Bovesse François

Militantisme wallon, Politique, Résistance

Namur 10/06/1890, Namur 1/02/1944

Défenseur opiniâtre de Namur – de sa ville puis de sa province –, militant wallon de la première heure, député et ministre, François Bovesse est une des figures de proue du libéralisme wallon de l’Entre-deux-Guerres, payant de sa vie les valeurs démocratiques et françaises qu’il n’a cessé de privilégier.

Poète au moment où il achève ses humanités à l’Athénée de Namur (1907), il démarre sa carrière comme employé à l’administration fiscale tout en entamant des études à l’Université de Liège. Docteur en Droit au moment même où est déclenchée la Première Guerre mondiale,  membre et fondateur de nombreux cercles étudiants et d’associations artistiques, il contribue au renouveau culturel namurois et prend conscience d’une identité wallonne. La triple identité culturelle de François Bovesse est d’ores et déjà définie : Namur, Wallonie, France. 

Dès les premiers jours de la guerre, il participe au combat du fort d’Évegnée où il est blessé. Considéré comme inapte au combat, il est réformé (novembre 1914). Il rejoint Paris avant d’être affecté à Calais à l’auditorat militaire. Nommé substitut de l’auditeur militaire provincial à Namur (janvier 1919), il doit traiter toute une série de dossiers liés à la collaboration en temps de guerre. Inscrit comme avocat au barreau de Namur en 1919, il s’impose comme une figure marquante du Parti libéral. Élu conseiller communal de Namur (1921-1937), il va surtout représenter l’arrondissement de Namur à la Chambre de 1921 à 1925. En 1925, le parti libéral ne parvient pas à imposer l’un de ses représentants à Namur. Échevin de l’État civil et des Beaux-Arts suite au décès d’Alphonse Delonnay (1927-1929), il revient au Parlement lors des élections de 1929 pour y siéger jusqu’en 1937. Durant toutes ces années, il est particulièrement actif dans les débats relatifs à l’emploi des langues dans l’Enseignement (y compris l’Université de Gand), l’Administration, l’Armée et la Justice, ainsi que pour la défense de la frontière de l’Est. Défenseur des positions wallonnes tant au sein de son parti qu’en dehors, François Bovesse réclame l’unilinguisme régional avec des dispositions intermédiaires ponctuelles, ce que définiront les lois linguistiques votées dans les années ’30.

Ministre des PTT (1931-1932), ministre de la Justice (1934-1935 et 1936-1937) et de l’Instruction publique, des Lettres et des Arts (1935-1936), il est le premier ministre en fonction à participer à un congrès wallon et est considéré comme l’homme de la Wallonie dans les gouvernements auxquels il participe. Ses passages ministériels sont marqués par des réformes importantes et durables.

Animateur de la Ligue wallonne de Namur, membre de l’Assemblée wallonne (1919-1927), Fr. Bovesse est à l’origine de l’organisation de la Fête de Wallonie, à Namur, via le Comité de Wallonie (1923). Cette fête qui connaîtra un succès progressif incontestable est l’occasion pour lui de réclamer l’égalité de droit entre Wallons et Flamands et de dénoncer les appétits flamingants. Resté ministre auprès de Paul Van Zeeland jusqu’à l’élection partielle du 11 avril 1937 qui voit le Premier ministre affronter Léon Degrelle, il marque ainsi sa volonté d’en finir avec le rexisme. Le 16 avril, Bovesse démissionne de ses mandats et est nommé gouverneur de la province de Namur.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il tente d’organiser le ravitaillement et l’approvisionnement des premiers réfugiés, à Namur d’abord, en France ensuite, où il est nommé Haut-commissaire du gouvernement belge en France (dans l’Hérault). Rentré à Namur avec le dernier train des rapatriés (septembre 1940), il est démis de ses fonctions par l’occupant qui le considère comme un chef wallon en contact avec le 2e bureau français. Ayant repris ses activités d’avocat, il est dans la ligne de mire des rexistes qui ne lui pardonnent pas son action contre eux lorsqu’il était ministre de la Justice. Arrêté et condamné par le Conseil de Guerre à six mois de forteresse en Allemagne pour outrage à l’armée allemande, il est ensuite pris à plusieurs reprises comme otage sur le train Namur-Maubeuge. 

Le 1er février 1944, François Bovesse est assassiné par des collaborateurs qu’il n’a jamais cessé de dénoncer. Malgré les interdictions, son enterrement donnera lieu à un impressionnant rassemblement de citoyens qui manifestent ainsi leur opposition à l’Ordre nouveau et surtout leur admiration à un homme qui a défendu son pays et ses libertés.

Sources

DELFORGE Paul, Encyclopédie du Mouvement wallon, t. I, Charleroi, 2000 
François Bovesse, Namur et les années sombres, 1936-1945, CCB, 1990
GAVROY Arnaud, François Bovesse, 1890-1944, Itinéraire et pensées politiques, Namur, 1990
Grands avocats de Belgique, 1984, p. 36-42
HICGUET Robert, François Bovesse 1890-1944, Paris-Bruxelles, Labor, (mars 1944)
KESTELOOT Chantal et GAVROY Arnaud, François Bovesse. Pour la défense intégrale de la Wallonie, Institut Jules Destrée Charleroi, 1988
Wallonie, le Pays et les Hommes, t. 3, p. 31-34

Mandats politiques

Conseiller communal de Namur (1921-1937)
Échevin (1927-1929)
Député (1921-1925, 1929-937)
Ministre (1931-1932, 1934-1937)
Gouverneur de Namur (1937-1944)