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5000

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Plaque et médaillon François BOVESSE

À divers endroits et sous diverses formes, le souvenir de François Bovesse est bien présent dans l’espace public de la capitale wallonne : une plaque avec inscription sur sa maison natale (1946), une esplanade devant la Maison de la Culture et une plaque avec un médaillon sur un mur de la Halle al’Chair (1960), une plaque sur la maison de l’avenue Cardinal Mercier à Salzinnes sur le lieu de son assassinat (1962), le mémorial François Bovesse (1964), une présence sur la Fresque des Wallons, une rue et une place dans la périphérie. Depuis peu, l’Athénée a cependant officiellement enlevé son patronyme (sans évoquer la fin du dragueur de mines « M909 Bovesse »).

Défenseur de sa ville natale, militant wallon, député, figure de proue du parti libéral dans l’Entre-deux-Guerres, ministre – des PTT (1931-1932), de la Justice (1934-1935 et 1936-1937) et de l’Instruction publique, des Lettres et des Arts (1935-1936) – François Bovesse avait abandonné tous ses mandats électifs lorsqu’il avait été nommé gouverneur de la province de Namur (16 avril 1937). Quelques mois plus tard, il allait être démis de ses fonctions par l’occupant. Celui qui a repris officiellement ses activités d’avocat maintient ses convictions et prend des risques. Le 1er février 1944, il est assassiné par des collaborateurs rexistes qu’il n’a jamais cessé de dénoncer. Malgré les interdictions, son enterrement donne lieu à un impressionnant rassemblement de citoyens qui manifestent ainsi leur opposition à l’Ordre nouveau et surtout leur admiration à un homme qui a défendu son pays et ses libertés.

Sur le pignon de la Halle al’Chair, a été placée une pierre bleue où le nom de François Bovesse apparaît au-dessus d’un médaillon avec le portrait de François Bovesse gravé de profil. Sous ce médaillon, apparaît la mention :

« Mon domaine n’est
qu’un bout de sol
wallon »

Cette réalisation est l’œuvre d’un artiste d’origine italienne, Guido Casci (1917-2001). Né à Barga en Toscane, il habite la Belgique depuis 1919 et a obtenu la naturalisation dans les années 1950. Artiste-peintre et médailleur, il reprend l’industrie familiale installée à Namur, son père Jean étant couleur de plâtre et fondeur de bronze, spécialisé dans les œuvres religieuses et statues de saints. Guido Casci a déjà réalisé un mémorial en 1959, à la demande des anciens condisciples de Bovesse à l’Athénée. Le 31 mai 1959, ce premier mémorial est accroché sur le grand palier du premier étage du bâtiment central de l’établissement scolaire. Il présente un médaillon représentant François Bovesse identique à celui que l’on va retrouver l’année suivante, dans la petite rue de Namur. Cet endroit devient une étape obligatoire sur « la route des plaques », parcours créé par le Comité central de Wallonie à la fin des années 1920, afin de rendre hommage aux « grands Namurois » et redynamisé à l’entame du XXIe siècle. La plaque d’hommage à François Bovesse est peut-être une initiative du Comité central de Wallonie, de la ville de Namur et des Amis et disciples de François Bovesse.


Jacques VANDENBROUCKE (texte), Pierre DANDOY (photos) : 40 ans de fêtes de Wallonie à Namur, Bruxelles, Luc Pire, 2000
Paul DELFORGE, Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au Mouvement wallon (1940-1997), dans Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, (actes du colloque), sous la direction de Luc COURTOIS et Jean PIROTTE, Louvain-la-Neuve, 1999, p. 285-300
Renseignements fournis par Jacques Vandenbroucke, janvier 2014 et par Marie Dewez, février 2014.
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 194 

Pignon de la Halle al’Chair
Rue du Pont, sur l’esplanade de l’Entre-Sambre et Meuse 
5000 Namur

carte

Paul Delforge

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Frêne sacré d'Yggdrassil

Au milieu du hall d'entrée restauré de l'ancien hôpital des Anglais, autour d'une colonne, s'élève un arbre stylisé dont les branches de métal noir se répandent aux quatre coins de la pièce. L'une passe au-dessus du comptoir et repose sur un panneau signalétique ; deux autres se dirigent vers les couloirs qui entourent les cages d'ascenseurs ; la dernière semble traverser le linteau d'entrée. Il s'agit d'une interprétation originale du thème mythologique du frêne sacré d'Yggdrassil, née de l'imagination et des mains du designer Ladislas de Monge. Des lampes placées au hasard de ses branches évoquent la dispersion des rayons lumineux à travers les ramures des arbres d'une forêt dense. Au sommet de la colonne-arbre, quatre structures de frêne assurent une transition visuelle harmonieuse avec la forme quadrangulaire du hall.

