Spa

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4900

Glacière à glace naturelle de l'abbatoir de Spa

Place de l’Abattoir
4900 Spa

Classée comme monument le 2 décembre 1993

Conserver des aliments ou servir des rafraîchissements dans une ville fréquentée par de nombreux curistes est indissociable de l’utilisation de glace. Or, stocker de la glace naturelle avant la construction de la première fabrique de glace artificielle à Spa en 1924 requiert des installations particulières. Si l’exploitation d’une glacière dans la cité thermale remonte à 1757, le projet de construction d’un abattoir dans le quartier du Vieux Spa – le cœur historique de la ville – en 1878 donne lieu à la création d’une glacière urbaine d’une capacité de 150 m3, creusée à flanc de colline. Celle-ci se compose d’une cuve circulaire en briques recouverte d'un dôme percé en son centre pour l’approvisionnement en matière première. Le sol, en pente, permet d’évacuer les eaux de fonte. La viande pouvait être conservée dans des niches aménagées dans la paroi extérieure de la cuve, accessibles par une galerie voûtée encerclant celle-ci.

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Waux-Hall de Spa

Rue de la Géronstère 10, 4900 Spa

Classé comme monument le 24 juillet 1936
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Judicieusement implanté en dehors du centre de Spa, à la rencontre des principales routes menant aux fontaines qui ont fait la renommé de la ville thermale, le Waux-Hall constituerait l’une des plus anciennes salles de jeux d’Europe. Œuvre de l’architecte liégeois Jacques-Barthélemy Renoz, du stucateur Antoine-Pierre Franck et du peintre Henri Deprez, ce vaste édifice aux proportions harmonieuses a été édifié en trois phases dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, soit l’avant-corps et les ailes latérales, l’arrière-corps et enfin, l’aile en retour, elle-même reconstruite dans la seconde moitié du XXe siècle. La sobriété de l’architecture extérieure en brique et pierre bleue contraste avec le faste de la décoration intérieure – stucs muraux, plafonds peints, cheminées en marbre, miroirs, etc. – répartie dans les cinq pièces du premier étage au nombre desquelles figure une salle de bal. Au fil du temps, cette « salle de jeux et d'assemblée » a connu diverses affectations : hôpital militaire, temple protestant, école, orphelinat, musée communal ou siège d’associations locales. La restauration de l’enveloppe extérieure, première phase d’une restauration globale, a été achevée en 2009, préservant ainsi les riches décors intérieurs. Le monument a désormais fière allure, avec son badigeon rose pâle, ses garde-corps et grilles en fer forgé rehaussés de dorure et ses grands châssis d’époque restaurés et sertis de vitrages soufflés artisanalement.

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Galerie Léopold II

Parc des Sept-Heures, 4900 Spa

Monument classé le 20 avril 1982
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Depuis l’époque romaine, Spa est réputée pour son eau ferrugineuse, attirant à elle au XVIIIe siècle de grands personnages, tel le tsar Pierre le Grand. Après une phase de déclin, un vaste programme, appuyé par Léopold II, roi des Belges, relance la station thermale. Dans ce cadre, une galerie couverte de 130 m est inaugurée en 1878 dans le parc de Sept-Heures, promenade créée en 1758 dans la prairie du même nom où les curistes avaient coutume de se rassembler, faisant ainsi de cette dernière et de celle de Quatre-Heures voisine, la plus ancienne promenade publique de Belgique. La galerie Léopold II reçoit à ses extrémités deux pavillons, celui ovale des Petits Jeux et celui carré dédié à l’épouse de Léopold II, la reine Marie-Henriette. Trois avant-corps ponctuent ce long promenoir couvert d’un plafond en bois compartimenté supporté par des colonnes en fonte et orné d’éléments décoratifs en fer forgé. Le projet de restauration de 2009 prévoit la restitution de certains éléments originaux, comme la fermeture en façade arrière.

