Organisation de l’empire sur base des diocèses (296/297)

Afin de mieux administrer l’empire romain, de mieux le contrôler (notamment dans la collecte de l’impôt), de mieux le protéger des ennemis extérieurs, d’affaiblir l’aristocratie sénatoriale et de limiter les pouvoirs des gouverneurs, Dioclétien introduit une profonde réforme qui porte son nom. Sans aborder des questions qui débordent l’espace wallon actuel, deux aspects sont à retenir : échelons le plus bas dans la hiérarchie centralisée, les provinces voient leur nombre s’accroître considérablement ; d’autre part, elles sont désormais regroupées au sein de diocèses, qui est un nouveau niveau de pouvoir (296-297). Chaque diocèse est placé sous l’autorité d’un vicaire (souvent d’anciens vice-préfets du prétoire) ; nommé par l’empereur, le vicaire ne rend de comptes qu’à l’empereur et n’exerce que des fonctions civiles. À la fin du règne de Dioclétien, il existe douze diocèses dont le Diocesis Galliarum : en moyenne, ils regroupent huit provinces.

Références
www_cm0300


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Les voies romaines structurantes sous le Bas-Empire (250 ap. J-C)

Alors que l'empire réorganise la Gaule en trois provinces (27 avant J-C), un vaste réseau routier est imaginé pour relier les principales cités à Lyon. Le tracé de ce réseau est confié à Vipsanius Agrippa (25 avant J-C). Deux grandes voies principales relient Lyon à Cologne, d’une part, à Boulogne, d’autre part et constituent en quelque sorte les deux axes structurant. Entre les deux, des voies transversales traversent le territoire wallon, reliant les capitales des cités. On identifie deux axes importants. La Chaussée Brunehaut quitte Boulogne vers l'est et rejoint Cologne en passant par Bavay : sur la première partie du trajet, Boulogne-Bavay, le chemin passe soit par Arras, soit par Tournai. Ensuite, vient la voie Bavay-Cologne, passant par Binche, Gembloux, Perwez, Tongres et Maastricht ; elle existe dès le premier siècle de notre ère. Parcourant les crêtes, elle anticipe de plusieurs siècles l'autoroute de Wallonie.
Plus récente, une chaussée claudienne joint Reims à Trèves en passant par Arlon, et permet de relier Reims à Cologne. Des bornes milliaires donnent une indication de distance. Au début du IIIe siècle, sous le règne de Caracalla (211-217), le réseau est consolidé et restauré. Deux documents de cette époque nous sont parvenus qui décrivent assez bien les itinéraires romains : il s’agit de l’Itinéraire d’Antonin et de la Table dite de Peutinger.

Références
At10 ; BruRW52a ; BruRW52b ; JqSd ; LQ-303 ; www_crea


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Civitates et vici sous le Bas-Empire

Tenter de fixer des limites précises aux civitates de l’Empire romain est un exercice périlleux. Dans un livre récent, l’exercice a été tenté sous la direction du professeur Brulet dans la mesure où les informations concernant les limites des Nerviens/Cambrésiens sont relativement bien connues. Les noms évoluent selon la période, ici à l’époque dite du Bas-Empire (284-476). Regroupées au sein du diocesis Galliarum, les provinces continuent de chapeauter des civitates dont certaines capitales sont modifiées : Tournai remplace Cassel, et Cambrai Bavay. La province de Germanie seconde compte deux civitates dont celle de Tongres ; en Belgique seconde, on trouve la cité des Rèmes, des Tournaisiens et des Cambrésiens ; en Belgique première, la cité de Trèves est promise à un avenir impérial.

Références
BruRW52a ; BruRW52b ; LQ-303 ; www_crea


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Civitates et vici sous le Haut-Empire

Tenter de fixer des limites précises aux civitates de l’Empire romain est un exercice périlleux. Dans un livre récent, l’exercice a été tenté sous la direction du professeur Brulet dans la mesure où les informations concernant les limites des Nerviens/Cambrésiens sont relativement bien connues.
En consultant la carte suivante consacrée aux Civitates et vici sous le Bas-Empire, on observera que les noms évoluent selon la période envisagée. Ici, les limites et les noms sont ceux du milieu du Haut-Empire (27-284).

