Yerna Jacques

Officier (Historique)

LIÈGE 24.11.1923 – LIÈGE 11.03.2003
 

Né d’une mère d’origine flamande et d’un père ouvrier qui fut secrétaire de la régionale de Liège du syndicat socialiste Gazelco, Jacques Yerna s’implique très jeune dans le combat syndical. Après des études en Sciences économiques à l’Université de Liège, terminées avec succès en 1947, cet intellectuel prend notamment une part active dans la réflexion menée par le syndicat socialiste sur les réformes de structures.

Homme de combat et de convictions, il participe activement à la mobilisation contre le retour de Léopold III en 1950, ce qui lui vaut trois semaines de prison. Contribuant à de nombreux journaux progressistes, il y fait preuve de son indépendance d’esprit, prenant parfois des positions contraires à celles décidées par sa hiérarchie. En 1959, elles lui vaudront une brouille temporaire avec André Renard.

Acteur des grèves de l’hiver 1960-1961, Jacques Yerna, devenu secrétaire national de Gazelco, rejoint le Mouvement populaire wallon (MPW) en 1962, avec l’ambition de rendre la Wallonie maître de sa situation économique. Il participe ainsi à l’ensemble des actions wallonnes, notamment la lutte contre la fixation de la frontière linguistique ou encore pour l’introduction du référendum et la constitution d’une assemblée wallonne.

Radicalement wallon, il devra, à l’instar d’autres leaders du MPW, rompre en décembre 1964 avec le Parti socialiste belge (PSB), dont l’action gouvernementale est mise en cause par les militants fédéralistes. Jacques Yerna œuvre cependant à l’unification des régionales wallonnes de la FGTB et au rapprochement avec le PSB qui se concrétisera en 1968. Cette année-là, il devient également président du MPW.
 
A ce poste, il incarne une ligne renardiste et déploie une activité intense, notamment pour réclamer la concrétisation - via l’application de l’article 107quater de la Constitution - de la régionalisation économique prévue dans la loi Terwagne. Ce leader charismatique, militant de longue date pour doter la Wallonie des moyens de son redressement, verra son combat concrétisé, en partie, avec la réforme de la Saint-Michel faisant de la Belgique un Etat fédéral en 1993.

Toute sa vie, il a œuvré à l’unité des forces progressistes, à rapprocher les familles philosophiques et à jeter des ponts entre la Wallonie, Bruxelles et la Flandre. En 1968, il est le cofondateur, avec Max Bastin, du groupe B-Y qui réunit gauches chrétienne et socialiste. Vingt ans plus tard, il déclarait encore à ce propos : J’y crois toujours … Mais ce rassemblement devrait s’élargir aux militants de la paix, de la cause des femmes, de l’écologie . Refusant toutes les formes d’exclusion, il a également soutenu le docteur Willy Peers dans son combat en faveur de la dépénalisation de l’avortement.

Jacques Yerna fut fait officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

Orientation bibliographique :

Paul DELFORGE, Yerna Jacques, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 6432.