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Domb Eric

Socio-économique, Entreprise

Uccle 11/11/1960

C’est en 1992 que naît le projet de transformer le domaine de l’ancienne abbaye cistercienne de Cambron en jardin ornithologique et botanique sur le modèle du Walsrode Birdpark, en Allemagne. Avec l’aide du directeur scientifique de ce parc allemand, le zoologiste et paléontologue Steffen Patzwahl, et avec de solides investissements, les vestiges de l’abbaye du XIIe siècle, l’escalier d’honneur et la tour néo-classique du XVIIIe siècle, le château romantique du XIXe siècle, sa ferme et le parc de 52 hectares deviennent le lieu d’accueil de milliers d’oiseaux exotiques vivant en semi-liberté, en profitant de la douzaine d’étangs déjà existants, mais aménagés. Ouvert en mai 1994, le Parc Paradisio atteint rapidement le rythme de plus de 200.000 visiteurs par an, avant de doubler sa fréquentation dès 2000 et d’atteindre les 955.000 en 2012 (chiffres Pairi Daiza). À la tête de ce projet un peu fou, qui contribue à modifier l’image traditionnelle du Hainaut, se trouve Eric Domb, jeune consultant financier.

Licencié en Droit de l’Université catholique de Louvain (1982), il a été inscrit au Barreau de Bruxelles pendant 4 ans, tout en poursuivant une licence en Sciences financières et commerciales (à Sint-Aloysius) : cela lui permet d’entrer comme fiscaliste au sein de la société de Conseils Coopers & Lybrand (futur PriceWaterhouseCoopers), avant de se tester comme commercial dans une société de leasing informatique. Peu convaincu par ses expériences professionnelles, Eric Domb se lance dans la consultance et fonde sa propre société de conseils la SA Stratéfi (1990), avant de prendre lui-même la tête du projet Paradisio. Pour ce fils de médecin installé dans le Brabant wallon en 1976, l’aventure s’avère particulièrement périlleuse et seule la SRIW le soutient dans son rêve debout. En dépit de plusieurs contestations (urbanisme, amis des animaux…), la SA Paradisio accueille chaque année de nouveaux investissements, évolue sans cesse, relançant continuellement l’intérêt des visiteurs pour ce concept touristique original et incontournable qui entre en bourse en 1999 : volière géante de 3.000 m², aquarium Nautilus, baleinier géant, jardin chinois, restauration du cellier, tendances indonésienne, africaine, etc. En 2010, Paradisio devient Pairi Daiza, témoignant de la transformation profonde d’un parc qui n’est plus consacré aux seuls oiseaux, mais devient un jardin zoologique.

Administrateur-délégué et patron de l’une des plus importantes attractions touristiques de Wallonie, Eric Domb accepte d’entrer au Conseil d'administration du Pass (2002) et de la société IRIS à Louvain-la-Neuve et, membre de l’Union wallonne des Entreprises, de devenir le 15e président des patrons wallons (2006-2009), fonction où il remplace Henri Mestdagh. En 2008, il s’engage dans le groupe de réflexion La Belgique autrement, qui se fixe l’objectif de réfléchir à l’avenir de la Belgique, autour de Rudy Aernoudt. Manager de l’année 2007, cet entrepreneur qui réussit reçoit le titre d’officier du Mérite wallon en 2012.

En 2015, il créée la Fondation Pairi Daiza dont la mission est de mener, en Belgique et ailleurs dans le monde, des projets de protection de l'environnement et des espèces.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse

Dodrimont Philippe

Politique, Député wallon

Aywaille 01/06/1964

Député wallon : 2009-2014 ; 2014-

Conducteur des travaux de formation, secrétaire parlementaire de Joseph Bonmariage (1985-1988), Philippe Dodrimont est ensuite employé au Ministère de la Justice (1988-1993), à la Province de Liège (1993-1995) puis à l’Association liégeoise d’Électricité (-1998). Engagé au sein de la famille libérale depuis sa jeunesse, il est élu pour la première fois conseiller provincial de Liège en décembre 1987, puis régulièrement réélu (1.384 vp en 1991, 4.607 vp en 1994, 5.800 en 2000), de même qu’au Conseil communal d’Aywaille.

