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Defuisseaux Alfred

Politique

Mons 9/12/1843, Nimy 11/11/1901

Le nom d’Alfred Defuisseaux est étroitement associé au Catéchisme du Peuple. Pamphlet rédigé sous forme de dialogues, distribué à 200.000 exemplaires en français, et 60.000 en flamand, ce texte à la langue simple et accessible sera repris comme une chanson par les masses populaires qui supportent de plus en plus mal leur condition. En 7 leçons, Defuisseaux appelle à la mobilisation, dénonce diverses situations (droit de vote, armée, impôts, etc.) et conclut systématiquement par la revendication du suffrage universel comme remède.
Si l’avocat et ingénieur montois espérait mobiliser les foules dans une grande manifestation à Bruxelles, à l’horizon de l’été 1886, il est largement débordé par les émeutes de mars-avril 1886 qui touchent l’ensemble du bassin industriel wallon. Accusé d’avoir été l’un des instigateurs de ces grèves de 1886, il est condamné à six mois de prison. Réfugié en France où il poursuit son activité politique, l’ancien ténor du Barreau de Mons reste partisan de la grève générale immédiate pour obtenir le suffrage universel et la république. En désaccord avec le POB naissant, il crée le Parti socialiste républicain (1887). Affaibli par les manœuvres de la gendarmerie et de la Sûreté de l’État, le PSR finira par intégrer le POB. En 1894, lors des premières élections législatives au suffrage universel masculin tempéré par le vote plural, le tribun Defuisseaux est l’un des 28 premiers députés socialistes, tous élus en Wallonie. De retour au pays, il siègera à la Chambre jusqu’à sa mort, en 1901, ainsi qu’au conseil communal de Frameries. Il était le frère de Léon Defuisseaux, député libéral progressiste de Mons.

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Frameries (1894-1901)
Député (1894-1901)

 

Sources

Histoire de la Wallonie, (dir. L. Genicot), Toulouse, Privat, 1973, p. 383
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Histoire, Economie, Société), Bruxelles, t. II, p. 173-176
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. III
http://www.carhop.be/suffrage/def8.html

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Boucher Pierre

Politique, Député wallon

Ramillies 24/04/1946

Député wallon : 1999-2004 ; 2004-2006*

Courtier en assurances, fondateur du Cabinet d’assurances « Vaneberck et Boucher », représentant pour la Belgique et le Luxembourg du Groupe international HR Sprinks et Cie de Londres et de la filiale française CFAE, Pierre Boucher s’est spécialisé dans l’assurance des chevaux et du cheptel bovin. Quand le Cabinet Boucher est repris par Fortis, il est nommé fondé de pouvoir. Entre-temps, il a aussi créé une société financière, absorbée par le Groupe Indosuez. Au début des années quatre-vingt, il revend ses sociétés et relance l’exploitation agricole familiale. Membre de l’Association régionale pour la promotion du porc de Piétrain, il dirige alors la sprl Ferme du Stocquoy et la sprl Marcan à Jodoigne, avant de se lancer en politique, tout en restant administrateur du Crédit Agricole, devenu Crelan s.a.

Conseiller communal PRL de Jodoigne élu en 1982, Premier échevin en charge de l’Urbanisme, de la Jeunesse, des Sports et de l’Aménagement du territoire (1989-1992), il est aussi conseiller provincial du Brabant (1987-1991). Il devient d’ailleurs le premier président wallon de l’assemblée depuis plusieurs années ; il préside aussi les travaux d’une Commission provinciale d’étude de l’avenir institutionnel de la province de Brabant (1989-1991). À titre personnel, il est opposé à la scission du Brabant et à l’idée de lier le destin du Brabant wallon à celui de la Région wallonne, plaidant en faveur d’un statut de double appartenance régionale. 

Choisi comme député permanent en charge de l’Enseignement, de l’Agriculture et de l’Environnement (1992-1994), il va contribuer au transfert de l’ancien Brabant à la nouvelle province du Brabant wallon née à la suite de la réforme institutionnelle de 1993. En janvier 1995, il retrouve son mandat de député permanent en charge, cette fois, de l’Enseignement, de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et du Personnel du Brabant wallon (1995-1999). Homme fort de la députation permanente, il assure la continuité et la transition de l’institution provinciale.  Président de la Compagnie intercommunale d’électricité de Jodoigne et extensions (depuis 1982), président du domaine provincial d’Hélecine, il est attentif à affirmer l’identité de la nouvelle province. 

En 1999, Pierre Boucher est élu au Parlement wallon dans l’arrondissement de Nivelles et quitte la députation permanente. Homme de confiance de Louis Michel, député wallon de la majorité arc-en-ciel, Pierre Boucher siègera à Namur jusqu’en 2006, ayant été réélu en juin 2004 tout en contribuant au succès MR dans cette circonscription : son parti emporte enfin 4 sièges.

Trésorier du Mouvement réformateur (1999-), Pierre Boucher lorgne pourtant vers Wavre où il déménage afin de pouvoir briguer la succession du bourgmestre. Élu conseiller communal en 2000, échevin de la Culture et de l’Enseignement (2001-2006), il laisse cependant à Charles Michel le maïorat de Wavre. Après le scrutin d’octobre 2006, il retourne vers la province du Brabant wallon, et démissionne du Parlement wallon et de ses mandats communaux.