Remanié à de nombreuses reprises, le parc de Sept-Heures et le Fawetay, double allée bordée de tilleuls décrivant un U à partir de l’avenue Professeur Herijean au sud-ouest de Spa, sont les deux seules promenades spadoises à faire l’objet d’une protection.

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MEYERBEER Giacomo

Buste à la mémoire de Giacomo Meyerbeer, réalisé par Charles-Félix Girard dit Charles Gir, 18 août 1912.

Célèbre compositeur d’opéras du XIXe siècle, le Prussien Giacomo Meyerbeer (1791-1864) avait l’habitude de séjourner à Spa, cité thermale dont la réputation avait depuis longtemps traversé les frontières. Auteur à succès, il avait pris ses habitudes à Spa ; il en appréciait particulièrement les eaux et les Spadois étaient particulièrement honorés de compter parmi leurs hôtes réguliers une personnalité aussi renommée que fortunée. Durant l’été 1860, les autorités locales décident de lui dédier une promenade dans les bois de Creppe : elle existe toujours entre Géronstère et Barisart ; d’autres traces témoignent de la présence de Meyerbeer à Spa : plaque sur la façade de l’hôtel du Mouton blanc, nom donné à des maisons – Le Prophète, L’Etoile du Nord – inspiré de ses opéras, mais aussi à une villa qui est un lieu de vacances ; enfin, dans le parc communal, un imposant monument a été érigé en 1912, avec le buste de Meyerbeer.
Né Jacob Liebmann Meyer Beer, ce Berlinois s’avère un pianiste talentueux, mais très vite il est attiré par la composition. Ayant opté pour le nom d’artiste Meyer-Beer en 1812, il ne parvient pas à percer dans l’ancien empire germanique désormais soumis à Napoléon ; après avoir découvert Paris et avoir parcouru l’Italie, il parvient à séduire le public italien par ses opéras de style « rossinien ». Italianisant son prénom – Giacomo – en guise de remerciement, Meyerbeer est joué dans les principales capitales d’Europe dès le milieu des années 1820. C’est à Paris qu’il va triompher, grâce principalement à trois opéras : Robert le Diable (1831), Les Huguenots (1836) et Le Prophète (1849). Avec L’Africaine (œuvre posthume, 1865), il a défini le cadre du « Grand Opéra » par la synthèse qu’il réussit à réaliser entre la technique orchestrale germanique, le bel canto italien et la déclamation française. Offrant à son époque, une musique que chacun pouvait et voulait entendre, Meyerbeer s’impose comme le plus joué des compositeurs du XIXe siècle, avant que son œuvre ne soit rangée au purgatoire. Bénéficiant des mesures nouvelles du jeune roi Frédéric-Guillaume IV à l’égard des juifs, Meyerbeer était devenu le directeur général de la musique de l’Opéra royal de Prusse (1842-1846) et maître de la chapelle musicale du roi ; c’est là l’une des nombreuses reconnaissances attribuées à un Meyerbeer particulièrement attentif à la défense de son œuvre. Néanmoins, les critiques ne sont pas unanimes. Adoré de son vivant, Meyerbeer sera vilipendé après sa mort à Paris en 1864 ; et les attaques ne portent pas sur le seul plan de sa musique : certains aspects de sa personnalité, mais surtout ses origines juives alimentèrent des commentaires peu amènes. Ainsi, par exemple, comme le constatent certains de ses biographes, Meyerbeer est honoré d’une statue à Spa, alors que Berlin ne lui a réservé aucune attention particulière dans l’espace public.
Le bourgmestre Joseph de Crawhez est à l’initiative de ce monument dont la réalisation a été confiée au sculpteur Charles Gir ; le baron de Crawhez l’a d’ailleurs offert à la ville de Spa et l’inauguration, en août 1912, est marquée par d’importantes manifestations placées sous le haut patronage de la reine Elisabeth : illuminations, retraite aux flambeaux, concerts et soirée musicale de gala, sous la direction de Sylvain Dupuis et en présence notamment de Jean Noté, sont interprétés des extraits de quatre opéras de Meyerbeer. À l’origine, le monument est placé dans les jardins du Casino ; il prendra ensuite place dans le parc des Sept Heures à quelques mètres du parcours du mini-golf.
Très en vogue jusqu’au début des années 1930, le Français Charles-Félix Girard (Tours 1883-Bordeaux 1941), mieux connu sous le pseudonyme de Charles Gir, voir Ch. Gir, est à la fois dessinateur, affichiste, caricaturiste, peintre et sculpteur. Si sa signature apparaît régulièrement dans L’Assiette au beurre et d’autres titres de presse, il est aussi apprécié pour ses croquis et pastels de danseurs de l’Opéra de Paris, pour ses affiches destinées au théâtre, et pour ses illustrations d’ouvrages littéraires. Après avoir croqué de nombreuses scènes de la Grande Guerre et de ses poilus dont il était, il signera le portrait de plusieurs personnalités de l’Entre-deux-Guerres. Une ultime sculpture – un monumental Don Quichotte – évoque une facette moins connue de l’activité d’un artiste qui cultivait depuis son plus jeune âge un goût prononcé pour l’opéra. Sans doute est-ce là qu’il faut chercher le lien qui unit Gir, Meyerbeer et Spa.
Le buste en bronze de Meyerbeer culmine au sommet d’un imposant socle de forme rectangulaire ; sur la face avant, sous l’inscription :

