Collection privée

Hôtel de l'Europe à Liège

Appelé Grand Hôtel jusque 1923, l’hôtel de l’Europe faisait partie des nombreux bâtiments construits dans les années 1880 sur la place Verte dont le tracé avait été modifié par la ville de Liège en 1849 afin de lui donner un nouvel alignement. Construit à l’angle des anciennes place Verte et rue Joffre et aujourd’hui disparu, comme la plupart des bâtiments de la place, l’hôtel de l’Europe se dressait à l’actuel emplacement de l’îlot Saint-Michel. Cet ensemble néoclassique présentait deux façades rythmées par des pilastres engagés. Côté rue Joffre, la travée centrale était soulignée par un décrochement de la marquise, un fronton triangulaire et une toiture en pavillon (cône tronqué percé d’oeils de boeuf et sommé de ferronneries). Ce dispositif de toiture était répété aux trois angles à rue du bâtiment.

 

1927, 1929, 1930 : trois Congrès d’Action wallonne

Entre 1927 et 1930, la Ligue d’Action wallonne de Liège tiendra trois fois son Congrès dans cet hôtel encore connu dans la mémoire de certains Liégeois comme le Grand Hôtel. Le quatrième Congrès, réuni les 9 et 10 juillet 1927 dans la salle japonaise de l’hôtel, se préoccupe principalement de questions économiques : équipement de la Wallonie, union douanière avec la France et gestion du réseau wallon de canaux.

Deux ans plus tard, le sixième Congrès retrouve l’hôtel de l’Europe les 6 et 7 juillet 1929. Plus culturel que les précédents, il voit également la création d’une commission chargée de réaliser un nouveau programme pour la Ligue.

Le septième et dernier Congrès, réuni dans la salle japonaise le 6 avril 1930, se penche sur les projets établis par la commission créée l’année précédente. Après de longues discussions, les congressistes décident d’adopter une motion en faveur de la formation tant à la Chambre qu’au Sénat d’un bloc wallon uni afin de faire entendre les revendications wallonnes. Enfin, l’Action wallonne proclame le droit de la Wallonie à disposer d’elle-même si la sauvegarde de son intégrité l’exigeait.

Après la réforme de son programme à l’issue de ce septième Congrès, la Ligue d’Action wallonne se dote d’un Comité central qui, en remplaçant le Comité d’Action wallonne, va devenir l’organe directeur de la Ligue. Ce Comité central décidera la création de la Concentration wallonne et organisera son premier Congrès, toujours à Liège, à l’occasion du centenaire de l’indépendance, les 27 et 28 septembre 1930.

Carrefour de la rue Joffre et de la place Verte
4000 Liège
(Bâtiment aujourd'hui disparu)

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant

Hôtel de Grady

Construit en brique et calcaire, l’hôtel de Grady, également appelé de Sklins ou de Spirlet, est un des nombreux hôtels de maître de la rue Hors-Château. Commandité par Nicolas de Spirlet, il est composé de neuf baies rythmant les deux niveaux qui posent sur un haut soubassement en pierre. Les trois travées centrales sont couronnées d’un fronton triangulaire qui présente une allégorie des fonctions de conseiller. Un porche cintré s’ouvre vers la cour intérieure bordée de bâtiments. La façade porte le millésime de 1765. L’hôtel de Grady illustre la richesse du statut social de cette artère liégeoise au XVIIIe siècle. La beauté de ses décors intérieurs, notamment des peintures de Henri Deprez, stucs, boiseries et cheminées, traduit le raffinement de l’art de vivre à l’époque. Actuellement, l’hôtel de Grady abrite une partie de l’École d’hôtellerie de Liège.

