Papeteries du Grand Étang à La Hulpe
Aujourd’hui reconverties en bureaux, les anciennes papeteries de La Hulpe, ou du Grand Étang, trouvent leur origine en 1664. L’aile principale se dresse le long de la rue, en contrebas de l’étang. Construite en calcaire et brique blanchie, elle est constituée de trois volumes successifs couverts d’ardoises érigés entre la seconde moitié du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe siècle.
C’est à cette période que l’activité souffre des conséquences des diverses révolutions qui entraînent alors une dépression économique. Le 4 février 1803, le banquier d’origine irlandaise Daniel-Patrice Hennessy achète la manufacture en vente publique. Il renouvelle le matériel et transforme la papeterie en une usine moderne et performante. La fabrique est alors activée par moulins à eau et est divisée en deux parties autonomes, qui fabriquent du papier blanc pour l’une, et du papier bleu pour l’autre. Sous l’Empire, la plus grande partie de la production est envoyée en France afin d’approvisionner l’imprimerie impériale de Paris.
1310 La Hulpe
Frédéric MARCHESANI, 2014
G. Focant - SPW
Tannerie Beaupain à Cierreux
L’exploitation industrielle de la vallée du Glain dans la région de Gouvy remonte au XVIe siècle lorsque le comte de Salm autorise l’implantation d’un moulin banal à Cierreux. Une foulerie, édifiée vers 1762 tout à côté, a disparu dans les années 1930. En 1808, Mathieu Beaupain devient propriétaire du moulin puis maître de la ferme toute proche trois ans plus tard.
Entre 1809 et 1819, il édifie une tannerie, qui encore de nos jours est le bâtiment le plus emblématique du site. Cette haute bâtisse couverte de chèrbins a été classée comme monument en 1982. Les deux premiers niveaux sont construits en moellons alors que les trois supérieurs, réservés au stockage et au séchage des peaux, sont édifiés en pans-de-bois.
La force utile à l’activité industrielle était puisée sur le bief du moulin, quelque peu en amont ; le site est en effet caractérisé par la présence de trois petits cours d’eaux et d’une chute d’eau séparant les deux usines. Mathieu Beaupain poursuit l’exploitation des autres bâtiments et transforme la foulerie en moulin à huile.
Riche et influent, l’industriel et ses fils occupent même des fonctions communales dans la région. Jean-Guillaume Beaupain, le fils de Mathieu, est bourgmestre de Bovigny entre 1816 et 1840.
Cierreux 17
6671 Bovigny (Gouvy)
Frédéric MARCHESANI, 2014
Fabrique impériale de tapis de Tournai
La production de tapisseries de grande qualité fait la renommée de la ville de Tournai depuis la fin du Moyen Âge. Comme cela fut le cas pour bien d’autres manufactures, son sort évolue sous le régime français lorsque l’industrie est reprise par Piat François Joseph Lefebvre, qui rénove l’entreprise à partir de 1779. Après l’annexion, la manufacture emploie près de 800 ouvriers. Profitant de la vente des biens nationaux, Lefebvre achète l’ancien couvent des Clarisses sur lequel il fait édifier un nouveau bâtiment.
Parmi les clients les plus prestigieux figure l’empereur lui-même, qui commande de nombreuses tapisseries entre 1809 et 1812 parmi lesquelles le « tapis de la Légion d’honneur ou des seize cohortes », destiné au château de Fontainebleau et aujourd’hui conservé au Musée de la Légion d’honneur à Paris (les dessins préparatoires à la réalisation de cette tapisserie sont visibles au musée des arts décoratifs de Tournai. Le musée conserve également des porcelaines à l’effigie de Napoléon). L’usine emploie alors près de 5 000 ouvriers !
Réalisée à la demande de la Société Piat-Lefebvre, la façade de la fabrique présentait un caractère somptueux inhabituel pour ce genre de bâtiment. Elle fut édifiée entre 1809 et 1812 sur les plans de l’architecte du Grand-Hornu Bruno Renard, au moment où l’entreprise connaissait sa plus grande prospérité. Disparue à la fin du XIXe siècle, il n’en reste plus aujourd’hui qu’une des quatre entrées néoclassiques d’origine. Enduite de peinture, elle présente des murs à refends profonds et crossettes sous soubassement de pierre. Au centre, un portail, dont le cintre est frappé d’une clé triple, repose sur des impostes en épais bandeau. Sous la corniche figure une frise décorée de rosaces et de triglyphes.