MEYERBEER
1791 - 1864

un bas-relief illustre une anecdote locale selon laquelle Meyerbeer avait l’habitude de se rendre dans les bois de Spa installé sur le dos d’un âne. À l’avant du monument, une jeune femme tend la tête vers le haut pour apercevoir le compositeur prussien, tout en lui tendant un présent. Sur le côté droit, un autre bas-relief illustre une scène de l’opéra Les Huguenots. En dessous, gravée dans la pierre, une mention rappelle que le monument a été :

OFFERT
A LA
VILLE DE SPA
PAR

SON BOURGMESTRE
BARON JPH DE CRAWHEZ

 

Malou HAINE, 400 lettres de musiciens : au Musée royal de Mariemont, Liège, Mardaga, 1995, coll. Musique, p. 512-535
https://fr.wikipedia.org/wiki/Giacomo_Meyerbeer
http://www.jesuismort.com/biographie_celebrite_chercher/biographie-giacomo_meyerbeer-18501.php
http://www.sparealites.be/les-noms-des-ponts-de-la-promenade-meyerbeer (s.v. juin 2015)
http://www.dailymotion.com/video/xj1ozz_exposition-consacree-a-charles-gir-grisy-les-platres_creation
http://www.grisylesplatres.fr/article/charles-gir-peintre-sculpteur-1883-1941

 

Buste Giacomo Meyerbeer (Spa – parc des Sept Heures)

Buste Giacomo Meyerbeer (Spa – parc des Sept Heures)

Buste Giacomo Meyerbeer (Spa – parc des Sept Heures)

Buste Giacomo Meyerbeer (Spa – parc des Sept Heures)

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parc des Sept Heures – 4900 Spa
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MEYERBEER Giacomo
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Buste Giacomo Meyerbeer (Spa – parc des Sept Heures)
Buste Giacomo Meyerbeer (Spa – parc des Sept Heures)
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KRINS Georges

Plaque commémorative Georges Krins, réalisée à l’initiative de Philippe Delaunoy, 14 septembre 2002.