Au sol, les trois "racines" en frêne de "l'arbre" découpent des portions de petit granit bleu. Les pierres ont été bouchardées, afin d'offrir un aspect velouté qui feutre les pas, comme l'humus d'une forêt. L'artiste a voulu créer un espace apaisant, empreint de sérénité et qu'accentuent les couleurs patinées des murs. Assis sous les branches d'un arbre accueillant, baignée d'une lumière tamisée, le visiteur trouve un espace d'apaisement inespéré, propice à une évasion spirituelle.

Avec le comptoir d'accueil, Ladislas de Monge a donné toute la pleine mesure de sa maîtrise technique. Une pièce sculptée en merisier, longue de près de trois mètres, semble se tendre, se plisser, se contracter, se gonfler encore, et se rétracter enfin ; comme si elle était animée d'un mouvement intérieur désireux d'adapter son apparence extérieure, pour s'offrir à des mains, à des coudes, voire à un torse en quête d'appui stable. Le hall d'accueil proprement dit est rehaussé d'accords de frêne, bois masculin, clair, dur, solaire, associé avec la colonne à un principe vertical ; tandis que le merisier, au contraire, est un bois féminin, foncé tirant au rouge, souple, lunaire comme le manifeste la courbe rentrante que prend le comptoir.

Le site : l’ancien hôpital des Anglais à Liège

Le site historique qu'a choisi les autorités wallonnes pour regrouper les services régionaux extérieurs implantés à Liège est l'ancien "hôpital des Anglais", situé sur un versant des hauteurs de la ville. Inséré entre les rues Montagne-Sainte-Walburge, du Péri et des Anglais, à proximité du centre historique de Liège, cet endroit se caractérise aussi par son remarquable environnement boisé. Cet établissement fut construit par des jésuites anglais réfugiés, qui y étudiaient et y enseignaient les sciences exactes, notamment l'astronomie. Il fut ensuite transformé en hôpital et conserva cette appellation parmi la population liégeoise.

Il s'agit d'une remarquable bâtisse du XVIIIe siècle de style néoclassique dont la rénovation, oeuvre des architectes Jacques Valentiny et Jacqueline Charlier, offre, y compris le bâtiment annexe récemment élevé, quatorze mille cinq cents mètres carrés de surface. La réhabilitation a permis l'adaptation de la structure intérieure à ses nouvelles fonctions et a mis en évidence les caractéristiques architecturales de la façade, notamment l'alternance de pierres et de briques et les très beaux chaînages d'angle harpés. L'aménagement extérieur a souligné la qualité de l'écrin de verdure qui entoure les bâtiments.

Cette réaffectation d'importance a permis d'intégrer deux oeuvres d'art, à l'intérieur et à l'extérieur. Après appels d'offre, la Commission des arts a souhaité voir réalisés deux projets remarquables : l'aménagement du hall d'accueil par Ladislas de Monge, inspiré ici par le thème de l'arbre sacré d'Yggdrassil ; et l'implantation d'un cadran solaire monumental, dans la cour intérieure, face à la façade principale, des oeuvres d'Emile Desmedt.

 

Rue Montagne-Sainte-Walburge 2
4000 Liège

Conditions d'accès : ouvert aux heures de bureau

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Photographie "à travers les nuages" de Hervé Charles

Le tracé circulaire du hall d'entrée de l'immeuble et sa fonction d'accueil ont déterminé l'intégration artistique du photographe brabançon Hervé Charles. À peine avait-il visité le lieu que lui est venue l'idée d'accrocher au plafond une grande image circulaire (2 m de diamètre) imprimée sur un support transparent. Celle-ci représente un ciel nuageux vu d'avion. Ainsi placée, l'image évoque les cieux divins, tels qu'ils apparaissaient dans les dômes des cathédrales de la Renaissance. Un projecteur placé au sol, selon le motif dessiné sur le pavement, dirige le regard de bas en haut.

Une frise, composée de huit images rectangulaire (0,55 x 1,5 m chacune), épouse la courbe des murs. Chaque image est constituée d'une superposition de deux images transparentes où apparaissent l'eau, la neige et la glace. Les deux comptoirs d'accueil, en bois, ont également reçu une inflexion circulaire qui répond aux murs du hall.

Le choix de support transparent pour toutes les photos rencontre la volonté de l'artiste de "dématérialiser" les murs. En suggérant la présence des nuages et de l'eau (Namur est construite autour de rivières) à l'intérieur même du bâtiment, Hervé Charles propose que l'on puisse voir "à travers les murs". De la sorte, le bâtiment devient un véritable lieu de passage entre l'intérieur et l'extérieur, entre un espace réel et un autre, suggéré à l'imagination. Cette vision renforce également la dimension "panthéiste" qui caractérise son travail depuis plusieurs années.

