Califice Alfred

Officier (Historique)

Très jeune, Alfred Califice milite au sein de la Jeunesse ouvrière chrétienne, en parallèle à ses études en sciences administratives. Mobilisé en 1940, il participe à la défense des forts de Fléron et d’Evegnée. Echappant à la déportation, il se marie et s’installe à Charleroi. C’est là qu’il va construire sa carrière politique après-guerre et devenir une des figures de proue du PSC.

Présent au Congrès national wallon de 1945 qui se prononce pour le fédéralisme, après un vote « sentimental » en faveur du rattachement à la France, il fait partie des cadres du MOC qui rejettent la voie du provincialisme pour réclamer la mise en place de véritables institutions wallonnes. Ambitionnant de dépasser les sous-régionalismes, considéré comme un des principaux leaders de la démocratie chrétienne en Wallonie, il souhaite la constitution d’un front de solidarité entre tous les groupes et toutes les régions de Wallonie.

Elu député en 1965, il n’hésite pas, quand il estime que les intérêts wallons ne sont pas rencontrés, à voter contre un gouvernement auquel son parti participe. De même, il prend régulièrement la parole lors des congrès fédéralistes et, notamment, au premier et seul congrès des quatre Mouvements wallons tenu à Jambes en 1969, ce qui ne manque pas de susciter l’ire de la presse catholique. Pressant son parti de prendre des accents plus wallons, il projette la création d’un mouvement démocrate chrétien wallon, qui sera reconnu comme une composante du PSC en 1973, année au cours de laquelle il devient ministre pour la première fois.

En 1974, il est membre du Gouvernement Tindemans qui met en œuvre la régionalisation provisoire. Bien qu’il considère cette régionalisation imparfaite car incomplète, il tient à utiliser les outils disponibles pour mener à bien les actions nécessaires. Ainsi, il devient le président du premier Comité ministériel des Affaires wallonnes, embryon de Gouvernement wallon au sein du Gouvernement central. A ce titre, il est le premier à élaborer un budget wallon et s’oppose au Traité sur la Meuse voulu par les Pays-Bas - appuyé par la Flandre – pour imposer aux seuls citoyens wallons le coût de la dépollution de la Meuse.

Alfred Califice occupe son dernier poste ministériel au sein du Gouvernement Martens III qui vote les lois de l’été 1980 permettant la création de la Région wallonne. Il figure ainsi parmi les pionniers réunis, le 15 octobre 1980, à l’hôtel Sofitel de Wépion pour la première séance du Conseil régional wallon.

Ayant mis fin à sa carrière politique en 1985, il demeure actif au sein des Mutualités chrétiennes et préside l’Union chrétienne des pensionnés. Homme de conviction, il est toujours resté fidèle à sa ligne démocrate chrétienne et wallonne.

Alfred Califice fut fait Officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

 

Orientation bibliographique : Parlementaires et Ministres de la Wallonie, Namur, Institut Jules Destrée, pp. 86-89.

Buisseret Auguste

Officier (Historique)

BEAURAING 16.08.1888 – LIÈGE 15.04.1965

Sorti Docteur en droit de l’université de Liège avec la plus grande distinction en 1913, Auguste Buisseret s’affirme rapidement comme un brillant avocat, n’hésitant pas à défendre plusieurs patriotes devant les tribunaux allemands d’occupation pendant la Grande Guerre. Il sera d’ailleurs arrêté à trois reprises et condamné à mort le 10 novembre 1918, peine que l’Armistice rendra, heureusement, caduque.

Militant wallon dès 1913, il perpétue ce combat durant l’Entre-deux-guerres, en plaidant, notamment, pour l’instauration d’un système fédéraliste afin de répondre à la problématique wallonne. Collaborant activement à plusieurs revues wallonnes, dont La Barricade qu’il dirige, il participe également à la création de la Ligue d’Action wallonne de Liège qu’il préside jusqu’en octobre 1937. Il y côtoie de grands noms comme Fernand Dehousse, Jean Rey ou Georges Thone. Son aura est alors importante au sein du Mouvement wallon. C’est notamment lui qui prend la parole après Jules Destrée lors du pèlerinage de Waterloo en 1934.