Frédéric MARCHESANI, 2014
G. Focant © SPW
Ancienne usine Simonis de Verviers
L’ancienne usine textile Simonis est résolument un des plus beaux témoins de l’architecture industrielle du début du XIXe siècle conservé en Wallonie. Situé le long de la Vesdre, le bâtiment est le plus ancien témoin d’une époque où bon nombre de ces usines s’implantaient à cet endroit. L’entreprise, une foulerie, appartient à la famille Dauchap au XVIIIe siècle avant d’être successivement vendue à Jean-François Biolley en 1760 puis Jean-François Simonis le 23 avril 1801. Ces deux grandes familles d’industriels verviétois provoquent le déclic qui fera de Verviers une des plus importantes villes industrielles d’Europe au XIXe siècle. Dans les dernières années du siècle précédent, Biolley et Simonis désirent acheter des machines textiles anglaises mais les droits d’invention exorbitants en empêchaient l’exportation. William Cockerill enfreint cette défense et débarque avec ses deux fils sur le continent, en Russie puis en Allemagne. Il arrive à Verviers en 1799 et conclut un contrat d’exclusivité avec les familles Simonis et Biolley qui se voient réserver le monopole par le mécanicien anglais. La production explose instantanément : les machines textiles permettent en effet de remplacer deux cents bras et connaissent un important succès.
L’édifice le plus ancien des usines Simonis est érigé à la même époque, dans les premières années du XIXe siècle. De plan rectangulaire, l’usine compte sept niveaux, dont deux sous le toit, de dix-huit travées de long et trois travées de large. La façade ouest est percée au rez-de-chaussée de trois portes-fenêtres cintrées, et de baies à linteaux droits aux étages. Le long de la rue de Limbourg, la façade principale comporte des baies à linteaux droits et trois hautes portes-fenêtres à arcade en plein cintre d’une hauteur de deux niveaux à l’extrémité droite. La bâtisse, de style néoclassique, diffère des bâtiments industriels qui sont construits par la suite en Wallonie. Avant le véritable départ de la Révolution industrielle, l’architecture dans le domaine est encore très influencée par l’architecture traditionnelle régionale dont on retrouve toutes les caractéristiques ici : utilisation mêlée de brique et pierre calcaire, baies à linteaux droits, toitures mansardées la plupart du temps percées de lucarnes. L’ensemble a depuis été brillamment restauré et réaffecté en logements et constitue un bel exemple de réhabilitation d’un bâtiment industriel.
Rue de Limbourg
4800 Verviers
Frédéric MARCHESANI, 2014
Jo Van Hove
Moulin de la Biesmelle à Thuillies
Tout comme de nombreux villages de la région, Thuillies était, au Moyen Âge, une possession de la riche abbaye de Lobbes. C’est l’abbé qui y exerçait les droits seigneuriaux et qui y rendait la justice dans la ferme de la Cour. Depuis cette époque, l’activité économique est centrée sur l’élevage et l’agriculture, grâce à la présence d’importantes fermes abbatiales.
Le moulin, érigé vers 1850, a connu son heure de gloire de par sa présence fréquente sur des calendriers touristiques de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Il a remplacé d’autres édifices plus anciens, le premier moulin de l’entité étant cité dans les textes en 868. Utilisant les eaux de la Biesmelle, l’ouvrage, érigé en moellons peints sur deux niveaux et demi, est parfaitement conservé. L’étage est éclairé par cinq fenêtres à linteau droit, surmontées de cinq ouvertures en forme de demi-lune. Les roues à aube métalliques du moulin ont, elles aussi, été conservées. Il s’agit aujourd’hui d’une propriété privée qui ne se visite pas.
Rue des Commères 10
6536 Thuillies (Thuin)
Classé comme monument le 15 janvier 1990
Institut du Patrimoine wallon
Forge et menuiserie de la carrière Wincqz
Plus d’un siècle après l’arrivée de Jean Wincqz à Soignies, la famille est devenue une des plus importantes de la région.
Pierre Joseph Wincqz (1811-1817) symbolise à lui seul la réussite de cette dynastie de tailleurs de pierre et de carriers. Vers le milieu du XIXe siècle, il conquiert sans cesse de nouveaux marchés en Belgique, en France et aux Pays-Bas, mais aussi en Égypte ou en Amérique du Sud. De 1852 à sa mort, il est bourgmestre de Soignies et est élu sénateur en 1857. Ses réussites professionnelles et politiques lui permettent de hisser sa famille au premier rang de la haute bourgeoisie industrielle belge de l’époque.
La « grande carrière » Wincqz fut le premier site d’exploitation de la pierre bleue de Soignies et est constituée d’un important ensemble de bâtiments. Parmi ceux-ci se trouvent une forge et une menuiserie qui, avec le magasin à huile et clous, la remise à locomotive et le pavillon du treuil, formaient les ateliers de l’entreprise.
