Destenay Maurice

Militantisme wallon, Politique

Tilleur 18/02/1900, Liège 01/09/1973

Au sortir de la Grande Guerre au cours de laquelle il a réussi tant bien que mal à achever sa formation d’instituteur à l’École normale de Liège (1919), Maurice Destenay débute sa carrière d’instituteur en Allemagne (1919-1920), avant de l’exercer pendant vingt ans dans l’enseignement communal liégeois (1920-1940). Lieutenant mobilisé en mai 1940, il participe à la Campagne des Dix-huit jours et est fait prisonnier de guerre. Comme près de 65.000 autres Wallons de sa génération, il reste en captivité pendant les cinq années du conflit mondial dont, en ce qui le concerne, trente mois dans les camps disciplinaires de Colditz et Lübeck, en raison de ses activités au sein de la Ligue d’Action wallonne de Liège à la veille de la guerre.

Après la Seconde Guerre mondiale, c’est une carrière politique qui l’attend. Député de Liège élu en 1949, celui qui a présidé les Jeunesses libérales et a fait partie du bureau directeur du Parti libéral dans l’Entre-deux-Guerres, devient président national du Parti libéral durant la période du « gouvernement des gauches » et de la crise de la question scolaire (1954-1959). À ce titre, Maurice Destenay se flattait d’avoir été l’un des auteurs du fameux Pacte scolaire. Un portefeuille ministériel lui semblait promis s’il n’avait manifesté précédemment de fortes positions wallonnes, dès les années trente au sein de l’action wallonne et de l’Entente libérale wallonne et, après la Libération, au sein de Wallonie libre et du Congrès national wallon. En janvier 1950, avec d’autres parlementaires libéraux, le jeune élu déposait d’ailleurs une proposition de loi instituant une consultation populaire sur la question wallonne. En vue d’aider le Centre Harmel dans sa démarche auprès de la population, il proposait d’interroger la population wallonne sur base de la question suivante : Êtes-vous d’avis qu’il y a lieu d’accorder l’autonomie à la Flandre et à la Wallonie dans le cadre d’un État fédéral belge ? Vice-président wallon du parti libéral, il est encore amené, en 1950, à participer au règlement de la question royale dont nul n’ignore qu’il est un farouche opposant du retour de Léopold III sur le trône.

C’est par conséquent par l’intermédiaire de la ville de Liège qu’il tentera de peser sur la vie politique belge, dans la défense des intérêts wallons et liégeois. Élu conseiller communal en 1952, il devient d’emblée échevin de l’Instruction publique et des Sports (1953-1964) : il prend l’initiative, à partir de 1954, d’organiser des commémorations wallonnes annuelles à l’hôtel de ville, au mois de septembre. La même année, il crée le Prix biennal de littérature wallonne et procure des subsides au « Wallon à l’École ». En 1958, il fait organiser des cours de langue et littérature wallonnes ; en 1963, il crée le Foyer culturel wallon et fait distribuer le Chant des Wallons dans les écoles ; il assure la stabilité et la permanence de la Commission du FHMW. Vice-président du comité d’Action wallonne de Liège (1962-1964), il publie un manifeste en faveur du fédéralisme en 1963, avec la fédération libérale de Liège. Défenseur acharné du maintien des Fourons en province de Liège, il multiplie les initiatives pour faire valoir le libre choix des habitants de ces localités.

Sa désignation comme bourgmestre, en remplacement d’Auguste Buisseret malade, n’atténue pas sa détermination. Dernier libéral à exercer le mandat de bourgmestre de Liège, de 1963 à 1973, il continue de soutenir résolument la cause fouronnaise, dossier qu’il évoque notamment lors de ses discours remarqués à l’occasion des Fêtes de Wallonie. En 1969, il convainc les bourgmestres des quatre autres grandes villes wallonnes de rassembler tous les bourgmestres de Wallonie au sein d’un comité de coordination destiné à protéger les intérêts économiques et sociaux de Wallonie ; il préside cette « Conférence ». Fondateur du Centre Paul Hymans, membre du Comité Monnet pour les États-Unis d’Europe, président du Foyer culturel wallon, président d’honneur des Auteurs wallons, Maurice Destenay est un défenseur de la culture française et contribue notamment au développement du Ballet, de l’Opérette et de l’Opéra de Wallonie.

Au sein de son parti, opposé à la ligne unitariste imposée par Omer Vanaudenhove au début des années 1960, il conduit victorieusement une liste dissidente de Rassemblement liégeois autour du bourgmestre (en juin 1971). Lorsqu’il meurt en 1973, la cité liégeoise était sur le point d’organiser cinq semaines de manifestations sur le thème : Liège accueille les pays de langue française, accueillant les festivités du Mois de la Francophonie.

 

Mandats politiques

Député (1949-1965)
Ministre d’État (1966)
Conseiller communal de Liège (1952-1973)
Echevin (1953-1964)
Bourgmestre (1964-1973)

 

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 482-483