 

1935 : la Maison wallonne de Liège

Fondée en 1930, la Maison wallonne de Liège s’inscrit dans un mouvement né après la Première Guerre mondiale. La première association du genre avait été créée à Bruxelles en 1921, et de grandes villes wallonnes avaient suivi. Les diverses associations wallonnes pouvaient se retrouver dans ces maisons, mettre en commun leurs initiatives et développer ensemble leurs activités. Prenant la forme d’une coopérative, la Maison wallonne de Liège naît donc au moment de l’exposition internationale de 1930, organisée à Liège à l’occasion du centenaire de l’indépendance. Installée en premier lieu sur le boulevard de la Sauvenière, la Maison wallonne déménage en 1935, en Hors-Château, dans l’hôtel de Grady. Une association des Amis de la Maison wallonne prendra alors la suite de la coopérative. Composée de responsables issus des milieux culturels wallons, elle est ouverte à tous. Pourtant, en raison de tensions avec le Front démocratique wallon, elle sera contrainte de fermer peu avant la guerre : les Amis restent ensuite actifs, mais la Maison wallonne n’existe plus. Il faudra attendre le 13 avril 1957 pour que soit inaugurée une Nouvelle Maison wallonne, au boulevard de la Sauvenière, qui restera ouverte jusqu’en 1998.


 

 

1938 : l’assemblée de la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie 

Réunis le samedi 11 juin 1938 autour du président de la Concentration wallonne, l’abbé Jules Mahieu, sept militants wallons décident de créer une société savante, la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie. Les premiers travaux de la société sont prolifiques : cinq assemblées sont organisées en deux ans, dont la première à l’hôtel Cosmopolite de Namur. La seconde se tient à Liège, dans les locaux de la Maison wallonne, le 29 octobre 1938, toujours sous la présidence de Jules Mahieu. On y signe l’acte constitutif de l’association. Trois personnalités d’envergure se trouveront à la tête de celle-ci : Jules Mahieu (président), Maurice Bologne (secrétaire) et Robert Grafé (administrateur). La société présente son programme et son but principal : par des communications et des publications, faire connaître l’histoire de la Wallonie au peuple wallon. En 1960, la Société deviendra l’Institut Jules Destrée, toujours en activité actuellement.

Rue Hors-Château 5
4000 Liège

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Monument aux victimes de Grâce-Berleur

 

Érigé en 1952 en mémoire des victimes de la fusillade du 30 juillet 1950, le monument de Grâce-Berleur rappelle un épisode tragique de l’affaire royale, lorsqu’une manifestation contre le retour de Léopold III organisée à Grâce-Berl

eur, sur les hauteurs de Liège, place des Martyrs de la Résistance, tourna à l’affrontement. Six cents personnes manifestaient quand, arrivés sur place, les gendarmes tentèrent de disperser les manifestants et arrêtèrent le député socialiste Simon Pâque, ainsi que le bourgmestre de Grâce-Berleur, Arthur Samson. Plusieurs manifestants protestaient contre ces arrestations quand la gendarmerie fit feu et abattit quatre hommes, Albert Houbrechts, Henri Vervaeren, Joseph Thomas et, cent mètres plus loin alors qu’il observait la manifestation sans y avoir pris part, Pierre Cerepana.

Les funérailles des victimes furent suivies par des dizaines de milliers de personnes, dont plusieurs personnalités politiques wallonnes : André Renard, Joseph Merlot, Auguste Buisseret… Le cortège était précédé d’un drapeau wallon.

Outre l’imposant monument d’hommage, cinq plaques commémorent l’événement. Le 2 février 1951, un comité incluant André Renard est créé, dans le but de réaliser un monument d’envergure. Ce comité installera une plaque sur la maison devant laquelle les trois premières victimes tombèrent. Réalisée par le sculpteur français Marceau Gillard, elle fut inaugurée le 29 juillet 1951. Dans les pavés du trottoir, aux endroits exacts où périrent les victimes, le Comité fit également sceller quatre plaques figurant leur nom, toujours en place aujourd’hui.