Colistier de l’inamovible Joseph Bonmariage, Ph. Dodrimont jouit d’une popularité locale très importante (1.051 vp. en 1994, 1.059 en 2000, 2.649 en 2006, 3.051 en 2012) qui s’étend progressivement au-delà du canton. Conseiller communal (1989-1991), il devient échevin en janvier 1993, en charge du tourisme, de l’environnement, de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme et du commerce. Très attentif à la défense des intérêts du commerce local, jouant sur la carte du tourisme et des activités sportives majeures via notamment le tennis de table féminin mais surtout le cyclisme (VTT comme sur route, avec Philippe Gilbert), il accède au maïorat en février 2003, succédant à Joseph Bonmariage. 

En charge de plusieurs dossiers délicats (le devenir des Prés de Tilff asbl dont il est président du Conseil d’administration, la situation du site classé de la Heid des Gattes, les campings de l’Amblève, la préservation des services dans une commune rurale, etc.), le maïeur aqualien dénonce, en 2011, le cartel MR-cdH noué par son prédécesseur vingt-cinq ans plus tôt et prend le risque de présenter une liste du MR, faisant cavalier seul… contre tous. Au terme d’une campagne très tendue, le MR réussit le pari d’arracher la majorité absolue (13 sièges sur 21), en octobre 2012, et décide de gouverner seul.

Candidat à diverses reprises et à des places variables aux législatives (1.783 vp en 1991, 4.260 en 1995, 6.702 en 2003, 9.597 en 2007, 8.034 en 2010, 12.816 en 2014) comme aux régionales (3.643 vp en 1995, 6.277 en 2004, 9.168 en 2009), Philippe Dodrimont ne brigue pas véritablement de mandat parlementaire, apportant surtout son soutien à son parti, du moins jusqu’en 2009. Chef du groupe MR au conseil provincial (1997-2009), Philippe Dodrimont quitte ce poste lorsqu’il est élu au Parlement wallon, en juin 2009, dans la circonscription de Liège. Il occupait alors la 2e place des effectifs.

Président de la Fédération MR de l’arrondissement de Liège (2004), où il a succédé à Didier Reynders, le député wallon siège dans l’opposition, à Namur, et ne manque pas de défendre les dossiers liégeois, dénonçant une attitude « anti-liégeoise » au niveau wallon (notamment dans le dossier du Centre sportif d’excellence). Membre de la Commission de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des chances, il est particulièrement attentif à la transformation du Cwatupe en CoDT et au Plan Habitat permanent en tant que membre de la Commission de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de la Mobilité.

Au scrutin régional du 25 mai 2014, Philippe Dodrimont (12.816 vp), toujours 2e effectif, bénéficie de la confiance des électeurs liégeois qui le renvoient au Parlement wallon. Conformément au décret décumul, il se déclare bourgmestre empêché (juin), tout en rappelant toutes les raisons qui l’ont conduit à s’opposer à l’adoption de ce décret au cours de la législature écoulée. En novembre 2014, après la formation du gouvernement fédéral, il est désigné à la présidence de la Commission de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et des Transports du Parlement wallon.
 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse -2014

 

Mandats politiques

Conseiller provincial de Liège (1987-2009)
Conseiller communal d’Aywaille (1989-)
Échevin (1993-2003)
Bourgmestre (2003-)
Député wallon (2009-)
Bourgmestre empêché (2014-)

Disabato Emmanuel

Politique, Député wallon

Frameries 11/05/1978

Député wallon : 2009-2014

Très jeune, Emmanuel Disabato s’intéresse à la politique. Le fait que son père, travailleur italien immigré, perde son emploi avec la fermeture des Forges de Clabecq, n’y est pas étranger. Membre d’Écolo en 1999, candidat aux communales à Saint-Ghislain en octobre 2000 (96 vp), ce gradué en Communication de l'IPSMa (2001) devient collaborateur au Cabinet d’Isabelle Durant (2002-2003), puis attaché de presse du groupe Écolo au Parlement wallon (2004).

Secrétaire politique permanent de la régionale Écolo du Hainaut (2004-2009), Emmanuel Disabato est élu conseiller communal à Frameries en octobre 2006, et devient, en 2010, le seul porte-parole de l’opposition au conseil communal : associé à la majorité absolue du PS en 2000, Écolo est en effet écarté en 2006, le PS préférant s’associer avec le cdH, tandis que le MR perd ses élus en cours de législature. En 2012, le PS retrouve sa majorité absolue et Écolo ne progresse pas, Disabato restant le seul élu Écolo.