Député provincial en charge de l’Enseignement, des Finances et de la Régie foncière (2006-2012), il préside le collège provincial du Brabant wallon dont la majorité a pris la couleur turquoise (coalition MR-Écolo). En octobre 2012, Pierre Boucher pousse la « Liste du Bourgmestre » à Wavre et, en même temps, pousse la liste MR dans le district de Wavre qu’emmène Mathieu Michel. Siégeant désormais comme conseiller communal et comme conseiller provincial, il prend la présidence de l’IBW (juin 2013).

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Jodoigne (1983-1992)
Echevin (1989-1992)
Conseiller provincial du Brabant (1987-1994)
Député permanent (1992-1994)
Conseiller provincial du Brabant wallon (1995-1999)
Député permanent (1995-1999)
Député wallon (1999-2006)
Conseiller communal de Wavre (2001-2006)
Echevin (2001-2006)
Député provincial du Brabant wallon (2006-2012)
Conseiller communal (2012-)
Conseiller provincial (2012-)

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 68-69

Photo Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Baudouin le Bâtisseur

Statue de Baudouin le Bâtisseur, réalisée par Edmond de Valériola, 1910.

Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, appelée place Eugène Derbaix, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. La place a été aménagée en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à leur bonne exécution.

Statue de Baudouin le Bâtisseur (Binche)

Oeuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, inaugurées en même temps que la gare en 1910, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau de Frantz Vermeylen : Charles-Quint, Guillaume de Bavière, Marguerite d’York et Arnould de Binche (toutes les statues de droite, quand on fait face à la gare). Les quatre autres ont été réalisées par Edmond de Valériola (1877-1956) : Gilles Binchois, Marie de Hongrie dont la statue a été volée en 1993 Yolande de Gueldre et Baudouin le Bâtisseur.

Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1894-1904), de Valériola est le cadet de 20 ans de Frantz Vermeylen avec lequel il travaille sur le chantier binchois. Plusieurs fois candidat au Prix de Rome, le Bruxellois s’est spécialisé dans les portraits (surtout les jeunes filles et les femmes) et les médailles. La ville d’Ostende lui a confié le monument James Ensor (1930), celle d’Etterbeek celle de Constantin Meunier (1931) et il est aussi l’auteur d’un buste en marbre de Jules Bordet (Académie royale de Médecine, 1950). Comme beaucoup de sculpteurs de son époque, il fut sollicité pour réaliser des monuments commémoratifs des événements de 14-18, puis de la Seconde Guerre. Il semble cependant que les critiques émises lors de la présentation de son lieutenant-général Bernheim (inauguré à Bruxelles, au square Marie-Louise, en 1936) aient quelque peu porté préjudice à sa réputation. Cela ne l’empêche pas de réaliser de nombreuses œuvres personnelles, l’artiste travaillant le marbre autant que le bronze suivant son inspiration qui trouva aussi à s’épanouir comme médailliste. À Binche, en 1910, ce sont cependant quatre statues qu’il réalise dont un Baudouin le Bâtisseur, située à l’extrême gauche et « dans l’angle » lorsqu’on fait face à la gare. Il se trouve entre Marie de Bourgogne et Yolande de Gueldre.

Dans l’histoire de la ville de Binche, Baudouin – comme Yolande – occupe une place particulière. À Yolande, on attribue en effet d’avoir choisi le site d’où est née une ville neuve au début du XIIe siècle : bâtie sur un éperon rocheux, au pied de la Samme, Binche sera fortifiée par Baudouin IV de Hainaut, le fils de Yolande, dans les années 1140, ce qui lui vaut le surnom de « Bâtisseur ». La date précise de l’édification de cette enceinte n’est pas connue, mais elle semble achevée en 1147 lorsque Bernard de Clairvaux est en visite à Binche. Veuve de Baudouin III de Hainaut (1088-1120), Yolande de Gueldre avait épousé, en 1107, le 4e héritier du comté de Hainaut depuis que Baudouin Ier avait acquis le titre en 1051. Leur fils, Baudouin IV, exercera un long règne sur le Hainaut, héritant de son père en 1120 et gardant son titre jusqu’à son décès en 1171. Cependant, jusqu’en 1127, Baudouin doit composer avec sa mère, comtesse douairière, administratrice vigilante du pays. Par son mariage avec Alix de Namur (1130), il fait entrer le marquisat de Namur dans la couronne de Hainaut.

Contrairement à ce que laisserait paraître la statue binchoise, Baudouin IV de Hainaut a été, dans un premier temps, un prince belliqueux, qui n’hésitait pas à lancer des attaques contre ses voisins immédiats de Flandre et d’Artois. Dans un second temps, la paix ayant été retrouvée au début des années 1150, Baudouin se montre moins téméraire (à l’image de la statue), tout en renforçant cependant son pouvoir à l’égard de vassaux turbulents et en faisant fortifier les cités de Mons, Le Quesnoy, Beaumont, Bouchain et Binche. Autorisant la construction d’églises et de cathédrales, il est encore à l’origine de la ville d’Ath.



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 1920, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 460

place et square Eugène Derbaix
7130 Binche

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Paul Delforge

Paul Delforge

Monument Edmond CHABOT

Le 26 juin 1963, la 13e Compagnie du 1er para doit participer à un exercice de saut dans la région de Paderborn. Malgré une météo défavorable, quatre avions C-119 décollent de Melsbroek, mais il s’avère rapidement, à hauteur de Dortmund, que l’exercice de saut doit être supprimé. Ordre est alors donné à l’avion d’atterrir sur la base de Gütersloh où sont casernées les forces britanniques. 

Au sol se déroulent alors, à hauteur de la zone d’entraînement de Sennelager, des exercices de tirs de mortiers. Au moment où les quatre avions survolent cette zone, un mortier vient malencontreusement frapper l’aile droite du CP45, juste à hauteur du réservoir. L’incendie prive immédiatement plusieurs hommes de leur parachute tout en semant la panique à bord. Se rendant immédiatement compte de la situation, le premier sergent-major Edmond Chabot ouvre la porte du côté opposé à l’incendie et parvient à faire sortir neuf parachutistes. 

L’incendie a cependant l’ascendant sur les manœuvres désespérées des jeunes parachutistes et des membres de l’équipage ; l’avion s’écrase à Detmold, à quatre kilomètres de Sennelager. Les « parachutés » ne peuvent que constater la mort de leurs camarades, 33 jeunes recrues et leur moniteur, ainsi que 5 membres de l’équipage, tout en louant l’héroïsme et le sacrifice du sergent-major Chabot.

Originaire de Fosses-la-Ville où il était né en 1921, Edmond Chabot n’avait pas 20 ans quand éclata la Seconde Guerre mondiale. Ne supportant pas la vie sous occupation allemande, il tente de rejoindre l’Angleterre via les Pyrénées. Parti en vélo (mars 1941), il est arrêté en France et interné dans différents camps près de Toulouse. Il réussit pourtant à passer les Pyrénées, mais il est arrêté par les Espagnols et enfermé à Miranda pendant quelques mois. 

Monument Edmond Chabot

Réussissant à s’évader, il parvient à gagner l’Angleterre en 1942 et il s’engage au sein de la Brigade Piron. Il figure parmi les forces de libération en septembre 1944, participe à la Campagne de Hollande. En 1946, il s’engage chez les parachutistes où il devient instructeur. 

Au moment de la crise congolaise (1960), Chabot est envoyé en mission en Afrique. C’est donc ce militaire chevronné qui sauva la vie de neuf de ses camarades en donnant la sienne.

Dans les jours et les semaines qui suivront la catastrophe, nombreux seront les journaux et les magazines qui, à partir du témoignage des survivants, mettront en évidence l’abnégation de Chabot, l’homme qui était le plus près de la 

porte de sortie de l’avion. 

Chaque année, une cérémonie rend hommage à une partie des victimes reposant sur la pelouse d’honneur du Centre d’entraînement de parachutage à Schaffen. 

Dès juillet 1963, les autorités de Fosses-la-ville avait fait rapatrier le corps de Chabot dans la localité et elles font ériger un monument devant lequel, chaque année, un hommage officiel est rendu. 

Dans l’enseignement communal, un concours de rédaction porte aussi le nom d’Edmond Chabot.
 

Le monument est composé de trois blocs carrés de pierre bleue superposés. Dans la partie supérieure sont gravés les mots :
« Il sacrifia sa vie pour sauver ses hommes »

Dans la partie médiane est incrustée une plaquette où sont gravées une médaille et les mots : « Hommage des croix de guerre de Namur/ Le 9-4-1994/E. Chabot ». 

Vient ensuite un hommage de « l’Amicale Nationale Para-Commando Vriendenkring », régionale de Namur.

Dans la partie inférieure, figure enfin la mention :
« 1e SERGENT-MAJOR EDMOND
CHABOT A DETMOLD/26-6-1963 ».
 

 

http://archive.today/TwJKj
http://marcparacdo.e-monsite.com/pages/menu/detmold-26-juin-1963.html (s.v. avril 2014)

Au croisement des rues Sainte-Brigide et des Tanneries – 5070 Fosses-la-Ville

carte

Sculpteur et architecte inconnus, 1963.

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Paul COLLET

Alors qu’il est encore étudiant à l’Université catholique de Louvain, dans les années 1907-1911, Paul Collet est particulièrement attentif à la défense du patrimoine ; en dehors de ses convictions religieuses et de ses études de Droit, Nivelles est au cœur de ses préoccupations, en particulier la préservation de son bâti (restauration de façades, maintien de maisons anciennes, etc.) et la valorisation du parler local et du folklore (initiateur d’un musée du folklore). 

Créateur de revues artistiques avant la Grande Guerre, attiré par la dimension régionale wallonne apportée par Jules Destrée à l’heure des Amis de l’Art wallon et de l’Assemblée wallonne, celui qui fut un membre actif de la Fédération wallonne des Étudiants de l’Université catholique de Louvain reste davantage ancré dans son « Roman pays de Brabant », dont il est un défenseur acharné et apprécié. Membre de la Commission des Monuments et des Sites, il fait de la restauration de la collégiale un engagement permanent. Son talent de dessinateur offre à sa ville natale des témoignages irremplaçables de certains de ses quartiers.


Parmi les hommages qui lui sont rendus à diverses reprises, deux s’inscrivent durablement dans l’espace public de Wallonie. En septembre 1969, Paul Collet figure en effet parmi les Nivellois marquants honorés dans la pelouse d’honneur du parc de la Dodaine et une plaque commémorative est officiellement inaugurée au 51 de la rue de Bruxelles. Elle est encastrée dans la façade de la maison où Paul Collet passa l’essentiel de son existence. A côté du blason de la ville de Nivelles, on peut y lire :


ICI VECUT
PAUL COLLET
AVOCAT. HOMME DE LETTRES.
ILLUSTRATEUR DE TALENT.
DECEDE DANS CETTE MAISON
LE 22-7-1952


Docteur en Droit de l’Université catholique de Louvain, avocat avoué à Nivelles, Paul Collet (1889-1952) a consacré ses plus belles heures à sa ville natale qu’il illustre tant par ses talents littéraires qu’artistiques (croquis, illustrations à l’encre de chine, eaux fortes, aquarelles, pastels, lithographies, clichés photographiques). « Imagier du Roman Pays », comme le surnommaient ses amis, dont Georges Willame, Paul Collet est le fondateur et principal rédacteur de revues nivelloises avant la Grande Guerre, et un actif collaborateur de diverses revues wallonnes dont La Terre wallonne d’Élie Baussart, par la suite.

