Le partage entre Carloman et Charlemagne (768)

À la mort de Pépin le Bref, ses deux fils, Carloman Ier et Charlemagne se partage ses biens. La Bourgogne, l’Alémanie et une moitié d’Austrasie, de Neustrie et d’Aquitaine reviennent au premier, tandis que le second voit son territoire s’étendre de la Thuringe et de la Frise à la Gascogne, en passant par une partie de l’Austrasie, de la Neustrie et de l’Aquitaine. Très vite, Charlemagne soumet l’Aquitaine à sa seule autorité. Si Carloman choisit d’emblée Soissons comme capitale, Charlemagne ne disposera d’un point d’attache fixe qu’à partir de 790. De ce fait, Aix-la-Chapelle devient la capitale de son royaume.

Références
Duby42 ; www_cm0714 ; www_cm0814


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Lieux supposés de la naissance de Charlemagne (742, 747 ou 748)

Tant la date de naissance que le lieu de naissance de Charlemagne continuent de faire débat. Selon les sources, les raisonnements et les hypothèses, Charlemagne serait né entre 742 et 748. Plusieurs lieux sont cités, dont Herstal et Jupille, localités où son père, Pépin le Bref, résidait très fréquemment. Sa mère était Berthe de Laon, dite « au Grand pied ». La dynastie carolingienne compte deux branches, l’une résidant autour de Metz et de la Moselle, l’autre autour de la Meuse et de l’Ardenne. Composé de grands domaines et de palais, son patrimoine est situé entre Meuse, Moselle et Rhin. Au début de son règne, Charlemagne se déplace avec sa cour d’une résidence à l’autre.


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Le royaume franc de Pépin le Bref (741-768)

De la tradition franque, les péppinides conservent le principe du partage du pouvoir entre les fils du maire du palais décédé. À la mort de Charles Martel (741), Carloman obtient d’être maire du palais de l’Austrasie, l’Alémanie et la Thuringe, Pépin le Bref de la Neustrie, la Bourgogne et la Provence. Choisissant la vie monastique, Carloman abandonne l’ensemble du pouvoir à son frère (747). En 751, Pépin le Bref écarte officiellement Childéric III du trône, le dépose, est reconnu par le pape Zacharie, se fait élire roi des Francs et fonde la dynastie des Carolingiens (754). Sacré par le pape, Pépin ne détient plus sa légitimité des seuls seigneurs francs mais aussi de Dieu ; dans le même temps, il devient le protecteur de l’Église de Rome. À sa mort, en 768, il laisse un pays consolidé dans son fonctionnement, réformé (instauration de la dîme et du denier d’argent) et renforcé à ses frontières.

Références
H45 ; www_cm0714


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L’émergence des maires du palais, situation à la mort de Charles Martel (741)

Tout au long du VIIe siècle, Austrasiens, Neustriens, Burgondes, Aquitains continuent de s’affronter, s’allier, se trahir, s’assassiner ou se marier selon les intérêts des fratries, tandis que la noblesse et les maires du palais profitent du désordre pour s’imposer au premier rang. L’instabilité politique est grande. Exerçant un ascendant certain sur de très jeunes rois, les maires du palais de la famille des Pippinides exercent de facto l’autorité royale. Dagobert Ier avait tenté de se débarrasser de Pépin Ier de Landen (dit Pépin l’Ancien), mais, à la mort du roi, la puissance des maires péppinides ne cessera de croître, malgré une période difficile entre 662 et 680, tant en Austrasie, qu’en Neustrie-Bourgogne. Sous le couvert des rois, les maires désignent les titulaires des hautes fonctions de l’État et décident même des campagnes militaires. Ils tissent des liens clientélistes qui assurent leur stabilité.
Propriétaire d’un patrimoine s’étendant principalement autour de Liège et en Ardenne, Pépin l’Ancien meurt en 640. Sa fille épouse le descendant de l’évêque de Metz, Arnoul, grand aristocrate propriétaire de biens considérables dispersés dans les régions de Metz et Verdun. La réunion de tous leurs biens renforce la puissance de leurs descendants.
Petit-fils de Pépin Ier, Pépin II de Herstal réussit à dominer toute l’Austrasie et à s’étendre en Neustrie (687-710) : il devient maire des deux palais. Né à Andenne (selon certains auteurs), fils de Pépin II de Herstal, Charles Martel doit combattre à la tête des Austrasiens (not. bataille de l’Amblève, 716) pour affirmer son pouvoir, et affronter la Neustrie pour contrôler puis pacifier l’ensemble du royaume franc. Il mène aussi campagne loin des frontières (jusqu’en Autriche), repousse victorieusement les armées omeyyades à Poitiers (732) et refoule progressivement leurs incursions. Fort de ses succès (qui lui valent le surnom de Martel), Charles ne prend plus la peine de choisir un successeur au roi et devient le premier maire du palais exerçant le pouvoir sur tous les royaumes mérovingiens, jusqu’à sa mort (741).

Références
GeniMA34 ; RouLe ; TrauLxb ; www_cm0714


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L’ascendant de l’Austrasie (714)

À la fin du VIIe siècle et au début du VIIIe siècle, l’Austrasie (ce nom signifie que le territoire est situé à l’est – auster – du berceau de Clovis) prend de plus en plus l’ascendant sur la Neustrie et la Burgondie (qui doit son nom aux Burgondes qui s’y sont établis) dénommée désormais Bourgogne. À la mort de Clotaire III (675), la Neustrie-Bourgogne se voit imposer le roi Thierry III par les Austrasiens. Dans la bataille entre maires du palais, c’est Pépin II de Herstal qui impose sa loi à la Neustrie (bataille de Tertry, 687). Neustrie et Bourgogne sont placées sous la domination de l’Austrasie ; ces dénominations ne s’effaceront que progressivement sous les Carolingiens. Le territoire de la Neustrie se réduit progressivement à la portion congrue, avant de disparaître (Xe siècle). La Bourgogne dirigée par des ducs d’ascendance péppinide connaîtra une histoire glorieuse par la suite. L’Austrasie, quant à elle, se fondra dans l’empire des Carolingiens.

Références
Dor30 ; Duby38 ; EHA356 ; Er33aFrancs ; GeniMA25 ; H43 ; HGTG23 ; Pu14a ; RF01-141 ; Rol42 ; Sel11 ; www_cm0511 ; www_cm0531 ; www_cm0628 ; www_cm0714


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Le Regnum Francorum en 630

La succession de Chilpéric (584) est l’occasion de luttes terribles entre les fratries, auxquelles se mêlent aussi les « Grands », fonctionnaires et aristocrates vivant dans la proximité des sphères dirigeantes. Malgré les haines entre Neustriens et Austrasiens, le Regnum Francorum survit, trouvant de temps à autre une personnalité qui parvient à écraser les rivalités, comme Clotaire II (613-629) ou son fils Dagobert Ier (629-639), et à rassembler l’ensemble des couronnes. Profitant des rivalités entre Neustrie, Austrasie et Burgondie, les Aquitains se révoltent. Pour calmer leurs ardeurs, ils obtiennent d’être reconnus comme royaume (629), à la tête duquel est casé un rival de Dagobert.
Roi d’Austrasie, celui-ci lutte contre des ennemis extérieurs à l’est, se fait nommer roi de Burgondie à la mort de son père Clotaire II, et chasse Calibert pour s’emparer de la Neustrie (630). Ayant récupéré l’Aquitaine, il se retrouve, dès ce moment, à la tête de la quasi-totalité du Regnum Francorum. Partout, il introduit de profondes réformes afin d’unifier le gouvernement du pays, parvient à réorganiser l’administration et la justice, favorise les foires et le développement d’abbayes, et fixe sa capitale à Paris. Pour affaiblir les maires du palais, il écarte Pépin de Landen, mais, en 634, la noblesse d’Austrasie se révolte, imitée par celle de Neustrie (635) qui exige l’union des royaumes de Neustrie et de Burgondie. À sa mort, ses deux fils-héritiers sont âgés de 4 et 8 ans : les maires du palais vont en profiter pour étendre leur pouvoir et finalement le confisquer aux rois dit Fainéants (l’expression date du règne de Charlemagne), dans la mesure où ils se reposent sur leurs « servants ».

Références
Dor30 ; Duby38 ; EHA356 ; Er33aFrancs ; GeniMA25 ; H43 ; HGTG23 ; Pu14a ; RF01-141 ; Rol42 ; Sel11 ; www_cm0511 ; www_cm0531 ; www_cm062


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Expansion de la Neustrie à la mort de Chilpéric (584)

Au sein du Regnum Francorum, la Neustrie connaît une grande expansion, au VIe siècle, essentiellement sous le règne de Chilpéric (assassiné en 584). Au siècle suivant, l’Austrasie prend l’ascendant, notamment grâce aux maires du palais péppinides. Pour diriger leur pays, les rois francs sont en effet accompagnés d’un intendant, le maire du palais, qui supervise l’exploitation du domaine royal et le volet financier. Héritier du modèle romain du préfet du prétoire, le maire du palais représente à l’origine les puissantes aristocraties régionales et n’est appelé à être en charge que durant une période limitée. Progressivement, il s’établit à vie, et sa charge devient héréditaire. Chaque roi a son propre maire du palais, dont le pouvoir viendra à déborder celui du maître.

Référence
www_cm0581


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Troisième partage du regnum Francorum (567-568)

À la mort de Clotaire Ier, les guerres fratricides reprennent de plus belle, notamment entre les frères voisins que sont Chilpéric (525-584) et Sigebert. La mort de Caribert Ier sans héritier mâle conduit à un 3e partage du Regnum Francorum au détriment du royaume de Paris (567-568). C’est pour désigner ce moment qu’apparaît le mot Neustrie (« nouveau royaume de l’ouest ») qui remplace le royaume de Soissons, ville dont s’est emparée Sigebert qui avait lui-même dû déplacer sa capitale de Reims à Metz. L’ancien royaume de Reims est lui-même désigné sous le nom d’Austrasie, alors que le 3e royaume est désigné sous le nom de Burgondie. Ce partage n’a pas d’incidences directes sur l’espace wallon actuel. L’ouest wallon se trouve cependant indirectement associé à l’expansion neustrienne des années suivantes, qui voit Chilpéric user des mêmes méthodes que ses prédécesseurs pour atteindre les Pyrénées, tout en déplaçant constamment sa capitale, hésitant entre Soissons et Paris ville maintenue un certain temps en indivision.

Référence
Dor30 ; Duby38 ; EHA356 ; Er33aFrancs ; GeniMA25 ; H43 ; HGTG23 ; Pu14a ; RF01-141 ; Rol42 ; Sel11 ; www_cm0511 ; www_cm0531 ; www_cm0567

 


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Le partage du royaume des Francs à la mort de Clotaire Ier (561)

Guerres, mariages, expéditions punitives, alliances, disparitions et petits arrangements modifient régulièrement les limites des royaumes. Ayant régné de longues années, Clotaire Ier prend l’ascendant sur nombre de ses parents et fait tomber nombre de territoires dans son escarcelle, achevant son existence à la tête d’un royaume réunifié et plus étendu que celui de Clovis. La carte représente cependant le nouveau partage qui suit le décès de Clotaire : il laissait quatre fils. Le pays wallon actuel glisse du royaume de Soissons (Chilpéric) vers celui de Reims (Sigebert), l’essentiel se situant dans ce qui deviendra l’Austrasie, elle-même héritière de la Gaule Belgique.

Références
Er33aFrancs ; www_cm0561 ; www_cm0567


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Les pagi francs (550)

Les Francs n’ont pas bouleversé l’organisation juridico-administrative mise en place par les Romains depuis Tibère. Si certaines capitales ont été transférées et si les noms ont évolué, ils ont conservé la structure des civitates. Ces unités politiques et administratives disposent d’une large autonomie, tout en dépendant des rois mérovingiens. Le territoire des civitates (appelé la pertica) reste divisé en pagi, souvent hérités du passé. Ici aussi le nom de la ville principale finit par désigner le pagus.
Comme les Francs, l’Église de Rome contribue au maintien des structures ancestrales en inscrivant ses diocèses dans les limites de la civitas. Le nom de cette dernière finit dès lors par désigner le diocèse et la ville où se trouve le siège épiscopal.
Concernant la précision des frontières, elle reste relative. Seules quelques implantations permettent d’estimer de manière vague l’étendue probable des territoires ; on ne passera de la « frontière-zone » à la « frontière-ligne » qu’au XIIIe siècle.

Références
Ar69 ; GuerB ; Haspinga ; MoDic ; Nonn ; RolCha ; VDKR ; www_cm0999_ard ; www_cm0999_cz ; www_cm0999_MA


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