Directeur de campagne lors des élections fédérales de 2007, administrateur de la fondation « Mons 2015 » (2007-), Disabato se montre critique concernant les choix opérés à Mons en matière d’infrastructures ferroviaires (la gare), de logement et de politique culturelle. Tête de liste au scrutin régional de juin 2009, il bénéficie du climat particulier qui entoure le scrutin, surtout dans le Hainaut, et décroche un mandat au Parlement wallon (2.166 vp). À 30 ans, il est l’un des benjamins de l’assemblée.

Interpellé par la situation socio-économique de sa sous-région, il fait notamment partie d’une task force pour chercher des solutions de redynamisation (2010), soutient des actions transfrontalières, et multiplie les interpellations au Parlement wallon (dossiers « Toit&Moi », « Trace », finances publiques, emploi, décumul des mandats, réforme des provinces, etc.). La dénonciation de l’implantation au Maroc du Help Desk du Forem est son intervention la plus remarquée. Elle lui donne aussi la satisfaction de provoquer un débat et la mise en place de clauses sociales et environnementales dans les procédures de marchés publics. Candidat au perchoir du Parlement wallon, en mars 2012, quand Emily Hoyos accède à la co-présidence du parti Écolo, Disabato se voit préférer Patrick Dupriez, mais quand Bernard Wesphael claque la porte du parti, en avril, c’est à Disabato que sont confiées l’animation et la présidence du groupe Écolo au Parlement wallon. Nombre de dossiers sont toujours en cours d’élaboration et la deuxième moitié de la législature sera particulièrement animée pour le chef de groupe des écologistes qui portent des dossiers importants, souvent contestés tant par l’opposition que par leurs partenaires, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’assemblée wallonne : photovoltaïque, cartographie de l’éolien, CoDT, décret sols, etc.

Tête de liste aux élections régionales de 2014 dans la circonscription de Mons, Manu Disabato (1.320 vp) est emporté par le tsunami qui frappe Écolo dans toute la Wallonie : il ne reste que 4 députés verts au Parlement wallon, contre 14 en 2009, et aucun n’est élu dans le Hainaut. Espérant une cooptation au Sénat qui ne viendra pas, l’ancien chef de groupe retrouve néanmoins une activité en tant que permanent au sein d’Écolo. Il va y travailler au processus de renaissance du mouvement, afin d’ancrer davantage sa formation dans le paysage politique wallon.
 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse -2014

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Frameries (2006-)
Député wallon (2009-2014)
Chef de groupe Écolo (2012-2014)

de Ville Arnold

Conception-Invention

Huy 15/05/1653, Modave 22/02/1722

Entre Arnold de Ville et Rennekin Sualem, une querelle est alimentée portant sur la question de savoir lequel des deux a été l’inventeur de la Machine de Marly. Depuis plusieurs années, Louis XIV cherchait le moyen de disposer de quantités importantes d’eau pour l’entretien des jardins et la création de jeux d’eau à Versailles ; plusieurs projets avaient été menés, mais aucun ne donnait satisfaction quand fut lancé un appel d’offre international (1678) que remporta le duo de Ville – Sualem. Entamé en 1681, le chantier de Marly s’achèvera sept ans plus tard : l’eau de la Seine est élevée à plus de 150 mètres au-dessus de son niveau ordinaire par un mécanisme fameux qui passa, « jusqu’à sa destruction, en 1817, pour la huitième merveille du monde ». C’est à Sualem que les honneurs furent rendus par la Cour, les hommages soulignant qu’il avait été l’unique inventeur de « la machine ». Quant à De Ville, il fut jusqu’à sa mort le gouverneur de la machine. Plus qu’un inventeur, Sualem fut un génial adaptateur des meilleures techniques connues à l’époque et De Ville un entrepreneur qui osa se lancer dans un projet qui aurait pu valoir sa ruine, en cas d’échec, et parvint à convaincre Louis XIV de ne pas trop regarder à la dépense...

Disposant d’une bonne culture technique lors de sa formation au Collège des Jésuites à Paris, diplômé en Droit de l’Université de Louvain (1674), le fils de Winand de Ville (bourgmestre de Huy et maître de forges) avait remarqué l’entreprise menée par les Sualem à Modave et il sut les convaincre de participer avec lui à l’appel d’offre lancé par la Cour de France. Là, il bénéficia, semble-t-il, du soutien de Jean Ferdinand de Marchin, maréchal de France, qui l’introduisit auprès de Colbert. Après un essai grandeur nature concluant à Saint-Germain, le duo de Ville-Sualem obtint le marché et se mit à la tâche. Celle d’Arnold de Ville fut certainement de conserver la confiance du roi et ses investissements, d’une part, de trouver des fournisseurs très spécialisés, notamment au pays de Liège, d’autre part.

