Jean 1er De Luxembourg, (dit Jean l'aveugle)

Politique

Lieu inconnu 1296, Crécy-en-Ponthieu 26/08/1346

Fils de Marguerite de Brabant et de Henri VII, comte de Luxembourg élu roi des Romains de 1308 à sa mort en 1313, Jean devient roi de Bohême en 1310 par son mariage avec Élisabeth, sœur de Venceslas de Bohême. Plus intéressé par les champs de bataille d’Europe que par la direction de la Bohême (les grands du royaume ne veulent d’ailleurs pas de lui), il laisse à sa femme le soin de porter la couronne, pendant qu’il contribue à la victoire de Louis V de Bavière à Mühldorf (1322), à celle du roi de France contre les Flamands (1328) ou qu’il vient en aide aux chevaliers teutoniques (1329).

Alors qu’il progresse promptement à travers le nord de l’Italie, au service de Louis V, il se laisse convaincre par le pape, Jean XXII, de prendre la couronne d’Italie ; ce faisant, il suscite la colère de Louis V qui soulève la Bohème contre son prince. Mâtant la révolte, Jean Ier étend même ses territoires. Impuissant contre la cécité qui le gagne (d’où son surnom de Jean l’Aveugle, 1339), il parvient à faire élire son fils Charles à la tête de l’empire (1346). C’est en se battant contre les Anglais à Crécy que Jean l’Aveugle trouve la mort. L’existence de Jean Ier sera idéalisée par le roman chevaleresque, sa mort en héros à la bataille de Crécy étant le point d’orgue de celui qui courut derrière la couronne impériale sans jamais l’obtenir. Jean Froissart ne manqua pas de rapporter ses exploits qui, magnifiés, fait de Jean l’Aveugle un personnage majeur de l’histoire luxembourgeoise.

Réussissant de « bons » mariages pour ses enfants, à défaut de coiffer lui-même la couronne impériale, Jean l’Aveugle accorde de l’attention à ses terres luxembourgeoises, au rôle militaire et à l'importance politique de ses villes. Devenu comte de Luxembourg, à la mort de son père en 1313, il a fait de « ses » villes des forteresses destinées à défendre le pays. Ainsi Bastogne, qu'il affranchit en 1332 et qu'il oblige à s'entourer immédiatement d'un puissant rempart. Il marque aussi l’histoire de La Roche-en-Ardenne et de Durbuy en confirmant, en 1331, les franchises de ses villes. Tout en créant la foire de Luxembourg (1340), il encourage l’activité économique dans ses frontières renforcées. Mais l’intérêt des princes de la famille de Luxembourg à l’égard des terres d’entre Meuse et Moselle s’éteint avec lui (1346). 

 

Sources

La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. I, p. 154
Dictionnaire d’histoire de France, Paris, Perrin, 1988
Gilbert TRAUSCH (dir.), Histoire du Luxembourg. Le destin européen d’un « petit pays », Toulouse, Privat, 2010