Le site : l’ancien immeuble Bibot à Namur

Service public de Wallonie, Direction générale de l'Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine et de l'Energie – Direction de Namur actualiser

Connu de tous les Namurois sous le nom de "Bibot", le bâtiment qui accueille désormais la Direction générale de l'Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine, a été érigé en 1897, sur la place Léopold. Son style correspond à "l'éclectisme" alors en vigueur, mais largement teinté d'influences néorenaissantes. La façade s'organise autour de trois travées centrales et est animée de nombreux éléments architectoniques moulurés comme des balcons avec garde-corps à balustres, bandeaux, etc. Son frontispice est rehaussé de pilastres surmontés de chapiteaux. La toiture porte des lucarnes finement ouvragées, notamment celle du centre.

Longtemps abandonné, le bâtiment "Bibot" a fait l'objet d'une restauration complète, en 1997, due à l'architecte Francis Haulot. Celui-ci a redessiné l'organisation spatiale intérieure tout en respectant la façade classée. Les choix architecturaux visent à exprimer de manière contemporaine les interventions imposées par la réaffectation du bâtiment (porte principale, lucarnes, fenêtres, escalier, etc.) L'ancienne façade de pierre et de brique s'embellit de quelques notes élégantes de fer et de verre.

La commission des Arts a retenu le projet d'intégration du photographe brabançon, Hervé Charles. Celui associe, en une série d'images, différents états de l'eau (nuage, glace…), éléments qui rappellent l'affectation administrative du nouveau bâtiment et l'emplacement géographique de Namur, à la rencontre de la Sambre et de la Meuse.

Place Léopold 3
5000 Namur

Hall accessible aux heures de bureau

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Moments de complicité de Gabriel Belgeonne

Une imposante tapisserie de plusieurs mètres carrés (7 x 2,7 m) rehausse la qualité de la salle de réunion du conseil de direction et d'exposition du centre administratif du SPW. À chacune de ses extrémités, deux formes sombres symbolisent deux villes, deux endroits éloignés l'un de l'autre que rejoignent des traits de différentes teintes et de textures. Les regards rompus aux exercices de l'art auront reconnu la palette et les traits de Gabriel Belgeonne. Les autres apprécieront les nuances équilibrées des tons, sans surcharge, conformément à ce que permet une tapisserie.

L'artiste a en effet soumis entièrement son projet pictural aux possibilités limitées de sa transposition en tapisserie. Loin de faire oeuvre de peintre, Belgeonne a remis un projet qui contenait suffisamment d'ouverture pour laisser aux lissiers toutes les libertés d'interprétation nécessaires à la bonne exécution du projet. Ceux-ci ont pu exploiter toutes les potentialités tactiles et visuelles (variété de points, de matières etc.) de l'art de la tapisserie, tel qu'il se pratique depuis des siècles à Tournai.

Cet arc jaillissant au-dessus du vide suggère l'idée de pont. Une infrastructure qui concerne toutes les formes de déplacement : la route, les voies fluviales et les airs. Au-delà de sa fonction de communication, le pont symbolise encore l'ouverture vers l'autre, la découverte, la rencontre. La fonction du SPW se trouve ici parfaitement symbolisée, dans une oeuvre où la pratique de l'artiste se confond avec la réalisation matérielle de l'oeuvre.

Le site : le centre administratif du Service public de Wallonie du boulevard du Nord à Namur

Érigé entre 1997 et 1999, le centre administratif du Service public de Wallonie (SPW) situé boulevard du Nord à Namur est un groupe de onze bâtiments disposés de part et d'autre d'une rue intérieure couverte par une verrière monumentale. Cette construction due à l'architecte Jean Barthélemy (bureau A.u.r.a., avec Benoît Jonet et Michel Poulain) s'inscrit entre le boulevard du Nord et les installations ferroviaires de la gare de Namur. En façade (nord), l'édifice s'inspire de l'architecture classique, tant par l'usage d'une rythmique répétitive balisée par des demi-colonnes que par son découpage en trois niveaux proportionnés : un socle de pierre bleue fait office de fondation sur lequel s'élèvent deux niveaux de fenêtres séparées par des demi-colonnes bleues. Un attique vitré constitue le troisième niveau qui clôt la façade sur laquelle se pose le toit.

Une grande verrière circulaire surmonte l'entrée principale du bâtiment en retrait par rapport à la ligne de la façade. Sa forme convexe s'inscrit en opposition au mouvement concave que prend le bâtiment à cet endroit. La dialectique de courbe et de contre-courbe focalise ainsi l'attention sur l'entrée du bâtiment. Au rez-de-chaussée que peuvent emprunter les navetteurs qui se rendent à la gare, se superposent deux étages de grandes baies vitrées, clos par une verrière supérieure en déclivité. Celle-ci relie le hall convexe à l'arrière de l'édifice via une "colonne" de verre encastrée entre ses deux ailes.