Après Marly, outre son titre de « gouverneur », Ar. de Ville devient un « agent de la diplomatie française en principauté de Liège », mais ne parvient pas à prendre rang au sein de la noblesse française. L’informateur de Louis XIV tombe en disgrâce sous le Régent et choisit de se retirer dans le château de Modave qu'il a acquis en 1706. Ayant obtenu le titre de baron libre du Saint-Empire en 1686, il consacre sa retraite « à rédiger son propre Théâtre de machines ».
 

Sources

Robert HALLEUX, La machine de Marly et les savoirs techniques en Wallonie au XVIIe siècle, dans Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000
Michel ORIS, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
M. YANS, Arnold de Ville le Penseur de la machine de Marly, dans Les Cahiers historiques, n°28, série III, 1963, p. 15-17.
R. VAN DEN HAUTE, L'inventeur de la machine de Marly ne fut pas celui qu'on pensait. Comment Renkin Sualem de Jemeppe-sur-Meuse fit venir l'eau de la Seine à Versailles, dans Les Cahiers historiques, série III, n° 25, 1963, p. 67 et ssv.
A. SPINEUX, Arnold de Ville, artisan du faste de Versailles, dans Revue du Conseil économique wallon, n°18-19, 1956, p. 85-86.
M. YANS, De Ville, dans Biographie nationale, t. 26, Bruxelles, 1936-8, col. 751-752
E. PONCELET, Lettres inédites et mémoire du baron de Ville touchant la machine de Marly, dans Bulletin de la Commission royale d'Histoire, t. 98, (1934), p. 274 et ssv.

Destrée Urbain

Socio-économique, Syndicat

Cerfontaine 09/07/1937, Liège 07/03/2003

Docteur en Droit et licencié en Sciences politiques de l’Université de Liège (1961), aspirant FNRS jusqu’au milieu des années soixante, Urbain Destrée a déjà une forte expérience syndicale lorsqu’il entre à la FGTB comme permanent, plus précisément au secrétariat national du SETCa (1966). Juriste, il contribue notamment à la rédaction de la grille dite Major, utilisée pour le calcul du préavis des appointés, et de manière générale à la défense du statut des cadres. En 1971, il devient le président de l’aile wallonne du SETCa et secrétaire général du SETCa de Liège-Huy-Waremme, où il succède à Maurice Massay. En 1981, il devient vice-président de l’Interrégionale wallonne de la FGTB, dont il assume la présidence de septembre 1983 à mai 2002, tout en étant le président de la fédération Liège-Huy-Waremme de la FGTB (1989-2002).

Plongé dans la grève wallonne contre la Loi unique, lorsqu’il est étudiant à l’Université de Liège, Urbain Destrée reste durablement marqué par le discours d’André Renard et par le programme du Mouvement populaire wallon que l’on peut résumer par son programme revendicatif : fédéralisme et réformes de structures. Membre des Étudiants socialistes, il côtoie régulièrement les Jean-Maurice Dehousse, Jean Gol et Guy Mathot dont les routes se croisent tout au long de leur formation, et finalement tout au long de leur existence. Collaborateur à Combat, actif au sein de la Fondation André Renard, Urbain Destrée a une conscience très nette des problèmes wallons et des solutions qui devraient être apportées pour lutter contre le déclin économique de la Wallonie. Théoricien et technicien, il montre aussi qu’il est capable de prendre des responsabilités, notamment dans le pilotage intérimaire d’un Val Saint-Lambert menacé de faillite. Partisan d’une forte décentralisation économique et de l’initiative industrielle publique, défiant dans le néo-libéralisme et opposé au principe de la cogestion, il plaide pendant de nombreuses années en faveur de la mise en application urgente des dispositions d’application des principes inscrits dans la Constitution, lors de sa réforme en 1970, ainsi que dans la loi Terwagne de décentralisation.