Depuis son naufrage dans l’Atlantique Nord, au large de Terre Neuve, dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, le Titanic ne cesse de susciter la curiosité, l’intérêt et des hommages aussi variés que les approches de l’événement. Que n’a-t-on écrit à propos de cet insubmersible transatlantique qui emporta par le fond près de 1.500 personnes ! Parmi d’autres aspects du naufrage, on s’intéressa à l’identité des passagers et, au-delà de grandes fortunes célèbres, ils furent nombreux, en Europe comme en Amérique, à connaître, directement ou indirectement, quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui était sur le Titanic. Certains rescapés sont alors auréolés d’une gloire éphémère, tandis qu’ailleurs, on pleure les morts par des cérémonies immédiates ou des hommages plus durables : plaques et mémoriaux fleurissent dès l’automne 1912 ; le souvenir est ardemment entretenu par des associations très actives, d’autant que l’événement paraît une source inépuisable. À sa petite échelle, la Wallonie n’échappe pas à ce phénomène. Certes, aucun survivant n’a pu être glorifié, mais, parmi les victimes, la ville de Spa a retrouvé « l’un de ses enfants ».
En effet, parmi les musiciens présents sur le Titanic se trouvait Georges Krins, né à Paris en 1889, mais qui avait des liens étroits avec la ville thermale. En effet, sa mère parisienne (née Petit) a épousé un commerçant spadois et, dès 1895, la famille Krins s’installe au cœur de la cité thermale, où elle tient une mercerie. Formé à la musique à l’Académie de Spa, le jeune Krins s’inscrit ensuite au Conservatoire de Liège (1902), où il achève brillamment sa formation en 1908. Sa famille s’est alors installée à Liège. Faisant valoir son talent dans un orchestre local à la mode, il entame ensuite seul un tour d’Europe, jouant un an à Paris (Trianon lyrique), puis à Londres. Quand il lui est proposé de travailler comme musicien à bord du Titanic, le Spadois n’hésite pas. La Black Talent Agency n’engage que les meilleurs : il sera premier violon et responsable d’un trio. Avec le français Roger Bricoux, il est le seul non britannique de l’orchestre de 8 personnes dirigé par Wallace Hartley ; le « Café parisien » et le grand escalier arrière seront les deux principaux lieux de représentation de Georges Krins. Le 10 avril 1912, dans une atmosphère de fête et de démesure, il entame, à Southampton, le voyage inaugural du Titanic qui va s’avérer funeste. Au moment du naufrage, les huit musiciens du Titanic se rassemblent et reçoivent une mission inattendue : jouer, toujours jouer afin de calmer l’effet de panique. Controversé, le rôle de l’orchestre entre dans l’histoire et alimente les légendes. La dernière note de musique accompagne l’orchestre dans les eaux glacées de l’océan. Comme ses sept compagnons d’infortune, Georges Krins disparaît. Son corps à lui ne sera jamais retrouvé.
Jusqu’en 2002, seule la stèle de la famille Krins, au cimetière de Spa évoque « la mémoire de Georges Krins, né en 1889, mort sur le Titanic en 1912 ». Avant la Grande Guerre, un comité de patronage – soutenu par le journal Le Cri de Liège – avait lancé le projet d’un monument Krins à Liège (près de l’église Saint-Jacques) et une souscription publique, mais les événements le font tomber dans l’oubli. Certes, le nom de Krins est associé à celui des autres musiciens, notamment sur le Titanic Musician’s Memorial à Southampton. Mais aucun hommage public particulier ne lui a été rendu quand survient, en 1997, la sortie du film de James Cameron, interprété par Leonardo Di Caprio et Kate Winslet. Le succès cinématographique de Titanic est planétaire. L’intérêt pour « le plus grand naufrage de tous les temps » est revivifié. Le succès de la bande originale du film (la plus vendue, la plus connue notamment avec une interprétation de Céline Dion qui reçoit un Oscar) reporte aussi la curiosité et l’attention sur l’orchestre du Titanic. Des passionnés du Titanic (Jean-François Germain, Philippe Delaunoy et Olivier Cesaretti) identifient les passagers un à un, et les deux derniers cités attirent l’attention des autorités publiques sur le pedigree de Georges Krins. À l’instar de la municipalité française de Cosne-sur-Loire pour Roger Bricoux en 2000, les autorités de Spa ne pouvaient manquer l’occasion d’apposer une plaque commémorative à « leur » héroïque musicien :

Ici vécut Georges Krins
(1889-1912)
Premier violon à bord du
RMS Titanic

Installée le 14 septembre 2002 sur la façade de l’hôtel Cardinal, au 21 de la place Royale, cette plaque à la sobriété d’une plaque professionnelle pour activités libérales est heureusement accompagnée et rehaussée par la présence d’une peinture naïve et colorée du premier violon (initiative du patron de l’hôtel).

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (notamment La Libre du 13 décembre 2000 et Le Soir du 16 septembre 2002)
http://titanic.superforum.fr/t456-memorial-george-krins-spa-en-belgique
Pol JEHIN, http://www.sparealites.be/georges-krins-le-musicien-spadois-du-titanic (s.v. mars 2014)
Appel à témoins, dans Histoire et Archéologie spadoises, juin 1998, n°94, p. 82
Philippe DELAUNOY, Georges Krins : le musicien oublié du Titanic, dans Histoire et Archéologie spadoises, décembre 2003, n°116, p. 162-171
Monique CARO-HARION, À propos de Georges Krins, dans Histoire et Archéologie spadoises, mars 2004, n° 117, p. 38-39

Plaque commémorative Georges Krins

Plaque commémorative Georges Krins

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21 de la place Royale – 4900 Spa
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KRINS Georges
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Plaque commémorative Georges Krins
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FOCH Ferdinand maréchal de France

Monument au Maréchal Foch, réalisé par Pierre de Soete, 8 juillet 1932.

Maréchal de France, Ferdinand Foch (1851-1929) a été le commandant en chef des troupes alliées sur le front de l’ouest durant la Première Guerre mondiale. Né à Tarbes, aux portes des Pyrénées, il fait ses études à Lyon, puis chez les Jésuites à Metz au moment où éclate la guerre de 1870. Chassé par les troupes allemandes, il achève ses études à Nancy, mais conserve un vif ressenti de la situation vécue alors. Engagé dans l’infanterie en 1870, il ne combat pas, mais reste dans l’armée en intégrant Polytechnique (1871), puis l’École supérieure militaire où il est nommé professeur (1895-1901). Chargé des cours d’histoire militaire, de stratégie et de tactique, il devient surtout l’un des théoriciens français de l’offensive, s’inspirant de Clausewitz et de Napoléon. En 1907, promu général de brigade, cet officier d’État-major prend le commandement de l’École de Guerre jusqu’en 1911, année où il est nommé général de division, avant d’être élevé au rang de général commandant de corps d’armée (1913). Quittant une vie parisienne trépidante pour commander le 20e corps d’armée de Nancy lors de l’attaque allemande d’août 1914, Ferdinand Foch prend une part active dans la bataille de Lorraine, dans celle de la Marne et dans la course à la Mer. Les multiples batailles qu’il commande alors sont l’occasion de mettre en application ses théories sur l’attaque à outrance et la contre-attaque. En 1914, elles se révèlent payantes, malgré les milliers de morts enregistrés dans les rangs français. Nommé commandant en chef adjoint de la zone Nord, aux côtés du général Joffre (octobre 1914), Foch tombe en disgrâce après les échecs répétés enregistrés en 1915 et 1916 ; il est relevé de ses fonctions dans l’armée du Nord (décembre 1916). Quand Lyautey devient le nouveau ministre de la Guerre, Foch est rapidement rappelé et affecté dans l’armée de l’Est, avant de s’occuper du front italien pendant plusieurs mois. Fin mars 1918, Foch se voit confier le commandement en chef du front de l’Ouest et la coordination des armées alliées, avec le titre de généralissime. Cette fois, le succès est au rendez-vous : les offensives des armées allemandes sont bloquées au début de l’été et c’est en tant que maréchal de France qu’il mène l’offensive générale qui contraint l’Allemagne à demander un armistice. L’homme de la victoire de 1918 est élevé à la dignité de maréchal du Royaume-Uni et de Pologne et est élu à l’Académie française. En 1919, il devient le président du Conseil supérieur de la Guerre. Couvert de décorations jusqu’à son décès en 1929, le maréchal Foch a donné son nom à des dizaines de lieux en France comme à l’étranger ; nombreux sont aussi les monuments en son honneur, souvent de grande taille, comme c’est le cas à Spa.
Signataire de l’acte d’Armistice à Rethondes, le maréchal a suivi de près les négociations des traités de paix (1919-1921). Il eut dès lors plusieurs occasions de se rendre à Spa pour des réunions de Commissions et pour la Conférence de Spa qui s’y tint en 1920. Il eut de nombreux entretiens avec le plénipotentiaire allemand Erzberger. Quelques mois après le décès du « vainqueur de 14-18 », les autorités spadoises décident de lui consacrer un monument. Elles confient sa réalisation à Pierre de Soete (1886-1948), à la fois médailleur et sculpteur bruxellois.
Mis au travail dès l’âge de 8 ans, de Soete a fait « mille métiers » avant de se retrouver dans l’atelier de polissage de la Compagnie des Bronzes à Bruxelles (1900). « Promu » à l’atelier des monteurs, il voit passer entre ses mains des sculptures des Dillens, Meunier et autre Jef Lambeaux. Autodidacte habile et observateur, il veut devenir sculpteur, s’aidant d’une brève initiation au dessin à l’Académie de Molenbeek. En 1911, une fonderie de bronze d’Anderlecht lui confie la direction de l’un de ses départements, mais ni ses nouvelles fonctions ni la Grande Guerre ne le détournent de sa passion pour la sculpture. Sollicité au sortir de la Grande Guerre à la réalisation de monuments aux victimes du conflit mondial, il se consacre exclusivement à la sculpture à partir de 1924 ; deux ans plus tard, le monument aux héros de l’Air de 14-18 (porte Louise à Bruxelles) constitue sa première réalisation majeure. Désormais, il répond aux commandes officielles (bustes, médailles, portraits), tout en poursuivant une œuvre personnelle faite d’œuvres de petite taille d’inspiration très variée, parfois fort originale, dans un style très classique. Signataire de quelques monumentales réalisations publiques faisant penser à la statuaire officielle des régimes autoritaires des années 1930, il clamait n’appartenir à aucune école, à aucun cénacle, et n’avoir que sa conception personnelle comme guide. Auteur d’effigies pour l’industrie automobile (Minerva, Ford), il est aussi celui qui signe le monument demandé par le bourgmestre de la ville de Dinant, Sasserath, pour commémorer les martyrs civils de 1914, à la fois ceux de Dinant et tous ceux de la Belgique (estimés alors à 23.700). Présenté au début des années 1930, son premier projet est à la fois assez complexe et gigantesque. Il s’articule autour d’une main géante, levée vers le ciel, signifiant que, sur l’honneur, les Dinantais jurent qu’aucun franc-tireur n’a tiré sur les soldats allemands. La commission qui entoure le bourgmestre libéral fait quelques suggestions à l’artiste qui simplifie son œuvre. Inaugurée en août 1936 sur la place d’Armes, l’œuvre définitive, intitulée Furore Teutonico, se présente sous la forme de deux doigts levés (le majeur et l’index), le pouce étant replié vers l’annulaire et l’auriculaire. L’ensemble du monument reste considérable : 25 mètres de large, près de 10 mètres de haut. Après la Campagne des 18 Jours de mai 1940, des Panzers s’empresseront de détruire ce monument qui ne sera jamais reconstruit.
Moins polémique en apparence, le monument Foch que Pierre de Soete réalise à la même époque résistera quant à lui au temps. Contrairement au monument dinantais, son inauguration, en juillet 1932, n’est pas boycottée par les autorités officielles. Ce vendredi-là, à Spa, le prince Léopold et « la » Maréchal sont aux premières loges, parmi les autres personnalités, pour dévoiler la statue en pierre de France qui représente le vainqueur de 14-18. Elle résistera à la période agitée de 40-45 et continue de constituer, à l’une des entrées de Spa, le monument le plus spectaculaire de la ville thermale. En commandant cette statue, les autorités spadoises voulaient commémorer les nombreuses visites du maréchal Foch à Spa entre la fin de 1918 et 1920.

