Henry Philippe
Politique, Député wallon, Ministre wallon
Charleroi 23/04/1971
Député wallon : 1999-2004 ; 2014-2019
Ministre wallon : 2009-2014 ; 2019-2024
Président du cercle des Ingénieurs, président de la Fédération des étudiants de l’Université de Liège (Fédé, 1993-1994), Philippe Henry accède à la présidence de la Fédération des Étudiants francophones (FEF) le 1er juillet 1994, au moment où l’exécutif de la Communauté française a en chantier un projet de réforme radicale des « Grandes Écoles », ainsi que la question du financement des universités. Pour la FEF, l’accès aux études, la démocratisation de l’enseignement sont des principes à défendre à tout prix. Par ailleurs, écartés jusque-là de tous les espaces de concertation, les étudiants revendiquent d’être reconnus comme des interlocuteurs à part entière. Main dans la main, Écoles supérieures et Universités se font entendre dès la rentrée scolaire 1994 et forcent la ministre-Présidente à suspendre le décret du ministre Michel Lebrun (31 octobre). Après de chaudes discussions, la FEF par la voix de son président – Philippe Henry – accepte le plan en trois points proposé par Laurette Onkelinx, à savoir élaborer un décret bis, pour amender le plan Lebrun, sur la fusion des écoles supérieures, renforcer le rôle étudiant dans la gestion du supérieur et, enfin, organiser des assises pour mettre à plat le système scolaire et son financement. Tout en réussissant ses examens et en préparant son mémoire de fin d’études, Philippe Henry s’efforce de coordonner les actions et d’alimenter concrètement le dialogue avec les autorités politiques. Après de longues semaines de tractations, le « décret Lebrun » est finalement réécrit avec l’aide des représentants des fédérations d’étudiants (février 1995). Un autre décret garantit « la participation étudiante ». Quant aux Assises de l’enseignement, pilotées par Christophe Derenne, elles commencent avec l’année 1995 et se clôturent à la mi-mai. Des rapports sont rédigés au sein des groupes Vulcain et Hermès.
Le 1er juillet 1995, Philippe Henry cède à Fabrizio Bucella la présidence d’une Fédération Étudiante Francophone devenue une structure représentative officielle, quasi professionnelle, disposant d’un budget, de permanents et de chargés de mission. Parvenant à concilier les obligations de « figure de proue du mouvement étudiant » avec celles de son statut d’étudiant, Philippe Henry achève ses études d’ingénieur civil en électromécanique en 1995, et devient chercheur en robotique aux Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur et assistant à l’Université de Liège (1995-1997). Détenteur d’un Master en management de HEC (1997), il est ingénieur d’application à l’Université catholique de Louvain, dans le projet Césame (1997-1999).
Ephémère président du Conseil de la Jeunesse d’expression française (1996), Philippe Henry rejoint la locale écolo de Liège et contribue à la rédaction du programme « Jeunes » du mouvement. En juin 1999, le succès général des Verts au scrutin régional lui ouvre les portes du Parlement wallon. Candidat malheureux au secrétariat général d’Écolo avec le duo Coenen-Burnotte (1999), Philippe Henry siège au Parlement de la Communauté française et au Parlement wallon en tant que membre de la majorité arc-en-ciel (1999-2004). Conformément aux statuts d’Écolo qui interdisent les cumuls, il renonce à son mandat de chercheur pour se consacrer entièrement à la politique. Vice-président puis secrétaire du bureau du parlement communautaire (1999-2004), administrateur de l’Université de Liège (2001-2005), il se préoccupe en priorité des questions liées à l’enseignement, à l’enseignement supérieur et à la recherche.
à partir de juin 2003, il devient le chef de Cabinet de Jean-Michel Javaux qui a été désigné – avec Isabelle Durant – secrétaire général d’Écolo, après la débâcle électorale fédérale du 18 mai 2003. Au sein du mouvement-parti, Philippe Henry contribue à repenser le mode de fonctionnement d’écolo, à rendre les assemblées générales moins « dramaturgiques » et à nourrir le programme des Verts. Il s’agit d’un programme de long terme car, lors du scrutin wallon du 13 juin 2004, Écolo connaît un ressac important et Philippe Henry (onzième place) n’est pas reconduit dans son mandat de député wallon. Sur une liste Vivre conduite par Thierry Giet, il est élu conseiller communal à Sprimont en octobre 2006 (405 vp). Mais le directeur politique d’Écolo (2006) ne va pas siéger très longtemps au niveau local, étant élu député fédéral le 10 juin 2007 (7.106 vp), moment où il quitte aussi la direction d’Écolo (appliquant l’interdiction du cumul des mandats).
