Photo

Bruxelles Kik-Irpa

Bastion de Flandre

Suite aux nombreux affrontements entre les troupes de Louis XIV et celles du roi d’Espagne au 17e siècle, la ville d’Ath entre dans les possessions françaises suite au traité d’Aix-la-Chapelle de 1668. Le roi confie alors à Vauban le soin d’ériger des fortifications pour protéger cette place forte située aux frontières du royaume. Le célèbre ingénieur se rend sur place dès le 16 juin 1668 afin d’établir son projet. Les travaux débutent la même année et sont achevés en 1672. De forme octogonale, cette place forte compte huit bastions. 

Trois nouvelles portes sont créées : celles de Mons, de Tournai et de Bruxelles. Redevenue espagnole par la suite puis autrichienne, la place forte est détruite par les Français en 1745 avant d’être reconstruite par les Hollandais dans le second quart du 19e siècle. Parmi les ouvrages de Vauban subsistent le pont à la herse, une ancienne porte d’eau située non loin d’ici, et le bastion de Flandre, une importante butte qui a conservé son parement de calcaire sur le flanc droit. Appelé également « Butte Rousseau » ou « Bosse Rousseau ». Celui-ci se situe à l’angle des boulevards Rousseau et Deneubourg, là où se trouvait autrefois un des bastions de la forteresse dont ils épousent le tracé.

Boulevard Hubert Rousseau

7800 Ath

carte

Classé comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

Bruxelles kik-irpa

Pont à la herse, à Ath

Tout au long de son histoire sous l’Ancien Régime, Ath est une ville fortifiée de première importance. Cette Bonne Ville du comté de Hainaut protège les frontières de l’État au Moyen Âge face aux possessions des comtes de Flandre. 

Outre deux enceintes communales érigées à l’époque médiévale, la position fortifiée est modifiée par Vauban à la fin du XVIIe siècle, détruite par les Français en 1745 et relevée par les Hollandais entre 1815 et 1826. Tous les remparts sont toutefois démantelés à partir de 1854. 

Plusieurs vestiges d’importance sont néanmoins encore aujourd’hui les témoins de ce passé défensif. Le pont à la herse surmonte un ancien débouché navigable d’un bras de la Dendre. C’est une porte d’eau aménagée dans une courtine du front nord des fortifications françaises du XVIIe siècle. Maçonnée en moellons de calcaire, il s’agit d’un tunnel voûté et légèrement coudé. 

Du côté ville subsistent les traces d’une petite pièce d’habitation. Cette ancienne porte ainsi que le bastion de Flandre tout proche ont souffert des sièges qui ont affecté Ath à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Ils constituent les rares vestiges des travaux entrepris par Vauban. 

Reprise par les Espagnols et devenue autrichienne en 1713, la ville est plusieurs fois attaquée par les Français qui ordonnent la destruction des anciennes places fortes des Pays-Bas autrichiens après le siège de 1745.

Boulevard Alphonse Deneubourg
7800 Ath

carte

Classé comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Calvaire de l'église Saint-Martin d'Ath

Daté de 1675, ce calvaire faisait à l’origine partie d’un chemin de croix installé sur les fortifications de la ville. Il a été placé dans ce renfoncement situé à côté de l’église Saint-Martin en 1754. Il s’agit d’un ensemble de style Renaissance composé d’un Christ en croix entouré de la Vierge, de saint Jean et des deux larrons en croix. La croix sur laquelle repose le Christ est haute de 6,7 m et est ornée de médaillons représentant les quatre évangélistes. L’ensemble comptait également des cavaliers romains, disparus au 19e siècle, et une statue de Marie-Madeleine, détruite en 1922. 