L'importance de la réalisation autorisait l'intégration de deux oeuvres monumentales ; l'une à l'extérieur, l'autre à l'intérieur. La première concernait la conception d'une grille ou panneau ajouré servant de brise vue devant l'entrée principale ; la seconde, le dessin d'un carton de tapisserie à placer dans la salle de réunion et d'exposition du bâtiment. Chargé d'organiser les deux concours et de primer les meilleurs projets, la Commission des arts a retenu ceux de Léon Wuidar (grille) et de Gabriel Belgeonne (tapisserie).

Boulevard du Nord 8 
5000 Namur

Conditions d'accès :

Gabriel Belgeonne : local accessible aux heures de bureau, sur demande

Léon Wuidar : oeuvre visible de l'extérieur, boulevard du Nord

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Grille de Léon Wuidar à Namur

Face à une architecture de l'importance de ce centre administratif, l'artiste liégeois, Léon Wuidar a immédiatement compris qu'il fallait jouer la sobriété. Il a opté pour la répétition d'un motif carré régulier, découpé dans la surface des deux panneaux en acier poli, placés au-dessus de l'entrée principale. Les carrés sont agencés sur des lignes verticales et horizontales et font écho à ceux, colorés, qui soulignent les fenêtres. De la sorte, les deux panneaux sont la synthèse des principes géométriques qui prévalent à construction du bâtiment, dont l'artiste a épuré les formes.

Par la répétition d'une forme simple, Léon Wuidar, conformément à sa démarche personnelle, a construit une structure harmonieuse et proportionnée, susceptible d'entraîner l'imagination vers des confins de prime abord insoupçonnés. De discrets motifs de tulipe, gravés au laser, dessinent une seconde "grille" qui se juxtapose à la première et se laisse contempler en approchant. L'artiste propose ainsi la condensation de deux écritures visuelles, qui permettent d'éviter aux panneaux d'apparaître trop impersonnels. Léon Wuidar réussit à exprimer des idées extrêmement fortes, au départ d'un vocabulaire formel très sobre.

À l'intérieur du bâtiment, les carrés découpés autorisent la diffusion de la lumière du jour aux différents étages et laissent voir l'extérieur, tandis que la structure de la grille occulte partiellement ce qui s'y passe. Au dehors, les carrés apparaissent comme des éléments sombres en comparaison aux reflets ombrés qui miroitent sur les panneaux, car l'oeuvre réagit délicatement aux mouvements de lumière. Elle est ainsi miroir pratique, par la réflexion de la lumière, et miroir symbolique, par la possibilité de passage qu'elle offre entre deux mondes, l'un réel, l'autre imaginaire ; qui pourraient être considérés, l'un comme "extérieur" à l'homme, l'autre comme "intérieur" à l'homme.

Le site : le centre administratif du Service public de Wallonie du boulevard du Nord à Namur

Érigé entre 1997 et 1999, le centre administratif du Service public de Wallonie (SPW), boulevard du Nord à Namur, est un groupe de onze bâtiments disposés de part et d'autre d'une rue intérieure couverte par une verrière monumentale. Cette construction due à l'architecte Jean Barthélemy (bureau A.u.r.a., avec Benoît Jonet et Michel Poulain) s'inscrit entre le Boulevard du Nord et les installations ferroviaires de la gare de Namur. En façade (nord), l'édifice s'inspire de l'architecture classique, tant par l'usage d'une rythmique répétitive balisée par des demi-colonnes que par son découpage en trois niveaux proportionnés : un socle de pierre bleue fait office de fondation sur lequel s'élèvent deux niveaux de fenêtres séparées par des demi-colonnes bleues. Un attique vitré constitue le troisième niveau qui clôt la façade sur laquelle se pose le toit.

Une grande verrière circulaire surmonte l'entrée principale du bâtiment en retrait par rapport à la ligne de la façade. Sa forme convexe s'inscrit en opposition au mouvement concave que prend le bâtiment à cet endroit. La dialectique de courbe et de contre-courbe focalise ainsi l'attention sur l'entrée du bâtiment. Au rez-de-chaussée que peuvent emprunter les navetteurs qui se rendent à la gare, se superposent deux étages de grandes baies vitrées, clos par une verrière supérieure en déclivité. Celle-ci relie le hall convexe à l'arrière de l'édifice via une "colonne" de verre encastrée entre ses deux ailes.

L'importance de la réalisation autorisait l'intégration de deux oeuvres monumentales ; l'une à l'extérieur, l'autre à l'intérieur. La première concernait la conception d'une grille ou panneau ajouré servant de brise vue devant l'entrée principale ; la seconde, le dessin d'un carton de tapisserie à placer dans la salle de réunion et d'exposition du bâtiment. Chargé d'organiser les deux concours et de primer les meilleurs projets, la Commission des arts a retenu ceux de Léon Wuidar (grille) et de Gabriel Belgeonne (tapisserie). 

Centre administratif du SPW
Boulevard du Nord 8
5000 Namur

Conditions d'accès :
- Gabriel Belgeonne : local accessible aux heures de bureau, sur demande
- Léon Wuidar : oeuvre visible de l'extérieur, boulevard du Nord

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Fontaine de Florence Fréson

En quittant la place des Célestines, en direction de la rue du Lombard, le promeneur est attiré par le bruit délicat d'un filet d'eau qui s'écoule librement. L'attention éveillée, il ne manquera pas de remarquer une fontaine, qui se répand sur un lit de pierres taillées, entre de vieux murs envahis de chèvrefeuilles odorants. L'oeuvre-fontaine de Florence Fréson se révèle ainsi lentement, sans enfreindre la prépondérance architecturale du couvent.

Décrit sommairement, le Jardin de pierres de Florence Fréson présente une forme de " l " renversé. Composé de blocs de petit granit condruzien, extraits des carrières de Sprimont, il s'inscrit parfaitement entre les murs classés d'anciens édifices. Sa surface est constituée d'un alignement de trente-deux pierres carrées d'un mètre cinquante-cinq de côté. Elles sont disposées en huit rangées de quatre. À même le bord de la rue de l'Étoile, sortent trois bouillonnements d'eau, bientôt doublés par deux autres sur la rangée suivante. L'eau se répand, aussi naturellement que discrètement, sur les dalles de pierres, par des chemins imprévisibles, contournant les reliefs des pierres, se déchirant sur leurs aspérités laissées saillantes, avant d'épouser un chenal d'évacuation composé de quinze pierres de cinquante centimètres qui invitent le spectateur à s'asseoir.

Le flux est tantôt calme, tantôt accéléré. Avec une discrétion dont le corollaire est une intensité émotive rare, Florence Fréson a suggéré la résurgence du Houyoux, l'ancien ruisseau désormais couvert, dont l'écoulement rythmait la vie du quartier, au cours des siècles précédents. Une manière d'écrire le présent en le reliant aux sources du passé. Pour les enfants du quartier, le Houyoux existe à nouveau !

Le site : l’ancien couvent des Célestines à Namur - cabinet ministériel.

Délimité par la rue de l'Étoile, la rue du Lombard, la rue du Premier-Lanciers et la rue Pépin, le quartier des Célestines, à Namur, doit son nom au remarquable couvent qui y fut érigé entre 1635 et 1658. Il n'en subsiste aujourd'hui que la partie centrale, caractéristique de l'architecture mosane traditionnelle où alternent les briques et les cordons de pierre de taille. Sa réhabilitation récente, confiée à l'atelier d'architecture namurois L'Arbre d'Or, l'a destiné à accueillir un cabinet ministériel.

Ce projet, mené conjointement par la Ville de Namur et la Région, s'inscrit dans un vaste programme urbanistique de revitalisation qui vise à relier le haut et le bas de la cité mosane, jusqu'aux rives du fleuve, par un itinéraire piétonnier jalonné de placettes et d'espaces de verdure. Le coeur de ce nouveau complexe historique est la nouvelle place des Célestines, qui s'étend face à la façade principale de l'ancien couvent. Le principe qui a prévalu à la conception urbanistique de la place est de reconstituer une cour fermée qui évoque l'ancien cloître disparu.

À côté de la future place, s'ouvre une esplanade qui rejoint la rue du Lombard et recoupe partiellement l'ancien tracé d'un cours d'eau, le Houyoux, qui serpentait dans le quartier et conditionnait les activités économiques qui s'y déroulaient. C'est à cet endroit que les architectes ont suggéré d'intégrer une sculpture-fontaine. Après examen et accord, la commission des Arts de Wallonie, chargée du concours, a choisi le projet de Florence Fréson, intitulé Jardin de pierres.

Place des célestines 1 
5000 Namur

Conditions d'accès : zone extérieure accessible sans restriction

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Oeuvre Signe de Michel Scheer

Dans le hall d'accueil des moulins, à proximité des ascenseurs et couloirs, s'élève discrètement une œuvre de Michel Scheer. Discrètement, car elle s'intègre dans l'architecture du lieu au point de disparaître. Colonne d'inox de plus de deux mètres, coiffée de trois billes métalliques, de diamètre différent et situées sur trois orbites, elle se fond parmi les colonnettes et les conduites de chauffage qui découpent la salle : "colonne parmi les colonnes", écrit malicieusement l'artiste. La forme cylindrique de l’œuvre correspond à la dominante circulaire des colonnettes et conduits, tout en faisant contrepoint à la configuration quadrangulaire de la pièce.

