Stoffels Edmund

Politique, Député wallon

Butgenbach 15/03/1957

Député wallon : 1999-2004 ; 2004-2009 ; 2009-2014 ; 2014-2019

Après des études secondaires au Collège épiscopal de Saint-Vith, Edmund Stoffels se passionne pour les études en Psychologie sociale qu’il mène à l’Université de Liège. Décrochant sa licence en 1980, il ne souhaite pas accomplir son service militaire et c’est comme objecteur de conscience qu’il accomplit un service civil dans un home pour enfants défavorisés, avant de devenir psychologue dans un Centre PMS de la province de Liège (1981-1983). Ayant goûté au théâtre au sein d’un groupe amateur composé d’étudiants germanophones à Liège, il devient, en 1984, le gestionnaire d’une troupe de théâtre germanophone, Agora, où il est certes comédien, mais surtout responsable de l’administration, de l’intendance et de la régie. Avec Agora, il tourne en Allemagne et en Europe de l’Est, avant de jouer en Wallonie des pièces pour adultes et enfants traduites en français (1983-1987). Attiré par la politique, il milite dans les rangs socialistes et, de 1988 à 1997, devient attaché auprès des cabinets des ministres-Présidents wallons Bernard Anselme, Guy Spitaels et Robert Collignon, avant de devenir chef de Cabinet du président du CPAS de Liège (1997-1999). Son rôle est d’établir des liens entre Wallons et Germanophones. Dans le même temps, depuis le 28 octobre 1990, il siège au Rat der Deutschsprachigen Gemeinschaft où il est régulièrement élu comme député et où il sera, jusqu’au 12 juin 1999, le chef de groupe socialiste. 

Fondateur d’une organisation de protection des consommateurs, une asbl pluraliste et transfrontalière (1992), Edmund Stoffels constitue une cellule originale de lutte contre le surendettement. Porte-parole de l’association Amel Nein, il mène par ailleurs campagne contre l’implantation d’un dépôt de déchets nucléaires au cœur du parc naturel des Hautes Fagnes-Eifel. Après avoir rassemblé 33.000 signatures, le comité Atom Müll End Lager, nein organise une manifestation de plus de 8.000 personnes le 4 septembre 1994. En octobre 1994, il est élu conseiller communal à Saint-Vith, mais renonce à ce mandat en 1997 quand il est appelé à siéger au Conseil provincial de Liège.

à l’invitation de K-H. Lambertz, Edmund Stoffels se présente pour la première fois au Parlement wallon le 13 juin 1999. Comme Fred Evers en 1995, il prête serment en allemand à Namur et refuse de prêter serment en français au Conseil de la Communauté française, bien qu’il ne soit pas, à ce moment, élu au RDG. Ce n’est qu’au moment où Karl-Heinz Lambertz devient ministre-Président du gouvernement de la Communauté germanophone, qu’Ed. Stoffels reprend son siège au RDG. Cette situation conduit néanmoins le législateur à trancher définitivement la question des élus germanophones au Parlement wallon et au Conseil de la Communauté française. À partir de 2004, siègera d’office au seul Parlement de la Communauté française le premier suppléant d’un député wallon qui prête serment en allemand à Namur et qui est domicilié en Communauté germanophone. C’est le cas en 2004, en 2009 et en 2014, pour Ed. Stoffels qui est régulièrement réélu directement au Parlement wallon dans la circonscription de Verviers. Depuis le 13 septembre 2004, il est aussi membre suppléant du Conseil parlementaire interrégional et depuis octobre 2006, il est conseiller communal d’Amblève. Président de la Fédération germanophone du PS (2004-2010), il est membre du Rat avec voix consultative de 2004 à 2019. Membre du comité de secteur Idelux (2007-2010), il est administrateur de la SPI (2014-2020).

