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Paape Eddy né Edouard Paape

Culture, Bande dessinée

Grivegnée  03/07/1920, Bruxelles 12/05/2012

Peut-être moins connu que Jijé ou Tillieux, que Greg ou Hubinon, Eddy Paape occupe pourtant une place majeure dans le monde de la bande dessinée notamment pour ses Histoires de l’Oncle Paul ou les aventures de Marc Dacier et celles de Luc Orient. Grand travailleur diplômé de l’Institut Saint-Luc, où il étudia la peinture, Eddy Paape a surtout appris sur le tas, ayant eu la chance de croiser la route de jeunes alors prometteurs comme Franquin, Morris ou Peyo et d’être épaulé par Jijé et Hubinon.

Entré chez Spirou en 1946, Eddy Paape reçoit d’emblée la lourde responsabilité de remplacer Jijé dans le dessin des aventures de Jean Valhardi, mission à laquelle il s’attèle jusqu’en 1954 : sur des scénarios de Jean-Michel Charlier, il emmène Valhardi dans des aventures exceptionnelles, notamment Le Château maudit, Le Rayon Super-Gamma et La Machine à conquérir le monde. Dans le même temps, Paape se cache sous le pseudonyme de Millpatt dans les colonnes de La Libre Belgique  (1953-1960).

À partir de 1951, Eddy Paape crée le personnage de L’Oncle Paul qui racontera une centaine d’Histoires pendant 15 ans. Par la suite, de nombreux autres dessinateurs reprendront la série de ce disciple de l’École de Marcinelle. Créatif à l’imagination fertile, Eddy Paape donne ensuite naissance à André Lefort dans Risque-Tout, puis à Marc Dacier dans Spirou (1958) : jusqu’en 1970, le globe-trotter connaîtra treize aventures.

À côté des personnages de bandes dessinées, Eddy Paape introduit dans Spirou des genres nouveaux : sur des textes d’Octave Joly, il réalise une biographie de Winston Churchill (1958-1959) ; dans le même temps, il est le responsable d’un espace du magazine consacré aux jeux : de 1952 à 1963, Le coin des dégourdis est animé par les personnages de Geai et Mogliw, puis vient une page didactique intitulée Le coin des curieux. Dans les années 1960, Eddy Paape poursuit ce genre particulier dans les pages de Pilote sous les pseudonymes de Milpatt et Peli.

Après avoir réalisé une série humoristique, Pathos et Setungac, avec Hubinon, dans Record (1963-1964), Paape quittera définitivement l’école de Marcinelle pour rejoindre l’équipe de Tintin (1965) : après quelques récits sous le pseudonyme de Forget, il donne naissance à Luc Orient (1966) ; rédacteur en chef du Journal de Tintin et animateur de l’École de Bruxelles, Greg est au scénario de cette série à succès : 18 titres sortent de 1969 à 1994 aux éditions du Lombard. Associé à Dûchateau, Delporte, Roze et Andréas notamment, Paape réalise d’autres séries avant de lancer, en 1988, la première de la série Les Jardins de la Peur, sur des scénarios de Jean Dufaux.

Artiste du Neuvième Art, Eddy Paape devient, en 1969, l’un des tout premiers professeurs de bandes dessinées au monde. Il enseigne à Saint-Luc Bruxelles d’abord (1969-1976), à l’Académie de Saint-Gilles ensuite (1975-1985). Parmi ses étudiants, et sans être exhaustif, certains auront plus tard une signature plus célèbre que leur maître : Philippe Berthet, Cossu, Andreas, Schuiten, voire Plantu.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Alain DE KUYSSCHE, Eddy Paape, la passion de la page d’après, Lombard, 2008
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 344-349
Francis MATTHYS, Eddy Paape, marathonien de la BD, dans La Libre, 14 mai 2012
Daniel COUVREUR, Eddy Paape, créateur de Luc Orient et premier professeur de BD en Europe, dans Le Soir, 12 mai 2012