Bal Willy
Académique, Philologie, Militantisme wallon
Jamioulx 11/08/1916, Jamioulx 18/08/2013
Dès ses études à l’Université catholique de Louvain, Willy Bal développe une conscience wallonne très affirmée. Animateur du Cercle de Culture wallonne de Louvain et chroniqueur de littérature wallonne à l’INR, il est aussi rédacteur en chef de L’Ergot entre 1935 (21 octobre) et 1937, organe de la Fédération wallonne des Étudiants de Louvain. Liant la dimension linguistique à la dimension politique et sociale, il se rallie très tôt au fédéralisme, au programme de la Ligue d’Action wallonne, ainsi qu’au journal La Wallonie nouvelle d’Arille Carlier et de l’abbé Mahieu, et il collabore au comité de rédaction de la revue La Terre wallonne (1933-1938) d’Elie Baussart, auquel il consacrera un ouvrage dans les années 1970.
Jeune soldat en 1940, il est fait prisonnier sur la Lys avec le peloton du 12e Régiment de ligne qu’il commande. Comme 65.000 autres prisonniers de guerre wallons, il passera cinq années de captivité dans les camps allemands. En 1995, à l’occasion de l’hommage rendu par le gouvernement wallon aux prisonniers de guerre, Willy Bal rappellera, dans un texte intitulé Témoignage d’un Stück, les conditions de vie d’une génération de jeunes Wallons auxquels Hitler reconnaîtra l’identité wallonne. Toute sa vie, Willy Bal restera un défenseur de l’autonomie wallonne, le manifestant en participant au Congrès national wallon de 1945 ou en étant l’un des signataires de la Nouvelle Lettre au roi pour un vrai fédéralisme (29 juin 1976).
Docteur en Philosophie et Lettres de l’Université de Louvain (1938), Willy Bal entame une carrière d’enseignant au lendemain de la Libération. Après l’Athénée de Marchin (1946-1956), il devient professeur à l’Université Lovanium de Léopoldville (1956-1965), où il est le doyen de la faculté de Philosophie et Lettres de 1962 à 1965. Comme professeur de linguistique générale et romane, ainsi que d’histoire de la littérature wallonne à l’Université de Louvain (1965-1984), il marque plusieurs générations d’étudiants par son érudition et contribue au développement de la dialectologie wallonne dans cette institution. À son retour du Congo-Zaïre, il est plongé dans l’atmosphère tendue du Walen buiten et sera très marqué par l’expulsion des francophones de Leuven. Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres (1968-1973), vice-président du Conseil académique de l’Université catholique de Louvain (1970-1973), il est encore le fondateur d’un Centre d’études portugaises à l’UCL. En 1984, il est admis à l’éméritat.
Défenseur et promoteur de la culture et des langues régionales, et singulièrement du wallon, Willy Bal est l’auteur de textes en wallon ou sur le wallon, le poète et écrivain régionaliste se doublant d’un expert en dialectologie et ethnographie wallonnes, bon connaisseur du folklore et de la vie quotidienne régionale. Même dans les différents genres littéraires qu’il pratique, Willy Bal introduit une réflexion sur la société wallonne, intègre une dimension citoyenne et personnelle. Craignant la disparition des langues régionales, il s’est engagé très tôt dans la lutte pour leur préservation, leur attribuant une fonction de témoin du passé et une vertu de maillon linguistique. Éditeur scientifique (3 vol. 1985-1991) du Dictionnaire de l’Ouest wallon qu’avait élaboré Arille Carlier, Prix de la Pensée wallonne en 1985, Willy Bal a collaboré à de nombreuses revues wallonnes : La Vie wallonne, El Bourdon, Les Cahiers wallons, La Wallonie dialectale, Les Dossiers du Cacef, MicRomania.
Membre de la Commission de Toponymie et Dialectologie (1948), membre de la Société de Langue et de Littérature wallonnes (1953), membre de l’Académie de Langue et de Littérature françaises de Belgique (au titre d’écrivain) où il succède à Joseph Calozet (1969), membre du Conseil international de la Langue française (1981), membre du Conseil international de la Recherche en Linguistique fondamentale et appliquée, vice-président du Conseil interrégional des Études françaises, et président scientifique de l’Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire, il est encore un membre assidu du Conseil des Langues régionales endogènes de la Communauté française, en qualité de membre effectif (1991), puis de membre honoraire (1997).
Sources
Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 113-114
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 167, 192, 198, 199, 218-219
La Wallonie à l’aube du XXIe siècle, Namur, Institut Destrée, Institut pour un développement durable, 2005
Langues et cultures. Mélanges offerts à Willy Bal, Louvain-la-Neuve, Cahiers de l’Institut de linguistique de Louvain, 1984
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature wallonne, Liège, Mardaga, 1979, p. 566-585
Œuvres principales
Témoignage d’un écrivain employant le patois comme langue littéraire, essai, Louvain, Centre international de dialectologie générale, 1964
Oupias d’âvri (Bouquets d’avril) (1933)
El région dins l"monde (Charleroi, Barry, 1937)
Trwès contes, Charleroi, Èl Chariguète (1938)
Au soya dès leus (1947)
Poèmes wallons (1948), collectif réunissant Franz Dewandelaer, Willy Bal, Jean Guillaume, Albert Maquet, Louis Remacle
Nos n’ pièdrons nin (1948)
Il aveut porté l’soya dins s’bèsace (Namur, Les Cahiers Wallons, 1951)
Fauves dèl Tâye-aus-Fréjes et Contes dou Tiène-al-Bîje (1956)
Poques et djâr-nons (1957)
Œuvres poétiques wallonnes 1932-1990, Association littéraire wallonne de Charleroi et Société de langue et de littérature wallonnes (1991)
Djonnesse a Malvô, (2001)
Henri Pourrat, essayiste, Anvers, 1954
Le royaume du Congo aux XVIe et XVIIe siècles, documents d’histoire, Léopoldville, Institut national d’études politiques, 1963
Témoignage d’un écrivain employant le patois comme langue littéraire, essai, Louvain, Centre international de dialectologie générale, 1964
La faillite de 1830 ?, Élie Baussart, La Terre wallonne et le Mouvement régionaliste, Bruxelles, EVO, 1973
Dictionnaire de l’Ouest-wallon (avec Arille Carlier), ouvrage scientifique (3 t.), Charleroi, Association littéraire wallonne de Charleroi, 1985
Warum Krieg!, récit en prose illustré par Gustave Marchoul, Charleroi, El Bourdon, 1996
Introduction aux études de linguistique romane (1966)
Guide bibliographique de linguistique romane (1978, avec Jean Germain)
Bibliographie sélective de linguistique romane et française (1991, avec Jean Germain, Jean Klein, Pierre Swiggers)
Institut Destrée, Paul Delforge