Haulot Arthur

Culture, Journalisme, Humanisme-Egalité, Résistance

Angleur 15/11/1913, Bruxelles 24/05/2005

Poète, journaliste, pionnier du tourisme, Arthur Haulot est avant tout un self made man que les épreuves et les défis du XXe siècle ont progressivement façonné : antifasciste, socialiste, humaniste, pacifiste, antiraciste et finalement passeur de mémoire.

Apprenti à la Fabrique nationale d’armes de guerres quand éclate la crise économique de 1929, employé dans une banque coopérative, le jeune Haulot est repéré par Isi Delvigne : les qualités littéraires affichées par Haulot dans Le Journal des Petits Faucons rouges seront utiles au journal La Wallonie (1931) que dirige Delvigne. Quatre ans plus tard, le journaliste devient reporter à l’INR (1935), puis devient attaché de Cabinet au ministère des Communications (1937). Quand sont instaurés les congés payés, il est nommé inspecteur à l’Office national des Vacances ouvrières – ministère des Communications – (1938), et directeur du Commissariat général au Tourisme, fondé en 1939 avec Henri Janne. Désormais, Arthur Haulot va consacrer une partie de sa vie à défendre le droit au repos.

Fils d’un ébéniste liégeois, né juste avant la Grande Guerre, militant socialiste et antifasciste dès l’Entre-deux-Guerres, président des Jeunes Gardes socialistes de Bruxelles à la fin des années 1930, Arthur Haulot emprunte les routes de l’exil quand éclate la Seconde Guerre mondiale. En août 1940, il quitte Toulouse pour retrouver Bruxelles et entrer en Résistance. Hostile à Henri De Man, membre du bureau du Parti socialiste clandestin, bras droit de Camille Vaneukem, il est arrêté lors d’une opération (27 décembre 1941) ; emprisonné dans des prisons bruxelloises, il parvient à poursuivre le dialogue entrepris avec les milieux de la JOC quand il est transféré de Saint-Gilles à Forest (juin) : il y croise en effet la route du chanoine Cardijn lui aussi prisonnier. Pendant la quinzaine de jours de leur captivité commune, ils élaborent l’idée d’un Service officiel de la Jeunesse, base des Service et Conseil nationaux de la jeunesse de l’après-guerre.

Tiré au sort pour servir d’otage après une action de la Résistance contre le restaurant Le Cygne (réservé aux officiers allemands) à Bruxelles (mi-juin 1942), Arthur Haulot est ensuite envoyé à Breendonk, avant d’être incarcéré pendant plus de trois ans dans des camps de concentration, à Mauthausen (juillet-novembre 1942) d’abord, puis à Dachau (novembre 1942-avril 1945). En janvier 1943, il parvient à entrer au service de l’infirmerie du camp, comme il l’écrit dans un cahier qu’il tient au jour le jour ; il deviendra chef infirmier. En avril 1945, un Comité international (illégal) des prisonniers est constitué et au moment de la libération de Dachau par les troupes américaines, Haulot prend le commandement du camp ; il sera l’un des tout derniers captifs à prendre la route du retour au pays. Parti de Dachau le 5, il arrive à Bruxelles le 9 juin.

Correspondant de guerre en Allemagne occupée pendant huit mois, Arthur Haulot ne cessera de témoigner sur ces cinq années qui marquèrent tragiquement l’Europe et le monde. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment Mauthausen-Dachau, ouvrage publié dès 1945. En 1947, il signe un étonnant recueil de poèmes, Si lourd de sang. Agnostique et laïque, il est étroitement associé aux travaux menés par le PS sur les questions éthiques. Porteur de mémoire, l’ancien prisonnier politique sera chargé, en 1994, de présider le Comité de Coordination du 50e anniversaire de la Libération. Il préside aussi le groupe mémoire des Anciens Combattants, prisonniers politiques et déportés. Humaniste profondément ancré à gauche, il préside encore le mouvement Causes communes et devient membre du Comité de soutien des parents de Julie et Melissa.

Chef de cabinet du ministre de la Reconstruction (1946), Arthur Haulot devient le Commissaire général du Tourisme, organisme nouvellement créé, fonction qu’il exerce pendant plus de trente ans (1946-1978) et d’où il contribue à la fondation de la Commission européenne du Tourisme. Secrétaire général du Bureau international du Tourisme social (1963), président de l’Union internationale des Organismes officiels du Tourisme (devenu Organisme mondial du Tourisme, en 1967), il obtient la labellisation par les Nations Unies de 1967 comme Année internationale du Tourisme. Une des préoccupations de ce « pionnier du tourisme pour tous » était de favoriser l’étalement des vacances. Co-fondateur du Bureau international du tourisme social 1973), il en occupe le secrétariat général jusqu’en 1988.

Une autre facette d’Arthur Haulot est son goût pour la poésie. Il y est entré par le biais de textes militants composés pour le monde ouvrier. Avec P-L. Flouquet, il fonde les Biennales internationales de Poésie (1951) ; cette manifestation se déroule d’abord à Knokke, avant d’être régulièrement organisée à Liège. Cofondateur de la Maison internationale de la poésie, il dirige également Le Journal des Poètes et c’est dans Poète de la vie que l’on peut retrouver ses meilleurs textes.

En 2012, à titre posthume, il est élevé au rang d’officier du Mérite wallon. Depuis 2006, avec le soutien de la Région wallonne, un « Prix Arthur Haulot » est remis tous les deux ans à tout auteur de projet entretenant et encourageant « une réflexion active sur les tragédies qui ont marqué l’histoire récente, en ce compris les deux guerres mondiales, dans une perspective progressiste d’éducation à la tolérance et à la résistance ».

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (2004-2005)
Un trophée international remis à Arthur Haulot, dans Hainaut Tourisme, avril 1974, n°163, p. 39-40
Marc BARONHEID, Auteurs contemporains : Arthur Haulot, dans 4 Millions 4, 23 avril 1981, n°325
Jean-Francis GOERRES, Arthur Haulot, dans Les Dossiers. Littérature française de Belgique, Province de Luxembourg, Service du Livre
José GOTOVITCH, À l’origine du conseil national de la Jeunesse. La discussion Cardijn-Haulot à la prison de Forest (1942), dans Bulletin du CEGES, n°8, Bruxelles, mars 1978, p. 31-51
Marc BARONHEID, Arthur Haulot, poète de vie, Louis Musin, 1981
Arthur HAULOT, J’ai voulu vivre. Dachau 1943-45. Journal de camp, Bruxelles, EVO, 1987 Arthur HAULOT, Mauthausen - Dachau, Bruxelles, 1945, nouvelle édition en 1985
Arthur HAULOT, Paroles d’hommes, Louvain-la-Neuve, Quorum, 1995
Serge KALISZ, Arthur Haulot. Vivre debout, Bruxelles, EVO, 1999
Arthur Haulot, un centenaire, dans le journal des poètes, Châtelineau, 2014, n°1-2, p. 60-65