Dumont André-Hubert
Académique, Géologie
Liège 15/02/1809, Liège 28/02/1857
Les travaux originaux de ce géologue ont eu deux incidences directes sur ses contemporains : l’exploitation houillère a connu un essor spectaculaire en pays wallon ; l’intérêt pour la géologie a fait naître une véritable école auprès des universitaires. Autodidacte repéré par d’Omalius d’Halloy, André-H. Dumont est devenu professeur extraordinaire de la toute jeune Université de Liège, dès 1835. En même temps que Schmerling explore le sol à la recherche des origines humaines, Dumont entreprend seul la réalisation d’une carte géologique des quatre provinces wallonnes. Ayant appris sur le terrain la minéralogie, les mathématiques, la chimie auprès de son père géomètre des mines, A-H. Dumont s’était distingué en répondant par un mémoire probant à une question mise en concours par l’Académie de Bruxelles durant la dernière année du régime hollandais. Au-delà de la description précise du sous-sol de la province de Liège, Dumont développe un modèle de méthodes rigoureux et novateur qui lui vaut la médaille d’or au concours (mai 1830).
Après avoir vaincu le scepticisme affiché par des spécialistes étrangers à l’égard de « la plus grande découverte stratigraphique du siècle » (Dewalque), A-H. Dumont reçoit le diplôme de docteur en Sciences physiques et mathématiques de l’Université de Liège (janvier 1835), avant d’être nommé professeur extraordinaire (décembre 1835) et chargé des cours de minéralogie et de géologie. Surtout, sur sa proposition, il reçoit mission du gouvernement de dresser, en trois ans…, la carte géologique des provinces wallonnes de Hainaut, Liège, Luxembourg et Namur (1836). Il s’agit surtout de rencontrer les préoccupations de l’industrie charbonnière de l’époque.
Ce sont treize années de son existence que Dumont consacrera à l’élaboration de cartes relatives à la Belgique, ainsi qu’aux contrées voisines. S’étendant jusqu’à Paris, à Strasbourg et à Mayence, ses travaux colossaux montrent les relations entre les formations contemporaines de la Belgique, de la France et des provinces rhénanes. Donnant une explication sérieuse et neuve à la formation des couches géologiques, il introduit ses propres concepts pour qualifier les unités stratigraphiques et impose une lecture définitivement nouvelle du sous-sol, qu’il voulait étendre à toute l’Europe. L’œuvre de Dumont préfigure les « cartes modernes, à grande échelle, où la subdivision des unités cartographiées est basée d’une part, sur la lithologie et la géométrie et d’autre part, sur des rapprochements avec des ensembles datés par la méthode paléontologique » (Boulvain, Vander-Auwera). Continuellement en mouvement (90.000 km parcourus et 20.917 relevés géologiques), mêlant études de terrain et articles scientifiques, chercheur et enseignant, créateur d’un cours de paléontologie à l’Université de Liège, André-Hubert Dumont donne ses lettres de noblesse à la géologie contemporaine, et s’intéresse aux applications pratiques et utiles de cette science : connaissance des terrains agricoles, identification des nappes phréatiques, recherche des matières premières et pas seulement le charbon, planification des travaux de génie civil. Couvert d’honneurs et de récompenses de son vivant, tant dans sa propre ville que dans son pays et à l’étranger, nommé recteur de l’Université (1856-1857), Dumont ne résistera pas à la fatigue engendrée par son dynamisme débordant.
Sources
G. DEWALQUE, dans Biographie nationale, t. VI, col. 283-295
Robert HALLEUX, Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
Frédéric BOULVAIN, Jacqueline VANDER-AUWERA, Géologie de terrain. De l’affleurement au concept. Géologie, Liège, 2011, p. 7-15 (s.v. mai 2013)
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. IV, p. 14-15
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 392, 406
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. II, p. 49
Paul Delforge