En 1917 et 1918, il s’occupe activement de l’accueil des réfugiés français du Nord et du Pas de Calais. Il s’agit là de l’une de ses nombreuses manifestations de sa francophilie ; en contact avec plusieurs cercles culturels français, il a été un ardent propagandiste de la culture française, récompensé de la Légion d’honneur en 1939 (chevalier). Professeur d’histoire de l’art en amateur éclairé, mais surtout avocat, juge suppléant en première instance et bâtonnier, Paul Collet est encore le délégué de Nivelles à l’Assemblée wallonne (1921-1940) et membre de son Bureau permanent. Régionaliste unioniste, il est le pionnier des fêtes de Wallonie à Nivelles ; en 1928, il crée en effet le Comité de Wallonie qui institue la Fête de la Wallonie à Nivelles. Séduit par le discours de Degrelle, ce catholique accepte d’être candidat rexiste dans l’arrondissement de Nivelles en 1936. Élu député, il représente le Roman pays de Brabant à la Chambre jusqu’en 1939. En désaccord avec le chef de Rex, il quitte alors ce parti. Après un court exil en France durant les premières semaines de la Seconde Guerre mondiale, il passe la guerre à Nivelles où il vit dans la clandestinité. À la Libération, il est à nouveau désigné par ses pairs comme bâtonnier de l’Ordre (1948).


Le dimanche 21 septembre 1969, un hommage officiel appuyé est rendu à Paul Collet, tant au Nivellois qu’au Wallon. La veille, Nivelles avait inauguré la Bibliothèque nationale de Wallonie. À l’hôtel de ville de Nivelles, une foule nombreuse assiste à une séance académique qui associe dans un même hommage Paul Collet et la Fête de la Wallonie qu’il avait créée dans sa cité dès les années 1920. Sans conteste, l’hommage de Nivelles à Paul Collet doit beaucoup à Émile Delvaille, ancien résistant, président de la section de Nivelles de Wallonie libre et conseiller communal, qui a su convaincre les échevins Vander Heggen et Hemberg. Après la séance académique matinale, la plaque figurant sur la maison Collet est inaugurée par le vice-président de Wallonie libre-Nivelles, Paul Bila. Dans l’après-midi, un mémorial Paul Collet est aussi officiellement inauguré dans le parc de la Dodaine. Au-delà de la personnalité de Paul Collet, la manifestation organisée en 1969 vise à affirmer l’appartenance à la Wallonie de l’arrondissement de Nivelles, en d’autres termes le Roman pays de Brabant, au moment où les parlementaires débattent d’une réforme de l’État et de la révision de la Constitution.
 

Sources


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Archives Paul Collet, 14-22, Chemise Commémoration 1969, notamment article du Peuple, 24 septembre 1969
Paul DELFORGE, Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au Mouvement wallon (1940-1997), dans Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, (actes du colloque), sous la direction de Luc COURTOIS et Jean PIROTTE, Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 1999, p. 285-300
Paul DELFORGE, Paul Collet, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 293-294
Georges LECOCQ, Pierre HUART, Dis, dessine-moi un monument… Nivelles. Petite histoire d’une entité au passé bien présent, Nivelles, Rif tout dju, mars 1995, p. 10

 

Plaque commémorative en hommage à Paul Collet

 

51 rue de Bruxelles

1400 Nivelles

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Plaque et médaillon Guillaume APOLLINAIRE

Plaque commémorative et médaillon Guillaume Apollinaire, 23 juin 1935 ; médaillon refait en 1950.
Médaillon refait par Léon Remy.

Le court séjour de Guillaume Apollinaire dans la région de Stavelot-Malmedy a fait l’objet de nombreux écrits auxquels se sont ajoutés des commémorations diverses et variées, allant d’une référence commerciale à des colloques, en passant par l’ouverture d’un musée et l’inauguration de monuments. C’est ainsi que le 23 juin 1935 furent notamment inaugurés un médaillon et une plaque commémorative dans l’entrée de l’hôtel du… Mal-Aimé, à Stavelot.
Pourtant, dans un premier temps, les Stavelotains eurent motivation à se montrer mécontents du passage dans leur ville du poète et de son frère. En quittant l’hôtel où ils avaient passé toute la saison 1899, Guillaume et Albert laissèrent quelques effets personnels qui n’auraient pas suffi à rembourser l’ardoise de 600 francs de l’époque qu’ils laissèrent à l’hôtelier. En découvrant par la suite l’identité de leur hôte, les autorités locales s’empressèrent de ne retenir que la partie la plus positive des événements. Sous le médaillon, on trouve une inscription somme toute sibylline, une phrase que comprenne qui pourra :


« A L’AUBE DU 5 OCTOBRE
1899, LE POÈTE GUILLAUME
APOLLINAIRE QUITTA CETTE
MAISON OÙ IL VÉCUT UNE
SAISON DE SA JEUNESSE. »


Ce serait une erreur d’y apercevoir du reproche. Le temps a passé. L’honneur d’avoir accueilli l’illustre Apollinaire efface toutes les dettes.


