Code postal
5000

Maison syndicale André Genot

La Maison syndicale namuroise de la CGSP porte le nom d’un des plus célèbres promoteurs du syndicalisme wallon : André Genot (1913-1978).

Né en 1913 dans une famille ouvrière, autodidacte, il adopte une approche politique et syndicale à la fois radicale et pragmatique. Prisonnier de guerre puis résistant, il fait la rencontre d’André Renard à cette époque. Très rapidement sensibilisé à la question wallonne, il fera partager cette préoccupation à ce dernier et mènera avec lui tous les grands combats wallons de l’après-guerre.

Défenseur d’un fédéralisme basé sur trois Régions, il participe, peu après les grèves de l’hiver 1960-1961, à la fondation du Mouvement populaire wallon (MPW). En juillet 1962, André Genot a la lourde tâche de remplacer le leader liégeois décédé subitement. Lors de la fixation de la frontière linguistique, il marque son soutien au combat des Fouronnais. Il plaidera également sans relâche pour la constitution d’une Interrégionale wallonne au sein de la FGTB.

André Genot restera un militant wallon actif jusqu’au milieu des années 1970, peu avant son décès.

Il fut élevé au rang d’Officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012. 

Rue Armée Grouchy 41
5000 Namur

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Collection privée

Maison du Folklore : hommage à Félix ROUSSEAU

Membre de la Société des Amis de l’Art wallon fondée par Jules Destrée en 1913, de la Ligue wallonne de Namur et de la Société historique pour la Défense et l’Illustration de la Wallonie en 1938, Félix Rousseau (1887-1981) fera montre, toute sa vie, d’un profond engagement wallon.

Comptant parmi les fondateurs du Mouvement wallon catholique, qui deviendra Rénovation wallonne à la Libération, il participe au Congrès national wallon de 1945 et est membre de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie qui préconise un meilleur enseignement de l’histoire régionale et locale.

Constatant que certains historiens, comme Henri Pirenne, se sont concentrés sur l’histoire du Brabant et de Flandre, il met en avant la richesse du passé namurois et liégeois. Son ouvrage La Meuse et le pays mosan révèle l’apport de cet espace à la civilisation européenne. A travers L’art mosan et Wallonie, terre romane, il souligne l’importance déterminante pour la Wallonie de la latinisation et de la participation à la culture française. Amoureux de sa ville et historien précurseur de la Wallonie, Félix Rousseau n’aura de cesse de promouvoir la diffusion de l’histoire de sa terre.

Il fut élevé au rang d’Officier du Mérite wallon en 2012.

Avenue Baron Huart 6
5000 Namur

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VISITWallonia

Le Delta, anciennement Maison de la culture de Namur

Oeuvre de l’architecte V. Bourgeois avec la collaboration de J. Ledoux, G. Lambeau et J. Collin, la construction de la maison de la Culture de Namur est entamée en 1957. Inauguré le 24 mai 1964 et situé au confluent de la Sambre et de la Meuse, le bâtiment est un essai hardi d’intégration d’une architecture moderne à proximité du Musée archéologique et de la porte de Sambre-et-Meuse.

1970 : le Congrès de Wallonie libre

Wallonie libre est née suite à l’appel du 18 juin 1940 lancé par le général de Gaulle, date également du traditionnel pèlerinage à l’Aigle blessé de Waterloo153. Ayant entendu l’appel, une poignée de militants décide de fonder Wallonie libre, sur le modèle de la France libre. Durant la guerre, plusieurs groupes se constituent partout en Wallonie et opèrent un travail clandestin de résistance. De grandes figures du Mouvement wallon prennent une part active dans ces actions : François Van Belle, Fernand Schreurs, Maurice Bologne, etc. La libération du pays en 1944 ne met pas fin aux activités de Wallonie libre qui poursuit son action pour l’égalité entre Wallons et Flamands au sein de l’État unitaire. Elle soutient le travail du Congrès national wallon et se prononce contre le retour de Léopold III en 1950.

Wallonie libre organise notamment à Namur un congrès de combat, en 1963 et son Congrès du 30e anniversaire, à la maison de la Culture, le 21 juin 1970. Au moment où le Gouvernement présentait son projet de révision de la Constitution, Wallonie libre prônait un fédéralisme complet et une consultation populaire sur les limites de Bruxelles, deux revendications allant bien au-delà des compromis déjà en cours de négociation.