Déjà restauré dans les années 1930, le calvaire a profité d’une importante remise en état par l’Institut royal de Patrimoine artistique. Démonté en 1980, il n’est réinstallé qu’en 1994 et dépourvu de la représentation de la mise au tombeau, présentée aujourd’hui à l’intérieur de l’église. Datée entre 1480 et 1520 et provenant aussi des remparts, elle est installée sous le calvaire à l’initiative de la confrérie de la Passion, en 1754 également. On y trouve le Christ au tombeau entouré de Joseph d’Arimathie, de Marie-Madeleine, de la Vierge, de saint Jean, de deux saintes femmes et de Nicodème. Restauré de 1947 à 1959 à l’IRPA, présenté ensuite au musée d’Histoire et de Folklore, il est restauré à nouveau entre 2005 et 2009 avant de réintégrer l’église.

Rue Saint-Martin 10
7800 Ath

carte

Classé comme monument le 10 novembre 1941

Institut du Patrimoine wallon

Bruxelles kik-irpa

Église Saint-Julien d'Ath

Héritière d’un sanctuaire connu depuis 1076, l’église Saint-Julien se trouve au centre de la ville neuve créée en 1166 à l’initiative du comte de Hainaut. 

Une nouvelle église y est érigée en style gothique entre 1395 et 1415 et une imposante tour lui est adjointe à partir de 1462. Une haute flèche culminant à 90 m de hauteur et flanquée de quatre clochetons est ajoutée en 1465 ; celle-ci est détruite par une tempête en 1606. Un incendie provoqué par la foudre en 1817 endommage à nouveau sérieusement l’édifice : la partie centrale de l’édifice est entièrement détruite. Seules sont conservées la façade occidentale et sa tour, la structure du chœur, la sacristie de 1725 et la chapelle de la Bonne Mort datée du XVIe siècle. 

Ces éléments d’origine ont fait l’objet d’une mesure de classement, au détriment du reste de l’édifice, reconstruit en style néoclassique entre 1819 et 1822. Principal et plus ancien lieu de culte de la ville, l’église Saint-Julien abrite des œuvres d’art de grande qualité, le plus souvent du XIXe siècle. Dans le chœur se trouve un important ensemble de peintures réalisées au XIXe siècle par Lambert Mathieu. Parmi le mobilier installé à la suite de l’incendie de 1817 se trouvent des stalles en chêne (1870), une chaire de vérité néoclassique et des confessionnaux de style Empire (1825) et de beaux fonts baptismaux de marbre blanc (1835).

Square Saint-Julien

7800 Ath

carte

Classée comme monument le 10 novembre 1941

Institut du Patrimoine wallon

SPW - G. Focant

Ancien refuge de l'abbaye de Ghislenghien

Sous l’Ancien Régime, les abbayes possédaient dans des villes plus ou moins proches de leur lieu de vie des bâtiments, nommés refuges, dans lesquels les moines et moniales pouvaient loger et se reposer. 

En 1645, l’abbesse du couvent des bénédictines de Ghislenghien achète une demeure dans la rue Haute afin d’y établir le refuge de sa congrégation. 

La maison est vendue comme bien national après l’annexion française de 1795 et devient en 1818 la demeure de Pierre Hannecart, maire d’Ath sous Napoléon. Ses héritiers occupent la bâtisse jusqu’à sa vente en 1952 à un particulier qui souhaite la diviser en appartements. 

Afin d’éviter une défiguration de la bâtisse, un groupe de passionnés du patrimoine obtient son classement et empêche des travaux qui n’auraient que peu respecté l’ensemble. 

L'ancien refuge est propriété de la ville depuis 2004. La façade côté rue aurait été érigée au XVIe siècle, très bien entretenue par la suite jusqu’en 1944 lorsqu’un bombardement endommage le porche d’entrée. Il s’agit d’un bel exemple du style traditionnel combinant la pierre et la brique, d’inspiration gothique. Le premier étage est orné de médaillons en forme de carré ou de losange qui évoquent la Renaissance. Ils offrent un décor composé d’une niche reposant sur deux colonnes et dans laquelle se trouvent des personnages difficilement identifiables. À l’intérieur, les planchers sont toujours d’origine et les poutres soutenant le plafond du premier étage sont ornées de sculptures d’inspiration classique.

L'ancien refuge est propriété de la ville depuis 2004. Restauré, le lieu accueille, depuis 2020, la Maison de la Laïcité du pays d'Ath.