À la Chambre, il se consacre aux dossiers relatifs à l’énergie et à l’environnement, et réclame un moratoire contre tous nouveaux projets autoroutiers, dont la liaison Cerexhe-Heuseux – Beaufays. Après le succès électoral des Verts au scrutin régional wallon du 7 juin 2009 où il n’était pas candidat, écolo choisit de faire appel à Philippe Henry quand se constitue le nouveau gouvernement wallon présidé par Rudy Demotte, à majorité PS-cdH-écolo (16 juillet 2009). Ministre wallon en charge de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire, de la Mobilité, des Transports et des Sites désaffectés, Philippe Henry a fort à faire avec ses « collègues » de la majorité pour insuffler les principes de l’écologie politique dans les dossiers des transports en commun, des transports scolaires, de la mobilité (sauf la sécurité routière), du suivi des chemins de fer, ainsi que de la cartographie du sous-sol, et de l’environnement en général (l’air, l’eau, les déchets, les sites pollués, les ondes GSM). Dans l’accord du gouvernement, l’arrêt définitif de la liaison Cerexhe-Heuseux – Beaufays a été acté.
Solidaire des gros dossiers portés par le gouvernement de Rudy Demotte (Plan Marshall 2.vert, investissements dans les travaux publics et les communications, décret décumul, Plan Marshall à l’horizon 2022, etc.), le ministre Henry est lui-même porteur d’un des dossiers phares de la législature à savoir le CoDT, le nouveau Code wallon du Développement territorial qui se veut davantage qu’une refonte de l’ancien Cwatupe. Adopté in extremis en fin de législature (avril 2014), fruit d’un long travail préparatoire, de consultations nombreuses et d’arbitrages politiques, le CoDT est destiné à améliorer la structuration du développement territorial (autour de périmètres urbains, en favorisant les noyaux d’habitats) et à simplifier au maximum le quotidien des citoyens et des entreprises dans les procédures en lien avec le territoire. Avec comme objectif, notamment, de lutter contre l’étalement urbain, la mise à jour du SDER (schéma de développement de l’espace régional) est un autre gros dossier sur lequel a travaillé le Cabinet Henry, sans parvenir à le faire approuver par ses collègues du gouvernement wallon avant le terme de la législature ; ont aussi été recalés le plan wallon des déchets, le décret sol et la cartographie de l’éolien.
Parmi les projets réalisés par le ministre Philippe Henry, outre les attributions ou refus de permis d’urbanisme relatifs à divers projets, figurent le lancement du tram à Liège, la fin de la boucle du métro de Charleroi, le nouveau contrat de service public du TEC, la fixation de priorités pour le rail wallon, la poursuite d’investissements pour l’assainissement et la réaffectation d’anciens sites industriels, l’adoption du premier Plan Wallonie cyclable et du premier décret Climat, le financement du dragage des cours d’eau, la redéfinition des principes du cadre éolien, etc.
à nouveau élu conseiller communal à Sprimont, en octobre 2012, cette fois sur une liste exclusivement écolo (158 vp), il n’exerce pas le mandat. Tête de liste Écolo au scrutin wallon du 25 mai 2014, Philippe Henry n’échappe pas au vote sanction que subit généralement Écolo quand il a exercé des responsabilités ministérielles. Dans la circonscription électorale de Liège, Écolo dépasse à peine les 8%, perdant 11% par rapport à 2009, soit son résultat le plus faible à l’époque. Tête de liste, le ministre sortant (6.106 vp et 13e score tous partis confondus) parvient in extremis à conserver un siège sur Liège, mais il ne reste que 4 députés Verts au Parlement wallon, contre 14 en 2009. En juillet, le député wallon Philippe Henry est choisi par Écolo comme sénateur, représentant la Wallonie dans la nouvelle Haute Assemblée des entités fédérées qui vient d’être transformée par la récente 6e réforme de l’état.
Ainsi qu’en témoigne une enquête réalisée par Le Vif et comme le confirment ses rapports d’activités, tout au long de la législature wallonne 2014-2019, Philippe Henry se distingue par une importante activité parlementaire, avec de nombreuses propositions de décret ou de résolution et des dizaines de questions adressées à l’ensemble des ministres wallons. Bien sûr, le dossier du CoDT s’impose-t-il en priorité puisqu’il fait l’objet de critiques cinglantes de la part de la nouvelle majorité PS-cdH qui reporte la mise en application du « décret Henry » et entreprend d’en modifier de nombreux articles. Depuis les bancs de l’opposition, mais aussi comme membre du groupe de travail sur le CoDT, Philippe Henry suit ce dossier de près, conscient du caractère imparfait du texte initial, mais vigilant quant au respect des principes fondamentaux qu’il contient dont les freins à l’étalement urbain. Après des mois de discussions, le nouveau CoDT porté par le ministre Carlo Di Antonio est finalement adopté durant l’été 2016 et remplace l’ancien CWATUPE dès le 1er juin 2017 ; mais d’autres dispositions doivent encore été adoptées. Ayant voté contre ce texte, Philippe Henry en pointera régulièrement les dysfonctionnements, ainsi que la boulimie légistique qui continue de l’accompagner.
En l’absence d’un groupe parlementaire Écolo officiel (il faut 5 élus au Parlement wallon), le député wallon se mobilise sur de très nombreux dossiers, parvenant à faire adopter certaines résolutions. En mars 2016, il fait voter une proposition de résolution visant à la réouverture de la liaison Thalys sur la dorsale wallonne (avec Véronique Salvi, Christophe Collignon, Dimitri Fourny, Christie Morreale et Stéphane Hazée). Dans le dossier CETA, il vote le texte de la résolution du 14 octobre 2016 par laquelle le Parlement de Wallonie refuse l’accord entre l’UE et le Canada ; après la crise internationale qui s’en est suivi, considérant que la Wallonie aurait dû pousser plus loin son avantage, il manifeste son opposition au projet de motion qui valide le compromis par lequel l’Europe s’engage à prendre en considération les doléances wallonnes de manière contraignante lors de la signature et dans l’application du CETA, ainsi que dans tous les autres traités de nouvelle génération à venir (28 octobre 2016).
Durant cette législature d’opposition, où il réclame des mesures urgentes en matières climatiques, le député écolo rallie la majorité pour adopter certains textes, comme par exemple en matière de bien-être animal, compétences nouvellement transférées aux régions à la suite de la 6e réforme de l’État : avec le décret interdisant tout abattage animal sans étourdissement préalable (18 mai 2017) et le Code wallon du bien-être animal, projet porté par le ministre di Antonio (3 octobre 2018), le législateur quasi unanime (67 députés sur 69 présents) fait de la Wallonie une région pionnière en matière de protection animale.
Le député wallon se mobilise aussi notamment en faveur de plusieurs mesures concrètes : des mesures de protection de la biodiversité, l’élaboration d’un pacte énergétique national pour la transition énergétique, l’adoption d’une stratégie climatique en vue de mettre en œuvre l’Accord de Paris, une meilleure gestion des sols, la réalisation rapide du RER ou à défaut de lui substituer le VER, soit sa transformation en piste cyclable, davantage d’investissements dans les infrastructures du Groupe TEC. Réclamant l’abandon du vote électronique, davantage de transparence dans la gouvernance et les rémunérations des mandataires publics, et la limitation des rémunérations des présidents de CPAS, il introduit aussi des textes visant à favoriser l’économie circulaire, à réformer la politique de la chasse, à instaurer un « prêt Proxi », à définir un cadre juridique sûr à la colocation, et à établir une politique de données ouvertes (open data), etc. En 2014, il dépose aussi une résolution demandant la reconnaissance de l’état de Palestine par la Belgique.
Au terme de cinq années d’opposition, sans disposer d’un groupe politique et d’une présence garantie dans les Commissions, le représentant liégeois d’écolo retire la satisfaction d’avoir pu peser sur certaines décisions politiques, voire d’avoir fait adopter certaines propositions, comme par exemple, l’interdiction du survol des zones naturelles par des drones, ou le renforcement du rôle de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) de la Région wallonne, instaurant ainsi davantage de transparence administrative en transformant notamment la CADA en une instance de recours, investie d’un pouvoir de réformation en matière de publicité de l’administration. Partageant son temps et ses activités entre trois assemblées, Philippe Henry intervient aussi fréquemment, à Bruxelles, sur les dossiers enseignement et enseignement supérieur, restant fidèle au principe qui guidait l’ancien président de la FEF : « améliorer l’accès démocratique à l’enseignement supérieur ».