Né à Rome en août 1880, officiellement de père inconnu (en fait le comte Francesco Flugi d’Aspremont), le futur poète reçut de sa mère, la « baronne » Olga-Angélica de Kostrowitzky, plusieurs prénoms, dont Guillaume et Apollinaire qui deviendront sa signature littéraire. Après avoir séjourné à Bologne, Monaco, puis à Paris, la baronne franchit la frontière franco-belge avec son nouvel amant, Jules Weil, suivi par les conséquences de quelques revers financiers. Alors âgé de presque 19 ans, Wilhem ou William, ainsi que son frère Albert les accompagnent (juin 1899). La mère s’installe à Spa, tandis que les deux jeunes gens vont rejoindre le « beau-père » à Stavelot, où il a pris pension chez Constant-Lekeux, « charcutier - restaurateur, 12 rue Neuve ». Laissés seuls dès la fin du mois de juillet, les deux adolescents multiplient les promenades durant l’été, font des rencontres et partagent leur temps avec certains locaux ; mais sans le sou, ils finissent par s’enfuir le 5 octobre : leur mère et son ami ont quitté Spa depuis longtemps ; depuis le mois d’août, ils sont rentrés à Paris, et personne n’a l’argent pour payer la pension stavelotaine.

 

Plaque commémorative Guillaume Apollinaire

Rendu enragé par ce coup fourré, l’hôtelier qui sera contraint de retarder le mariage de sa fille déposera plainte auprès du procureur du roi de Verviers et brûlera tous les papiers abandonnés dans la chambre par ces « étrangers escrocs ». La justice prononcera un non-lieu et ce n’est qu’en 1934 que Christian Fettweis va découvrir dans un album de cartes et de photos de la pension Constant, une carte illustrée adressée à Willem Kostrowitzy, le 31 août 1899 par un certain Auguste. Racontant avec force détails le bref séjour ardennais des deux frères en cette fin de XIXe siècle, il dénoue un mystère en publiant Apollinaire en Ardenne. Avant lui, André Billy, Robert Vivier, Marcel Thiry notamment avaient déjà eu l’attention attirée par la familiarité d’Apollinaire tant avec la langue wallonne de Malmedy qu’avec certains lieux, voire des us et coutumes propres à l’est wallon ; n’avait-il pas aussi ressenti la vive opposition qui animaient les Prussiens de Malmedy aux Wallons malmédiens ? Indiscutablement, le bref séjour wallon avait marqué l’œuvre du poète maudit qui choisit, à Stavelot, d’abandonner définitivement la version germanique de son prénom, Wilhem, pour Guillaume. 

Emporté par la grippe espagnole à la fin de la Grande Guerre, il ne pouvait plus répondre aux questions de ses contemporains. Pendant plusieurs années, on émit des hypothèses sur l’itinéraire d’Apollinaire en Wallonie et la date de 1902 était souvent avancée, sans preuve. Une fois le double mystère levé (l’identité des logeurs indélicats et le séjour d’Apollinaire en Wallonie), la Société des Écrivains ardennais s’empresse de faire connaître son intention de marquer l’événement à Malmedy (18 mars 1934), tandis que la Société royale des Beaux-Arts de Verviers (qui a édité l’ouvrage de Fettweis) propose d’élever un mémorial le long de la vieille route de Malmedy, à Francorchamps. Unissant leurs efforts, et avant le Mémorial de Malmedy, les deux sociétés inaugurent à Stavelot, le 23 juin 1935, le médaillon et la plaque commé

morative dans l’entrée de l’Hôtel Constant, qui deviendra l’hôtel du Luxembourg, avant d’adopter définitivement le nom d’hôtel du Mal Aimé. Devant un public averti, les discours se clôturent par une interprétation de la Brabançonne et de la Marseillaise.


Durant l’offensive Von Rundstedt de décembre 1944, un éclat d’obus endommage le « souvenir Apollinaire ». Lors d’un passage à Stavelot en 1949, Carlo Bronne et Marcel Thiry interrogèrent les Stavelotains sur leurs intentions de restaurer la plaque ; on les envoya vers « le tombier », le tailleur de pierres tombales local qui tenait aussi café sur la grand place : c’était le même qui avait gravé la première plaque. Ayant déjà reçu un billet d’un « apollinariste » inconditionnel, il remit son prix au duo d’écrivains et l’affaire fut faite. Le médaillon dû à Léon Remy fut remis sur une nouvelle plaque gravée et une inauguration officielle se déroula le 22 octobre 1950, tandis que se tenait dans le même temps une exposition. Professeur à l’Athénée de Stavelot, Léon Remy était membre associé de l’Institut archéologique liégeois (1949). Dans les mois qui ont suivi s’est constituée l’asbl « les Amis de Guillaume Apollinaire » (novembre 1953), puis s’est ouvert un Musée Apollinaire grâce à l’activité du journaliste Camille Deleclos et du peintre Armand Huysmans. À partir de 1958, des biennales se déroulent à Stavelot, véritables journées d’études apollinariennes.


http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:2vduF-JT0EEJ:www.wiu.edu/Apollinaire/Archives_Que_Vlo_Ve/1_13_5-11_Quelques_articles_sur_le_monument_de_Bernister.doc+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=be
Guy PEETERS, sur http://www.spa-entouteslettres.be/apollinaire.html (

s.v. juin 2014)
La Vie wallonne, 15 juin 1925, LVIII, p. 409-412 
La Vie wallonne, IV, n°252, 1950, p. 299
La Vie wallonne, I, 1974, n°345, p. 41-42
Christian FETTWEISS, Apollinaire en Ardenne, Bruxelles, Librairie Henriquez, 1934
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 344
Postface de Marcel THIRY, dans Maurice PIRON, Guillaume Apollinaire et l’Ardenne, Paris, Jacques Antoine, 1975, p. 117-118

rue de l’Hôtel de ville 34
4960 Stavelot

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Mémorial Jean-Denis BOUQUETTE