Au sein de sa propre organisation syndicale, Urbain Destrée lutte en permanence pour que la revendication fédéraliste demeure l’une de ses priorités. Partisan d’un rassemblement des progressistes, il utilise tous les relais démocratiques possibles pour faire également pression sur les partis politiques ; fidèle aux idées de Renard, il est un ferme défenseur de l’indépendance des syndicats à l’égard des partis. Partisan du transfert de toutes les compétences communautaires vers les Régions, il a été le porte-parole permanent de la FGTB wallonne dans le dossier délicat de la sidérurgie, et un défenseur acharné du passage du TGV sur la dorsale wallonne, tout en luttant contre la privatisation des services publics. Critiquant l’indifférence manifestée par le capitalisme financier à l’égard de l’avenir de la Wallonie, il n’aura de cesse de regretter la lenteur avec laquelle les réformes de l’État (1980, 1988, 1993) accordent compétences et autonomie aux régions, mais refuse d’envisager une scission de la Sécurité sociale. Internationaliste, défenseur affirmé de l’union des travailleurs et socialiste radical, il rejetait toute forme de nationalisme et affirmait une identité wallonne forte et ouverte sur le monde.

Atteint par une longue maladie, il devait décéder quelques mois après avoir cédé la présidence de l’Interrégionale wallonne de la FGTB à André Mordant. En septembre 2012, à titre posthume, le gouvernement wallon lui a décerné le titre d’officier du Mérite wallon.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 490-491

de Secillon Lionel

Militantisme wallon, Politique

Slenaken (Pays-Bas) 28/06/1893, château de Sinnich à Teuven 13/02/1976

Élu conseiller communal catholique en 1921, Lionel de Sécillon se voit proposer d’emblée par ses collègues la première charge communale. Le châtelain de Teuven sera bourgmestre du village de 1921 à 1963 et deviendra l’un des principaux opposants à la flamandisation des localités de la vallée de la Voer.

Ce combat remonte aux années trente. Depuis les premières lois linguistiques du XIXe siècle, Teuven est considérée comme une commune flamande de la province de Liège, statut que lui accordent aussi les Allemands lors de la séparation administrative et la loi de 1921 sur l’emploi des langues en matière administrative. Contestant l’usage qui est fait du recensement décennal de la population de 1930 par la nouvelle loi linguistique de 1932, le comte Lionel de Sécillon réunit un Comité de Défense, regroupant les élus communaux des Fourons, mais aussi ceux des communes de langue allemande (1933). Ensemble, ces élus décident du maintien du français comme langue administrative, tout en continuant à diffuser les avis publics dans les deux langues. Le Comité que préside de Sécillon demande aussi que les « fonctionnaires publics en rapport direct avec les administrés de leurs communes soient bilingues). En juillet 1935, il est invité par l’Assemblée wallonne à présenter son point de vue lors de la LIe session. Tenté par le rexisme à ses tout débuts, Lionel de Sécillon joue de son aura locale pour se faire élire au Conseil provincial de Liège en 1936. S’il quitte clairement Rex avant la guerre, il est néanmoins suspendu de son mandat de conseiller provincial, le 26 décembre 1944, et il donne alors sa démission.

À l’entame des années 1960, lorsque la fixation définitive de la frontière linguistique fait l’objet de vifs débats parlementaires aboutissant finalement à l’adoption d’une loi qui transfère les six communes de la Voer de la province de Liège à celle du Limbourg, le comte Lionel de Sécillon décide de démissionner de son mandat maïoral afin de marquer son refus de travailler avec la province de Limbourg. Dès le 1er septembre, jour de l’entrée en application de la loi, de Sécillon accueille plusieurs centaines de Wallons venus apporter leur soutien aux populations fouronnaises. Devenu le président du Comité de Défense des Fourons et l’âme de la résistance des Fourons à « la domination flamande », il consacre la dernière partie de sa vie à la lutte pour le retour des communes des Fourons en province de Liège. Aux élections du 31 mars 1968, il occupe la septième et dernière place sur la liste Retour à Liège, à la Chambre. Il n’est pas élu, mais la liste proche du Rassemblement wallon réussit un excellent résultat électoral. De Sécillon demeure conseiller communal jusqu’à la fin de sa vie, en 1976, avant la fusion des communes.

