Frédéric MARCHESANI, 2013

Le château de la Royère

Sous l’Ancien Régime, le territoire de l’actuelle localité de Néchin était partagé entre trois états différents : la seigneurie de Lobel relevait de la châtellenie de Courtrai (comté de Flandre), la seigneurie de la Royère de la châtellenie de Lille (royaume de France) et le reste du territoire appartenait au Tournaisis. Au Moyen Âge, la Royère est possession du comté de Flandre avant d’être annexée à la France suite à l’entrée de Louis XIV dans Tournai en 1667. En 1769, la seigneurie est cédée aux Pays-Bas par la Convention des Limites et rattachée au Tournaisis en 1779.

Propriété du grand bailli de Flandre Arnould IV d’Audenarde au XIIIe siècle puis de la comtesse Marguerite de Flandre et ensuite de la famille de Cysoing au XIVe siècle, le château de la Royère passa aux princes de Ligne à la fin du XVIe siècle, jusqu’à la date probable de son abandon en 1668 après l’annexion française. Aujourd’hui en ruines et toujours ceinturée de douves, la forteresse construite en calcaire remonte sans doute au XVe siècle. Elle forme un décagone flanqué d’un châtelet d’entrée défendu par deux tours semi-circulaires et renforcé de quatre tours d’angle similaires alternant avec cinq échauguettes, aveugles comme les courtines. Le plan du château constitue un type de tracé assez rare dans nos régions ; il pourrait dater du Bas Moyen Âge et a certainement remplacé un édifice plus ancien cité dans les textes en 1227 et ne pouvant adopter un tel plan pour l’époque.

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Château de la Royère
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La citadelle

L’année même de l’annexion en 1668, les Français décident de construire une citadelle, sur les plans de l’ingénieur Deshoulières et dont les travaux sont conduits par de Mesgrigny, directeur des fortifications de Flandre. À partir de 1671, l’enceinte urbaine est renforcée d’un système de bastions en demi-lunes dont nous ne conservons rien aujourd’hui. La citadelle tombe aux mains des Hollandais en 1709 et sera reprise par Louis XV en 1745 ; fortement endommagée, elle reste en ruines jusque 1789. Autrichiens et Hollandais la restaurent avant que les fortifications ne soient abandonnées après l’indépendance de la Belgique ; le démantèlement est entamé en 1869. Aujourd’hui, seuls peu de témoins de cette citadelle sont conservés : des vestiges d’Ancien Régime subsistent l’ancienne porte Royale (courtine nord), le flanc droit de l’ancien bastion d’Orléans et le flanc gauche du bastion du Roi.

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Citadelle
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Le château d’Henri VIII

Ce château, dont seule une tour subsiste, témoigne de l’occupation par les troupes anglaises de la ville de Tournai à partir de 1513. L’hostilité de la population face à cet envahisseur d’Outre-Manche poussera le gouverneur anglais de la place à construire un château sur la rive droite de l’Escaut entre 1515 et 1518. La tour Henri VIII, seule partie encore debout, est un imposant édifice de plan circulaire, ceinturé d’une solide muraille et couronné d’un larmier. Rarissime exemple d’architecture anglaise dans nos régions, la tour abrite notamment une cheminée de style Tudor.

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Château d’Henri VIII
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La halle aux draps

Bel édifice de style Renaissance, l’ancienne halle aux draps a été construite en 1610-1611 par l’architecte Quentin Ratte, sur les plans du peintre Jacques van den Steen ; le Gantois Gérard Spelbault ajoutera à l’ensemble une vaste cour à galerie avec étage d’appartements en 1616. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le bâtiment a été reconstruit suite à un écroulement. La façade principale, sur la Grand-Place de Tournai, est haute de deux niveaux en pierre bleue sur onze travées délimitées par des colonnes toscanes et ioniques. Sous l’Ancien Régime, les États du Tournaisis se réunissaient occasionnellement dans le bâtiment.

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Halle aux draps
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L’hôtel du baillage de Tournai-Tournaisis

Sur la Grand-Place subsiste une des deux maisons de l’ancien baillage construites en 1612. De style Renaissance, la façade présente un pignon avec rampants concaves et courbes. Le siège du baillage avait primitivement été fixé au hameau de Maire à Froyennes avant d’être transféré en 1539 dans une maison de la Grand-Place, nommée « la Couronne ». Appelée également « halle du Roy », elle était ornée des armes des archiducs Albert et Isabelle. L’immeuble fut reconstruit au XVIIe siècle et comportait deux maisons détruites pendant la Première Guerre mondiale. L’une d’elles a été remplacée par un bâtiment moderne en 1930 et l’autre reconstruite dans un style assez libre à la même époque. On y retrouve sur la façade les armes de Charles Quint à la Toison d’Or.

