André Joseph

Culture, Architecture

Marbais 21/01/1885, Charleroi 21/01/1969

Depuis sa création en tant que place-forte en 1666, Charleroi connaît des transformations urbanistiques aussi considérables que régulières. Ainsi, au XIXe siècle, tout ce que les « Hollandais » ont construit entre 1816 et 1821 est démoli cinquante ans plus tard. Sous le maïorat de Jules Audent, à la place des remparts démembrés et des ravins comblés, un plan d’ensemble ambitieux fusionne Ville-Haute et Ville-Basse. Après la Grande Guerre, une nouvelle étape est franchie quand les liens avec le « Faubourg » (Charleroi Nord) confèrent à la cité un statut de métropole industrielle : sous les maïorats de Joseph Tirou et Octave Pinkers, souvent qualifiés de bâtisseur, un architecte imprime alors sa marque pour le restant du XXe siècle : Joseph André.

Au lendemain de l’Armistice, il faut d’abord reconstruire. Joseph André s’y emploie en respectant les styles souhaités par ses commanditaires. Trois bâtiments spectaculaires – le cinéma Coliseum (1923), la Maison des Corporations (inaugurée en 1925 et détruite en 1960) et le nouvel immeuble du Grand Bazar (1933, détruit en 2014) – témoignent de la capacité de l’architecte à réaliser des édifices d’importance. Après le retrait de l’architecte Jules Cézar, les autorités locales autorisent André à achever seul la construction du nouvel l’hôtel de ville, sur la place Charles II (1936), vaste complexe dominé par un beffroi ; l’aménagement de la Ville-Basse, avec son boulevard recouvrant un bras de la Sambre et ses « Nouvelles Galeries » place Albert Ier, modèle ensuite le centre-ville, pour quelques années (de 1954 à 2015). Du côté de la Ville-Haute, posé sur plusieurs centaines de pieux Franki, le Palais des Expositions émerge sur les terrains vagues d’un terril, en 1954, et accueille d’emblée une brève Exposition internationale technique et industrielle ; trois ans plus tard, non loin de là, Joseph André achève le Palais des Beaux-Arts, où il a confié la décoration intérieure à des artistes principalement wallons : Pierre Paulus, René Magritte, Georges Grard, Olivier Strebelle et René Harvent, ainsi qu’à Ossip Zadkine. En 1957, encore, l’église Saint-Christophe vient compléter la place Charles II, avec des vitraux réalisés d’après des cartons de Jean Ransy. En 1960, le Conservatoire de Musique, puis un complexe sportif constituent les dernières signatures principales à Charleroi d’un architecte fort sollicité aussi dans la périphérie (maisons particulières, immeubles industriels et administratifs, églises, etc.). Son style fluctue en fonction des époques et des commandes ; s’il se plie aux principes de l’Art Déco ou du Moderniste, il le fait en modérant l’ostentation, en restant classique dans une certaine mesure.

Une contribution aussi spectaculaire à l’aménagement de la ville de Charleroi valut à Joseph André un hommage officiel des autorités (1958). Ce fut l’occasion de rappeler que le jeune Joseph André avait pris le goût du métier aux côtés de son père, maçon de profession, avant de se former à l’architecture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1905-1908). Son mentor à l’Académie, le professeur Ernest Acker l’avait accueilli dans son bureau technique (1908-1910) et c’est là que Joseph André s’était penché sur les plans de l’exposition de Bruxelles. À partir de 1912, Charleroi devient son principal territoire d’activités. Maisons particulières et reconstruction précèdent l’occasion de son existence : Jules Cézar abandonne le chantier de l’hôtel de ville à Joseph André et donne ainsi une impulsion définitive à sa carrière.

Sources

Joseph HARDY, dans La Vie wallonne, I, 1960, n°289, p. 32-46
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), t. III, p. 372
Anne-Catherine BIOUL, dans Anne VAN LOO (dir.), Dictionnaire de l’architecture en Belgique, de 1830 à nos jours, Bruxelles, Fonds Mercator, 2003, p. 121-122
http://www.charleroi-decouverte.be/index.php?id=388 (s.v. mai 2016)