Le forgeron occupait une place de premier plan dans la carrière au XIXe siècle : il était chargé de la fabrication et de l’entretien des nombreux outils métalliques utilisés par les tailleurs de pierre (pointes ou broches, ciseaux, massettes…). Il s’occupait aussi de ferrer les chevaux et de réparer les machines.
Le menuisier quant à lui réalisait les maquettes en bois en vue du moulage de toutes les pièces de fonte. Son travail était fortement lié à celui du forgeron avec qui il travaillait en complémentarité.
Rue Mademoiselle Hanicq 32-40
7060 Soignies
Classés comme monument le 24 juin 1992
Institut du Patrimoine wallon
Pavillon du treuil à Soignies
Parmi les familles de carriers, celle des Wincqz connut un destin exceptionnel, et son patronyme devint rapidement synonyme de réussite. Vers 1720, Jean Wincqz quitte Feluy (Seneffe) pour s’installer à Soignies. Son fils Grégoire, maître tailleur de pierre, devient maître de carrière et marchand. En 1785, il introduit la première machine à feu dans les carrières de la région. Lui et son fils Thomas laissèrent de très nombreuses marques sur plus de 270 bâtiments répartis dans 80 localités du Hainaut, du Brabant et de Flandre.
Après la chute de Napoléon, Grégoire-Joseph Wincqz, fils de Thomas, modernisa l’entreprise qu’il avait héritée de son père. Il construisit une scierie et profita de l’arrivée du chemin de fer pour assurer l’avenir de l’entreprise. Son fils Pierre Joseph Wincqz dirigea, au plus fort de la Révolution industrielle, quatre carrières. La « grande carrière » Wincqz fut le premier site d’exploitation de la pierre bleue de Soignies et est constitué d’un important ensemble de bâtiments.
Parmi ceux-ci se trouve le pavillon du treuil, qui occupait une position centrale au sein de la grande carrière au XIXe siècle. C’est ici qu’étaient installés la machine à vapeur et le treuil destinés à assurer la traction des blocs remontant un plan incliné, qui assurait la liaison entre le fond du siège d’extraction et la surface. Le bâtiment a, par la suite, été surélevé et transformé lors de la construction de la forge et de la menuiserie adjacentes.
Rue Mademoiselle Hanicq 32-40
7060 Soignies
Classé comme monument le 24 juin 1992
Institut du Patrimoine wallon
G. Focant
Ancienne grande carrière Wincqz
La « grande carrière » Wincqz fut le premier site d’exploitation de la pierre bleue de Soignies et est constitué d’un important ensemble de bâtiments.
À l’extrémité de la rue Wincqz se trouvent douze maisons construites pour abriter les tailleurs de pierre dont les plus anciennes datent du 18e siècle et la plus récente de 1843.
Construits vers le milieu du 19e siècle, les bâtiments d’exploitation de la carrière témoignent de la réussite et du dynamisme du grand industriel Pierre-Joseph Wincqz. La grande scierie date pour sa part de 1843 et conserve en partie une haute cheminée qui témoigne de la présence d’une machine à vapeur. C’est à cet endroit que les grands blocs de pierre étaient débités avant d’être taillés. L’expansion des carrières de Soignies doit beaucoup au développement de cette nouvelle technique, ainsi qu’à la diversification du marché.
L’utilisation de « chars à blocs » pour le transport et la manipulation de la matière première explique les larges baies percées dans les pignons de cette bâtisse. Les grandes fenêtres des murs latéraux sont destinées à l’éclairage de l’atelier. La cheminée garde le souvenir de la machine à vapeur, utilisée pour l’entraînement des armures, et qui était soutenue aux angles par quatre colonnes en fonte. Les blocs étaient amenés devant les lames qui étaient actionnées par cette machine à vapeur, probablement située contre la cheminée.
Enfin, le sol comportait des rigoles qui permettaient l’évacuation de l’eau utilisée lors du sciage. La grande scierie est le bâtiment emblématique du site : un soin tout particulier a notamment été accordé à la réalisation des encadrements des baies.
Le long de la rue Mademoiselle Hanicq, les anciens ateliers rassemblaient la forge, les outils nécessaires au travail de la pierre, les ateliers de réparation des machines, la menuiserie et un magasin d’huile et de clous.
Les Wincqz avaient également construit un bâtiment destinés à abriter leurs bureaux en 1847.
Le bâtiment est caractérisé par la présence d’un monolithe monumental de 8 m de haut sur 2,53 m de large et 18 cm d’épaisseur. Ce bloc de pierre avait été sculpté, gravé et ciselé dans le but de faire la promotion de l’industrie sonégienne d’extraction de la pierre à l’exposition internationale de Paris en 1855. De bas en haut se trouvent l’emblème héraldique du pays, le « Lion Belgique », surmonté de la couronne royale, le millésime 1855 et l’inscription : « Belgique. Carrières de P.J. Wincqz à Soignies ». Cette pierre est une véritable carte de visite tendant à montrer les qualités du matériau, l’habileté des ouvriers, la puissance des engins de levage et de manutention, les grandes qualités des tailleurs de pierre, des sculpteurs et des graveurs.