L’imposant monument, inauguré l’année suivante, représente la classe ouvrière symbolisée par un colosse se raidissant à la vue de la perte de ses camarades, figurés de part et d’autre sur deux bas-reliefs sur lesquels apparaissent la date de 1950 et les noms des victimes. Sous le colosse, une simple phrase : « Frères, salut ». C’est devant ce monument qu’un hommage est rendu aux victimes, sans interruption jusqu’en 1997. Organisé par le mouvement socialiste, cet hommage verra par deux fois la participation du Mouvement wallon : « Wallonie libre » et le « Congrès national wallon » participent à la cérémonie en 1957, « Wallonie Région d’Europe » en 1990.

Le Mouvement wallon avait joué un rôle important dans la question royale. On sait que les partis laïcs et progressistes en général étaient opposés à ce que Léopold III puisse poursuivre son règne après avoir adopté durant la guerre une attitude qu’ils estimaient critiquable. Comme dans la question de l’amnistie aux collaborateurs, Flandre et Wallonie allaient se diviser autour du chef d’État. Une consultation populaire fut organisée le 12 mars 1950, les électeurs étant invités à se prononcer sur la reprise par le roi de ses pouvoirs constitutionnels : une majorité de 57,5 % se dégagea en faveur de Léopold III dans l’ensemble du pays. Mais, si les « oui » l’emportaient très largement en Flandre (72 %), la Wallonie avait, elle, voté « non » à 58 %. Le gouvernement organisa le retour du roi au pays, sans tenir compte de l’hostilité wallonne. Les forces syndicales et politiques de gauche déployèrent une activité intense en Wallonie (manifestations, grèves après le retour du roi en juillet) jusqu’à ce que Léopold consente à s’effacer en faveur de son fils.

Dès 1949, au cours d’une assemblée tenue à Liège les 1er et 2 octobre, le Congrès national wallon avait pris parti dans la question léopoldienne en exigeant que, en cas de consultation populaire, le dépouillement soit effectué de manière régionale, ce qui fut fait sur l’insistance du militant libéral wallon Jean Rey, qui participait au gouvernement. Un congrès extraordinaire fut convoqué à Charleroi, le 26 mars 1950, avec pour seul objet l’attitude à adopter dans l’affaire royale. Avec des modalités diverses, tous les orateurs exprimèrent leur opposition à Léopold III ; une résolution très dure fut adoptée. Par la suite, les militants des mouvements wallons, les Comités régionaux d’Action wallonne participèrent activement à la campagne antiléopoldiste évoquée ci-dessus. Celle-ci fut placée sous le signe de la Wallonie et la lutte pour l’autonomie fut progressivement associée dans les manifestations et les discours à celle pour l’abdication de Léopold III.

Le 26 juillet 1950, le président du Congrès national wallon, Joseph Merlot, évoqua l’éventualité d’une convocation d’États généraux de Wallonie si le roi ne se retirait pas. Mais, dès ce retrait (1er août), les dirigeants des partis firent en sorte que le mouvement ne se poursuive pas sur la revendication autonomiste. Bien des militants wallons qui avaient espéré beaucoup de cette période insurrectionnelle en furent déçus. Au moins les événements de 1950 firentils progresser la conscience wallonne dans les masses. À cet égard, il faut souligner que c’est au cours du Congrès wallon du 26 mars 1950 qu’eut lieu la première rencontre entre ce dernier et le leader syndical liégeois André Renard, qui apporta au mouvement wallon « l’adhésion de 85.000 travailleurs ». 

Rue Joseph Heusdens 24
4460 Grâce-Hollogne

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Plaques parc de la Dodaine

Lieu de rencontre important de la vie nivelloise, le parc de la Dodaine abrite, dans son jardin central, trois plaques commémoratives d’artistes wallons nivellois. Au cours des hommages rendus par le Mouvement wallon dans la cité brabançonne, ces plaques furent toujours une étape de leur pèlerinage.

