Claude Albert

Nobel, Science, Biologie, Médecine

Longlier 23/08/1898, Longlier 23/05/1983

« L’œuvre d’Albert Claude offre cette particularité commune aux œuvres fondamentales d’avoir donné lieu à des développements d’une importance telle qu’ils tendent peu à peu à faire perdre de vue la source dont ils découlent ». Considéré comme le père de la biologie cellulaire, Albert Claude a reçu le Prix Nobel de Médecine en 1974, en même temps que ses disciples Christian de Duve et le Roumain George Palade.

Scientifique de réputation internationale, le jeune Claude avait quitté l’école à douze ans pour devenir ouvrier dans une aciérie. Rien d’anormal à une époque où la scolarité n’était pas obligatoire. Devenu dessinateur industriel (1916) en pleine guerre, il s’engage volontairement au service du renseignement de l’armée britannique ; cela lui vaudra de subir la captivité dans des camps allemands, mais aussi de bénéficier d’une bourse d’études et de suivre des cours universitaires sans disposer d’un diplôme d’études secondaires. 

Bien qu’il ait réussi l’examen d’entrée à l’École des Mines (1921), il opte pour la Médecine et obtient le titre de docteur de l’Université de Liège en 1928, pour des recherches en cancérologie récompensées par une nouvelle bourse. Pendant un an, il travaille à Berlin avec Albert Fisher et Otto Warburg, et s’initie à la culture des tissus. Assistant volontaire à l’Institut Rockefeller à New York (1929), il devait simplement faire une recherche d’un an sur le sarcome du poulet. Repris dans le cadre permanent de l’Institut, il restera vingt ans aux États-Unis et deviendra même citoyen américain.

Biologiste, Albert Claude perfectionne et utilise magistralement les techniques de l’ultracentrifugation et de la microscopie électronique qu’avait mises au point le physicien français Émile Henriot. Il va faire œuvre de pionnier dans divers domaines, en utilisant habilement la centrifugeuse différentielle, en appliquant le microscope électronique en biologie cellulaire, en mettant au point un ultramicotome capable de couper la cellule de façon ultrafine et en obtenant des répliques de la surface cellulaire en vue de leur étude au microscope électronique. Cette habileté technique exceptionnelle qu’il doit vraisemblablement à ses années consacrées à la pratique du dessin industriel conduit à l’isolement des structures intracellulaires (noyau, mitochondries, microsomes, etc.) et à leur analyse. Les contributions scientifiques d’Albert Claude portent sur l’isolement des mitochondries, la démonstration qu’elles sont le support des cytochromes, la découverte des microsomes, la découverte du virus du sarcome et de sa présence dans les cellules. L’ensemble des recherches d’Albert Claude a grandement contribué aux découvertes de Ch. de Duve et George Palade.

En 1949, Albert Claude rentre en Europe quand il accepte l’offre de l’Université libre de Bruxelles qui lui confie la direction de l’Institut Jules Bordet. Il transforme l’Institut en un centre clinique multidisciplinaire associé à des laboratoires de recherches modernes, et y crée son propre laboratoire de Cytologie et de Cancérologie expérimentale. En 1971, c’est l’Université catholique de Louvain qui l’appelle et lui confie l’installation d’un nouveau laboratoire de Biologie cellulaire et de Cancérologie.

Sources

Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
DE DUVE Christian, Nouvelle Biographie nationale, t. IV, p. 60-65
POTELLE Jean-François, Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV
DELFORGE Paul (dir.), Wallons d’ici et d’ailleurs, Charleroi, 1994
DELFORGE Paul, Cent Wallons du Siècle, Liège, 1995