Sous ce buste, une inscription : « Hommage de la Wallonie à Vî-Stou (Léopold Dupuis), littérateur – poète – musicien wallon (1859-1932) ».

Face à ce mémorial, un petit monument rend hommage au chanteur wallon Maurice Roland. Érigé à l’initiative du groupement wallon Les scryeus du Centre, il se présente sous la forme d’un petit banc dont le nom est  « le banc de la chanson wallonne » et d’une stèle comportant une inscription en wallon : « Banc del canson walone al memwâre du fel canteû Maurice Roland ».

Enfin, à quelques mètres de ces deux monuments, un troisième rend pour sa part hommage aux auteurs et interprètes wallons du Centre. Érigé en 1962 pour les cinquante ans de la revue El’ mouchon d’Aunias, il consiste en une sculpture en bronze réalisée par l’artiste louviéroise Louise Nopère (née en 1933), spécialiste des figures de jeunes filles. Elle représente une jeune femme en tablier, levant les yeux au ciel et tenant un coq dans ses bras.

À quelques mètres du parc, l’immeuble faisant le coin de la rue Arthur Warocqué et de l’avenue Rêve d’or conserve une plaque rendant hommage à Paul Pastur. Comportant un blason, elle nous indique que « cette maison, inaugurée le 9 juillet 1939, perpétue l’œuvre de Paul Pastur, père des loisirs du travailleur. »

Rue Arthur Warocqué
7100 La Louvière

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Stèle et médaillon Paul LEDUC

Stèle et médaillon à la mémoire de Paul Leduc, 25 septembre 1947.


Originaire de La Louvière, Paul Leduc est considéré comme un peintre davantage luministe qu’impressionniste, principalement inspiré par les paysages, même s’il réalisa aussi des portraits, des tableaux de genre et des natures mortes. 

S’initiant à l’art à Tervuren, il est formé à l’Académie de Mons d’abord (1891-1896), où il reçoit notamment les conseils d’Antoine Bourlard. Il se rend ensuite à l’Académie puis à l’Institut supérieur des Beaux-Arts d’Anvers (1896-1899), auprès d’Albert Baertsoen. 

Achevant ses études au tournant des XIXe et XXe siècles, le jeune peintre est résolument attiré par la lumière. Il la recherche dans les paysages proches, urbains et industriels, dans un premier temps (terrils, usines). Il va la capturer dans les régions du sud dans un second temps : attiré comme un aimant par la Méditerranée, il explore pendant deux ans la Provence depuis Martigues et Marseille, ainsi que la Vénétie. 

Après les paysages de Hainaut, de Brabant, de Flandre et de Hollande, où il cherche les jeux de la lumière le long des rivières et des canaux, dans les effets de la neige et des fumées, il fait de très fréquents séjours dans le Midi, en quête d’une vraie clarté. 

Loin du farniente, il s’avère un grand travailleur et développe une technique personnelle caractéristique qui le range d’abord parmi les impressionnistes de son temps, avant de devenir un représentant du « luminisme ». 

En 1936, dans une de ses chroniques au Soir, Richard Dupierreux n’avait pas manqué de relever chez lui une truculence, de souligner l’emploi d’une pâte abondante et grasse, et sa capacité à « recomposer sur la rétine tout le prisme de la lumière décomposée ». 

Saluée par la critique et recherchée par de nombreux collectionneurs, son œuvre est aussi entrée dans de plusieurs musées, quelques-uns à l’étranger, davantage en Belgique. Artiste à succès dans l’Entre-deux-Guerres, la notoriété de Leduc s’estompe suite à sa disparition durant la Seconde Guerre mondiale, dans sa maison de Schaerbeek où il avait établi son atelier.


Afin d’honorer l’artiste louviérois, les autorités de sa ville natale décident de lui consacrer une place particulière dans l’espace public. Une stèle est en effet élevée dans le parc communal Warocqué au lendemain de la Libération. Incrusté sur la partie supérieure de la pierre laissée brute, un médaillon le représente légèrement de profil. Au bord du médaillon, de part et d’autre à droite et à gauche apparaissent les indications traditionnelles « PAUL LEDUC » et « 1876 – 1943 » ; sur la partie inférieure, il est précisé qu’il s’agit d’un « PEINTRE LOUVIEROIS ». On cherche en vain une signature et une date rappelant l’inauguration du monument.

