Mockel Albert
Officier (Historique)
OUGRÉE 27.12.1866 – IXELLES 30.01.1945
Né d’un père directeur d’usine et président du conseil provincial de Liège, Albert Mockel se destine très tôt à la littérature. Etudiant à l’Université de Liège, il dirige pendant deux ans L’élan littéraire, revue qu’il rachète pour l’orienter plus librement vers ses aspirations propres.
Ainsi naît La Wallonie, revue symboliste par laquelle Mockel popularise le nom forgé, en 1844, par le magistrat et littérateur namurois, Joseph Grandgagnage à partir de l’adjectif wallon désignant depuis des siècles les habitants de langue romane de nos contrées. Le premier numéro de La Wallonie sort le 18 juin 1886 alors que son directeur n’a que vingt ans. Son objectif est clairement avoué : A nous les jeunes, les vaillants, tous ceux qui ont à cœur l’avènement littéraire de notre patrie et surtout de notre Wallonie aimée. Belle et saine, intensément originale et artiste, elle vaut que ses enfants la chantent, l’exaltent, la glorifient.
La rapide renommée internationale de cette publication contribuera de manière décisive à implanter l’appellation Wallonie dans la population. Dès l’année de sa création, le leader socialiste César de Paepe écrit ainsi que les émeutes industrielles de mars 1886 se sont propagées à travers toute la Wallonie, depuis la frontière prussienne jusqu’à Tournai. Se voulant une revue jeune, le dernier numéro paraît en 1892, en plein succès. Installé à Paris, Mockel s’adonne à la poésie et se lie d’amitié avec de grands auteurs comme Mallarmé, Gide et Valéry. Il a ainsi contribué à faire connaître la Wallonie en France.
Demeuré attentif à la question wallonne, il préconise une solution fédéraliste, dès 1897. Dénonçant « l’Âme belge », il déplore les mutilations qui sont faites à l’histoire de la Wallonie. Lors du congrès wallon de 1905, alors que les militants wallons proposent d’imposer l’enseignement du français en Flandre, il plaide, avant tout le monde, pour l’unilinguisme régional. Il donne ainsi une nouvelle dimension au Mouvement wallon qui ne tardera pas à abandonner la critique unique du flamingantisme pour proposer des solutions propres au développement de la Wallonie.
Promoteur en 1912, avec Jules Destrée, de l’Assemblée wallonne, premier parlement informel de la Wallonie, il en sera un des principaux animateurs au moment où l’auteur de la Lettre au roi devient ministre, entre 1919 et 1921.
Soucieux de laisser la place aux jeunes, Albert Mockel n’en continue pas moins de collaborer activement à de nombreuses publications du Mouvement wallon dans l’Entre-deux-guerres et accepte de parrainer quelques organisations comme la Ligue d’action wallonne ou la Concentration wallonne.
Le poète meurt à Ixelles en 1945 et ses cendres sont transférées à Liège, en 1951, où la ville lui a réservé une pelouse spéciale au cimetière de Robermont.
Albert Mockel fut fait Officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.
Orientation bibliographique : Paul DELFORGE, MOCKEL Albert, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 4663.
Freddy JORIS & Frédéric MARCHESANI, Sur les traces du Mouvement wallon, Namur, IPW, 2009, p. 46.