En juillet 2017, il annonce son déménagement de Remouchamps vers Liège. La conséquence politique immédiate de ce choix est sa présence sur la liste Vert Ardent, aux communales d’octobre 2018, à Liège. Il y occupe l’avant-dernière place (543 vp) sans avoir l’intention de siéger au Conseil communal. Lors du scrutin wallon du 26 mai 2019, il se présente à la toute dernière place de la liste écolo : renouveler son mandat de député wallon n’est pas non plus sa priorité (2.852 vp), l’objectif étant de ramener des voix (écolo passe de 8 à 14%) et de faire élire deux députés wallons sur Liège (ce qui est le cas, avec Veronica Cremasco et Olivier Bierin). Après un été 2019 marqué par des négociations serrées pour la formation de majorité dans les entités fédérées, négociations auxquelles il participe, un accord de majorité est signé, en septembre, par le PS, le MR et écolo. Dans le gouvernement arc-en-ciel présidé par Elio Di Rupo, Philippe Henry retrouve des fonctions ministérielles. Préféré à Manu Disabato, ainsi qu’en a décidé l’Assemblée générale d’écolo, il est investi d’un rôle majeur, en tant que vice-Président du gouvernement wallon, gardien écolo de la Déclaration de politique régionale, et ministre en charge de la Mobilité, des Infrastructures, du Climat et de l’énergie. La DPR justement fixe des objectifs précis à la majorité arc-en-ciel, en accordant une égale importance aux préoccupations prioritaires des trois partis de la coalition : des réformes sociales pour le PS, économiques pour le MR et climatiques pour Écolo. La législature wallonne réserve cependant son lot d’événements inattendus : la crise sanitaire de la Covid-19, les inondations de juillet 2021, la guerre en Ukraine et la crise énergétique, sous oublier le remue-ménage médiatico-politique autour des Pfas et la mobilisation des agriculteurs.
Dès les premiers jours de son ministère, le n°3 du gouvernement wallon doit affronter les réactions des territoires privés de contournements autoroutiers, du tronçon manquant ou de liaisons à grande vitesse, ainsi que de tous ceux qui suivent la saga du « tarif prosumer » fixant la redevance des propriétaires de panneaux photovoltaïques. Dans ce dossier où le MR demande ardemment un report de cinq ans, le Conseil d’état attribue à la Cwape la seule responsabilité de la fixation des tarifs ; dès lors, en accord avec l’ensemble du gouvernement, le ministre atténue l’entrée en vigueur de la redevance (octobre 2020) par une série de mesures d’accompagnement : outre des primes dégressives, le compteur qui tourne à l’envers reste autorisé jusqu’au 1er janvier 2031 pour les panneaux installés avant le 1er janvier 2024. Mettant fin à la saga de « la taxe prosumer », le ministre diminue progressivement la charge des certificats verts et peut ainsi se consacrer à la valorisation du potentiel des différentes filières renouvelables, afin d’atteindre les ambitieux objectifs wallons de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 et de neutralité carbone à l’horizon 2050.
Assumant le « stop voiture » et la préservation des terres, le ministre Henry entreprend la réforme de la fiscalité automobile, alors que la taxation kilométrique intelligente s’invite dans le débat. Cependant, dès mars 2020, la crise du Coronavirus impose au gouvernement wallon de revoir ses priorités et surtout d’importantes interventions publiques pour soutenir les multiples mesures prises pour lutter contre la Covid-19. Dans un gouvernement wallon qui dispose des pouvoirs spéciaux, le ministre en charge de la mobilité adapte l’offre de service des TEC à la période de confinement, des lignes étant renforcées vers les centres hospitaliers. Pour le ministre écologiste, la Covid-19 conforte sa conviction d’accélérer la transition, en favorisant par exemple les circuits courts, l’économie circulaire, la pratique du vélo (octroi d’une prime d’achat), et de donner une tonalité verte à l’ensemble des décisions du gouvernement wallon.
Doté de 2 milliards d’€, le Plan Infrastructures 2020-2026 est ainsi consacré, pour partie, à l’entretien et à la rénovation du réseau routier existant (notamment des tunnels), pour une autre grosse partie, à la fois à favoriser les transports en commun, à l’amélioration du réseau fluvial et aux modes de mobilité actifs et doux. En l’occurrence, l’accent est mis sur le développement du Ravel, sur l’aménagement de pistes cyclables le long des routes régionales et sur la création de « corridors pour vélos » (été 2020). Des subventions à une centaine de communes visent à créer un véritable réseau autoroutier wallon. Alors que le nombre de kilomètres cyclables en Wallonie et la place du vélo dans la vie quotidienne progressent, l’objectif est d’atteindre une part modale vélo d’au moins 5 % à l’horizon 2030.