Plaque en mémoire de Franz Dewandelaer

Né le 20 mai 1909, Franz Dewandelaer découvre la poésie wallonne sur les bancs de l’école primaire ; il reçoit son premier prix en 1930. Poète dialectal, il écrit à la fois en français et en wallon. Membre du Congrès national wallon, il se présente sur les listes électorales du Parti d’Unité wallonne en 1949. Il décède le 23 août 1952. Un quatrain en wallon issu de son recueil de poèmes dialectaux Bouquet tout fait est inscrit sur sa plaque commémorative.

 

 

Plaque en mémoire du comte Albert du Bois

Poète et dramaturge, Albert du Bois est né le 4 septembre 1872. Après des études de droit et un passage à l’Ambassade de Belgique à Londres, il publie en 1903 Le catéchisme wallon, œuvre marquante dans laquelle il affirme son attachement à ses racines latines et défend ardemment la culture wallonne. Il s’impose rapidement comme une figure de proue du Mouvement wallon au même titre que ses contemporains Albert Mockel et Jules Destrée. Il participe au Congrès wallon de 1905 et fonde Le Réveil wallon, journal hebdomadaire, en 1907. Il participe à l’érection du monument de Jemappes et représente l’arrondissement de Nivelles à l’Assemblée wallonne. Il meurt le 3 décembre 1940, et son corps repose dans le caveau familial du château d’Écaussinnes-d’Enghien. La plaque commémorative rappelle qu’il fut un « précurseur duMouvement wallon » et précise son attachement à la culture latine et à la versification : « Il aima passionnément la musique du vers français et défendit la culture latine. »

 

Plaque en mémoire de Paul Collet

Né le 29 juillet 1889, docteur en droit, homme de lettres et également un des meilleurs dessinateurs-graveurs de son époque, Paul Collet mène en parallèle un combat pour la Wallonie. Fondateur et principal rédacteur de la revue Le Roman païs de Brabant, il crée le comité des Fêtes de Wallonie de Nivelles en 1928, à l’exemple de ce que venait de faire François Bovesse à Namur. Membre de l’Assemblée wallonne, il participe aussi au premier Congrès culturel wallon de 1938, mais son engagement politique l’a alors mené au Parlement en tant que député rexiste de l’arrondissement de Nivelles. Non réélu en 1939, il quitte Degrelle et il rejoint les rangs du comité nivellois de Wallonie libre en août 1944. Il est encore président du comité nivellois des fêtes de Wallonie et membre du Congrès national wallon. Il meurt à Nivelles le 22 juillet 1952. La plaque commémorative fut installée par la Ville dans le parc de la Dodaine en 1967. Elle rappelle l’attachement de Collet à la Wallonie : « À Paul Collet 1889-1952, avocat, homme de lettres, imagier de Nivelles et du Roman Pays de Brabant, défenseur de la terre wallonne et de la pensée française. » Les Fêtes de Wallonie de 1989 furent l’occasion pour la ville de commémorer le centième anniversaire de la naissance de Collet. La plaque comporte également une reproduction d’une gravure de Paul Collet, ainsi qu’un drapeau aux couleurs françaises, tout comme cela est le cas pour la plaque dédiée à Franz Dewandelaer.

Parc de la Dodaine
1400 Nivelles

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Monuments du parc communal de La Louvière

Inauguré en 1898 non loin du centre-ville, le parc communal de La Louvière accueille trois monuments rendant hommage aux artistes wallons.

Un mémorial dédié à l’auteur-compositeur wallon Léopold Dupuis se trouve en bordure de la rue Warocqué. Né à Saint-Vaast le 27 mars 1859 et mort à La Louvière le 9 janvier 1932, il était surnommé Vî-Stou. Compositeur attaché pendant plus de quarante ans à la faïencerie Boch, il nous laisse des œuvres variées et nombreuses, très appréciées du public. En 1912, il crée le journal wallon Wallonia et El’ mouchon d’Aunias auquel il collaborera jusqu’à sa mort. Il y publiera notamment un glossaire du wallon du Centre. Auteur de deux opérettes et de pièces de théâtre, il en a composé toutes les musiques. Le monument lui rendant hommage a été érigé en 1934 à l’initiative du Mouchon d’Aunias et comporte un buste de Dupuis réalisé par Hector Brognon (1888-1977), sculpteur originaire de Bois-d’Haine et créateur de plusieurs monuments commémoratifs dans le Hainaut. Sous ce buste, une inscription : « Hommage de la Wallonie à Vî-Stou (Léopold Dupuis), littérateur – poète – musicien wallon (1859-1932) ».

