Rops Félicien
Culture, Gravure, Peinture
Namur 7/07/1833, Essonnes 23/08/1898
Peintre, aquafortiste, dessinateur, illustrateur et graveur, Félicien Rops, le provocateur, le compositeur du Pornocratès, est resté longtemps au purgatoire, avant que son œuvre ne soit reconnue dans sa totalité.
Brillant étudiant au Collège Notre-Dame de la Paix à Namur, le jeune Rops supporte mal la disparition de son père, un industriel namurois (1849) et devient à ce point turbulent et radicalement anticlérical qu’il est renvoyé par les Jésuites. Les caricatures de ses professeurs n’arrangent rien, mais il achève ses humanités à l’Athénée voisin et s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts de Namur. Le dessin, plus précisément la caricature, lui sert peut-être d’exutoire, mais son talent est incontestable. Quand il entame des études de droit à l’Université libre de Bruxelles, Félicien Rops fréquente les milieux artistiques et contestataires où l’on apprécie les traits féroces qu’il publie dans quelques feuilles, comme Charivari et l’Uylenspiegel, journal des ébats artistiques et littéraires (1856). De cette époque datent nombre de lithographies et ses premiers contacts avec Charles De Coster dont il illustrera Les Légendes flamandes (1858). Inscrit à l’Atelier libre Saint-Luc, il rencontre notamment Charles de Groux et Constantin Meunier.
D’autres portes s’ouvrent devant le talentueux Namurois. Souvent à Paris, il y étudie la gravure à l’eau-forte où il va exceller, et maîtrise toutes les techniques : le vernis mou, la pointe sèche, l’aquatinte. Pour Baudelaire, qu’il rencontre à Namur, il illustre le frontispice des Épaves (1866), ainsi que les poèmes condamnés des Fleurs du mal. En 1869, F. Rops fonde la « Société Internationale des Aquafortistes ». Rapidement (1864-1871), il devient l’un des illustrateurs les plus recherchés à Paris où il s’installe définitivement en 1874. Amateur de voyages, il sillonne l’Europe et l’Amérique du Nord, et y nourrit l’inspiration du peintre. En 1870, il est sur les champs de bataille de la guerre franco-allemande ; ensuite, il accompagne un ami archéologue et ses huiles qui s’inscrivent dans la veine réaliste montrent les bords de Meuse comme du Danube, ou des paysages secs des pays du sud. Le dessinateur, quant à lui, affole le bourgeois bien-pensant, les thèmes qu’il choisit jouissant de « la dextérité et du raffinement de la plume ou du crayon souvent rehaussé de gouache, d’aquarelle ou de pastel ». Dénonciateur de l’hypocrisie bourgeoise de son époque, il privilégie une nudité souvent provoquante, un érotisme troublant, où il introduit le diable à partir du milieu des années 1870. Celui-ci ne doit pas faire peur et il a parfois les traits de Rops lui-même.
Membre du Groupe des XX, Félicien Rops a encore croisé la route d’Armand Rassenfosse (1886). De leur profonde amitié naissent une technique particulière de gravure et un vernis mou transparent, au nom évocateur, le « Ropsenfosse ». Atteint par une maladie oculaire (1892), Rops reste en contact épistolaire avec ses amis, continue à travailler tout en s’occupant des roses de sa propriété d’Essonnes, au sud de Paris.
La femme et le désir sont quasi omniprésents chez Rops. Cette provocation permanente est assumée par l’artiste, mais elle a évidemment un revers. Pendant de nombreuses années, la connaissance de l’œuvre de Rops pâtit du caractère érotique affirmé de nombreuses compositions. Le bien connu Pornocratès en est l’exemple-type, qui a fait couler beaucoup d’encre. Dans sa ville natale, la province de Namur a institué un Musée Félicien Rops en 1964 ; sa collection s’accroîtra progressivement tandis que l’institution sortira lentement de sa discrétion initiale.
Sources
PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles
Musée Rops
Fonds Rops
KUNEL Maurice, Biographie nationale, t. 33, col. 627-631
Wallonie. Le Pays et les Hommes (Art, Lettre, Culture), t. II, p. 389, 519-520, 557-558
Œuvres principales
Un Enterrement au pays wallon, litho, 1863
La Tentation de Saint- Antoine, dessin, 1878
Pornocratès, pastel et gouache, 1878
Cent légers croquis sans prétention pour réjouir les honnestes gens, 1878
Sataniques, dessins aquarellés, 1882
© Institut Destrée, Paul Delforge