1974 : première réunion du Comité ministériel wallon

En 1974, à défaut de concrétiser le fédéralisme que les Wallons appellent de longue date, la régionalisation préparatoire permet la création de comités ministériels exécutifs régionaux, au sein du gouvernement national. Les ministres wallons, toujours membres du gouvernement central, choisissent Namur et la Maison de la Culture pour leur première réunion, tenue le 25 novembre 1974 ; un choix que le Président du Comité ministériel, Alfred Califice, qualifie de « symbolique ».

Dans les faits, cette réunion sera la seule que cet exécutif tiendra à Namur. Il faudra attendre 1984 et l’affirmation de la régionalisation effective pour que le Gouvernement wallon s’implante, progressivement mais définitivement, dans sa capitale. 

 

La Maison de la Culture de la Province de Namur devient Le Delta

Oeuvre de l'architecte Philippe Samyn, Le Delta a ouvert officiellement ses portes le 21 septembre 2019. Le bâtiment, entièrement rénové, accueille de nombreux espaces dédiés à la culture : 

 

  • 3 niveaux d’expositions dédiés à l’art contemporain
  • 3 salles de spectacle
  • des studios d’enregistrement
  • des résidences d’artistes
  • des espaces d’animation et de formation


Pour choisir ce nom, la Province de Namur a opté pour la méthode participative; accompagnés d'experts en intelligence collective, les participants ont passé deux journées à réfléchir aux valeurs et au positionnement du nouveau lieu. Au terme de ce workshop, un nom est ressorti : Le Delta
 
Le Delta, comme deux cours d’eau et leurs affluents issus des quatre coins de la province et qui convergent en un lieu avant de repartir et de se diffuser sur l’ensemble du territoire.

Le Delta, comme l’embouchure d’un fleuve qui accumule des alluvions et les essaime ensuite dans un ensemble plus grand. Le lieu accumule des publics venus de tout le territoire (et au-delà !) et essaime ensuite un partage de valeurs, des échanges…

Le Delta, comme le différentiel, en mathématiques. Ce qui fait notre différence.

Le Delta, comme le symbole philosophique, un symbole fédérateur/rassembleur (trinité).

Le Delta, comme la lettre grecque qui en majuscule prend la forme du triangle et illustre ainsi le concept de tiers-lieu. On peut également y voir trois côtés : le territoire/le lieu à Namur/le public. Ce public à la base du triangle et qui sous-tend toute notre action de service public.

Le Delta, comme la pensée ternaire et non binaire, c’est une troisième voie entre le bien et le mal ; entre le noir et le blanc. On apporte une réflexion, une nuance.

Enfin, Le Delta, c’est court, c’est facilement mémorisable et transposable parfaitement dans le langage courant.

Avenue Golenvaux 14
5000 Namur

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

G. Focant SPW

Fresque des Wallons

Réalisée entre avril et août 2004, la fresque des Wallons est une grande oeuvre en trompe-l’oeil décorant l’entièreté du pignon de l’extension contemporaine de l’hôtel de ville de Namur donnant sur les « Jardins du Maïeur ». Inspiré par une célèbre fresque similaire sur la place Royale à Québec (ville jumelée avec la capitale wallonne), le projet naît en 2001, tant pour célébrer la Wallonie au coeur de sa capitale que pour agrémenter cet espace, récemment aménagé en jardin. L’oeuvre est inaugurée à l’occasion des fêtes de Wallonie le 18 septembre 2004. 

Réalisée par l’atelier français « Cité de la Création » (qui avait signé un travail similaire à Lyon) et regroupant près de 250 personnages sur un espace de 330 m2, la fresque monumentale évoque des références typiques de l’histoire tant ancienne que récente de la Wallonie, des personnages historiques, artistes, écrivains, etc. On remarquera aisément aussi bien la reproduction du coq wallon de Pierre Paulus que le portrait de François Bovesse à une fenêtre, à titre d’exemple. 

La fresque des Wallons est aujourd’hui un des témoins les plus symboliques de l’histoire de la Région, au même titre que ses soeurs et modèles de Québec et de Lyon.

Esplanade de l’Hôtel de Ville
5000 Namur

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Croix de Jean-Joseph Cartiaux

Le long de la rue François Lorge à Vedrin se trouve une croix couverte fort élémentaire. En bois, elle comporte une petite plaque sur laquelle est simplement inscrit : « Jean-Joseph Cartiaux, prisonnier à l’île de Cabrera de 1808 à 1814 ». 