Face à ce mémorial, un petit monument rend hommage au chanteur wallon Maurice Roland. Érigé à l’initiative du groupement wallon Les scryeus du Centre, il se présente sous la forme d’un petit banc dont le nom est  « le banc de la chanson wallonne » et d’une stèle comportant une inscription en wallon : « Banc del canson walone al memwâre du fel canteû Maurice Roland ».

Enfin, à quelques mètres de ces deux monuments, un troisième rend pour sa part hommage aux auteurs et interprètes wallons du Centre. Érigé en 1962 pour les cinquante ans de la revue El’ mouchon d’Aunias, il consiste en une sculpture en bronze réalisée par l’artiste louviéroise Louise Nopère (née en 1933), spécialiste des figures de jeunes filles. Elle représente une jeune femme en tablier, levant les yeux au ciel et tenant un coq dans ses bras.

À quelques mètres du parc, l’immeuble faisant le coin de la rue Arthur Warocqué et de l’avenue Rêve d’or conserve une plaque rendant hommage à Paul Pastur. Comportant un blason, elle nous indique que « cette maison, inaugurée le 9 juillet 1939, perpétue l’œuvre de Paul Pastur, père des loisirs du travailleur. »

Rue Arthur Warocqué
7100 La Louvière

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant

Coqs de l'Elysette

« Le coq wallon » qui se trouve à proximité du bassin du jardin de l’Élysette à Namur, siège du Gouvernement wallon, est une commande du Ministre-Président (de 1994 à 1999) Robert Collignon (en remplacement de L’Envol de la Wallonie de René Julien, finalement installé à Liège quai Van Beneden). Cette audacieuse sculpture monumentale en métal est l’oeuvre du couple franco-belge Léon et Peggy de Pas, installé à Chaumont-Gistoux. Salvador Dali, entre autres, admirait beaucoup l’art de Léon de Pas, né en 1925, dont les créations sont exposées dans des dizaines de pays différents.

Un autre coq en bronze, posé sur une reproduction en pierre de la carte de Wallonie, se trouve à l’arrière du bâtiment de l’Élysette. Il est l’oeuvre du sculpteur Martin Guyaux.

Rue Mazy 27

5100 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant (SPW)

Ancien couvent des Célestines

Bâti entre 1635 et 1658, le couvent namurois des soeurs Célestines formait un vaste ensemble dont l’aile principale abritait la salle capitulaire, le réfectoire, etc. La façade principale compte une dizaine de travées sur deux niveaux et est édifiée en brique et pierre bleue. Très sobre, le bâtiment constitue un bel exemple d’architecture traditionnelle mosane. Le monastère ou du moins son aile centrale, la seule qui subsiste, connut diverses affectations après la Révolution française, la dernière étant de servir de réserve aux ateliers communaux. Dans le cadre de la vaste campagne de réhabilitation de l’îlot des Célestines et du quartier lui-même, l’aile centrale de l’ancien couvent fut restaurée par les architectes Christian Dejardin et Jean-Pierre Wargnies (de l’Atelier de l’Arbre d’Or), à la fin des années 1990, tandis que les architectes Olivier De Sorgher et Nicolas Giomorey (du Bureau Dupont) restaurèrent plus tard, eux, pour l’IPW l’édifice non classé construit au xixe siècle à l’emplacement de l’ancienne entrée du couvent.