Toutefois, dès le passage d'un visiteur, les trois billes métalliques se mettent à tourner autour du sommet. Tintements et mouvements révèlent alors la présence de l’œuvre. La perfection de sa ligne, sa pureté froide, la brillance de ses parois ne manquent pas d'évoquer certaines œuvres minimalistes. Sa réflexion mimétique des qualités de l'environnement révèle l'ampleur de la méprise du spectateur pressé et accentue encore son plaisir de s'être fait "piéger". Un champ magnétique maintient les billes en mouvement sur la colonne. Leur mouvement circulaire rappelle encore celui qui animait continuellement les moulins, et les tintements peuvent se comprendre comme une allusion sonore à l'activité intense qui s'y déployait.

Aux qualités artistiques et technologiques de son œuvre, Michel Scheer ajoute un contenu symbolique original, dont il livre les clés dans un texte (ci-joint).

Le site : les moulins de la Meuse à Beez - centre d'archives régionales

Erigés en 1900, les Moulins de Meuse, à Beez, près de Namur, constituent l'un des joyaux du patrimoine industriel de la Wallonie. Dès lors, leur réhabilitation, décidée en 1994, devait marier harmonieusement leur nouvelle affectation (le dépôt des archives administratives wallonnes, le Musée de Wallonie, et le Musée de la Meuse) et le respect de cette architecture néomédiévale, caractéristique de la fin du 19e siècle. Après études approfondies, menées de concert avec la direction générale de l'Aménagement du territoire, du Logement et du Patrimoine de la Région wallonne, le cabinet namurois d'architecture L'Arbre d'Or, conseillé par l'architecte Maurice Culot, a opté pour la restauration de la façade extérieure et l'aménagement de la structure interne, afin de la rendre capable de recevoir les tonnes d'archives de la Région, tant d'origine privée que publique.

Les façades de briques rouges ont été nettoyées et traitées par hydrogommage afin de respecter l'apparence originelle de l'édifice. En outre, ce traitement met en exergue l'excellent travail des maçons de l'époque et souligne les motifs décoratifs dessinés par l'orientation des appareils. L'austérité monumentale de l'édifice est, en effet, ponctuellement compensée par des subtilités dans l'agencement des briques. Les ajouts ultérieurs qui défiguraient l'édifice ont été supprimés. Les anciens châssis de fenêtres ont été restaurés et ceux qui étaient détruits ou trop abîmés, refaits à l'identique. Leur conception participe en effet de l'esthétique néomédiévale qui prédomine dans cet ensemble architectural.

L'aménagement intérieur a été confié à la designer française, Andrée Putman. Celle-ci a choisi le thème de la farine comme fil conducteur de sa restauration. Des teintes d'une blancheur laiteuse évoquent l'ancienne activité industrielle que rappellent également les vitrines du musée de Wallonie et du musée de la Meuse, désormais installés dans les moulins.

Invitée à donner son avis sur les projets d'intégration d’œuvres d'art dans ce nouveau site, la commission des arts de Wallonie a avalisé les propositions de Pierre Culot (implantation d'une sculpture, "Fruit du mur", et aménagements extérieurs), de Michel Scheer (sculpture intérieure, "Signe") et de Yann Kersalé (mise en lumière, "Courant d'âges")

Rue du Moulin de Meuse 4 
5000 Beez

Conditions d'accès :
- Pierre Culot et Yann Kersalé : aucune restriction d'accès, oeuvres visibles de l'extérieur
- Michel Scheer : hall d'entrée accessible aux heures de bureau

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Pierre Culot : Fruit du mur

Chargé de l'aménagement des abords des Moulins, le sculpteur Pierre Culot y a intégré une œuvre monumentale en pierre bleue de Soignies, appelée Fruit du mur. Placée entre les deux bâtiments principaux, elle permet une transition visuelle harmonieuse entre la berge et les parois rocheuses, à l'arrière des Moulins. Regardée de la Meuse, la sculpture focalise les regards et distribue l'espace autour d'elle, selon un schéma géométrique inspiré par l'art des jardins français. Elle est le point d'intersection entre deux lignes imaginaires, l'une parallèle au fleuve, l'autre perpendiculaire.

« Fruit du mur » clôt un petit espace, coincé entre les deux bâtiments des Moulins, la Meuse, et terminé, en hauteur, par une passerelle. L'aspect fermé de cette cour, conjugué à la présence de l'eau, n'est pas sans évoquer l'hortus conclusus (jardin clos), la forme de jardin en vigueur au Moyen Âge, et dont la référence renvoie à l'inspiration néomédiévale de l'ensemble. Jardin d'agrément, l'hortus conclusus se veut un endroit de bien-être, de repos, où l'esprit libre de tracas quotidien peut laisser la part belle à l'imaginaire, que stimule généreusement l'environnement serein et ordonné dont le noyau est l'ensemble sculptural de pierre.

La surface des blocs de pierre est griffée de dizaines de cicatrices plus claires, comme autant de traces de son extraction et du travail de l'artiste. Elle condense ainsi, sur sa surface lacérée, toute l'histoire des Moulins. Les joies, les peines, les souffrances de ceux qui y ont habité paraissent avoir été gravées par des mains inconnues qui, aujourd'hui, parviennent encore à émouvoir. Ces pierres monumentales constituent la « mémoire » des Moulins. Cette fonction métaphorique de l'œuvre se renforce de la présence du fleuve, dont le courant symbolise l'inexorable écoulement du temps.

Le site : les moulins de Meuse à Beez - centre d'archives régionales.

Erigés en 1900, les Moulins de Meuse, à Beez, près de Namur, constituent l'un des joyaux du patrimoine industriel de la Wallonie. Dès lors, leur réhabilitation, décidée en 1994, devait marier harmonieusement leur nouvelle affectation (le dépôt des archives administratives wallonnes, le musée de Wallonie et le musée de la Meuse) et le respect de cette architecture néomédiévale, caractéristique de la fin du XIXe siècle. Après des études approfondies, menées de concert avec le Service public de Wallonie (SPW Aménagement du territoire, Logement, Énergie et Patrimoine), le cabinet namurois d'architecture L'Arbre d'Or, conseillé par l'architecte Maurice Culot, a opté pour la restauration de la façade extérieure et l'aménagement de la structure interne, afin de la rendre capable de recevoir les tonnes d'archives de la Région, tant d'origine privée que publique.

Les façades de briques rouges ont été nettoyées et traitées par hydrogommage afin de respecter l'apparence originelle de l'édifice. En outre, ce traitement met en exergue l'excellent travail des maçons de l'époque et souligne les motifs décoratifs dessinés par l'orientation des appareils. L'austérité monumentale de l'édifice est, en effet, ponctuellement compensée par des subtilités dans l'agencement des briques. Les ajouts ultérieurs qui défiguraient l'édifice ont été supprimés. Les anciens châssis de fenêtres ont été restaurés, et ceux qui étaient détruits ou trop abîmés, refaits à l'identique. Leur conception participe, en effet, de l'esthétique néomédiévale qui prédomine dans cet ensemble architectural.

L'aménagement intérieur a été confié à la designer française Andrée Putman. Celle-ci a choisi le thème de la farine comme fil conducteur de sa restauration. Des teintes d'une blancheur laiteuse évoquent l'ancienne activité industrielle, que rappellent également les vitrines du musée de Wallonie et du musée de la Meuse, désormais installés dans les moulins.

Invitée à donner son avis sur les projets d'intégration d'œuvres d'art dans ce nouveau site, la commission des Arts de Wallonie a avalisé les propositions de Pierre Culot (implantation d'une sculpture, « Fruit du mur », et aménagements extérieurs), de Michel Scheer (sculpture intérieure, « Signe ») et de Yann Kersalé (mise en lumière, « Courant d'âges »).

Rue du Moulin de Meuse 4 
5000 Beez (Namur)

Conditions d'accès :

- Pierre Culot et Yann Kersalé : aucune restriction d'accès, œuvres visibles de l'extérieur

- Michel Scheer : hall d'entrée accessible aux heures de bureau

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Jean-Pierre Husquinet : l'intime Jamie

Confronté à un espace étouffant bien qu'il s'agisse d'un hall d'accueil, l'artiste liégeois Jean-Pierre Husquinet a préféré respecter la configuration, plutôt que d'en donner une impression trompeuse, à l'aide d'artifices décoratifs (miroirs, peintures murales etc.) Il a accentué l'atmosphère d'intimité que génère la disposition architecturale en tendant trois cordes colorées. Celles-ci équivalent aux trois voix (douze mesures chacune) d'une composition musicale intitulée "Jamie", selon un système original associant musique et couleur, qu'il a mis au point. L'amateur peut même écouter le morceau, à la demande. Une quatrième voix est figurée au sol par une ligne mosaïque qui prend sa source à l'extérieur : C'est une invitation à entrer, un accompagnement pour celui qui se rend au siège de ce qu’on appelait alors la direction générale de l'Action sociale et de la Santé).