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Hôtel du baillage de Tournai-Tournaisis
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Le siège des États du Tournaisis

En 1734, une élégante bâtisse est construite dans l’aile nord-ouest de l’évêché, situé à quelques pas de la cathédrale, dans le but d’y installer le siège des États du Tournaisis. De l’édifice lourdement endommagé au cours de la Seconde Guerre mondiale ne subsiste que la façade à rue, construite en briques et pierre sur quatorze travées de deux niveaux. La travée centrale est encadrée de pilastres et présente une large porte sous un arc en plein cintre. La composition est richement décorée : feuillages, coquille, cornes d’abondance, fleurs.

Ce palais prolonge le palais épiscopal, non loin de la cathédrale et témoigne encore de nos jours de l’importance de l’évêque de Tournai qui, sous l’Ancien Régime, était président en titre des États. Détachés progressivement des États du comté de Flandre, les États de Tournai-Tournaisis évoluent progressivement tout au long du XVIe siècle. Leurs délibérations sont enregistrées officiellement pour la première fois en 1556 et des députés de Tournai seront nommés pour représenter le baillage aux États généraux à partir de 1560. Un sceau leur est accordé en 1577. Leur compétence, fiscale au départ (voter les impôts), devint ensuite financière, politique (inaugurer le souverain par exemple), sociale et économique.

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Siège des États du Tournaisis
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Quatre lieux évoquant les États de Tournai-Tournaisis La cathédrale Notre-Dame

La borne des États de Tournai-Tournaisis au pied de la cathédrale. © IPW

La borne des États de Tournai-Tournaisis au pied de la cathédrale. © IPW

Tournai devint cité épiscopale dans les premières heures du Moyen Âge ; on situe l’édification d’une première cathédrale vers l’an 500. L’évêque fut de tout temps étroitement lié au pouvoir : entre 630 et 1146, l’évêché de Tournai est uni à celui de Noyon et son chef spirituel porte le titre de comte, représentant personnel du roi. Après 1146, Tournai retrouva son propre évêque alors que le pouvoir laïque prit le dessus lorsque la ville fut rattachée au royaume de France et reçut une charte de franchise de la part de Philippe Auguste. Par la suite, la cathédrale resta au centre de la vie politique du baillage de Tournai-Tournaisis sous le régime espagnol. En 1531, pour marquer l’importance qu’il conférait à Tournai récemment annexée, Charles Quint choisit la cathédrale Notre-Dame pour y réunir le vingtième chapitre de l’ordre de la Toison d’Or qui n’avait plus été convoqué depuis douze ans. C’est également à Notre-Dame que furent conservés sous l’Ancien Régime les papiers des États du Tournaisis, siégeant à quelques pas de là 20. Située contre le flanc sud de la cathédrale, une borne des États de Tournaisis taillée dans la pierre et datée du XVIIe siècle rappelle elle aussi l’existence et l’importance de la principale institution tournaisienne à l’Époque moderne. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la cathédrale de Tournai est exceptionnelle à plus d’un égard. D’une beauté et d’une ampleur remarquables, elle s’élève au cœur même de l’ancienne cité, sur une petite colline qui surmonte les quartiers riverains de l’Escaut. Sa silhouette ponctuée de cinq hautes tours domine son environnement sur une vaste étendue. Entièrement édifiée en pierre de Tournai, elle présente diverses parties d’époques différentes et combine ainsi une nef romane du XIIe siècle et un chœur gothique du XIIIe siècle reliés par un transept dont le style marque la transition.

Vue intérieure de la cathédrale de Tournai. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Vue intérieure de la cathédrale de Tournai. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

 

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Lieux évoquant les États de Tournai-Tournaisis La cathédrale Notre-Dame
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La borne des États de Tournai-Tournaisis au pied de la cathédrale. © IPW
Vue intérieure de la cathédrale de Tournai. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine
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La maison « à l’Empereur »

Créé en 1251 et détaché de Fourons-le-Comte, le ban d’Aubel faisait partie du comté de Dalhem, rattaché au duché de Brabant depuis 1239. Resté aux Pays-Bas espagnols après le partage de 1661, Aubel et les autres localités du Dalhem espagnol, passèrent aux Pays-Bas autrichiens en 1713. La seigneurie hautaine d’Aubel et sa cour de justice appartenaient directement au roi d’Espagne avant d’être vendue en 1645 par Philippe IV.

Sur la place Ernst, au centre de la localité, la maison dite « à l’empereur » témoigne de l’appartenance d’Aubel et des pays d’Outremeuse aux Habsbourgs d’Autriche depuis le traité d’Utrecht ayant mis fin à la guerre de succession d’Espagne. Cette maison construite dans le derniers tiers du XVIIIe siècle en briques et calcaire sur quatre niveaux de hauteur dégressive conserve une enseigne sculptée d’un buste de profil au-dessus de la banderole gravée « À L’EMPEREUR ». Elle est intégrée à la façade du rez-de-chaussée, malheureusement transformé depuis ; il pourrait s’agir d’une représentation de l’empereur Joseph II, selon toute vraisemblance, la construction de l’édifice étant contemporaine de son règne.