Ce discret monument commémoratif nous renseigne sur une des facettes moins bien connues de la période napoléonienne. En 1808, alors que l’armée française se trouve en Espagne, l’empereur doit faire face à une insurrection dans le sud du pays, dans la ville de Baylen. Face à la puissance de résistance espagnole, le général Dupont de l’Étang est contraint à la capitulation le 24 juillet 1808. Cette grande victoire espagnole constitue aussi le premier échec important des armées napoléoniennes et montre que la France n’est pas invincible. Le traité signé prévoit le rapatriement des troupes françaises à Rochefort mais déplaît aux Anglais et suscite l’indifférence de Napoléon qui n’apporte aucune aide aux prisonniers français. 

Tout d’abord dispersés dans les campagnes espagnoles, les soldats français sont faits prisonniers après la victoire de la Grande Armée à Madrid en décembre 1808 et enfermés dans des bateaux ancrés dans la rade de Cadix pendant quatre mois. Ces prisonniers sont ensuite transférés à Cabrera, une petite île de l’archipel des Baléares, au sud de Majorque. Ce sont 2 979 sous-officiers et soldats qui y débarquent le 2 mai 1809, suivis de 1 248 autres prisonniers le 9 mai et d’un troisième contingent le 11 mai. On estime le nombre total de prisonniers emmenés à Cabrera entre 1809 et 1814 à 11 800 hommes. L’île, un désert de cailloux, ne possédait ni maison ni eau. Les prisonniers y survivent dans des conditions miséreuses pendant de nombreuses années. À la fin du régime impérial français, un premier convoi délivre les prisonniers les plus malades le 16 mai 1814. Une semaine plus tard, le restant des 3 700 survivants est transporté à Marseille. Parmi eux, un soldat belge des armées napoléoniennes, discrètement commémoré au bord d’une route de la campagne namuroise.

 

Rue François Lorge

5020 Vedrin

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Institut Saint-Louis de Namur

Dans l’îlot actuel se trouve un bâtiment du XVIIIe siècle, vestige du couvent des Capucins. Il s’agit d’une grosse bâtisse en brique et pierre bleue sur soubassement appareillé, surmontée d’un clocheton octogonal. 

Supprimé et vendu comme bien national après la Révolution, le couvent est transformé en prison après l’annexion. Cette trace, pouvant à certains égards paraître minime ou anecdotique, témoigne toutefois, comme d’autres, de la généralisation du modèle carcéral sous le régime français. 

Cette fois, il s’agit bien d’une invention « belge » reprise par les Français. Le premier « nouveau » modèle de prison est en effet « inventé » dans les Pays-Bas autrichiens suite à l’ouverture des maisons d’arrêt de Gand en 1775 et de Vilvorde en 1779. 

Grandpré, responsable du bureau des prisons à partir de 1792, propose à la République de suivre l’exemple « belge » dans lequel on retrouve déjà les caractéristiques du modèle carcéral moderne : punition par le travail, séparation entre criminels et vagabonds. 

Les tribunaux criminels révolutionnaires vont ainsi généraliser la peine de prison et par là, provoquer les premiers effets pervers du système : les prisons sont, sous le régime français, pour la plupart installées dans des bâtiments reconvertis, souvent dans d’anciens couvents dont les locaux ne se prêtaient pas à une telle utilisation. 

À peine créées, les maisons d’arrêt deviennent synonymes de surpopulation et d’insalubrité.

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Frédéric MARCHESANI, 2014

IPW

Ancienne porte de Bruxelles à Namur

Le 20 juin 1815, les Français sont à Namur ; ils y entrent la veille et se positionnent derrière les murailles de la porte de Bruxelles. De l’autre côté, les troupes prussiennes de von Zastrow tentent de forcer le passage. Lors d’un assaut, il est touché d’une balle en pleine poitrine et s’effondre. Devant l’impossibilité de faire sauter la porte, les Prussiens pénètrent dans l’enceinte par les fenêtres du poste d’octroi jouxtant la porte de Bruxelles. La campagne de 1815 s’achève avec ces derniers affrontements à Namur. Grouchy évacue la ville le 22 juin et se retire en France via Dinant, Givet, Reims et Soissons.