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 475-476

Mandants politiques

Conseiller communal de Teuven (1921-1976)
Bourgmestre (1921-1963)
Conseiller provincial de Liège (1936-1945)

de Schutter Olivier

Humanisme-Egalité

Ixelles 20/07/1968

En raison de l’activité de diplomate de son père, Olivier De Schutter passe sa jeunesse en Inde puis en Arabie saoudite, où il fréquente l’école anglaise, le Lycée français puis l’École belge quand il arrive au Rwanda, en 1980, avant d’achever ses humanités à Sint-Joris Instituut à Bruxelles (1985). Inscrit en Droit à l’Université catholique de Louvain, il y obtient une licence en Droit international (1990) et un doctorat pour une thèse qui est une analyse comparative (entre États-Unis et Europe) de l’impact de l’émergence des droits fondamentaux sur la fonction judiciaire et la séparation des pouvoirs (1998). Formé à Paris II, détenteur d’un Master en Droits de l’Homme à Harvard (1991), il devient le secrétaire général de la Ligue belge des Droits de l’Homme en 2000, avant d’être chargé de la Fédération internationale, la FIDH, de 2004 à 2008. Là, il a l’occasion de se spécialiser sur l’impact de la mondialisation sur les Droits de l’Homme. 

Durant la période 2002-2006, il dirige encore un groupe européen d’experts indépendants chargés de conseiller l’Union européenne en matière de Droits de l’Homme et ses rapports annuels sont fortement appréciés. Il effectue aussi diverses expertises pour le Conseil de l’Europe. Homme de terrain, capable de formaliser une doctrine juridique en matière de Droits de l’Homme, il se révèle un grand connaisseur de la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme.

En mai 2008, il est appelé à remplacer Jean Ziegler à la fonction de Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, au sein du Conseil des Droits de l’Homme. Sa mission consiste à présenter des rapports à l’Assemblée générale des Nations Unies et au Conseil des Droits de l’Homme portant, notamment, sur les obstacles à la réalisation du droit à l’alimentation et sur les moyens de les surmonter (mai 2008-mai 2011).

Auteur de nombreux ouvrages traitant de droit international, des Droits de l’Homme sous les angles économiques ou sociaux, il est professeur à l’Université catholique de Louvain et au Collège d’Europe, professeur invité à la Columbia University et membre de la Global Law School à la New York University.

En septembre 2012, Olivier De Schutter reçoit du gouvernement wallon le titre de commandeur du Mérite wallon.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 

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Deprez Jules

Socio-économique, Entreprise

Seraing 1833, Liège /05/1889

Créés en 1825, établis en Société Anonyme en 1826, les verreries et établissements du Val Saint-Lambert sont d’abord dirigés par leurs deux fondateurs, François Kemlin de 1826 à 1838, puis Auguste Lelièvre de 1838 à 1863 qui, en 1836, ont dû se résoudre à l’entrée majoritaire de la Société générale dans le capital. Parmi leurs premiers collaborateurs, on trouve des verriers transfuges de Vonêche et un certain Lambert Deprez. Son fils, Jules, formé à l’École des Mines de Liège et diplômé en 1856, va donner au Val Saint-Lambert l’envol international qui lui faisait encore défaut.

Entré au Val en 1857, nommé sous-directeur en 1860, Jules Deprez va remplacer Auguste Lelièvre en 1863 et donner un nouveau dynamisme à la société, lui faisant franchir un cap décisif. S’appuyant sur un réel savoir-faire, bénéficiant d’un catalogue rédigé en plusieurs langues et présentant, dès 1843, les services qui font sa réputation (Poniatowski, Metternich, Lalaing), le nouveau directeur met davantage l’accent sur l’innovation, l’exportation et la rationalisation dans une démarche d’expansion s’appuyant sur un apport massif de capitaux. Une série de perfectionnements techniques (notamment pour améliorer la gravure et la décoration), l’introduction de nouvelles machines et de nouveaux fours (Boëtius en 1870) contribuent à accroître la productivité et la qualité. L’acquisition par le Val de la cristallerie Zoude à Jemeppe et à Herbatte (1879), de la verrerie de Jemeppe-sur-Meuse (1883) et surtout de la Compagnie des Verreries et Cristalleries namuroises, déjà en 1879, conduit à une fusion et à la naissance de la Société anonyme des cristalleries du Val Saint-Lambert, qui retrouve pleinement son indépendance par rapport à la Société générale. 

Localisant et rationalisant la production du cristal soufflé et moulé à Seraing, du demi-cristal soufflé à Herbatte, des cheminées de lampe à Jambes et diverses productions à Jemeppe, Jules Deprez attaque le marché mondial et y impose une marque, Le Val Saint-Lambert, une seule adresse de commande et un catalogue diversifié (verres à vitre, glaces, cristaux). Grand voyageur, Deprez vend ses produits à travers le monde, est présent dans les grandes expositions. Occupant 2.800 personnes et produisant 120.000 pièces par jour en 1880 et bientôt 4.000 ouvriers en 1889, le Val est bien loin de la vingtaine de collaborateurs des origines pas si lointaines, c’était en 1826. Cette expansion formidable c’est à Jules Deprez qu’elle la doit. 