Herman FRENAY-CID, Le maréchal Foch « Bourgeois de Spa » en 1932 et l’abdication de Guillaume II en 1918, dans Histoire et Archéologie spadoises, mars 1983, n°33, p. 23-28
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, t. 1, Bruxelles, CGER, 1990, p. 132
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 451
https://store.geolives.com/static/newsletters/printer.pdf (s.v. mai 2014)
Rétrospective Pierre de Soete : Galerie Georges Giroux, Bruxelles, du 18 février au 4 mars 1950, Bruxelles, 1950

Monument au Maréchal Foch

Monument au Maréchal Foch

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avenue Reine Astrid / place du Maréchal Foch – 4900 Spa
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FOCH Ferdinand maréchal de France
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Monument au Maréchal Foch
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DOMMARTIN Jean dit Jean d'Ardenne

Médaillon Jean d’Ardenne, réalisé par Marnix d’Haveloose (ou Max d’Havelouse), 9 septembre 1920.

C'est en 1758 que le Parc de Sept Heures est aménagé en promenade publique. Au cours du XXe siècle, il accueille de nombreux monuments dont celui dédié à Léon Dommartin (1839-1919). Il se présente sous la forme d’un portrait réalisé dans le bronze et incrusté dans une pierre du parc, le long de la promenade. Le bronze est signé Marnix d’Haveloose (1885-1973, ou 1882-1975). L’initiative du monument en revient au Comité de Spa-Attractions. En présence de membres de sa famille, d’amis et des autorités locales, l’inauguration s’est déroulée le 9 septembre 1920, soit l’année qui a suivi la disparition de Léon Dommartin, mieux connu sous son nom de plume « Jean d’Ardenne » (parfois écrit Dardenne). Il ne s’agissait pas là de la première démarche des « autorités » spadoises à l’égard de l’enfant du pays. En 1904, une promenade lui était dédiée (la Feuillée Jean d’Ardenne) et, le 24 septembre 1905, le Comité Spa Attractions avait organisé une journée de l’Arbre, en présence du Président de la Ligue des Amis des Arbres.
Durant ses études au Collège de Herve (1852-1858), Léon Dommartin développe déjà à la fois le goût de l’écriture et de la nature. Devenu libraire à Spa, sa ville natale, il s’oriente ensuite vers le journalisme. Il fonde un journal satirique, Le Bilboquet qui ne vit que quelques mois (1864-1865), et est marqué durablement par la nature qui l’entoure. Par la suite, il prend ses quartiers à Paris où il commence sa carrière dans un petit journal intitulé Gazette des étrangers. Avec le marquis Auguste de Villiers de l’Isle-Adam, il fonde en 1867 une publication hebdomadaire, La Reine des Lettres et des Arts à l’existence éphémère. En 1868, il entre au Gaulois. C’est pour ce journal qu’il suit avec attention la Guerre franco-prussienne de 1870. Il accompagne l’armée de Mac Mahon jusqu’à la débâcle de Sedan et ses reportages en font l’un des tout premiers correspondants de guerre de l’histoire. Critique littéraire de Paris-Journal entre 1871 et 1874, il prend ensuite la direction de Bruxelles, s’installe à Ixelles et entre à la rédaction de la Chronique : il y devient rédacteur en chef en 1896. C’est après sa période parisienne qu’il prend le nom de plume Jean d’Ardenne qui lui survivra. Il sera aussi nommé bibliothécaire à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles.