Revendiquant une stricte séparation entre pouvoirs législatif et exécutif, Edmund Stoffels incite régulièrement les parlementaires wallons à utiliser davantage leur autonomie et leur indépendance à l’égard des politiques décidées par les gouvernements. À titre personnel, il donne l’exemple et paie de sa personne puisqu’à Namur, il est unanimement reconnu pour le nombre impressionnant de questions qu’il pose aux ministres – écrites comme orales – et pour la qualité de préparation de ses dossiers, même si d’aucuns le surnomment le « sniper », ou le « panzer ». Par ailleurs, à l’entame de la législature 2014-2019, il apparaît comme l’un des « anciens » de l’assemblée où il siège de manière ininterrompue depuis 1999, sans jamais avoir exercé le moindre mandat exécutif.

Élu de la circonscription de Verviers qui englobe l’Ostbelgien, le député wallon se fait le défenseur attentif à la fois de l’émancipation du Parlement wallon et des intérêts de la Communauté germanophone. Il est d’ailleurs l’un des vice-présidents de la Commission de Coopération avec la Communauté germanophone (2009-2014, 2014-2019). Avec la MR Jenny Baltus-Möres, il dépose notamment une résolution, qui est adoptée à l’unanimité en plénière (juillet 2016), afin que la langue allemande soit davantage utilisée dans toute la communication officielle de la Wallonie.

Sous la majorité PS-cdH-Écolo (2009-2014), le texte du Cwatupe est remanié en profondeur sous la houlette du ministre Écolo Philippe Henry ; à peine la nouvelle majorité PS-cdH est-elle mise en place (été 2014), le texte du CoDT est d’emblée remis en question, le décret gelé et un nouveau groupe de travail spécifique mis en place : Edmund Stoffels le préside jusqu’à l’adoption de la nouvelle mouture, votée durant l’été 2016, majorité contre opposition. Président de la Commission Environnement-Aménagement du Territoire-Transports (2014), le député wallon renonce à cette présidence en octobre 2016 (remplacé par Déborah Géradon), afin de pouvoir retrouver davantage de liberté de parole, tout en restant membre de la Commission. Membre de la Commission de l’Énergie, du Logement, de la Fonction publique et de la Recherche scientifique (2009-2014), il est aussi membre de la Commission de vérification des pouvoirs (2014-2019). Grand spécialiste de toutes les questions liées au logement social, Edmund Stoffels est un parlementaire qui s’intéresse à toutes les compétences du ressort de la Wallonie, de l’énergie aux aides familiales, du bien-être animal aux nuisances causées par les blaireaux, en passant par les infractions urbanistiques, la redistribution des invendus alimentaires, ou l’enjeu fondamental de la qualité de l’air.

Dans le dossier CETA, il vote en faveur de la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada ; après la mini-crise internationale qui s’en est suivi, il figure parmi les 58 députés wallons qui votent en faveur du projet de motion qui valide le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).

À la suite de l’appel du 19 juin 2017 de B. Lutgen, qui invite à mettre un terme à toute gouvernance avec les socialistes, une motion de défiance constructive est votée par les 38 députés wallons cdH et MR (28 juillet). Seul parlementaire absent lors de cette séance historique, Edmund Stoffels se retrouve alors dans l’opposition à Namur pour la première fois. Cela ne l’empêche pas de se réjouir quand la nouvelle déclaration de politique régionale (septembre 2017) inscrit à son programme le transfert de compétences vers la Communauté germanophone.

Souvent cité en exemple sur le plan international, l’important décret wallon rendant obligatoire l’étourdissement des animaux avant leur abattage (voté à la quasi-unanimité le 17 mai 2017) porte le nom d’Edmund Stoffels. Cette compétence nouvellement attribuée aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État (2011-2014) fait partie des sujets abordés au sein de la Commission Environnement que Stoffels préside jusqu’en octobre 2016, en restant membre ensuite, jusqu’à la fin de la législature. Il a par conséquent contribué à la mise en place du Conseil du Bien-être animal (CWBEA, 22 janvier 2015), puis à l’examen des différents textes sur la question de l’abattage rituel (principalement ceux de Ch. Defraigne et J. Arens), aux consultations écrites, ainsi qu’aux auditions (dont le représentant de l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) et celui du Consistoire central israélite de Belgique (CCIB), à leur demande insistante). Les échanges sont vifs, mais les députés wallons sont décidés. Et c’est sous la signature conjointe de Christine Defraigne, Josy Arens, Véronique Waroux et Edmund Stoffels qu’une nouvelle proposition de décret est déposée en avril 2017, offrant une alternative aux cultes concernés, ainsi qu’une période transitoire. Le décret est plébiscité par l’assemblée plénière (66 sur 69 des députés présents, 17 mai 2017). Ses dispositions se retrouveront intégralement dans le Code wallon du bien-être animal, texte lui aussi adopté à la quasi-unanimité du Parlement de Wallonie (3 octobre 2018) : ce Code reconnaît l’animal comme un être sensible et définit la manière d’assurer davantage la protection et le bien-être des animaux, en considérant leurs besoins physiologiques et éthologiques, ainsi que leurs rôles au sein de la société et de l’environnement. 