 

Sources

Marcel HUWÉ, Fidèle MENGAL, Fernand LIÉNAUX, Histoire et petite histoire de La Louvière, La Louvière, 1959, p. 472
Arthur DE RUDDER, Paul Leduc, Bruxelles, 1922, coll. Savoir et Beauté
Patrick et Viviane BERKO, Stéphane REY, Paul Leduc 1876-1943, Knokke, coll. Berko, 1990
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 44
http://www.goens-pourbaix.be/multima-pourbaix/leduc/leduc.htm

Stèle et médaillon Paul Leduc (La Louvière)

Rue Warocqué

Parc communal 

7100 La Louvière

carte

Paul Delforge

IPW

Monument aux morts d'Houdeng-Goegnies

Inauguré le 21 octobre 1923, ce monument réalisé par le maître carrier Rombaux-Gaudier comporte, à son sommet, la statue d’un coq, la majorité politique socialiste entendant bien par là rendre hommage à ses valeurs francophiles et républicaines. 

La société des charbonnages du Bois-du-Luc (un des principaux souscripteurs du monument) s’émut de cette signification politique et obtint des autorités communales qu’elles fassent graver sous la statue « Le Coq gaulois salue la Belgique et la France ».

Grand-Place
7110 Houdeng-Gœgnies 
(La Louvière)

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Monument Laurette Demaret – Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Laurette DEMARET

Monument à Marguerite Bervoets et Laurette Demaret, réalisé par Hector Brognon, 17 novembre 1946.

Situé dans la cour de l’Athénée de La Louvière, un monument rend hommage à l’héroïsme de deux femmes, résistantes durant la Seconde Guerre mondiale. Si l’accent est mis sur la personnalité de Marguerite Bervoets (1914-1944), l’œuvre réalisée par le sculpteur Hector Brognon (1888-1977) est également dédiée à Laurette Demaret (1921-1944).

Comme Marguerite Bervoets, Laurette Demaret a accompli ses études à l’École moyenne du Centre, Comme Marguerite Bervoets, Laurette Demaret est entrée très jeune en Résistance. Membre du Mouvement national belge, affectée dans un réseau de renseignements et d’évasion de pilotes alliés, elle prend de nombreux risques qui lui valent une première arrestation. Ayant retrouvé la liberté, elle n’abandonne pas ses activités et c’est lors d’une opération menée le 26 août 1944 dans les environs de Temploux qu’elle est tuée, l’arme à la main, par un soldat ennemi, en tentant d’échapper à un barrage de contrôle.

Le monument de La Louvière rend un égal hommage à Laurette Demaret et à Marguerite Bervoets. Le visage réalisé par le sculpteur est une synthèse de celui des deux jeunes filles, ne ressemblant ni à l’une ni à l’autre. Sur un socle de pierre, le sculpteur a en effet représenté dans la pierre une jeune femme en pied, tenant en main un fusil (symbolisant leur combat), et semblant vouloir aller de l’avant d’un pas décidé. Deux plaques apposées sur le socle mentionnent :

Quant au sculpteur et architecte Hector Brognon, par ailleurs professeur à l’École industrielle et commerciale d’Écaussinnes, il a signé de nombreuses réalisations en Hainaut, aussi bien des bustes et des statues, que des monuments aux morts sur les places publiques (comme celui d’Écaussinnes-d’Enghien, sur la Grand-Place) ou dans les cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926, ou Ernest Martel en 1933). La pierre bleue d’Écaussinnes n’a plus de secret pour celui qui a été surnommé récemment « le Rodin de Bois d’Haine ». 

Source

Lucienne BALASSE-DEGUIDE, dans Biographie nationale, t. 43, col. 82-89
Roger DARQUENNE, Images de Chapelle-lez-Herlaimont, Écomusée régional du Centre, 1994
Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d'Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56

 

Monument Laurette Demaret

 

Rue de Bouvy 
Cour d’honneur de l’Athénée 
7100 La Louvière

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