Homme politique libéral, il entre au conseil communal de Liège en 1930 et devient échevin en 1934. C’est à ce titre qu’il donne mandat pour acheter des œuvres de peintres comme Picasso, Gauguin, Chagall ou Ensor que le IIIe Reich considère comme décadents. Ces « achats de Lucerne » font de Buisseret une figure de proue des intellectuels antifascistes de Liège.

Cette réputation lui vaut d’être arrêté dès l’invasion nazie. Libéré mais étroitement surveillé, il est forcé de renoncer à l’échevinat en 1941. Après avoir, comme lors de la précédente invasion, défendu des patriotes et pris langue avec la Résistance, il part poursuivre la lutte à Londres. Nommé Ministre en 1945, il exercera cette fonction à de multiples reprises jusqu’en 1958.

N’abandonnant pas ses convictions wallonnes, il propose la création de conseils consultatifs régionaux, sorte de parlements régionaux avant l’heure, suivant en cela les revendications du Congrès national wallon de 1946. En 1952, il dénonce également, au Sénat, la politique d’investissement de l’Etat qui « pille les provinces du sud au profit des provinces du nord, et qui sont un véritable encouragement au transfert de l’industrie wallonne en Flandre ».

Devenu bourgmestre de Liège en 1958, militant wallon au sein d’un PLP alors résolument unitariste, il continuera néanmoins de prononcer des discours aux accents wallons très affirmés à l’occasion des fêtes de Wallonie. Lors de la fixation de la frontière linguistique en 1962, il appellera ses concitoyens à manifester en solidarité avec les Fourons afin de « s’opposer à l’oppression et à l’arbitraire qui les menacent ». Gravement malade, il démissionne en 1963. Il ne lui reste que deux ans à vivre.

Auguste Buisseret fut fait officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

Orientation bibliographique :

Paul DELFORGE, BUISSERET Auguste, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 736.
Jean LEJEUNE, BUISSERET Auguste, dans Biographie nationale, t. 41, col. 62-67.

Bovesse François

Commandeur (Historique)

NAMUR 10.06.1890 – NAMUR 01.02.1944

Se destinant à la poésie après ses humanités, François Bovesse est sensibilisé à la cause wallonne lors de la fondation, par Jules Destrée, de la section namuroise des Amis de l’Art wallon, en 1911. Il crée alors, en 1912, en parallèle à ses études de droit à l’Université de Liège, l’hebdomadaire culturel et littéraire Sambre et Meuse, consacré à la région namuroise. Membre du parti libéral depuis ses dix-huit ans, actif au sein de la Ligue wallonne de l’arrondissement de Namur, il fait rapidement évoluer sa revue en organe du Mouvement wallon.

Ayant tout juste décroché son doctorat en juillet 1914, il combat les Allemands à Liège, Anvers et sur l’Yser. Ses blessures lui valent de multiples décorations. Le conflit terminé, il s’inscrit comme avocat au barreau de Namur, ville au sein de laquelle il s’implique comme conseiller communal et comme échevin, contribuant de façon déterminante à la création des fêtes de Wallonie en 1923. Député à de multiples reprises, il milite en faveur de l’unilinguisme régional, s’opposant à toute tentative de flamandisation de la Wallonie.

L’ancien combattant francophile de 1914 sensibilise également la population à la défense de la frontière de l’Est, qu’il pressent menacée. Le Gouvernement lui refusant  le portefeuille de la défense, il ira jusqu’à démissionner de son poste de ministre pour protester contre un amendement flamand visant à réduire les budgets de fortifications à l’Est. Considéré comme l’homme de la Wallonie au sein des gouvernements auxquels il participe entre 1931 et 1937, il y porte les thèses du Mouvement wallon comme le maintien de l’accord militaire franco-belge, le refus de l’amnistie des collaborateurs de 14-18 et le combat contre le mouvement fasciste Rex qui n’hésite pas à l’attaquer de manière calomnieuse.

En avril 1937, il devient Gouverneur de la Province de Namur et prend, à ce titre, des mesures de protection dans la perspective d’une attaque allemande. Lorsque la guerre éclate, il tente de ravitailler les nombreux réfugiés à Namur, tâche qu’il perpétue en France. Revenu à Namur fin 1940, l’occupant lui interdit de recouvrer sa fonction, en raison de son aura wallonne et de sa francophilie.

Redevenu avocat, il se montre sans concession pour l’occupant et les collaborateurs, ce qui ne fait que renforcer la haine que lui vouent les rexistes depuis son passage au Ministère de la Justice. Dénoncé par des membres de la Légion Wallonie et arrêté en décembre 1941, il est emprisonné six mois à Saint-Gilles, dont il sort très affaibli.

Le 1er février 1944, il est assassiné par des collaborateurs qu’il n’aura jamais cessé de combattre. Malgré l’interdiction de l’ennemi, de nombreux citoyens assisteront à son enterrement, manifestant ainsi leur opposition à l’Ordre nouveau et, surtout, leur admiration à l’homme et ses valeurs.

François Bovesse fut fait Commandeur du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

Orientation bibliographique :

Paul DELFORGE, BOVESSE François, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 628.
Arnaud GAVROY, François Bovesse, 1890-1944, Itinéraire et pensées politiques, Namur, 1990.
Chantal KESTELOOT & Arnaud GAVROY, François Bovesse. Pour la défense intégrale de la Wallonie, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1988.

Baussart Elie

Officier (Historique)

COUILLET 16.12.1887 – LOVERVAL 30.12.1965

Catholique, fils de forgeron très tôt confronté à la question sociale, Elie Baussart s’implique dès sa jeunesse dans la mouvance démocrate chrétienne incarnée en Flandre par l’abbé Daens. Toute sa vie, il luttera pour développer un syndicalisme chrétien et en faveur du pacifisme.

En 1911, Elie Baussart assiste, à Charleroi, à la double exposition, initiée par Jules Destrée, visant à mettre en valeur la richesse du patrimoine de la Wallonie. C’est une révélation pour le jeune militant catholique qui a l’intuition d’une identité wallonne à développer et promouvoir.

Conscient que les catholiques resteront à l’écart des initiatives d’un Mouvement wallon encore largement animé par des personnalités libérales et socialistes, il décide de créer un organe afin de gagner les catholiques wallons à l’idée de la Wallonie. C’est dans ce but qu’il fonde, en 1919, la revue Terre wallonne. Paraissant jusqu’en 1940 et mobilisant quelque 400 collaborateurs, cette dernière a contribué à populariser les trois grands combats d’Elie Baussart : le syndicalisme chrétien, l’affirmation de la Wallonie et le pacifisme.

Petit à petit, sa pensée évolue vers le fédéralisme. Il se joint à de nombreuses manifestations du Mouvement wallon et n’hésite pas à ouvrir les colonnes de Terre wallonne à des personnalités comme Jules Destrée notamment. Critiquant le centralisme belge, il dénonce avec force la mainmise économique du Boerenbond en Wallonie, signe de l’expansionnisme flamand.

Sous l’occupation en 1940-1945, il fait partie du comité consultatif central de Rénovation wallonne, mouvement d’étude et d’action issu du mouvement de résistance Wallonie catholique.

Après guerre, il n’hésite pas à collaborer à la revue Forces nouvelles, opposée au retour du roi Léopold III et soutient le Congrès national wallon de 1945 qui se prononce pour l’instauration d’un régime fédéral. Favorable au dialogue avec les Flamands, il est, en 1952, le signataire du Manifeste Schreurs-Couvreur qui plaide pour l’instauration d’un régime fédéral et pour l’unilinguisme en Wallonie et en Flandre.

L’apport d’Elie Baussart au Mouvement wallon est essentiel, non seulement parce qu’il a contribué à conscientiser les catholiques mais aussi, parce qu’il a apporté une dimension humaniste et pacifiste à ce combat. C’est ainsi qu’il écrivait pendant la montée des fascismes : La prise de conscience des Wallons doit s'enraciner dans leur tradition de défense des libertés et s'identifier à la lutte pour la sauvegarde de la démocratie.

Elie Baussart fut fait Officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

Orientation bibliographique : Micheline LIBON, BAUSSART Elie, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 305.
Willy BAL, BAUSSART Elie, dans Biographie nationale, t. 39, col. 94- 102.