Resté le député wallon le plus actif en termes d’interventions parlementaires jusqu’à la fin de la législature 2014-2019, Edmund Stoffels entend mettre un terme à ses activités politiques quand arrive le triple scrutin du 26 mai 2019. Il accepte seulement de pousser la liste du SP en Ostbelgien, et il réunit 1.282 voix sur son nom, réalisant ainsi le 2e score de la liste socialiste, un résultat qui lui ouvre les portes du Rat der Deutschsprachigen Gemeinschaft.

Pressenti par certains pour occuper la présidence du parlement de la Communauté germanophone, Edmund Stoffels envisage un autre scénario depuis la fin 2018 : valoriser sa longue expérience en matière d’aménagement du territoire en devenant chargé de mission ministériel à Eupen, pour préparer la Communauté germanophone à accueillir les diverses compétences dont l’exercice lui est transféré par la Wallonie, à partir du 1er janvier 2020. En septembre 2019, il démissionne de son mandat de député au RDG (il est remplacé par Patrick Spies) et entame sa nouvelle fonction de chargé de mission quand éclate un différend avec son ministre de tutelle. Préférant conserver sa liberté d’action, Edmund Stoffels démissionne de sa récente fonction dès la mi-novembre 2019 et claque la porte du SP. Réélu conseiller communal d’Amblève en octobre 2018 (3e score avec 1.031 vp), sur une liste disposant de la majorité absolue (13 sièges sur 17), il avait renoncé à son mandat communal en juillet 2019 pour se consacrer à cette mission spéciale. Il se retrouve dès lors bien dépourvu.

Retiré de la vie politique active, Edmund Stoffels met néanmoins, de manière indépendante, son expertise en aménagement du territoire au service de tous ceux qui le sollicitent. Chroniqueur régulier sur des sujets scientifiques dans le Grenz écho, le président du PAC d’Eupen (Kulturelle Aktion und Präsenz – KAP) multiplie les activités à l’intention de la population de l’Ostbelgien, en organisant des expositions, en publiant régulièrement des podcasts, ou en étant l’auteur de synthèses comme celle consacrée à la Sécurité sociale en Belgique (2020).

 

Mandats politiques

Membre du Rat der Deutschsprachigen Gemeinschaft (1990-1999)
Conseiller communal à Saint-Vith (1995-1997)
Conseiller provincial de Liège (1997-1999)
Député wallon (1999-2019)
Membre du Rat der Deutschsprachigen Gemeinschaft avec voix consultative (1999-2000)
Membre du Rat der Deutschsprachigen Gemeinschaft (2000-2002)
Membre du Rat der Deutschsprachigen Gemeinschaft avec voix consultative (2002-2019)
Conseiller communal à Amblève (2006-07/2019)
Membre du Rat der Deutschsprachigen Gemeinschaft (2019-09/2019)

 

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 529
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024)
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 2004 à 2020, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Cumuleo (-2023)
https://brf.be/regional/1227023/
Soziale Sicherheit in Belgien Beiträge zu einer Grundsatzdebatte über das Gesellschaftsmodell, das wir uns wünschen, KAP, 2020, https://www.kap-eupen.be/cms/wp-content/uploads/2021/01/KAP-Soziale-Sicherheit.-Aktualisierung-06.2020-Corig%C3%A9e.pdf

 

 

Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024)