Le bâtiment est un des principaux témoins de la réussite et du dynamisme de la famille Wincqz, originaire de Feluy, qui connut un destin extraordinaire au 19e siècle, synonyme de réussite tant industrielle et financière que politique et sociale.
Enfin, à une centaine de mètres, on aperçoit le bâtiment érigé en 1894 pour y abriter la centrale électrique. L’ensemble, en cours de restauration, abritera prochainement le centre des métiers de la pierre à l’initiative du Forem, de l’IPW et de l’IFAPME.
Rue Mademoiselle Hanicq 32-40
7060 Soignies
Classée comme monument et ensemble architectural le 24 juin 1992
Institut du Patrimoine wallon
SPW - G. Focant
Ancien cloître de l'abbaye du Val-Saint-Lambert
De l’église abbatiale et du cloître du Val-Saint-Lambert ne subsistent que peu des vestiges. Seule l’aile orientale a été conservée suite aux destructions opérées à la Révolution et pendant la réaffectation de l’ensemble en site industriel au XIXe siècle.
Remarquable, ce bâtiment est également le dernier témoin de la première phase de construction de l’abbaye au XIIIe siècle, bien que remanié en 1718 lors de travaux d’aménagement d’un dortoir et en 1767 avec la prolongation du quartier du boursier. Autrefois recouverte d’ardoises violettes de Fumay (Ardennes françaises) et aujourd’hui de tuiles, il s’agit d’une impressionnante construction de grès et de calcaire.
Le rez-de-chaussée gothique est ouvert de gauche à droite d’une série de baies à l’arc plus ou moins brisé. Toutes contemporaines de la construction au XIIIe siècle, elles desservent l’ancienne salle du chapitre, le parloir, l’escalier et le couloir.
À l’étage, une série de fenêtres a été percée en 1718 sous l’abbatiat de Benoît Bragard afin d’assurer un meilleur éclairage au dortoir situé à cet endroit du bâtiment. Les armoiries de cet abbé du Val-Saint-Lambert sont conservées sur une dalle millésimée située au pignon sud de l’édifice.
Appuyé au pignon nord cette fois, le quartier du boursier, daté de 1767, abritait les "services économiques" de l’abbaye.
Plus au sud se trouve la maison des étrangers, une ample construction de 1629 destinée à loger les visiteurs de passage. Enfin, sur les hauteurs du site se trouve un joli belvédère érigé en 1789 par Dom Grégoire Falla, dernier abbé du Val.
Esplanade du Val
4100 Seraing
Classé comme monument et comme site le 26 novembre 1973
Institut du Patrimoine wallon
Jo Van Hove
Palais abbatial du Val-Saint-Lambert
L’ancien palais abbatial, également appelé « château du Val », a été construit entre 1762 et 1765 à l’initiative de l’abbé Joseph de Harlez, commanditaire d’une reconstruction complète du complexe abbatial. Longtemps attribué à l’architecte Étienne Fayn, le bâtiment est toutefois l’œuvre du prolifique architecte liégeois Jean-Gilles Jacob.
Le « château » voisinait alors avec l’église abbatiale, démolie en 1802, et abritait les appartements de l’abbé et des moines. Il se compose principalement de deux ailes, au nord et à l’ouest. Le pavillon d’angle nord-ouest, réservé à l’abbé, était d’une grande somptuosité. L’édifice est typique du style néoclassique en vogue à l’époque : rigueur et harmonie dans l’architecture des façades, utilisation mêlée de briques et de pierre calcaire. Les façades sont également décorées de frontons triangulaires.
En 1825, deux industriels rachètent le site (à l’abandon depuis une trentaine d’années) afin d’y installer une cristallerie. Celle-ci occupe d’abord les bâtiments existants. Très vite, cependant, des constructions industrielles plus fonctionnelles et des logements d’ouvriers s’implantent et envahissent progressivement les bâtiments abbatiaux.
Dans sa phase d’occupation industrielle, le château a notamment accueilli les services administratifs, l’imprimerie, la bibliothèque et l’école de dessin de la cristallerie. En 1996, un projet de réaffectation du palais à des fins touristiques est étudié par la ville de Seraing et la Région wallonne. On y découvre aujourd’hui un espace muséal sur le cristal et le développement industriel de la cristallerie.
Esplanade du Val
4100 Seraing
Classé comme monument et comme site le 26 novembre 1973
Institut du Patrimoine wallon