Construit entre 1775 et 1780, l’hôtel de ville de Verviers combine élégamment les styles Louis XV et Louis XVI. OEuvre de l’architecte liégeois Jacques-Barthélemy Renoz, il est constitué de trois volumes avec un avant-corps orné d’un fronton courbe et de la devise « Publicité, sauvegarde du peuple », datant de la Révolution de 1830 et faisant référence à la publicité des débats des élus. L’intérieur conserve une décoration remarquable. Un escalier supportant une rampe en fer forgé de style Louis XVI (1780) mène aux étages où se trouvent plusieurs pièces de grand intérêt. Parmi elles, le salon royal, décoré de figures allégoriques et éclairé de cinq grandes fenêtres auxquelles répondent cinq portes. L’hôtel de ville de Verviers est reconnu patrimoine exceptionnel de Wallonie.
1830 : quand Verviers se voulait française
Les 28, 29, et 30 août 1830, ce sont les couleurs françaises que les révolutionnaires verviétois arborent sur l’hôtel de ville et à la tête de leurs manifestations, avant que les notables locaux ne parviennent à leur substituer les couleurs franchimontoises (vert et blanc) en souvenir du marquisat de Franchimont. S’étendant sur les actuelles communes de Verviers, Theux, Spa, Jalhay, Pepinster et partiellement Dison, le Franchimont avait fait partie intégrante de la principauté de Liège et avait disparu en même temps qu’elle lors du rattachement à la France en 1795. Six ans plus tôt, les démocrates franchimontois, réunis en
Congrès à Polleur, avaient adopté en septembre 1789 une « Déclaration des Droits de l’Homme » plus démocratique que la Déclaration française. Ils avaient manifesté leur souhait de rattachement à la France dès septembre 1790. On a pu écrire à propos de la Révolution liégeoise de 1789 que « si Liège fut la capitale et Verviers la ville de province, ses élites révolutionnaires ont agi sur la première comme un aiguillon, et le mouvement révolutionnaire franchimontois et ses personnalités ont constitué l’aide radicale de la Révolution liégeoise ».
Quatre décennies plus tard, les milieux politiques verviétois sont à nouveau parmi les premiers à prôner, dès octobre 1830, la réunion de la Belgique à la France. Au début, ils sont presque isolés : nulle part ailleurs, le mouvement réunioniste n’a osé s’affirmer avec tant de force et si tôt ; les autres villes étaient plus hésitantes. Progressivement, le « parti français » gagna du terrain dans le sud du pays, à Liège notamment. La campagne profrançaise ou antibelge se poursuivit en 1831 avec autant d’ardeur. En mai, le journal verviétois développa même un thème séparatiste : la province de Liège pourrait revendiquer son ancienne indépendance pour en disposer ensuite à sa guise. Mais le projet resta sans suite. Il en fut de même de celui du bourgmestre de Verviers, Pierre David, qui, en juin 1831, envisagea très sérieusement
de soulever les masses ouvrières en faveur de la France.
En septembre 1831, le Journal de Verviers rappelle que « c’est pour la France et rien que pour la France que le pays wallon s’est soulevé » et, en janvier 1832, il écrivait encore : « la fusion de la Belgique avec la France peut encore être longtemps retardée, mais nulle puissance humaine ne peut l’empêcher ». En mars et en juillet 1832 (près de deux ans après la révolution!), il trouva encore l’occasion de se dire toujours convaincu de l’inéluctabilité de la réunion. Ce furent les dernières manifestations de cet esprit réunioniste qui avait caractérisé si longtemps l’esprit public à Verviers de manière particulièrement précoce, profonde et durable et que les premiers militants locaux, trois quarts de siècle plus tard, savaient rappeler.
1914 : le neuvième Congrès wallon
Organisé par la Ligue wallonne de Verviers qui s’était constituée en août 1913, ce Congrès se tint dans la salle des mariages de l’hôtel de ville le 1er mars 1914 avec comme grand point à l’ordre du jour l’organisation des groupements wallons sous un organe centralisateur. Après une réception officielle, les débats s’ouvrirent sous la présidence de Joseph Mélen, président de la Ligue wallonne de Verviers. Le congrès se mit d’accord pour inviter l’Assemblée wallonne à prendre en mains la centralisation des associations. Il émit le voeu de voir disparaître l’égalité des langues des programmes politiques et souhaita que les associations wallonnes organisent une campagne en faveur des droits de la Wallonie. Quatre mois plus tard, l’invasion allemande et les années de guerre allaient porter un rude coup au sentiment wallon naissant.
La salle des mariages
Éclairée par cinq fenêtres, cette salle est élégamment agrémentée de stucs (médaillons, dessus-de-porte) datant de 1780, ainsi que d’élégantes boiseries. C’est dans cette salle que le révolutionnaire verviétois Grégoire-Joseph Chapuis (seule victime politique de la répression de la Révolution liégeoise statufiée en Wallonie) passa sa dernière nuit avant son exécution sur ordre du prince-évêque de Liège le 1er janvier 1794.