Sur les hauteurs de Huy, le long de la chaussée de Waremme, à l’entrée de la rue Mont Falise, une stèle à la forme originale a été dressée en 1974 afin de rendre hommage à un patriote hutois exécuté en mars 1794 sur ordre du prince-évêque, François-Antoine de Méan, restauré par les Autrichiens. Arrêté et condamné à mort le 20 mars 1794, Bouquette est décapité le 25 mars (le 24 juin pour certaines sources) 1794 sur la Grand-Place de Huy, pour l’exemple. Petit bourgeois partisan d’un changement de régime, ce commerçant avait commis un crime de lèse-majesté en août 1789 en apostrophant le prince-évêque Hoensbroeck. Son successeur s’en souvint et ne montra aucune pitié pour celui qui fut choisi par ses compatriotes comme officier municipal (de Dinant) lors de la deuxième révolution.

Mémorial Jean-Denis Bouquette

À l’occasion du 200e anniversaire de l’exécution de ce révolutionnaire hutois, une asbl prend l’initiative de réaliser une stèle pour lui rendre hommage. Cette asbl, Animation du Mont Falise, est déjà active dans l’organisation annuelle de l'anniversaire du feu de la Saint-Jean. Au-delà de cette manifestation, elle prend l’initiative d’un monument à la gloire de Jean Denis Bouquette et un comité Jean-Denis Bouquette (Wallonie) est créé pour l’occasion ; il sera d’ailleurs partie constituante d’une « Fédération nationale laïque des Associations des Amis des Monuments pacifistes, républicains et anticléricaux ».

Le monument se présente sous la forme d’un cube en béton dont la partie supérieure a été tranchée en biseau ; émergent de ce cube huit longues tiges en acier qui soutiennent à leur sommet une sphère ajourée. Au centre de celle-ci apparaît une mitre de prince-évêque, faite en métal. Une symbolique certaine se dégage de ce monument inauguré le 24 juin 1994 par les autorités locales. Un panneau rappelle les circonstances de l’exécution du patriote et précise que le lieu d’implantation du monument n’a pas été choisi au hasard. C’est en effet à cet endroit qu’aurait été exposée au public, afin de l’impressionner, la tête du supplicié, tête figée dans une pique.

Avec la statue Grégoire-Joseph Chapuis à Verviers, il s’agit là du second monument dédié à un patriote exécuté à la suite des événements de la Révolution de 1789 en Wallonie.


 



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Joseph Lebeau 1794-1865, Huy, 1966, p. 37
Pierre DECHESNE, Quel est le Hutois enterré sous la Grand-Place ?, dans La Meuse, 28 août 2010
Conférences de la Société d’art et d’histoire du diocèse de Liège (Volume 3-5)
http://www.liraloeil.be/Jean-Denis.pdf 
Freddy JORIS, Mourir sur l’échafaud, Liège, Céfal, 2005, p. 18
Philippe RAXHON, La Figure de Chapuis, martyr de la révolution liégeoise dans l’historiographie belge, dans Elizabeth LIRIS, Jean-Maurice BIZIÈRE (dir.), La Révolution et la mort : actes du colloque international, Toulouse, 1991, p. 209-222
Paul HARSIN, La Révolution liégeoise de 1789, Bruxelles, Renaissance du Livre, 1954, coll. Notre Passé, p. 173
https://sites.google.com/site/monumentsauxmortspacifistes/statuts-fnlm (s.v. mai 2013)
Conférences de la Société d’art et d’histoire du diocèse de Liège (Volume 3-5), Liège, 1888
Carlo BRONNE, Joseph Lebeau, Bruxelles, Renaissance du Livre, 1944, coll. Notre passé, p. 14

au croisement de la rue Mont Falise et de la chaussée de Waremme
4500 Huy

carte

Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Ludwig van BEETHOVEN

Buste de Ludwig van Beethoven, kiosque réalisé par l’architecte Fritz Maiter, 1934.

Sur son territoire, la ville de Malmedy possède trois kiosques, décorés et fleuris : ils sont situés place de Rome, place saint Géréon, ainsi que place du Pont Neuf. Datant de 1901, celui de saint Géréon rappelle l’ancienne église bâtie au même endroit pendant plusieurs siècles. En 1923, le kiosque à musique de la place de Rome est construit, à l’initiative et aux frais des habitants du quartier, à l’emplacement de l’ancienne statue en pierre à la gloire de l’empereur Guillaume : surnommée le « Pétèr Prûs » par les habitants, cette statue avait été élevée en 1904 pour commémorer la victoire prussienne de 1870 ; après l’Armistice de novembre 1918, la statue fut enlevée et son socle rasé. 

En 1934, sur les plans de l’architecte malmédien Fritz Maiter, le troisième kiosque, celui du Pont Neuf, est édifié à l’emplacement d’un petit jardin, face à la Chapelle de la Résurrection. De forme circulaire, de style néo-classique, ce kiosque à musique ressemble à un temple monoptère à chapiteaux ioniques. S’appuyant, d’un côté, sur le pignon des maisons des deux rues de la Vaulx et de Derrière la Vaulx, il est formé de six colonnes. Ouvert au public, il est créé en même temps que la société musicale « La Lyre » qui, elle, disparaîtra avec la Seconde Guerre mondiale. À l’intérieur de cet espace, on peut voir le buste de trois illustres compositeurs allemands : Richard Wagner, Amadeus Mozart et Ludwig van Beethoven.

