Régnier Ier
Politique
Lieu de naissance inconnu circa 850, Meerssen entre le 25/08/915 et le 19/01/916
Propriétaires de biens relativement dispersés, à la tête de plusieurs pagi initialement du côté de la Meuse, les Régnier feront souche en Hainaut, se concentrant dans l’Entre-Sambre-et-Meuse. Profitant de la faiblesse de leur suzerain, ils vont imposer non seulement leur nom, mais surtout leur pouvoir personnel dès le début du Xe siècle, à partir de leur résidence fortifiée établie à Mons.
Si beaucoup de prudence doit guider à cerner le personnage de Régnier Ier, celui qui va donner son nom à la famille apparaît, sans conteste, comme un homme puissant, qui prend volontiers les armes pour défendre ses intérêts et ceux de son prince. Disposant de propriétés en Hesbaye, en Ardenne, sur les bords de la Meuse, voire jusque sur la rive gauche de l’Escaut, celui qui est comte de Hainaut depuis 880 parvient aussi à se faire reconnaître abbé laïc de Saint-Servais à Maastricht, non sans provoquer l’irritation des évêques de son temps.
Conseiller de Zwentibold alors en lutte contre le royaume de Francie occidentale, Régnier Ier de Hainaut tombe en disgrâce, vers 896-898, lorsqu’il prend parti en faveur de comtes mosellans victimes de la vindicte du roi de Lotharingie, son prince. Condamné à rendre ses titres et ses biens, Régnier s’y refuse et entre en révolte. Alors que sa famille se réfugie à la Cour de Francie occidentale, Régnier Ier trouve des alliés auprès de son roi, Charles III dit le Simple, et d’autres comtes issus de la partie sud et moyenne de la Lotharingie.
Après la mort de Zwentibold qui pourrait bien avoir perdu la vie des mains de Régnier (13 août 900), ce dernier retrouve ses titres et ses biens et abandonne la lutte contre son roi. Il est vrai qu’il est autorisé à garder les abbayes de Stavelot-Malmedy (902), puis d’Echternach (903), avant qu’il ne s’empare de celles de Saint-Maximin puis de Chèvremont. Il portera même le titre de marquis à sa mort en 915 ou 916, mais Léon Vanderkinderen ne lui reconnaît pas le surnom Régnier au Long Col qui, selon l’historien, appartient à son petit-fils, Régnier III. « Fier de sa naissance, confiant dans les forces que lui assuraient ses vastes domaines ainsi que les abbayes dont il avait su se rendre maître, il rêva, sans aucun doute, d’asseoir sur la région que limitaient le Rhin et l’Escaut son autorité presque indépendante, et si cet espoir fut déçu, il transmit à son fils Gislebert son ambition et sa puissance » (Vanderlinkere).
Sources
Léon VANDERKINDERE, dans Biographie nationale, t. XVIII, col. 870-874
Léon VANDERKINDERE, La formation territoriale des principautés belges au Moyen Age, Bruxelles (Henri Lamertin), 1902
Maurice-A. ARNOULD, Le Hainaut. Évolution historique d’un concept géographique, dans Recueil d'études d'histoire hainuyère offertes à Maurice A. Arnould, édité par Jean-Marie CAUCHIES et par Jean-Marie DUVOSQUEL, Mons, Analectes d’histoire du Hainaut, Hannonia, 1983, t. I, p. 25-50
Mélanie DE CLERFAYT, Le Château des comtes de Hainaut à Mons (du Xe au XXIe siècle), Charleroi, asbl Hainaut culture et démocratie, 2002
Claire BILLEN, Xavier CANONNE, Jean-Marie DUVOSQUEL, Hainaut. 1000 ans pour l’avenir, Anvers, Fonds Mercator, 1998
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. I, p. 219
Paul Delforge