La porte de Bruxelles a depuis été détruite. Elle se situait non loin de l’entrée du parc Louise-Marie située au niveau du square d’Omalius. Une plaque commémorative a été apposée sur un des piliers du parc par l’association pour la conservation des monuments napoléoniens en 1986 : «Ici s’élevait la porte de Bruxelles. Le 20 juin 1815, cette porte fut témoin des combats opposant l’arrière-garde du maréchal Grouchy à l’armée prussienne».

parc Louise-Marie
5000 Namur

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Luc JAVAUX

Plaque Luc Javaux, 18 septembre 2003.



Après la Première Guerre mondiale, François Bovesse a donné ses lettres de noblesse au décret de l’Assemblée wallonne instaurant une fête de la Wallonie. Avec la création en 1923 du Comité de Wallonie, l’organisation des fêtes à Namur est désormais structurée et pérennisée : désormais, des manifestations rendent hommage aux volontaires wallons qui ont contribué aux Journées de Septembre 1830. Mêlant discours politique, folklore wallon et namurois, le rendez-vous annuel de septembre prend plusieurs déclinaisons dont l’inauguration de plaques commémoratives en souvenir de « grands Namurois ». 

Depuis 1925 et la plaque apposée sur la « maison natale » de Félicien Rops, d’autres plaques sont régulièrement inaugurées. 

Ainsi en est-il en septembre 2003, rue Fumal, avec la plaque honorant Luc Javaux. L’avocat, militant wallon et pilote de la Royal Air Force ainsi « statufié » dans l’espace public bénéficie depuis lors d’un arrêt lors du « parcours des plaques », manifestation devenue traditionnelle dans le programme des fêtes de Wallonie, à Namur.
 

Élève de l’historien wallon Fernand Danhaive, Luc Javaux s’est engagé dans la défense de la Wallonie dès l’Athénée de Namur : président de la Fédération des Élèves du dudit Athénée, cofondateur de la Fédération des Universitaires wallons quand il étudie le Droit à l’Université, fondateur de la première Bibliothèque publique de Wallonie, il participe aux congrès wallons des années 1930, rédige des articles et donne des conférences : son combat pour la Wallonie s’accompagne d’un engagement contre la montée des dictatures, et en faveur d’une politique de solidarité avec les puissances démocratiques d’Europe. Docteur en Droit de l’Université libre de Bruxelles (1935), avocat inscrit au barreau de Namur (1937), animateur des Amitiés françaises (1938), responsable de la section namuroise de la Ligue des Intellectuels wallons (1938), il est proche de François Bovesse dont il partage les idées wallonnes et libérales, tout en se prononçant davantage en faveur du fédéralisme.


En 1939-1940, cet intellectuel tire les conclusions pratiques de son engagement. 

Ayant choisi d’effectuer son service militaire dans l’aviation (1935), il avait poursuivi à ses frais sa formation professionnelle de pilote. Dès août 1939, il est rappelé au 3e régiment d’aéronautique et, quelques mois plus tard, il participe activement à la Campagne des Dix-huit Jours. Incapable d’accepter la capitulation du 28 mai 1940, l’aviateur s’engage dans la Royal Air Force (RAF) et est l’un des premiers volontaires belges à participer en vol à la Bataille d’Angleterre.
 

Promu Flight Lieutenant (capitaine) en 1943 en raison de ses nombreux faits d’armes, Croix de Guerre cité à l’ordre du jour, il est chargé à sa demande d’une mission aérienne jusqu’en Chine. 

Aux manettes de son Mosquito, Luc Javaux se tue le 18 octobre 1943 à Ranchi, aux Indes britanniques, lorsque son avion est pris dans un violent typhon. 

Le texte de ses dernières volontés précise : je désire être incinéré. Pas de participation religieuse quelconque. Sur les simples choses qui pourraient rappeler ma mémoire, indiquer uniquement :
                                                            Luc Javaux / Namur 16 août 1911 : Tombé le…/ Mort pour la Wallonie française.
Toute inscription modifiant la dernière ligne du texte ci-dessus constituerait une véritable trahison de mes volontés les plus chères.
 

Ce sera chose faite en 1961, lorsque les cendres de Luc Javaux sont rapatriées au cimetière de Fleurus : il s’agissait alors du tout premier hommage public rendu tout à la fois au pionnier, au militant de la cause wallonne et au héros du ciel pour la défense des libertés. 