Buste de Ludwig van Beethoven (Malmedy)

Compositeur né à Bonn en 1770, Beethoven occupe une place particulière au firmament de l’histoire de la musique. Lointain descendant d’une famille originaire de Malines, le jeune Beethoven évolue dans un milieu tourné vers la musique : son grand-père était en effet maître de chapelle du prince-électeur de Cologne ; son père était lui aussi musicien et ténor à la même cour. Tentant de produire son fils sur toutes les scènes d’Europe à l’instar des Mozart quinze ans plus tôt, Johann van Beethoven échoue, malgré l’indéniable talent du jeune Ludwig : celui-ci devra à de vrais pédagogues et à un mécène éclairé la chance d’émerger comme pianiste virtuose et compositeur. Introduit à la Cour de Vienne, il y rencontre Mozart qui le présente à Haydn. Désormais, à partir de 1792, Vienne devient le lieu où Beethoven s’épanouit et où il écrit l’une des plus belles pages de l’histoire de la musique. 

Au-delà d’une œuvre remarquable, il influence la musique occidentale tout au long du XIXe siècle. Musicien adulé, compositeur de la 9e Symphonie, dont un extrait du presto final de l’Ode à la joie est devenu l’hymne de la CEE à partir de 1985, Beethoven est un personnage historique qui fait l’objet de très nombreux bustes ou statues à travers le monde ; s’il est statufié fort logiquement à Bonn, sa ville natale, et à Vienne, là où il passa l’essentiel de son existence, Beethoven est aussi présent dans l’espace public notamment au Mexique, aux États-Unis (New York, Los Angeles), en Hongrie, en Espagne, en Tchéquie, etc. La liste des lieux où se trouvent des bustes et statues du musicien est loin d’être exhaustive. Parmi ces dizaines de villes, on trouve Malmedy, seule cité de Wallonie à rendre hommage au compositeur allemand.

En l’absence de signature sur le buste, on sera amené à déduire que son auteur n’est autre que l’architecte qui a conçu le kiosque. Avec l’appui et le soutien de son père, Édouard (1854-1928), qui est entrepreneur, Fritz Maiter (1881-1954) est un architecte qui a entamé sa carrière de façon spectaculaire car, il n’a pas 20 ans quand il signe les plans de l’Hôtel de ville de Malmedy, souhaité et financé à ses frais par le papetier Jules Steinbach. Cette mairie au hall de marbre blanc affiche sur son fronton une inscription en latin, Civibus (aux citoyens), qui est un pied de nez au Landrat qui souhaitait une inscription en allemand. Diplômé de l’École royale d’Architecture d’Idstein (1898), le jeune Maiter avait déjà construit toutes les maisons de la nouvelle rue Steinbach (1899-1900). 

Comme son père, il est aussi entrepreneur et directeur de la briqueterie familiale, avant de fonder, en 1913, une entreprise de fabrication de blocs de cendrée et de diriger une société de transport. Mobilisé durant la Grande Guerre, il est chargé de l’entretien et de la réparation de voies ferrées pour la Prusse. Au moment de l’Armistice, il est nommé architecte de la ville de Malmedy dont l’annexion à la Belgique va se réaliser à la suite des Traités de Versailles. Il exercera cette fonction jusqu’en 1948. Marié à la liégeoise Christine Collienne, il poursuit sa carrière à la fois au service des autorités communales - il signe notamment la piscine de Malmedy, les kiosques, une école – et conçoit des plans pour plusieurs villas à Malmedy et dans sa région. Supervisant avec minutie l’entretien des voiries et des bâtiments publics de Malmedy, il s’occupe encore de rénovations ou d’interventions sur divers édifices religieux.

En dépit de ses multiples talents, Maiter est-il l’auteur des bustes des trois musiciens ? Le doute est permis. À défaut de certitude ou d’informations contraires, l’hypothèse que les trois bustes soient des productions industrielles de faible qualité est permise. Comparés à nombre de bustes des trois musiciens, ils présentent la particularité de les représenter jeunes, leur visage orienté vers la droite et la tête légèrement redressée, attitude relativement peu courante.


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot – Malmedy – Saint-Vith, Malmedy, 1979, t. 43, p. 36 et errata dans t. 47 (1983), p. 139
Robert CHRISTOPHE, Malmedy, ses rues, ses lieux-dits, dans Folklore. Stavelot – Malmedy – Saint-Vith, Malmedy, 1982, t. 46, p. 109
Philippe KRINGS, Fritz Maiter et les cent ans de notre hôtel de ville, dans Malmedy Folklore, Malmedy, 2001-2002, t. 59, p. 27-43
http://wc.rootsweb.ancestry.com/cgi-bin/igm.cgi?op=GET&db=wmakemp&id=I4547 
http://ns9.horus.be/code/fr/ipw_info_detail.asp?pk_id_news=1059 (s.v. novembre 2015)

kiosque de la place du Pont Neuf
4960 Malmedy

carte

Paul Delforge

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Statue Jean CHAPEAVILLE

Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège de bâtiments dignes de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. 

Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». 

Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. Celle de Chapeaville est parmi celles-ci.

Située entre Lambert Lombard et François Borset, la statue de Jean Chapeaville est l’une des 42 personnalités retenues. De facture sérieuse, elle a été réalisée avec un souci d'art et de différenciation ; le visage présente des similitudes avec le peu de documents que l’on a conservés. Sur la façade du marteau de droite du palais provincial, dans la partie supérieure des colonnes d’angle, Jean Chapeaville (1551-1617) a été représenté, livres en mains, par le sculpteur Mathieu de Tombay qui signe cinq des 121 figures liégeoises. 