Références
BruRW52a ; BruRW52b ; JqSd ; LQ-303 ; www_crea


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L’administration romaine au nord de la Gaule (27 av. J-C – 303 ap. J-C)

Dès les débuts de l’empire romain (27 av. J-C), les Gaulois se montrent de fidèles alliés. Jouissant de la pax romana, ils se fondent dans le moule administratif des trois provinces impériales (provinciae Caesaris). À côté de l’Aquitaine et de la Lyonnaise, la Gaule Belgique est en effet l’une des trois provinces impériales pro-prétoriennes créées en Gaule par l’empereur Auguste. Frontalière, cette province impériale est placée – comme son nom l’indique – directement sous l’autorité de l’empereur qui délègue son autorité à un représentant (en Gaule, il s’agit souvent d’un ancien préteur).
Plus tard, vers le Ier siècle ap. J-C, l’ensemble « Belgique » se scindent en trois : la Belgica (cap. Trèves), la Germania supérieure ou première (cap. Mayence) et la Germania inférieure ou seconde (cap. Cologne) ; disposant de deux légions, les deux provinces « Germania » sont dites consulaires (car le légat de l’empereur a le rang consulaire), alors que la Belgica – disposant d’une seule légion – reste prétorienne.

Références
AT4 ; BruRW46 ; BruRW47 ; L19SR16


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Civitates et vici aux Iers siècles avant et après J-C

Sous Tibère (empereur de 14 à 37 ap. J-C), l’ensemble des Gaules est structuré en 60 civitates. Dans un premier temps, les limites de ces cités correspondent grosso modo aux contours des anciens peuples celtiques dont elles ont repris les noms. Les civitates sont elles-mêmes divisées en pagi (cantons) et vici dont le fonctionnement et le statut n’ont pas révélé tous leurs secrets. Quatre civitates couvrent l’essentiel du territoire wallon actuel : la cité des Ménapiens (Cassel), la cité des Nerviens (Bavay), la cité des Tongres (Tongres), la cité des Trévires (Trèves). Une petite partie relève de la Cité des Rèmes (Reims). Tournai est la seule petite ville à émerger alors dans l’espace wallon ; Arlon, Namur, Liberchies et Saint-Mard constituent des agglomérations semi-urbaines de moindre importance.

Références : BruGS-06 ; BruRW48 ; Dor24 ; MoDic1


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Fin de la conquête romaine du nord de la Gaule (54-52 av. J-C)

En 54 av. J-C, sous la conduite d’Ambiorix, les Éburons se révoltent et massacrent les troupes romaines tombées dans une embuscade (Atuatuca). Cette sévère défaite romaine incite trois autres tribus à la révolte. Établi près d’un endroit qui deviendra beaucoup plus tard Charleroi, le camp romain est menacé.
Durant l’hiver 54-53, César prépare la réplique depuis Amiens. Il mâte les Nerviens, les Ménapiens avant que 9 légions ne dévastent systématiquement le pays des Eburons. La revanche romaine est terriblement violente et sanguinaire. Le vide ainsi laissé par la disparition des Eburons est rempli par les Tongres, tribu germanique voisine.
La férocité du conquérant a impressionné. Elle incite les « Belgae » à se tenir coi. Hormis quelques Atrébates, ils ne participent pas à la grande révolte de Vercingétorix (52 av. J-C), ni à Alésia, ni à Gergovie. En 51 av. J-C, un dernier soubresaut voit Ambiorix conduire Atrébates, Morins et Ménapiens : cette tentative se solde par un nouvel échec. Un dernier raid de César au nord de la Meuse soumet durablement la Gaule à Rome.

Références : BruRW33 ; Duby29a ; www_Ga53 ; www_Ga56 ; www_sm1 ; www_sm3


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Conquête romaine du nord de la Gaule (58-54 av. J-C)

Proconsul d’Illyrie et des Gaules depuis 58 av. J-C, Jules César ambitionne de donner à Rome de nouvelles provinces. En 57 av. J-C, poursuivant sur leur lancée après leur succès dans l’Aisne, les légions romaines se défont d’une coalition de Nerviens, Atrébates et Viromanduens conduits par Boduognat (bataille de Sabis que l’on localise plutôt sur la Sambre que sur la Selle), avant de contraindre les Aduatuques qui s’étaient lancés dans une manœuvre dilatoire désespérée (peut-être à hauteur de Namur). En occupant finalement le pays des Eburons, César va soumettre l’ensemble de la Gaule belgique et s’employer à fixer durablement la limite septentrionale des possessions romaines sur le Rhin. En récompense de leur collaboration, les Rèmes obtiennent d’administrer la Belgique romaine pacifiée.

Références : BruRW33 ; Dor20 ; Duby29a ; www_Ga53 ; www_Ga56 ; www_sm1 ; www_sm3


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Les tombelles celtiques laténiennes en Ardenne (Ve – IIe siècles av. J-C)

À partir du Second Âge du Fer, le rite de l’incinération en tombe plate se répand partout sauf en Ardenne qui connaît alors l’inhumation sous des tertres. Cette zone n’avait guère attiré les populations préhistoriques avant l’arrivée des Celtes. Les tertres funéraires celtiques retrouvés et dénommés « tombelles » par les archéologues (on dénombre actuellement plus de 140 sites pour 600 tombelles) sont pratiquement les seuls vestiges dont on dispose. Ils révèlent l’existence de deux groupes.
Le premier, localisé au nord-est de l’actuelle province du Luxembourg, s’étend jusqu’au grand-duché et au sud de la province de Liège. Dans chaque tombelle fouillée, on n’a retrouvé qu’une sépulture, à inhumation pour la plupart, ainsi qu’un mobilier funéraire limité le plus souvent à un vase en céramique.
L’autre groupe a été découvert entre Bertrix et Bastogne. Cette-fois, les sépultures sont majoritairement collectives et enferment des corps inhumés dans une fosse. D’autres tombes de ce groupe ont été retrouvées autour de Neufchâteau à Léglise, Hamipré, Longlier, Juseret, Assenois, Saint-Pierre, Grapfontaine, et Witry. De dimensions plus importantes, elles renferment le défunt, un char, ainsi que de nombreux accessoires. Ces « tombes à char » révèlent l’existence d’une société hiérarchisée au sein de laquelle il semblait important pour les élites d’être inhumées avec leurs richesses, symboles de leur pouvoir.


Références :
CDr ; CDt ; Cor ; Guid


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Protohistoire : Âge du Fer (± 750 à± 27 av. J-C)

Dès le IXe siècle, des signes de mutation aux niveaux culturel, mais aussi social, sont perceptibles sur les différents territoires européens, annonçant le passage de l’Âge du Bronze à l’Âge du Fer.
À partir du VIIe siècle, la sidérurgie se développe dans nos régions. L’époque de Hallstatt (ou Premier Âge du Fer) qui s’étend de 750 à 480 av. J_C, se caractérise par un renforcement du pouvoir. Parallèlement, les richesses sont concentrées entre les mains de quelques individus et la société est par conséquent de plus en plus hiérarchisée, comme l’attestent les fouilles des sépultures – les défunts sont enterrés avec armes et outils précieux, symboles de leur pouvoir – et les nombreuses fortifications présentes sur le territoire wallon. La Tranchée des Portes à Étalle et le Cheslé de Bérismenil en sont les plus vastes.
La période de La Tène (ou Second Âge du Fer), située entre 480 av. J-C et le règne d’Auguste, est quant à elle marquée par un morcellement du pouvoir, des tribus tissant alors entre elles un réseau d’alliances et de clientèle. Dans l’espace de la Wallonie actuelle, « ce morcellement se traduit par la présence de plusieurs groupes distincts par leur culture et leurs coutumes funéraires » .


Références :
Bonen ; Cor; Guid ; Hurt ; Ot08


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