Après la monographie que lui consacra Laurent Lévêque sur base d’archives familiales inédites (1993), Luc Javaux fut mieux connu des Namurois et la plaque apposée en 2003, au 8 de la rue Fumal, contribue à entretenir son souvenir en évoquant ses engagements passés. Aux couleurs de la Wallonie, les lettres rouges sur fond jaune rappelle :

Plaque Luc Javaux (Namur)


 

 

ICI VECUT              1911 - 1943

LUC        JAVAUX
Militant universitaire wallon. Avocat.
Volontaire à la Royal Air Force
durant la « Bataille d’Angleterre ».
Il a dédié sa vie et ses combats
à la liberté et l’avenir de
LA  WALLONIE

 

 

 

 

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Laurent LÉVÊQUE, Luc Javaux. Combats pour la Wallonie, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1993
Laurent LÉVÊQUE, Luc Javaux, dans Nouvelle Biographie nationale, t. IV, p. 232-234
Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 866-867
http://www.canaris1790.be/fr/index.php?id=13&viebat=2003 (s.v. juillet 2015)

 

 
 

 

 

Rue Fumal 8 
5000 Namur

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Paul Delforge

Plaque Henri EVENEPOEL

Dans le cadre de la 14e « Fête annuelle des Fraises », le Syndicat d’initiative de Wépion, présidé par Gustave Maison, décide, au début des années 1980, d’ajouter une dimension plus culturelle aux festivités et de rappeler désormais les séjours d’artistes et écrivains inspirés par ce bord de Meuse, en inaugurant régulièrement des plaques commémoratives. Le premier artiste choisi est Henri Evenepoel. Comme l’évoque explicitement la mention gravée dans une pierre du pays et apposée dans le mur en moellons de la propriété située au 10 du Trieu Colin,

LE PEINTRE
HENRI EVENEPOEL 1872-1899
VECUT DANS CETTE MAISON AU
COURS DES ÉTÉS 1897 ET 1898
ET FUT INSPIRE PAR LE CALME 
CHAMPETRE DU TRIEU COLIN
DON DU S.I.T. WEPION

À la fin du XIXe siècle, la propriété appartenait à une tante de l’artiste, Sophie Devis épouse du sculpteur Ch-Aug. Fraikin. Evenepoel bénéficia de l’hospitalité familiale durant deux étés qui ne furent pas nécessairement les plus heureux de sa vie. La découverte en 1981 d’une lettre inédite d’Evenepoel (lettre datée du 13 juillet 1897) a permis de situer précisément la maison en question, le peintre en ayant dressé à la fois un descriptif précis et deux croquis. En 1899, il séjournera encore à Dave, dans une maison louée au docteur Lavisé. De ces séjours, il reste des paysages peints au Trieu-Colin, à Wépion, dans la vallée de la Meuse à Dave, ainsi que quelques scènes paysannes ou des portraits d’enfants.

Né à Nice en 1872, de parents bruxellois, orphelin de sa mère à l’âge de deux ans, le jeune Henri Evenepoel bénéficie de l’aisance bourgeoise de son père, haut-fonctionnaire de l’État, et d’une grande curiosité familiale pour la musique et les arts graphiques. Le jeune homme suit des cours de dessins auprès d’académies et de maîtres bruxellois – Ernest Blanc-Garin, Adolphe Crespin – d’abord (1882-1892), parisiens (P-Y. Galland et G. Moreau) ensuite (1892-1894). À ses vingt ans, Evenepoel vit en effet dans la capitale française, où il est sensé se former au métier de décorateur. Il loge chez une cousine qui sera son modèle  principal. Et il trouve auprès de Gustave Moreau surtout, mais aussi de Matisse notamment, des encouragements sincères. En 1894, son tableau Louise en deuil est reçu au Salon des Artistes français, premier signe de reconnaissance officielle de son talent. Il multiplie alors les portraits et, fasciné par les types populaires, il croque volontiers les scènes de la vie parisienne, l’animation des rues, les ouvriers rentrant du travail, cherchant aussi à saisir tous les mystères de la lumière. Mais son état de santé est alarmant ; il passe les deux étés 1897 et 1898 à Namur, mais durant l’hiver en 1897, il séjourne en Algérie cherchant à s’y soigner. De retour à Paris, ses compositions rencontrent un franc succès. Son tableau L’Espagnol à Paris est fortement apprécié (1899). Evenepoel s’est progressivement construit un style original que vient stopper brutalement la fièvre typhoïde qui l’emporte fin décembre 1899. Il s’apprêtait à épouser sa cousine Louise et à reconnaître le petit Charles, leur fils adultérin. Outre des portraits d’enfants de sa famille, le peintre Evenepoel est reconnu pour ses scènes parisiennes, représentant les gens endimanchés en général, ainsi que des femmes et leurs chapeaux en particulier, comme cette Dame au chapeau vert (1897) que conservait le Musée de l’Art wallon, institution aujourd’hui supprimée.