Amateur de voyages, il parcourt la Flandre, le nord de la France et le nord-ouest de l’Afrique, mais c’est l’Ardenne qui le marque le plus. En 1881, il publie un guide touristique, L’Ardenne, qui fera date et connaîtra plusieurs éditions. Six ans plus tard, ses Notes d’un vagabond (1887) sont également fort appréciées. Le regard qu’il pose sur « son » Ardenne l’entraîne à prendre fait et cause pour sa préservation, plus particulièrement à s’investir dans la défense des arbres, des sites et des maisons présentant un intérêt patrimonial. Face au développement prodigieux de l’industrie en pays wallon au XIXe siècle, il est l’un des premiers à attirer l’attention sur la nécessité de préserver la qualité des paysages et peut être qualifié de pionnier de l’écologie. En décembre 1891, il fonde la Société nationale pour la Protection des Sites et des Monuments en Belgique. En 1895, Léon Dommartin est encore parmi les fondateurs du Touring Club de Belgique.
Après sa mort survenue au lendemain de la Grande Guerre, Dommartin inspirera la création de nombreux cercles et associations de défense de la nature, comme l’Association pour la défense de l’Ourthe, Les Amis de l’Ardenne, le Comité de Défense de la Nature, etc. En 1905, il était lui-même membre de la Ligue des Amis des Arbres dont la présidence lui est confiée (juillet) et avait contribué à organiser la première « Fête des Arbres » en Wallonie, avec Léon Souguenet ; elle avait eu lieu à Esneux le 21 mai 1905.Encourageant les autorités publiques à installer des bancs rustiques le long des promenades comme dans les parcs publics des villes, il sera entendu dans l’Entre-deux-Guerres, certains bancs prenant une forme plus artistique en étant dédié à Dommartin lui-même.
C’est le jeune le sculpteur d’Haveloose qui réalise le médaillon. Gendre de l’aquarelliste anversois H. Cassiers, d’Haveloose a fait ses premiers pas à Bruges, dans l’atelier de D’Hondt, avant de parfaire sa formation à l’Académie de Bruxelles avant la Grande Guerre. Prix Goderlache de sculpture en 1910, se réfugie en Angleterre pendant la guerre, puis il s’établit à Bruxelles où il accomplit toute sa carrière. Professeur à l’Académie de Bruxelles (1935-1955), il en assure la direction entre 1951 et 1955. Ne se contentant pas de bustes et de nus (comme La Toilette au cœur des Jardins du parc de la Boverie à Liège), il s’est lancé dans la peinture dès les années 1930. C’est donc à un jeune artiste prometteur que Spa-Attractions a confié la tâche de réaliser l’hommage à Dommartin. On dispose d’une photo du médaillon datant de 1920 ; il présente des différences par rapport à celui que l’on connaît aujourd’hui.
L’original mentionne en grandes lettres

A JEAN D’ARDENNE AMI DES ARBRES

tandis que l’actuel mentionne en tout petit

« A JEAN D’ARDENNE
(LÉON DOMMARTIN)
HOMME DE LETTRES
NE A SPA
SPA-ATTRACTIONS »

 

http://www.spatourisme.be/fr/parc-de-sept-heures#sthash.QGdVY8oy.dpuf
Léon MARQUET, sur http://www.sparealites.be/jean-dardenne-1839-1919 (s.v. avril 2014)
La Vie wallonne, 15 octobre 1920, n°2, p. 86-88
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Benjamin STASSEN, La Fête des Arbres - 100 ans de protection des arbres et des paysages à Esneux et en Wallonie (1905-2005), Liège, éd. Antoine Degive, 2005, p. 38

Médaillon Jean d’Ardenne

Médaillon Jean d’Ardenne

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Carte : 
Adresse : 
parc des Sept Heures – 4900 Spa
Titre alternatif : 
DOMMARTIN Jean dit Jean d'Ardenne
Image : 
Médaillon Jean d’Ardenne
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