Rue Haute 27
7800 Ath

carte

Classé comme monument le 3 août 1956

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant

Hôtel de ville d'Ath

Le 7 avril 1614, la ville d’Ath décide de faire reconstruire la « Maison de la Paix » qui abritait les autorités communales. Le mayeur de l’époque, Jean Zuallart, est proche des archiducs Albert et Isabelle, gouverneurs des Pays-Bas espagnols pour le compte du roi Philippe III. La conception du bâtiment est confiée à Wenceslas Cobergher, architecte officiel de la cour. Entamés dès le mois de juin, les travaux durent dix ans et l’hôtel de ville est inauguré en 1624. Seule la façade principale aurait été dessinée par le prolifique architecte, les décors intérieurs et l’agencement étant probablement le fruit de son assistant, Melchior Somer. 

De nombreux travaux sont encore effectués au fil des siècles : le dôme qui surmontait la façade est démoli en 1774, les colonnes de la porte d’entrée sont remplacées en 1826 et une importante restauration a lieu entre 1861 et 1863, la dernière avant celle de 1980. Le bâtiment était alors tellement dégradé qu’il a fallu démonter et reconstruire pierre par pierre la façade principale ! Plusieurs éléments trop endommagés, et l’ancien frontispice, n’ont pu être remis en place et sont aujourd’hui conservés dans la salle des pas perdus. La façade arrière, plus sobre, est agrémentée d’une tourelle d’escalier qui dessert les étages ; elle a été augmentée d’un étage en 1774 pour y installer la cloche communale. L’hôtel de ville abrite quelques œuvres d’intérêt : des peintures de l’école athoise du 19e siècle, un grand escalier d’honneur et quelques belles cheminées d’époque.

Grand-Place 45 
7800 Ath

carte

Classement comme monument le 2 décembre 1959

Institut du Patrimoine wallon

IPW

Infirmerie de l'abbaye de la Paix-Dieu

Bâtiment le plus éloigné de l’ensemble et isolé au sud-est de l’église, l’ancienne infirmerie de la Paix-Dieu est aujourd’hui une demeure privée et ne se visite pas. 

Construite entre 1718 et 1725 sous l’abbatiat de Lambertine de Wansoulle, cette belle bâtisse arbore elle aussi les matériaux traditionnellement utilisés pour les bâtiments de l’abbaye (grès, calcaire et brique).

Sur la façade principale, décorée d’un petit fronton, se trouve le blason de Robertine de Lavaux, abbesse de la Paix-Dieu de 1694 à 1718, sous l’abbatiat de laquelle furent entrepris les travaux de construction de l’infirmerie. On trouve également, sur une pierre datée de 1668, le blason de Philippine de Verlaine, abbesse entre 1663 et 1678. Elle appartient à la famille Labeye qui avait acheté l’ensemble de l’abbaye en 1954 et qui a procédé à la restauration de la ferme et de l’infirmerie. 

Depuis, les propriétaires ont cédé le site à la Région wallonne par bail emphytéotique et ne conservent que cette maison. 

Tous les autres édifices ont été ou sont restaurés par l’Institut du Patrimoine wallon.

Rue Paix-Dieu 1b
4540 Amay, Belgique

carte

Classement comme monument et comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

no picture

Porche monumental de l'abbaye de la Paix-Dieu

L’accès aux bâtiments de l’abbaye se fait par deux portails, très différents l’un de l’autre. 

Le premier porche est monumental et attire le regard. Il a été érigé en 1730 sous l’abbatiat de Lambertine de Wansoulle, en briques et calcaire. La travée centrale, légèrement en saillie, est délimitée par des piliers de style toscan et surmontée d’un fronton aux armes de cette même abbesse, commanditaire de la construction du porche et d’une partie des bâtiments de la ferme. Les étages abritaient autrefois le logis du censier, qui était le tenancier de la ferme pour le compte des moniales. 

L’accès à la cour de la ferme se fait par un important passage charretier couvert de voûtes d’ogives. Le porche est aujourd’hui le témoin de la dernière phase de construction du site à l’Époque moderne. En effet, diverses campagnes de travaux ont rythmé la vie des moniales au fil des siècles. 