Les cordes arpentent le hall et, dans un mouvement contradictoire, en donnent la mesure correcte (elles ne trahissent pas son exiguïté). Toutefois, elles promettent la possibilité de son extension mentale. Leur présence sculpturale, l'impact visuel de leurs colorations et le rythme mélodieux de la composition musicale transforment ce hall en un espace poreux d'où émergent les voies silencieuses des imaginaires vers lesquelles elles convergent.

La teinte générale des murs et des plafonds, un bleu nuit sombre, suggère une atmosphère de détente, de sécurité, voire de cocon protecteur. Plusieurs lampes halogènes, incrustées dans le plafond de manière disparate, évoquent la voûte céleste et le firmament étoilé tel qu'il peut s'apprécier un soir d'été. La disposition aléatoire des lampes est une réponse délicate à la tension spatiale induite par les cordes. Sous l'effet de cette lente musique reposante et de l'atmosphère de douceur suggérée par l'intérieur, le hall administratif s'est imperceptiblement transformé en un espace de convivialité et de recueillement. L'attente n'est plus laborieuse, elle s'écoule au rythme harmonieux des accords colorés.

Le site : l’immeuble avenue Bovesse n° 100 à Jambes - Service public de Wallonie - Direction générale des pouvoirs locaux, de l'action sociale et de la santé

Poursuivant sa politique d'implantation d'oeuvres d'art dans les bâtiments publics qu'elle érige, la jeune Région wallonne, par la voix de sa commission des Arts, lance, au début de l'année 1995, un concours portant sur l'aménagement du hall d'entrée du bâtiment destiné aux services de l'action sociale et de la Santé, à Jambes (Namur). Conçu par l'architecte carolorégien Alain Nokerman, cet édifice s'ouvre en deux ailes autour d'un noyau central situé à l'angle des deux rues. Son rez-de-chaussée (avenue Bovesse) cède à un porche intérieur découpé par six travées régulières ; elles-mêmes formées par quatre arcs en plein cintre et un arc brisé.

En raison de l'exiguïté du lieu, le programme d'intégration offrait peu de possibilités aux artistes sollicités. Le plasticien et musicien liégeois Jean-Pierre Husquinet a toutefois proposé une intégration ("Jamie"), qui concilie musique et couleur, selon sa grille d'association originale.

 

Service public de Wallonie
Avenue Bovesse 100
5100 Jambes 

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Bernard Thiran et Filip Roland : hall baroque

Au même titre que Béatrice Dooms, le céramiste Bernard Thiran a choisi de travailler en collaboration, pour l'aménagement du hall du bâtiment B de l'immeuble de la rue du Tan. Il a fait appel à l'archiscénographe (néologisme forgé pour exprimer une synthèse de la scénographie et de l'architecture) namurois Filip Roland. Mais ici la rencontre est telle qu'il devient impossible de déterminer qui a fait quoi. Les deux créateurs, à l'imagination sans limite, ont véritablement investi l'espace, jusqu'à la création d'un mobilier spécifique, aux formes extravagantes. Ainsi, le comptoir d'accueil, pièce centrale du dispositif scénographique, est-il composé d'une structure de bois, d'une tablette en tôle plongeant au sol et sur laquelle repose, en suspension, deux rouleaux creux en céramique. Leur mouvement de chute est contrecarré visuellement par une étagère, inscrite sur le mur du fond, dont la tablette file cette fois vers le plafond.

Aux dissonances formelles s'ajoutent des oppositions tactiles et chromatiques qui se répercutent dans le hall. L'espace quadrangulaire de la pièce est découpé par une ligne oblique de dalles de céramique savamment craquelées qui déchirent le pavement de marbre rose et de pierre bleue avant de remonter le long des murs. Des chaises constituées d'éléments de bois, de tôle et de céramique focalisent encore l'attention visuelle et ajoutent leur note à cette harmonie particulière, née de la confrontation surprenante des formes et des matières inhabituelles.


Le site : le complexe de la rue du Tan à Namur – services du Parlement wallon

Poursuivant son implantation namuroise, la Région wallonne a assuré l'affectation de ses services dans les nouveaux bâtiments prévus à cet effet. Aujourd'hui occupé par les Services du Parlement wallon, l'immeuble de la rue du Tan est doté de deux entrées distinctes qui donnent sur deux halls symétriques.

C'est durant le mois de décembre 1993, que la commission des Arts de Wallonie a consulté deux artistes pour remettre des projets d'intégration artistique : la peintre Béatrice Dooms (hall A) et le céramiste Bernard Thiran (hall B). Ceux-ci ont choisi de s'associer à deux autres artistes, respectivement Jean-Marie Mathot (sculpteur) et Filip Roland (archiscénographe).

rue du Tan et rue Jean-Baptiste Brabant
5000 Namur