Chanoine de la cathédrale Saint-Lambert depuis 1587, Jean Chapeaville était une personnalité proche des princes-évêques Ernest puis Ferdinand de Bavière, dont il a été le vicaire général. Premier directeur du Grand Séminaire de Liège créé en 1592, il est aussi considéré comme le fondateur de l’historiographie moderne liégeoise.

okQuant au sculpteur Mathieu de Tombay qui signe cette statue, il est le frère d’Alphonse qui est le plus connu de cette famille liégeoise de sculpteurs, et qui travaille aussi sur le chantier du palais provincial. Ce Mathieu de Tombay est souvent confondu avec son grand-père, son parfait homonyme, voire totalement ignoré.
 

Source:
 

Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 100
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 350
La Meuse, 2 octobre 1880

 

façade du Palais provincial, face à la place Notger - 4000 Liège

carte

Statue de Jean Chapeaville, réalisée par Mathieu de Tombay, c. 15 octobre 1880.

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http://www.sculpturepublique.be/7130/DeValeriola-GillesBinchois-.jpg 

Statue Gilles BINCHOIS

Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, appelée place Eugène Derbaix, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. Destiné à mettre la gare davantage en évidence tout en atténuant harmonieusement le dénivelé du terrain, le square a été aménagé en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à la bonne exécution des travaux (adjugés à 60.000 francs de l’époque). Soutenu par les autorités locales, et en particulier par le bourgmestre Eugène Derbaix, le projet de square s’inspire de celui du Petit Sablon, à Bruxelles, avec ses colonnettes gothiques et ses statuettes évoquant « l’histoire nationale ». Il est inauguré en septembre 1911.

Statue de Gilles Binchois

Oeuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, désignés en mai 1911, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau de Frantz Vermeylen : Guillaume de Bavière, Marguerite d’York, Arnould de Binche et Charles-Quint (toutes les statues de droite, quand on fait face à la gare). Les quatre autres ont été réalisées par Edmond de Valériola (1877-1956) : Baudouin le Bâtisseur, Gilles Binchois (disparue en 2014), Yolande de Gueldre et Marie de Hongrie dont la statue a été volée en 1993. Dans le projet initial, présenté en octobre 1910, Gilles Binchois, comme d’ailleurs Yolande de Gueldre et Guillaume de Bavière, n’avait pas été retenu. Figuraient alors Albert, Isabelle et Jacques Du Broeucq qui, sur

 décision du conseil communal de Binche et d’Eugène Derbaix en particulier, furent remplacés dans la version définitive du projet, arrêtée au printemps 1911.

Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1894-1904), de Valériola est le cadet de 20 ans de Frantz Vermeylen avec lequel il travaille sur le chantier binchois. Plusieurs fois candidat au Prix de Rome, le Bruxellois s’est spécialisé dans les portraits (surtout les jeunes filles et les femmes) et les médailles. La ville d’Ostende lui a confié le monument James Ensor (1930), celle d’Etterbeek celle de Constantin Meunier (1931) et il est aussi l’auteur d’un buste en marbre de Jules Bordet (Académie royale de Médecine, 1950). Comme beaucoup de sculpteurs de son époque, il fut sollicité pour réaliser des monuments commémoratifs des événements de 14-18, puis de la Seconde Guerre. Il semble cependant que les critiques émises lors de la présentation de son lieutenant-général Bernheim (inauguré à Bruxelles, au square Marie-Louise, en 1936) aient quelque peu porté préjudice à sa réputation. Cela ne l’empêche pas de réaliser de nombreuses œuvres personnelles, l’artiste travaillant le marbre autant que le bronze suivant son inspiration qui trouva aussi à s’épanouir comme médailliste. À Binche, en 1910, ce sont cependant quatre statues qu’il réalise dont un Gilles Binchois (1400-1460) aisément reconnaissable : face à la gare, sa statue est située sur la partie latérale gauche de la balustrade ; elle est la première.

Contemporain de l’illustre Guillaume Dufay, Gilles Binchois est reconnu comme un compositeur de chansons profanes dont l’influence sur les générations suivantes semble s’être davantage exercée que celle de Dufay, voire de l’Anglais John Dunstable. Ses œuvres ont en effet été maintes fois empruntées, utilisées voire transformées. Ses musiques sont presque toujours écrites à trois voix, et se fondent généralement sur des poèmes à forme fixe, des ballades et surtout des rondeaux, dont il n'a pas écrit le texte lui-même, sans que l’on connaisse toujours l’auteur. À l’instar de Dufay, Binchois est l’initiateur d'un style nouveau. Aux alentours de 1430, la musique de Binchois à la fois profane et religieuse est considérée comme une véritable ars nova.
Il est intéressant d’observer que sur les 8 statues réalisées devant la gare de Binche, six représentent des « princes ou princesses », contre deux artistes : Arnould de Binche et Gilles Binchois. Toutes les personnalités ont vécu avant le XVIIe siècle.



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Le Journal de Charleroi, 31 octobre 1910 et 16 mai 1911, Journal de Bruxelles, 3 octobre 1911
Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 1920, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Robert WANGERMÉE, Guillaume Dufay et la renaissance en musique, dans Robert WANGERMÉE et Philippe MERCIER (dir.), La musique en Wallonie et à Bruxelles, t. I : Des origines au XVIIIe siècle, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1980, p. 130-133
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. I, p. 479-486
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 460

 

place et square Eugène Derbaix
7130 Binche

carte

Paul Delforge