Déjà en 1373, l’église est reconstruite. En 1600, sous Agnès de Corbion, un incendie oblige à rénover l’abbatiale, le dortoir et le cloître. Jeanne de Marotte (1631-1663) poursuit la réédification de nombreux bâtiments (aile de l’abbesse, quartier des hôtes…). D’autres dépendances, comme le moulin, ont également été remplacées au XVIIe siècle et, en 1718, l’église est une dernière fois reconstruite par Lambertine de Wansoulle qui fait également ériger l’infirmerie et une grande partie de la ferme, terminée sous Lambertine Renson (1750-1776).

Rue Paix-Dieu 1b
4540 Amay

carte

Classé comme monument et comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

no picture

Colombier de l'abbaye de la Paix-Dieu

Situé à l’est de la ferme et dominant un petit étang, le colombier était autrefois adossé à la brasserie abbatiale, démolie en 1878. 

Érigé en 1648 en briques et calcaire, de forme circulaire, il est surmonté d’un très beau clocher à bulbe. Jouxtant les nouveaux ateliers, l’ancien colombier est en cours de restauration suivant les plans d’Annick Piron, du bureau d’études Greisch et de Pascal Lemlyn. Des investigations concernant les fondations et la stabilité de la maçonnerie ont conduit à des travaux de consolidation par le système de jet grouting, procédé de génie civil visant à former un « béton de sol » in situ dans la masse du terrain. 

La conception, le tracé, la construction et la restitution à l’identique du clocheton du colombier (charpente et couverture) ont fait l’objet de chantiers-écoles. C’est le cas également pour l’escalier en pierre massive et pour l’escalier sur voûte sarrasine qui seront créés pour le nouvel aménagement intérieur. 

Aujourd’hui support de stages, l’ancien colombier deviendra à terme un espace pédagogique présentant quelques savoir-faire traditionnels et contemporains liés aux métiers de la construction. 

À l’emplacement de l’ancienne brasserie se trouve un bâtiment contemporain dessiné par l’architecte Alain Dirix abritant des ateliers destinés aux stages de charpenterie, taille de pierre et travail du métal, dans lesquels ont notamment été conçus la charpente et l’escalier du colombier.

Rue Paix-Dieu 1b

4540 Amay

carte

Classé comme monument et comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

G. Focant SPW

Ferme de l'abbaye de la Paix-Dieu à Amay

Comme cela était le cas dans les abbayes, une importante ferme est jointe à l’ensemble. Elle permettait aux moniales non seulement de vivre en autarcie, mais également de vendre leurs productions. Imposante, la ferme de la Paix-Dieu forme un quadrilatère avec le quartier des hôtes. 

On y accède par un porche monumental situé à l’entrée du site. Du côté cour, ce porche abritait le logis du censier (tenancier de la ferme) et accueille aujourd’hui des espaces dédiés aux classes d’éveil du Centre des métiers du Patrimoine. Les bâtiments actuels ont été érigés en 1730 comme l’indiquent plusieurs inscriptions présentes sur les façades. De part et d’autre du portail se trouvent deux ailes d’étables ou écuries. Du côté nord se trouve un imposant chartil construit en 1760 ; ce bâtiment était utilisé pour remiser les charrettes et machines agricoles. Il est caractérisé par son avant-corps à fronton orné de stucs et des armoiries, aujourd’hui martelées, de l’abbesse Lambertine Renson et de la date de 1760. Remarquablement restaurée, elle abrite actuellement de très belles salles de réceptions qui accueillent des mariages et diverses réceptions. En face se situe une immense grange, elle aussi décorée d’un fronton orné de stucs aux armes de l’abbesse Lambertine de Wansoulle avec la date de 1737. L’aile orientale, jointive au quartier des hôtes, est plus récente. Lors de travaux opérés en 1939, on y a encastré une dalle commémorative aux armes d’Agnès de Corbion, abbesse entre 1590 et 1631.

Rue Paix-Dieu 1b
4540 Amay

carte

Classée comme monument et site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon