Bary Jules

Militantisme wallon, Politique

Auderghem 01/10/1912, Strainchamps 08/07/1977

La lutte contre le déclin de l’économie wallonne et en faveur de l’appartenance du Brabant wallon à la Wallonie sont deux axes majeurs de l’activité déployée par Jules Bary, en tant que citoyen, de militant et de mandataire brabançon, wallon et socialiste. Déjà forcé à remettre ses convictions wallonnes en poche au moment où la Wallonie se dotait d’un Collège exécutif (1963), il ne souhaitera pas transiger à la fin des années 1960 et préférera démissionner plutôt que d’accepter de se coucher. En tant que maïeur de Nivelles, il parvint à y installer un zoning industriel qui fut l’un des tout premiers de Wallonie.

Agronome, licencié de l’École de culture et d’élevage d’Ath (1931), chimiste en sucrerie à Gembloux (1933-1936), régisseur d’exploitation agricole à Fontaine-Valmont (1937-1944), Jules Bary est chargé de mission au Cabinet du ministre du Ravitaillement, Léon Delsinne (1944), puis chef de Cabinet adjoint (1946) et chef de Cabinet (du ministre Moens de Fernig) jusqu’en 1948, moment où il remet en exploitation une ferme à Rambouillet (France) (1949-1950). Conseiller technique au Syndicat wallon dès 1937-1938, secrétaire général du comité d’Action commune (1950), président du Comité d’Action wallonne du Brabant wallon (1950), il participe activement aux événements de la Question royale, manifestant son opposition au retour de Léopold III.

Successeur de Gaston Baccus au Comité permanent du Congrès national wallon (novembre 1951-1971), Jules Bary adopte une ligne politique similaire à son prédécesseur dans l’arrondissement de Nivelles. Éditorialiste de Jean Prolo (1951), Jules Bary expose des positions en faveur de la Wallonie qui ne passent pas inaperçues. Secrétaire général du Conseil économique wallon (1953 et 1954), il s’occupe plus particulièrement de l’urbanisme et du problème du logement, tout en continuant à se passionner pour les problèmes liés à l’agriculture. En 1953, il est chargé par le Comité permanent du Congrès national wallon de la rédaction de son programme économique et social, tâche à laquelle il s’attèle avec Willy Schugens et Fernand Schreurs. Élu à la Chambre des représentants en 1954 dans l’arrondissement de Nivelles, il quitte son mandat six mois plus tard pour devenir secrétaire national du PSB, fonction qu’il exerce jusqu’en 1961. Au début des années 1960, il est le secrétaire du comité national d’action socialiste wallonne, dont André Genot était le président.

En pleine Grève wallonne contre la Loi unique, Jules Bary est l’un des signataires d’une déclaration commune de syndicalistes et d’hommes politiques socialistes, appelée Pour sortir de l’impasse où l’on retrouve les grands axes du programme socio-économique conçu à l’initiative d’André Renard et adopté par la FGTB, puis par le PSB dans les années cinquante. Réélu député lors du scrutin qui suit la Grande Grève (1961-1971), il adhère au Mouvement populaire wallon, et collabore au journal Combat. Très actif dans l’action wallonne, il est membre du Collège exécutif de Wallonie qui se met en place en 1963 et il y représente officiellement le Parti socialiste belge. Le succès du pétitionnement, patronné par le Collège exécutif de Wallonie, dépasse toutes les espérances de ses principaux organisateurs. Le 10 novembre 1963, au moment où le nombre de 350.000 signatures a déjà été atteint, sans que l’opération soit achevée, Jules Bary démissionne du Collège exécutif à l’instar de ses collègues Cugnon et Desmet, obtempérant aux directives du PSB. Contrairement à eux, Jules Bary continuera cependant à militer dans les milieux wallons. Membre du Comité central de l’Action wallonne (1962-1964), il quittera le secrétariat national du PSB au moment où est prononcée l’incompatibilité d’appartenance conjointe au MPW et au PSB.

Conseiller communal de Nivelles élu en octobre 1952, Jules Bary s’était vu confier d’emblée l’échevinat des Travaux (1953-1962), fonction qu’il quitte en 1962 pour devenir le bourgmestre de Nivelles (1962-1969), en poursuivant l’action entreprise par Gaston Baccus. Député-bourgmestre, Jules Bary a une parfaite conscience de l’évolution économique wallonne et c’est pour cette raison qu’il en appelle à des mesures urgentes, notamment en matière de décentralisation. Bourgmestre, il favorise l’organisation des Fêtes de Wallonie et contribue à leur apporter davantage d’ampleur en leur attribuant un caractère officiel. D’autre part, il donne naissance au zoning industriel de Nivelles qui s’avère être le tout premier de Wallonie. Défenseur affirmé du programme adopté à Tournai en mars 1967 par les socialistes wallons – il avait d’ailleurs rédigé les chapitres consacrés à l’agriculture et à la sylviculture –, le député Jules Bary n’est prêt à aucune compromission lorsqu’il s’agit du redressement de la Wallonie et de l’appartenance du roman Païs à la Wallonie : c’est pourquoi il dénonce l’accord gouvernemental PSC-PSB de juin 1968 qui, dans sa partie institutionnelle, tend à faire dépendre le Brabant wallon et Nivelles en particulier, à la fois du Conseil économique brabançon et du Conseil économique wallon. Jules Bary affirme l’appartenance uniquement wallonne de Nivelles. Sa fédération socialiste boycotte le congrès qui doit donner un avis sur la participation du PSB au gouvernement. Avec les sénateurs Justin Peeters (bourgmestre de Wavre) et Baccus, il démissionne des Commissions parlementaires dont il fait partie en tant que membre du PSB et décide de créer un groupe socialiste séparé : le Rassemblement du Peuple wallon. En mars 1969, il démissionne de son mandat de bourgmestre et ne conserve que celui de député jusqu’à son terme (1971). Dans le même temps, il signe le Manifeste du Comité de Vigilance du Brabant wallon qui affirme l’appartenance du Brabant wallon à la Wallonie. 

Les problèmes internationaux avaient également retenu toute l’attention de Jules Bary qui, en cette matière aussi, se trouva en très forte opposition avec les options du PSB, en particulier avec la politique étrangère de Paul-Henri Spaak. À la fin de l’année 1966, il prend l’initiative de créer à Nivelles la section belge de l’Association interparlementaire des pays de langue française. Cette association vise essentiellement la promotion de la langue et de la culture françaises. Bary était vice-président de l’Union internationale des parlementaires francophones (-1968-1969). En 1971, il ne se présente plus aux élections et se retire totalement de la vie politique active pour se consacrer à ses anciennes activités professionnelles dans l’agriculture et la sylviculture.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
Paul DELFORGE, Jules Bary, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2000, t. I, p. 121-122

Mandats politiques

Conseiller communal de Nivelles (1953-1971)
Échevin (1953-1962)
Député (1954 ; 1961-1971)
Bourgmestre (1962-1969)