Souhaitant le retour des TGV sur la dorsale wallonne (compétence du fédéral), le ministre wallon introduit une diminution progressive du tarif des abonnements au TEC de certaines catégories d’âge et incite l’Opérateur de transport de Wallonie (OTW) à faire l’acquisition de nouveaux bus majoritairement hybrides à la fois pour remplacer des véhicules existants et pour élargir l’offre (été 2021). Alors que 26 lignes Express structurent désormais l’offre transport, une révision de l’ensemble du réseau de proximité est entreprise dans toute la Wallonie, avec consultation des utilisateurs (2022). En fin de législature, le ministre boucle le contrat de gestion du TEC, dont la dotation est augmentée en contrepartie d’une amélioration de l’offre et de la qualité des services, ainsi que d’une décarbonisation d’une partie de la flotte. Le chantier du tram, à Liège, mobilise Philippe Henry tout au long de la législature qu’il conclut, avec ses collègues Christie Morreale et Christophe Collignon, par un montage financier assurant au projet minimum initial ses deux extensions, vers Herstal et vers Seraing (février 2024).
En charge des Infrastructures, dont les barrages, le ministre Henry multiplie les démarches au lendemain des terribles inondations de la mi-juillet 2021. Il s’agit d’apporter aux sinistrés une réponse claire sur la gestion des voies hydrauliques ; à sa demande, un double rapport indépendant est réalisé par la société suisse Stucky en collaboration avec l’Université de Liège, pour identifier les causes et formuler 35 recommandations (octobre et décembre 2021) ; il documente notamment la Commission spéciale d’enquête sur les inondations de juillet 2021, où le ministre est entendu. Cette Commission spéciale dépose 161 recommandations adoptées par le Parlement de Wallonie le 31 mars 2022. Tout en accordant une prime de 550€ pour les sinistrés devant faire face à des dépenses énergétiques imprévues (début 2022), le ministre wallon écologiste se mobilise également sur les enjeux de la reconstruction. De très nombreuses infrastructures régionales doivent être sécurisées, réparées voire reconstruites dans l’urgence et nécessitent la mobilisation d’importants moyens financiers (ponts, berges, etc.), mais, pour le ministre wallon qui conduit la délégation belge à la COP 26 de Glasgow, « il faut envisager une nouvelle manière d’habiter la Wallonie ». De la Wallonie viendront des moyens financiers pour accompagner des communes dans la gestion des risques d’inondation, ainsi que pour végétaliser des villes. En fin de législature, le ministre Henry fait voter le « décret barrages-réservoirs » qui instaure « un contrôle externe, professionnel et indépendant des barrages-réservoirs » et crée « une autorité wallonne de sécurité des barrages-réservoirs pour garantir l’application des normes sur la sécurité des barrages » (février 2024) ; il s’agit de la mise en application de la recommandation n° 85 de la Commission spéciale.
Dans le processus d’élaboration du nouveau Plan Air-Climat-énergie, le ministre met en place un panel de 50 citoyens (et 25 suppléants) appelés à se réunir une dizaine de fois – en partie de manière virtuelle, Covid-19 oblige – pour imaginer une Wallonie bas carbone, en d’autres termes comment la Wallonie devrait atteindre ses objectifs climatiques de manière « juste » : réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % en 2030 par rapport à 1990 et doubler la consommation des énergies renouvelables (avril 2021-mars 2022). Le ministre s’engage à intégrer les mesures proposées par ce panel citoyens dans la révision du plan climat de la Wallonie. à des échelles diverses, tous les secteurs de la société sont concernés (transport, logement, agriculture, bureaux, commerces, grosses industries…) par les 250 actions du Plan Air-Climat-énergie (adopté à l’automne 2023) et qui est un axe important de la transition écologique inscrite dans la Déclaration de politique régionale en 2019. Concrètement, par exemple, il sera interdit d’avoir recours au charbon et d’installer de nouvelles chaudières à mazout à partir de 2025/2026 ; le respect des normes PEB sera obligatoire dans tous les bâtiments ; le développement et l’amélioration de la mobilité piétonne et cyclable s’accompagneront du renforcement de l’offre de transport public, les services du TEC étant quasi gratuits pour certaines catégories d’âge. Il n’y a pas eu d’accord au sein de la majorité PS-MR-écolo sur les questions liées à la limitation à 100 km/h de la vitesse sur autoroute et aux freins à l’expansion des aéroports wallons. En fin de législature, sur proposition du ministre Henry, un décret visant l’abandon progressif du gaz naturel et un autre cadrant le transport de CO² sont adaptés par le Parlement de Wallonie (mars 2024).
