Evers Alfred

Politique, Député wallon

Eupen 13/05/1935, 19/11/2018

Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1995-1999

Patron de plusieurs sociétés actives dans l’immobilier et le transport routier, fondé de pouvoirs, Fred Evers est le directeur-général du groupe Ghemar qui compte des participations dans les entreprises Eurotrans, Edmond Depaire ainsi que Inter-Traf. À la fin des années quatre-vingt, sa société de transports dispose de 75 poids-lourds et emploie près de 300 personnes. Administrateur-délégué de Ghemar jusqu’en 1999, président de la société Frémar, Alfred Evers est élu à la présidence de la Febetra, la Fédération belge des transporteurs routiers.
Parallèlement, il exerce d’importantes responsabilités politiques. Bourgmestre d’Eupen au soir de la fusion des communes, il exerce ce mandat pendant vingt-quatre ans, à la tête d’une coalition tripartite d’abord (1977-1982), bipartite ensuite, associant libéraux du PFF aux sociaux-chrétiens du CSP (1983-2000). D’autre part, il est entré à la Chambre des représentants pour la première fois en mars 1974 comme député libéral de l’arrondissement de Verviers. Sénateur coopté (1977-1978), il retrouve la Chambre des représentants (1979-1985) puis le Sénat (1985-1995).

La spécificité de la communauté allemande et de ses 60 à 66.000 habitants est reconnue depuis la fixation de la frontière linguistique au début des années soixante. Introduit dans la Constitution en décembre 1970, l’article 59ter lui assure un Conseil culturel qui est mis en place en octobre 1973 sous la présidence de Johann Weynand. Fred Evers fait partie de ce Conseil dès sa fondation et, dès les élections de mars 1974, il est élu dans ce premier conseil décentralisé de Belgique dont les membres émargent directement du suffrage universel. Ce n’est cependant qu’une étape. Fred Evers ne va pas manquer de réclamer un approfondissement du processus de reconnaissance de la particularité de sa communauté. Lors de l’adoption des lois d’août 1980, le député eupenois se joint à ses collègues libéraux pour faire voter les lois de régionalisation mais il ne manque pas de relever que le sort de la Communauté germanophone est laissé en suspens. À partir du 15 octobre 1980, Alfred Evers participe aux travaux du Conseil régional wallon.

Membre de la majorité libérale - sociale-chrétienne qui soutient le gouvernement Martens-Gol de 1981 à 1985, le député de l’arrondissement de Verviers soutient surtout la loi de décembre 1983 qui donne naissance à une véritable communauté germanophone disposant de son propre exécutif (1984) et de son propre parlement élu directement. Lors du premier scrutin germanophone, Fred Evers est choisi par l’électeur (1986) et est confirmé en octobre 1990 avant de se désister au profit de son suppléant. 

Sénateur coopté (1985-1987), sénateur provincial (1987-1991) et encore conseiller provincial de Liège et sénateur coopté (1991-1995), Fr. Evers introduit plusieurs amendements lors des débats sur la réforme institutionnelle visant à introduire des garanties pour les germanophones (ainsi, un siège est garanti au Parlement européen, sur le quota des Wallons et Bruxellois francophones et un mandat est garanti dans le nouveau Sénat réduit à 71 membres ; quant à la dotation germanophone, elle est alignée sur l’évolution du PNB).

Lors des scrutins de 21 mai 1995, Fred Evers figure parmi les 75 premiers députés élus directement au Parlement wallon, mais aussi comme député de la Communauté germanophone. Prêtant serment en allemand à Namur, il crée une situation que la législation n’avait pas prévue et qui provoque l’embarras de la majorité : peut-il ou non être remplacé par son suppléant au Conseil de la Communauté française ? Le PFF tient sa revanche… la scission de l’arrondissement de Verviers n’aurait pas conduit à une telle situation. Finalement, une correction est apportée à la loi de 1993, en reconnaissant officiellement que les députés wallons germanophones sont remplacés par leur suppléant à la Communauté française (mars 1996).

Réélu au seul Parlement germanophone en 1999, Fred Evers se voit confier la présidence du Rat der Deutschsprachigen Gemeinschfat (6 juillet 1999-13 juin 2004). Investi de cette fonction, il va mener diverses actions afin d’étendre davantage l’autonomie de la Communauté germanophone. L’idée de créer une 4e région est suggérée dès 2002, suivie par celle de l’octroi de l’autonomie constitutive à la Communauté germanophone.
Bourgmestre d’Eupen depuis la fusion des communes en 1977, Fred Evers perd son fauteuil au soir du scrutin d’octobre 2000 quand son allié depuis la fusion des communes, le CSP d’Elmar Keutgen, choisit de se tourner vers le Parti des Belges de langue allemande. Fred Evers semble achever sa longue carrière politique avec le mandat de conseiller communal (2001-2006) et celui de député germanophone (-juin 2009) quand, en octobre 2012, il reprend du service. Dernier candidat sur la liste du PFF, il réalise le 5e meilleur résultat personnel tous partis confondus et comme une coalition PFF (7 sièges), Écolo (7), SP+ (3) rejette le CSP d’Elmar Keutgen dans l’opposition, Alfred Evers fait son retour à l’Hôtel de ville d’Eupen en tant qu’échevin sans rémunération, en charge des Finances et de la Culture. Cependant, en juillet 2013, il doit renoncer à son mandat en raison de problèmes de santé. Il abandonne aussi son mandat de conseiller communal.

 

Mandats politiques

Membre du Conseil culturel de la Communauté de langue allemande (1973-1974)
Député (1974-1977)
Membre élu du Conseil culturel de la Communauté de langue allemande (1974-1986)
Conseiller communal d’Eupen (1977-2006)
Bourgmestre (1977-2000)
Sénateur coopté (1977-1978)
Député (1979-1985)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1985)
Député du Parlement germanophone (1986-1990)
Sénateur coopté (1985-1987, 1992-1995)
Sénateur provincial (1987-1991)
Conseiller provincial de Liège (1988-1994)
Député wallon (1995-1999)
Député germanophone (1995-2009)
Conseiller communal d’Eupen (2012-2013)
Echevin (2012-2013)

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 234-236