Dix ans, trois Ministres, trois partis

Inauguré en février 1998, l’ancien couvent des Célestines abrite à partir de 2004 le cabinet du Ministre socialiste de l’Économie, de l’Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine Jean-Claude Marcourt. Avant celui-ci, les lieux avaient accueilli le cabinet du Ministre de l’Environnement, des Ressources naturelles et de l’Agriculture, le social-chrétien Guy Lutgen (1998-1999), puis celui du libéral Michel Foret, Ministre de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et de l’Environnement (1999-2004).

Le siège de l’Institut du Patrimoine wallon

À quelques mètres à peine du cabinet ministériel, le siège central de l’Institut du Patrimoine wallon se situe depuis mars 2002 dans une maison de maître néoclassique construite au xixe siècle à l’emplacement de l’ancienne conciergerie du couvent des Célestines. Cet immeuble avait servi de bureaux à la ville de Namur jusqu’à son rachat par la Région en même temps que l’ancien couvent. Les architectes chargés de sa réaffectation ont habilement installé quatre niveaux et demi de locaux dans un espace qui n’en comptait que deux auparavant, tout en respectant la structure et le caractère de l’édifice.

Le siège de l’Union des Villes et Communes

À deux pas de l’ancien couvent, de l’autre côté de la rue de l’Étoile (no 4) et face aux anciens bâtiments du moulin du même nom intégrés dans le projet de cabinet ministériel, le nouveau siège de l’Union des Villes et Communes de Wallonie se trouve dans une construction contemporaine de qualité, audacieuse de modernité, nichée dans un très bel espace vert. Conçu par l’architecte Wargnies de l’Atelier de l’Arbre d’Or, ce bâtiment a été inauguré le 22 juin 2004.

Architecture

Il s’agit d’une bâtisse traditionnelle en brique et pierre bleue, conservant aux deux niveaux des fenêtres à croisées et à queues de pierre. À gauche, les fenêtres du rez-de-chaussée présentent un linteau bombé à clé. À l’extrême droite s’étend une large zone remaniée, à l’exception cependant du reste d’une porte originelle. Celle-ci possède des montants chainés taillés obliquement, terminés par un congé. 

Notons les grandes ancres en Y, les harpes d’angle et la corniche de pierre en doucine. On suppose une réfection du pignon au XVIIIe siècle. Lors des remaniements des XIXe et XXe siècles, certaines croisées ont été supprimées et certaines fenêtres transformées en porte.

Place des Célestines
5000 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

G. Focant - SPW 

Sources de l'Oise

Rivière du nord de la France longue de 302 km et affluent de la Seine, l’Oise prend sa source dans le massif forestier de la Fagne, dans la province du Hainaut.

Alors que l’Oise prend réellement sa source dans la localité de Bourlers (sur la commune de Chimay aujourd’hui), des militants wallons préfèreront la situer à Macquenoise (entité de la commune de Momignies), non loin de Chimay également, pour des raisons toponymiques et organisèrent là et non à Bourlers un événement militant. À l’initiative de l’Avant-Garde wallonne, une manifestation hautement symbolique se déroula pendant quatre années, en mai, de 1958 à 1961, sur le petit pont traversant l’Oise : les participants se regroupaient ainsi au pied d’une rivière prenant sa source en terre wallonne pour couler vers la France et se jeter dans la Seine. Évoquant le premier rassemblement, on peut d’ailleurs lire dans Wallonie libre : « L’Oise qui naît en Wallonie et reflète les paysages de la France est le symbole de l’union des coeurs et des esprits
des Filles et des Fils de la grande famille française ». Durant ce rassemblement, les participants affirmèrent leur fidélité et leur appartenance à la civilisation française.

6464 Chimay (Momignies)

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

G. Focant SPW

Statue Envol de la Wallonie

OEuvre monumentale (de 5 m de haut) en bronze, du sculpteur René Julien (né à Liège en 1937 mais installé dans le Lubéron), L’Envol de la Wallonie est symbolisé par deux jeunes filles jouant à saute-mouton. Cette allégorie avait été commandée par le Gouvernement wallon à la demande du Ministre-Président Guy Spitaels peu après son entrée en fonction en 1992 et elle devait prendre place dans les jardins de l’Élysette. 