Cet entrepreneur perçut aussi très vite l’intérêt de prendre en compte le volet social : école gratuite de dessin, coopérative d’achat des produits alimentaires et de première nécessité, prise d’eau potable sur le site de Seraing, infirmerie pour les premiers soins, assurance accidents du travail (1880). Membre de la Chambre de commerce de Liège, il était aussi conseiller communal à Seraing (1864-1872).
 

Sources

Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 212
L’art du verre en Wallonie de 1802 à nos jours, Charleroi 1985
Le centenaire du Val-Saint-Lambert, 1826-1926, Seraing, 1926

Demoulin Joseph

Culture, Lettres wallonnes

Liège 29/01/1825, Liège 25/01/1879

Fils d’un ouvrier maçon, Joseph Demoulin bénéficie des sacrifices paternels qui lui permettent d’accéder aux études. Fort d’une solide instruction dans des collèges catholiques réputés, il prend la direction de Paris où il veut se faire un nom en littérature. Il y arrive au moment où la capitale française est plongée dans le climat prérévolutionnaire de 1848 ; acquis aux idées démocratiques et progressistes, partisan absolu du suffrage universel, le Liégeois côtoie les milieux parisiens, est en contact avec Victor Hugo et Pierre-Joseph Proudhon, et se fait pamphlétaire. Ses attaques contre Louis Napoléon le conduisent par deux fois en prison pour délit de presse, avant d’être expulsé de France (1851). 

Rentré au pays, il vit de sa plume, comme journaliste, romancier, auteur dramatique, auteur engagé. Il écrit des feuilletons, des poèmes satiriques, des œuvres wallonnes pour le théâtre qui sont remarquées, mais pas impérissables. S’inscrivant dans la veine naturaliste et réaliste, il n’échappe pas au ton moralisateur. En 1860, Le Quart d’heure du diable est un petit essai satirique dédié à la princesse de Rheina-Wolbeck, comtesse de Lannoy-Clervaux. Depuis les années 1850, il a aussi en chantier un ambitieux roman sur la Révolution liégeoise de 1789.

S’il excelle dans les lettres, il éprouve des difficultés avec les chiffres. Après avoir retrouvé brièvement la prison, cette fois en raison de dettes accumulées, il lance, en 1869, un journal, Le Petit Courrier, dont le succès est assuré par la couverture qu’il fait de la guerre franco-prussienne de 1870. En 1871, attiré par la Commune, il retourne à Paris afin de mettre en application ses profondes convictions progressistes et sociales. Correspondant pour Le Rappel, Joseph Demoulin est arrêté par les Versaillais et échappe de justesse au peloton d’exécution. À nouveau, il est expulsé de France. Ses dernières années à Liège le voient se consacrer à l’écriture. 

En 1874, il publie son roman le plus connu, Le D’zy, qui, en wallon de la région du Condroz, désigne la couleuvre argentée. Tel est le surnom qu’il attribue à son héros (Paul Derenne), sorte de Robin-des-Bois, « philosophe, droit, libéral, intelligent, toujours prêt à aider les pauvres, mais qu’une erreur judiciaire a réduit à vivre en hors-la-loi, dans les bois, comme un génie bienfaisant, aussi insaisissable qu’un orvet » ; plusieurs fois réédité, ce roman constitue une véritable fresque vivante de la vie rurale dans les années 1830, intégrant de nombreuses dimensions politiques. En 1874, à la suite de son poème Le Martyr dédié à Grégoire-Joseph Chapuis, il mobilise ses contemporains (proches de ses idées) en faveur du Verviétois qu’il comparait à Saint-Just.

En 1876, alors qu’il réédite un Recueil de chansons wallonnes et chansonnettes, J. Demoulin devient aussi le deuxième président du Caveau liégeois ; mais sa présidence de la société littéraire est éphémère (à peine six mois) ; peu rompu à la culture du compromis, ce radical et franc-maçon finit son existence dans un certain dénuement matériel que compensent ses convictions politiques. En 1880, ses frères maçons lui rendront hommage en republiant Les plébéiennes, recueil des poésies écrites par Demoulin dans les années 1870.