Instituant un système de primes simplifié et plus conséquentes pour la rénovation des bâtiments, les pompes à chaleur et les énergies renouvelables (2022-2023), le ministre de l’énergie lance une série de projets pilotes dans la rénovation par quartier et pose surtout de nouvelles exigences en matière de performance énergétique et de rénovation obligatoire, sur base du PEB. Inscrite dans la DPR, la nouvelle version de la Pax eolienica réforme le cadre de référence des installations des éoliennes sur le territoire wallon. Autorisant de nouvelles technologies éoliennes, plus hautes, moins nombreuses, plus productives et moins chères au kWh, tout en simplifiant fortement les procédures et en revoyant les distances par rapport à l’habitat, la Pax eolienica II poursuit l’objectif d’une hausse de 50 % de la production à l’horizon 2030 (octobre 2022 et février 2024). Favorisant le développement de réseaux de chaleur géothermique, encourageant les filières « hydrogène », le ministre fixe le cadre légal permettant la création de communautés d’énergie renouvelable (printemps 2023), confortant ainsi plusieurs projets pilote en cours. Dégageant des moyens pour une « allocation-loyer » avec son collègue Christophe Collignon pour aider les ménages en attente d’un logement public, le ministre de l’énergie met également en œuvre des mesures d’aides publiques, avec l’ensemble du gouvernement wallon, pour faire face à la flambée du prix des énergies due aux spéculations des marchés, sur fonds d’offensive russe contre l’Ukraine (2022-2023).
Après des mois de négociation, la difficile réforme de la fiscalité automobile wallonne est adoptée par le Parlement de Wallonie, en septembre 2023 ; la taxe de circulation reste inchangée, mais la taxe de mise en circulation qui s’appliquera dès 2025 est désormais calculée en proportion des émissions de CO2 du véhicule ainsi que de sa masse. Elle vise à responsabiliser l’acheteur d’une nouvelle voiture, tandis que des mesures sont prises pour augmenter à l’avenir le nombre de bornes de recharge électrique. Mais à la fin de la législature, aucune borne électrique publique n’a encore vu le jour en Wallonie. Fin novembre 2023, au moment où commence la COP 28, le ministre wallon retire une satisfaction relative d’une décision de la Cour d’appel de Bruxelles. Suite à une plainte déposée par un collectif citoyen et portant sur l’inaction climatique des autorités belges, le jugement de la Cour d’Appel condamne le fédéral et les entités fédérées compétentes, hormis la Wallonie.
Le 9 juin 2024, il occupe la 13e et dernière place (1.343 vp) sur la liste écolo emmenée par Veronica Cremasco, dans la circonscription de Liège, au scrutin wallon. Avec 7,18%, écolo réalise à Liège son plus mauvais score depuis la première élection directe des députés wallons, le 21 mai 1995, et conserve un siège, in extremis.
Mandats politiques
Député wallon (1999-2004)
Conseiller communal à Sprimont (2006-2007)
Député fédéral (2007-2009)
Ministre wallon (2009-2014)
Conseiller communal à Sprimont (2012)
Député wallon (2014-2019)
Sénateur désigné par le Parlement wallon (2014-2019)
Ministre wallon (2019-2024)
Sources
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 310-311
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, Institut Destrée, Revue de presse (-06/2024), dont Le Soir, 20 mai 2017, 13 et 24-25 septembre 2019, 9 et 27 juillet 2020, 17 mars 2021, 23 septembre 2021, 12 octobre 2021, 28 juin 2022, 22 mars 2023, 30 novembre 2023, 9 février 2024, 21 février 2024, 27 avril 2024
Classement des députés, dans Le Vif, 07 avril 2017, p. 22-23
Parlement de Wallonie, Rapports d’activités, de 1999 à 2023, https://www.parlement-wallonie.be/rapports-brochures
Cumuleo (-2023)
Parlementaires et ministres de Wallonie (+ 2024) |
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