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Maison « à l’Empereur »
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L’ancienne cour de justice

La représentation de la colombe du Saint-Esprit dans l’ancienne cour de justice de Richelle. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

La représentation de la colombe du Saint-Esprit dans l’ancienne cour de justice de Richelle. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Richelle était sous l’Ancien Régime une seigneurie ecclésiastique sur laquelle le drossard exerçait les droits de haut-avoué au nom du duc de Brabant. Cette terre appartenait au chapitre de Notre-Dame d’Aix-la-Chapelle. La seigneurie hautaine du village appartenait toutefois au comte de Dalhem puis à ses successeurs de Limbourg, Brabant, Bourgogne, Espagne et Autriche. En 1661, le village fut compris dans les possessions des pays d’Outremeuse attribués aux Provinces-Unies et ne revint aux Pays-Bas autrichiens qu’en 1785.

Non loin de l’église se trouve le siège de l’ancienne Cour de justice de Richelle. Il s’agit d’une ferme des XVIIe et XVIIIe siècles, remaniée par la suite, s’ouvrant par un portail en calcaire de 1745 et portant les armes de Jean-Mathias d’Odémont, maïeur de Richelle et de Mortier et receveur des États du comté de Dalhem. Ce personnage important de la région est à l’origine de la construction du grand portail avec chaînage en pierre de taille qui rappelle son parcours : greffier de la Cour de justice en 1731 et receveur des États en 1741. Le corps des bâtiments est percé de fenêtres à meneaux en pierre de taille. À l’intérieur, le siège de la Cour de justice, en fonction jusqu’à la Révolution, est caractérisé par un plafond à caissons orné de stucs présentant en son centre la Colombe symbolique irradiant 8 rayons, symbole du Saint-Esprit et de « l’âme du juste ». C’est là que le maïeur et ses échevins rendaient la justice courante.

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Ancienne cour de justice
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La représentation de la colombe du Saint-Esprit dans l’ancienne cour de justice de Richelle. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine
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L’abbaye de Val-Dieu

Portrait de l’empereur Léopold Ier au-dessus de la cheminée du salon du quartier des étrangers à l’abbaye de Val-Dieu. © KIK-IRPA, BruxellesPortrait de l’empereur Léopold Ier au-dessus de la cheminée du salon du quartier des étrangers à l’abbaye de Val-Dieu. © KIK-IRPA, Bruxelles

 

L’abbaye cistercienne Notre-Dame du Val-Dieu a été fondée en 1216 après le transfert des moines de l’abbaye de Hocht, attirés par le duc de Limbourg Henri III et le comte de Dalhem Lothaire II. La communauté s’installa à l’époque à cheval sur le territoire de deux seigneuries, la seigneurie de Charneux (duché de Limbourg, ban de Herve) et la seigneurie de Neufchâteau (comté de Dalhem, ban d’Aubel). L’abbaye atteignit son apogée dans la seconde moitié du XIIIe siècle et possédait alors un vaste domaine comprenant moulins, granges, maisons, vignes, fermes et terres faisant de l’abbé le plus riche propriétaire foncier de la région. Au XVIIIe siècle, une grande campagne de reconstruction de l’abbaye et de ses propriétés fut entreprise sous l’abbatiat de Jean Dubois (1711-1749). Après la Révolution, l’abbaye vit la dispersion de sa communauté abbatiale en 1796, fut rachetée par l’abbé Uls et la vie conventuelle reprit en 1805.

Au centre du domaine se trouve l’église abbatiale dédiée à la Vierge et construite sur plan basilical en style gothique. La flèche de la croisée du transept est une réplique installée en 1934 de l’original effondrée en 1839. Achevée en 1884, la reconstruction conserve des étapes antérieures allant du XIIIe au XVIIe siècle. Les bâtiments conventuels sont répartis autour du cloître, au sud de l’église ; à l’ouest se trouve le quartier abbatial et le quartier des étrangers ou logis des hôtes portant encore les armes de l’abbé Jean Dubois. Dans les ailes opposées à la cour d’honneur se trouve la basse-cour ou ferme de l’abbaye et, de l’autre côté de la route, le moulin de Val-Dieu toujours en activité. Démolis et reconstruits à plusieurs reprises, les bâtiments abbatiaux remontent principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Au fil des siècles, la communauté abbatiale de Val-Dieu a joué un rôle de premier plan dans la région, notamment au niveau politique. L’abbé de Val-Dieu siégeait en effet aux États du duché de Limbourg et des pays d’Outremeuse et participait de ce fait à ses décisions. Le salon du quartier des étrangers de l’abbaye conserve une trace des relations étroites entre le pouvoir politique et l’abbaye. Une cheminée est ornée d’un portrait de l’empereur Léopold Ier du Saint-Empire (1658-1705).

L’abbatiale de Val-Dieu. © IPW

L’abbatiale de Val-Dieu. © IPW

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Abbaye de Val-Dieu
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Portrait de l’empereur Léopold Ier au-dessus de la cheminée du salon du quartier des étrangers à l’abbaye de Val-Dieu. © KIK-IRPA, Bruxelles
L’abbatiale de Val-Dieu. © IPW
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