Sources

Philippe RAXHON, La Figure de Chapuis, martyr de la révolution liégeoise dans l’historiographie belge, dans Elizabeth LIRIS, Jean-Maurice BIZIÈRE (dir.), La Révolution et la mort : actes du colloque international, Toulouse, 1991, p. 209-222
Robert FRICKX et Raymond TROUSSON, Lettres françaises de Belgique. Dictionnaire des œuvres, t. I, Le Roman, Paris-Gembloux, Duculot, 1988, p. 151-152
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 390-391, 482
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 399
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 58
Célestin DEMBLON, Joseph Demoulin, Sa vie et ses œuvres, Liège, 1883, réédité par le Caveau liégeois, 1998

Oeuvres

È Fonci-Pîrète 
Dji von, djin ‘pou (1858)
Les Plébéiennes (1870)
Pô/Lambert (1881)

Delwart Jean-Pierre

Socio-économique, Entreprise

Uccle 07/07/1950

Licencié en Sciences économiques à l’Université libre de Bruxelles, Jean-Pierre Delwart entame sa carrière professionnelle comme analyste de crédit à la Chemical Bank, avec le statut de stagiaire Onem. Il est ensuite engagé à la Banque du Benelux où il se forge une expérience en matière d’acquisitions et de fusions d’entreprises ; il passe ensuite chez Indosuez Belgique (1979-1991). Actif dans le secteur bancaire en région liégeoise depuis 1982, il rejoint une spin-off de l’Université de Liège qui connaît en 1991 de sérieux problèmes. Pourtant, le secteur de l'aquaculture est en plein développement et J-P. Delwart est convaincu du potentiel d’Eurogentec dans les biotechnologies. Il investit lui-même dans la société où il s’impose en vrai manager, laissant aux scientifiques le soin de développer leurs recherches pendant qu’il s’occupe du volet commercial. Directeur financier puis administrateur délégué, il prend la direction, en 1993, de cette société qui va pâtir de blocages en matière d’agréation européenne pour un produit-phare (la Smoltine).

Contrainte à une profonde restructuration, Eurogentec établit de nouveaux bâtiments dans le parc scientifique du Sart-Tilman et, forte d’investissements privés complémentaires, la société se lance dans de nouveaux défis, quittant le domaine de la santé animale et son potentiel de développement pour les biotechnologies tout aussi prometteuses. Depuis 1995, Eurogentec rend des services dans le cadre de processus de développement et de production de nouveaux médicaments, pour le compte d'entreprises biopharmaceutiques, mais surtout elle produit des outils de recherche spécialisés et des réactifs chimiques pour des laboratoires dépendants d'universités ou d'entreprises du secteur des biotechnologies. 

En une quinzaine d’années, la PME Eurogentec s’impose sur le marché des oligonucléotides, en vendant notamment des morceaux d'ADN qui servent de matière première aux centres de recherche actifs dans la génétique. Elle se positionne aussi dans le secteur de la protéomique (fourniture d’outils permettant l'étude du comportement des protéines) et multiplie par dix son chiffre d’affaires, tandis que son personnel croît de 500%, qu’elle acquiert des sociétés à l’étranger (Angleterre, Japon, États-Unis) et dispose d’une joint-venture à Singapour (2003). Les années 2004-2005 sont plus difficiles, mais Eurogentec est courtisée par quelques importants groupes financiers qui prennent des participations.

Financier actif dans les biotechnologies, J-P. Delwart s’est vu confier la présidence de Solvac, le holding de la famille Solvay. Membre du Groupe de Redéploiement économique du pays de Liège (GRE, 2004), administrateur de l’Institut wallon virtuel de Recherche d’excellence dans les domaines des sciences de la vie (2009), président de l’Union wallonne des Entreprises liégeoises (UWEL) jusqu’en 2008, vice-président de l’UWE (2003-2009), il succède à Eric Domb à la présidence de l’Union wallonne des Entreprises en 2009, et devient ainsi le 16e président du syndicat des patrons wallons (2009-2012). Au sein de l’UWE, il porte un regard favorable et critique à l’égard du Plan Marshall 2.Vert, plaide en faveur d’un meilleur apprentissage des langues auprès des jeunes et de davantage d’esprit d’entreprise. Pour les encourager, Eurogentec est partie prenante au capital de Start Up Invest, filiale de Meusinvest destinée à soutenir les projets de diversification industrielle (2005).

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://www.uwe.be/uwe-1/historique