 

Sources

La Vie wallonne, 1981, n°373-374, p. 86-87
La Vie wallonne, IV, 1982, n°380, p. 273
Jacques STIENNON, Jean-Patrick DUCHESNE, Yves RANDAXHE (dir.), De Roger de le Pasture à Paul Delvaux. Cinq siècles de peinture en Wallonie, Éditions Lefebvre & Gillet, Les Éditeurs d’Art Associés, Art & Fact, 1988, p. 213
Astrid MATTARD, Henri Evenepoel, sur http://balat.kikirpa.be/peintres/Detail_notice.php?id=2232 (s.v. avril 2015)
Francis HYSLOP, Henri Evenepoel à Paris : lettres choisies 1892-1899, Bruxelles, Renaissance du Livre, 1971
Henri Evenepoel : 1872-1899. Exposition, Musées des Beaux-Arts de Belgique 17 mars – 12 juin 1994, Bruxelles, Crédit communal, 1994

 

Plaque Henri Evenepoel (Wépion)

 
 

Trieu Colin 10
5100 Wépion

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Jean-Baptiste d’OMALIUS d’HALLOY

Statue à la mémoire de Jean-Baptiste d’Omalius d’Halloy, réalisé par Guillaume Geefs, 21 août 1881.



Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les autorités municipales belges continuent d’être encouragées par leur gouvernement à contribuer au renforcement de « l’identité nationale » par l’implantation de statues de personnalités héroïques dans les parcs et sur les places. À Namur, le phénomène commence à se développer au moment où l’enceinte de la ville est démantelée, où les portes et les tours sont détruites, tandis qu’un plan d’aménagement et d’embellissement trace les grandes orientations du futur. En 1869, un premier grand monument a été inauguré, honorant Léopold Ier ; trois ans plus tard, c’est Isabelle Brunelle qui est honoré d’une statue dans l’espace public. En 1881, Jean-Baptiste d’Omalius d’Halloy est à son tour « statufié » et honoré par les Namurois. Entre Léopold Ier, la comtesse d’Harscamps et J-B. d’Omalius, le point commun le plus évident est le nom du sculpteur, Guillaume Geefs (1805-1883), qui signe les trois œuvres namuroises. Celle d’Omalius figure parmi les dernières de l’artiste anversois.


Formé à l’Académie d’Anvers, le jeune Geefs avait très rapidement été repéré par ses professeurs ; une bourse lui avait permis de parfaire sa formation à Paris et, à son retour, il est nommé professeur de sculpture de l’Académie d’Anvers (1833-1840). Présent dans différents salons, il s’impose avec le modèle de la statue du Général Belliard et le monument funéraire du comte Frédéric de Mérode. Le jeune royaume de Belgique venait de trouver l’un de ses sculpteurs capables de figer dans la pierre les personnes et les événements les plus illustres du pays. Statuaire du roi, Geefs s’installe à Bruxelles où son atelier répond aux multiples commandes destinées à orner les églises, les places, les édifices, les cimetières ou les salons de toute la Belgique. Ses statues de Léopold Ier se déclinent en diverses versions, dont l’une sur la colonne du Congrès, à Bruxelles, et une autre à Namur. À Anvers, il livre une statue de Rubens (1840) ; à Liège, celle de Grétry (1842). Membre de la classe des Lettres de l’Académie dès 1845, il la préside de 1858 à 1883. Il était membre de l’Institut de France.


