Sis au nº 2 de la rue Marguerite Bervoets, une partie de l’ancien couvent des Jésuites a connu diverses affectations depuis sa fondation en 1598. Primitivement installés rue des Cinq Visages, les Jésuites érigent un nouveau bâtiment à l’emplacement actuel en 1611. Les agrandissements de l’institution englobent ensuite progressivement le bloc d’immeubles construits entre les rues d’Enghien, de la Tour Auberon, des Telliers et Bervoets. Les Jésuites sont expulsés de ce bâtiment en 1773 après la suppression de leur ordre par le pape Clément XIV. L’édifice qui subsiste de nos jours est un ensemble massif de tradition gothique daté de 1623 et composé de deux ailes perpendiculaires de deux niveaux de brique et pierre bleue.
Dès le soir du 7 novembre 1792, jour de l’entrée à Mons du général Dumouriez, une assemblée se tient dans la salle du concert Bourgeois, rue des Belneux. Cette sorte de club accueille le général français qui entend y faire connaître les intentions de la République aux Montois. Il s’agit de la séance inaugurale d’un club révolutionnaire qui marque profondément la ville de Mons à l’époque, la « Société des amis de la liberté et de l’égalité ». La présence du vainqueur de Jemappes donne immédiatement du prestige au club dont le nombre des membres atteint deux cents personnes après quelques semaines. Certains sont administrateurs provisoires de la ville de Mons, d’autres siègent à l’assemblée générale des représentants du peuple souverain du Hainaut. Après avoir occupé quelques semaines la salle du concert bourgeois, puis la salle Saint-Georges sur la Grand-Place, le club s’installe définitivement dans la chapelle du collège des Jésuites. Le bureau siège à la place de l’autel. Derrière le fauteuil du président est installée une pierre de la Bastille, offerte au club 3.
Le 11 février 1793, le club accueille des hôtes de prestige. Les citoyens De Lacroix et Danton, députés de la Convention nationale, prennent part à la réunion. Danton y prononce une diatribe enflammée en faveur de la réunion du Hainaut à la France : « c’est sur les débris des trônes qu’il faut élever l’édifice de la liberté ; il est temps de revendiquer les droits de l’homme dans toute leur étendue, et de faire disparaître à jamais jusqu’aux vestiges de notre ancien esclavage ; c’est en électrisant nos cœurs au feu sacré de la liberté que nous pourrons combattre ses ennemis les plus acharnés ». Une plaque commémorative se trouve aujourd’hui sur la façade de l’ancien collège afin de rappeler cette soirée mémorable. Coulée dans le bronze et décorée d’attributs républicains (bonnet phrygien et faisceaux), elle comporte l’inscription suivante : « Ici siégea au lendemain de la bataille de « Jemmape » la société des amis de la liberté et de l’égalité où se fit entendre la voix de Danton le 11 février 1793 ».
L’euphorie est toutefois de courte durée. La manière avec laquelle est forcé le vote de réunion à la France et la défaite de Neerwinden quelques jours plus tard font trembler le club sur ses fondations. Aux yeux du gouvernement autrichien, les clubistes apparaissaient comme les pires ennemis de l’ordre ancien qu’il fallait rétablir. Le 15 avril 1793, toute réunion de la société des amis de la liberté et de l’égalité est interdite. Le couvent retrouve sa liberté avant d’être supprimé en 1796 et d’accueillir la bibliothèque de l’école centrale du département de Jemappes.