L’oeuvre fut achevée alors que Guy Spitaels avait été remplacé à la tête de la Région par Robert Collignon (Ministre-Président de 1994 à 1999) et celui-ci préféra intégrer cette réalisation dans le cadre des aménagements piétonniers des quais de la Meuse à Liège (où elle trouva place en 1997), pour réserver l’emplacement prévu dans les jardins de l’Élysette à un coq monumental commandé aux artistes De Pas.

Quai Van Beneden
4000 Liège

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

G. Focant SPW

Élysette

Située à Jambes, en bord de Meuse, cette demeure privée fut construite en 1877 par Xavier Thibaut-Éloin, maître-tanneur, à la place d’une précédente habitation à cet endroit. De plan rectangulaire, elle s’élève sur trois niveaux. Le « château Thibaut » sera revendu en 1923 et occupé par plusieurs propriétaires dont le bourgmestre de Jambes Raymond Materne dans les années 1960 avant de devenir propriété publique. Rénové dans les années 1990, l’édifice changea peu à l’extérieur, à l’exception d’un étage supplémentaire, ajouté au volume central. L’intérieur fut, quant à lui, entièrement rénové et le parc se trouvant à l’arrière, totalement aménagé.

La présidence de l’Exécutif wallon

Appartenant jusqu’alors à la ville de Namur qui en avait « hérité » de la commune de Jambes, la « Maison jamboise » est acquise par l’Exécutif régional dès 1985 afin d’y installer un cabinet ministériel, mais le changement de coalition à la fin de cette même année reporte sine die la concrétisation de ce projet. Il ne sera réactivé qu’après le retour du PS au pouvoir, par l’Exécutif dirigé par le Namurois Bernard Anselme, qui prévoit d’y installer son propre cabinet. À ce moment, le bâtiment est inoccupé et s’est dégradé lentement, un incendie l’a même ravagé en 1988. La réhabilitation du bâtiment est confiée à l’architecte Francis Haulot et
les travaux durent ensuite une année environ. Le siège de la présidence de la Région est inauguré le 7 juin 1991. Il comporte quatre niveaux : au rez-de-chaussée se trouvent notamment les salles de réception des hôtes de la Région ainsi que la salle réservée aux réunions du Conseil des ministres ; le premier étage abrite le bureau du Ministre-Président, des secrétariats et une salle de réunion. De l’autre côté du parc, de vastes bâtiments abritent les services du cabinet proprement dit.

Depuis Bernard Anselme en 1991 et jusqu’au printemps 2009, cinq Ministres-Présidents se sont succédés dans les lieux : Guy Spitaels (de janvier 1992 à janvier 1994) dont l’arrivée eut pour effet collatéral inattendu le surnom d’Élysette donné par la presse au bâtiment et qui lui est resté, Robert Collignon (1994-1999), Elio Di Rupo (1999-2000 et 2005-2007), Jean-Claude Van Cauwenberghe (2000-2005) et Rudy Demotte (été 2007).

"Sous la présence tutélaire d’une citadelle désormais grande ouverte, le désespoir ne règne pas au coeur de la Présidence. Par les larges baies de la Maison jamboise, un soleil plus ardent semble jaillir, en mille reflets changeants, d’une Meuse empressée de retrouver sa Sambre. Non loin au confluent des artères wallonnes, dans une onde faussement nonchalante, un bâtiment – le Parlement – se mire, sobre et majestueux comme la fonction qu’ il incarne. Face à face, solidement établis dans leur capitale namuroise, exécutif et législatif wallons semblent s’adresser un regard complice, un regard résolument tourné vers l’avenir". Témoignage de Jean-Claude Van Cauwenberghe, in L’Aventure régionale, p. 315. 

Rue Mazy 25-27
5100 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009