À Namur en ce dernier tiers du XIXe siècle, le nom du Liégeois Jean-Baptiste d’Omalius d’Halloy s’élève au même rang que les Rubens, Grétry et autre Godefroid de Bouillon. Pour savoir qui du géologue ou du politique a motivé ce choix des autorités namuroises, il convient de faire le tour du monument, d’allure classique, puisque sur un haut socle élancé se dresse une statue en bronze, coulée par la Compagnie des Bronzes de Bruxelles, représentant d’Omalius de plein pied. On peut lire les inscriptions suivantes, sur la face avant :


JEAN-BAPTISTE-JULIEN
D’OMALIUS D’HALLOY
NÉ LE 16 FÉVRIER 1783

MORT LE 15 JANVIER 1875


sur la face latérale à droite quand on fait face à la statue :


ORGANISATEUR
DU GOUVERNEMENT PROVINCIAL
DE NAMUR
1815-1830
sur la face latérale à gauche :
SÉNATEUR
DE L’ARRONDISSEMENT
DE DINANT
1848 – 1875


sur la face arrière :


CRÉATEUR
DE LA GÉOLOGIE BELGE
1808 – 1874


Les deux facettes de la vie de J-B. d’Omalius sont ainsi clairement illustrées. Par ses recherches, il a contribué à la naissance de la géologie belge et, jusqu’en 1832, le scientifique est le seul à avoir réalisé une carte géologique de la France. Pour cette raison, certains auteurs n’hésitent pas à le désigner comme le fondateur de la géologie de l’empire français. Sur le bronze, on voit d’ailleurs clairement que d’Omalius tient dans sa main une carte géologique dessinée, avec l’inscription latérale suivante :


ESSAI D’UNE CARTE GÉOLOGIQUE
DE LA FRANCE, DES PAYS-BAS ET
QUELQUES CONTRÉES VOISINES


Cette carte se déplie sur une roche dont le sculpteur Guillaume Geefs s’est employé à représenter les multiples tranches, figurant les plis terrestres.


Président de la Société géologique de France (1852), correspondant de l’Académie des sciences de France (1842), président de l’Académie royale de Belgique, d’Omalius exerça également d’importantes fonctions politiques. Maire sous l’empire (entre 1807 et 1815), sous-intendant de l’arrondissement de Dinant (1814), secrétaire général du département de l’Ourthe sous le gouvernement des puissances alliées (1814-1815), il est désigné gouverneur de la province de Namur sous le régime « hollandais » (1815-1830) et publie, en 1827, le code administratif de ladite province. Dans le nouvel État belge, sa fortune lui permet d’être élu au Sénat, selon le système censitaire. Représentant catholique de l’arrondissement de Dinant (1848-1875), il exerce la vice-présidence de la Haute Assemblée de 1851 jusqu’en 1870.


C’est la Société géologique de Belgique qui a décidé, six mois après la disparition du savant, de lui élever une statue. Après avoir hésité entre Liège et Namur quant à l’implantation, la Société opte pour Namur et bénéficie de subsides tant de l’État (10.000 francs), de la Province (5.000 fr.) que de la ville (2.500 fr.), une souscription couvrant le solde des frais. Dans un premier temps, le projet envisageait d’installer le monument place Saint-Aubain ; ensuite, le nouveau square près de la gare a finalement attiré la statue, dont le sujet donne son nom au lieu.


Il ne fait aucun doute que l’initiative du monument s’inscrit dans la volonté de l’époque de renforcer le sentiment national belge. Le 12 août 1880, le Parlement avait en effet opté pour le troisième dimanche du mois d’août (et les deux jours suivants) comme nouvelle date de référence officielle de la fête nationale de la Belgique. Aucune motivation historique, sentimentale ou politique n’avait justifié ce choix, si ce n’est de supprimer une décision de loin encore antérieure, celle prise par le Congrès national, à l’unanimité, le 19 juillet 1831, sur proposition de Charles Rogier et qui avait retenu les Journées de Septembre. Jour de l’inauguration, le 21 août 1881 est le 3e dimanche du mois.

 

Sources


http://balat.kikirpa.be/photo.php?path=A4289&objnr=10142103
http://www.harscamp.be/index.php/Le-monument-a-Isabelle-Brunelle-comtesse-dHarsca/un-roi-une-comtesse-un-gouverneur.html (s.v. mars 2015)
Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Luc COURTOIS (dir.), Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 2011, p. 332-334
J. GUEQUIER, dans Biographie nationale, t. 16, col. 157-163
A. DE VAUX, Discours prononcé à l’inauguration du monument de M. d’Omalius d’Halloy, le 21 août 1881, Namur, L. Raikem, 1885
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV, p. 14, 21
Sybille VALCKE, dans Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 415-417

 

Statue Jean-Baptiste d’Omalius d’Halloy (Namur)

 

Square d’Omalius

5000 Namur

carte

Paul Delforge