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8 et 9 août 1980
Adoption de la loi spéciale et de la loi ordinaire relatives aux réformes institutionnelles







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Relief de la Wallonie

Triangle renversé d’environ 140 kilomètres du nord au sud et d’un peu moins de 200 kilomètres d’ouest en est, l’espace de la Wallonie s’étend sur 16.844 km2. Ce territoire appartient au même ensemble tectonique que l’Ardenne française ainsi que l’Eifel allemand et luxembourgeois. Le pays wallon est fait de bas plateaux ouverts, de collines et de vallées encaissées qui, partant d’un glacis nord en pente faible, s’élèvent jusqu’au massif ardennais.

Prolongeant la plaine maritime, la Basse Wallonie culmine à 50 mètres d’altitude et comprend les vallées de l’Escaut, de la Haine et de la Dendre. S’élevant jusqu’à un peu plus de 200 mètres, la Moyenne Wallonie comprend les plateaux, au nord du sillon Sambre et Meuse : Haut-Pays hennuyer, Plateau brabançon, Plateau hesbignon. En Haute Wallonie, le relief se fait plus tourmenté, s’élève à plus de deux-cents mètres et peut dépasser les 500 mètres (La Croix Scaille et ses 505 m., le Plateau d’Hurtebise à 525 m., la Forêt d’Anlier à 550 m., le Plateau des Tailles à 652 m., etc.). Là, les rivières creusent davantage leur sillon. À l’est, l’exhaussement s’est accentué et culmine dans les Hautes Fagnes (Baraque Michel, 674 m.), tandis qu’à l’extrême sud-ouest, s’élève le Plateau lorrain, bordé lui-même de quelques petits sommets qui s’élèvent de près de 400 mètres à 465 mètres (Hitzenberg). L’appellation plat-pays n’est donc pas de mise pour une Wallonie dont le point culminant est le signal de Botrange (694 m.).

 Références

DestHW12-4&5 ; SRTM

 


Paul Delforge

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Choquet Karl

Socio-économique, Entreprise

Granglise (Beloeil) 2/11/1926, Charleroi 8/06/2010

Après des études à l’École moyenne de Peruwelz, puis à l’Athénée de Mons, malgré la guerre, Karl Choquet se lance dans des études d’ingénieur civil en métallurgie. Diplômé de la Faculté polytechnique de Mons (1949), il est engagé dès 1950 à la Fabrique de Fer de Charleroi et si la société intègre le Groupe Boël (1954), Choquet restera tout au long de sa carrière fidèle à la seule Fafer. Ingénieur chef de service des Aciéries (avril 1955), directeur technique (décembre 1966), directeur général (juillet 1970), administrateur-directeur général (septembre 1976), il devient l’administrateur délégué de la société de Marchienne-au-Pont en décembre 1991 et exerce cette fonction jusqu’au 19 novembre 1996, au moment même où la société reçoit un grand Oscar à l’exportation 1996.

À l’heure où une fusion de Hainaut-Sambre et de Cockerill apparaît comme la seule solution pour sauver la sidérurgie wallonne sous l’égide du Plan Gandois, la Fabrique de Fer est restée en dehors de toute discussion notamment en raison de son capitaine d’industrie qui a entretenu des relations étroites avec les centres de recherche des universités afin d’améliorer les produits.

Président de l’Union des Anciens à la Faculté polytechnique de Mons (à ce titre, il avait suggéré d’instaurer des super-études universitaires d’ingénieur en sept ans, qui auraient conduit aux deux qualifications d’ingénieur et d’économiste), Karl Choquet a occupé d’autres fonctions d’administrateur de sociétés, généralement dans le Groupe de la famille Boël dont il a gagné la confiance. Ainsi est-il administrateur aux usines Gustave Boël et exerce-t-il la présidence du Groupement de la Sidérurgie belge. Président général de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Charleroi, il a exercé une fonction de premier vice-président (1997-2000) au sein de l’Union wallonne des Entreprises.


Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse

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Charlier Julien

Socio-économique, Entreprise

Liège 1926

Comme le verre et les charbonnages, la sidérurgie est l’un des trois piliers de l’économie wallonne. Ébranlée par le premier choc pétrolier, elle n’évite pas un processus de regroupements, fusions et fermetures. Dans le bassin carolorégien, Albert Frère procède à une politique de rachats et de fusions : Thy-Monceaux, Marcinelle, Le Ruau, Providence sont intégrées dans Hainaut-Sambre. Dans le bassin liégeois, à l’instigation des grands groupes financiers, dont surtout la Société générale de Belgique, on procède à une concentration des outils autour de Cockerill : à l’entame des années 1970, Marihaye, Ougrée, Espérance, Longdoz, Angleur, et bien d’autres, sont dorénavant « fondus » au sein de la SA Cockerill. Comme directeur général, la Société générale a désigné Julien Charlier ; il remplace Charles Huriaux (décembre 1975). À la différence de ses prédécesseurs, ce Liégeois n’a pas une formation d’ingénieur et il n’a pas de connaissance particulière dans le secteur de la sidérurgie. Son parcours est atypique. Ouvrier chez Balteau, il y a gravi les échelons : dessinateur, il s’est fait vendeur, dessinateur commercial avant d’acheter une partie de l’entreprise. Quand General Electric se présente, Balteau tombe dans l’escarcelle de l’entreprise américaine. Julien Charlier part alors pour les États-Unis et devient l’un des directeurs de GE. C’est à ce moment qu’il se forme aux techniques de management en décrochant un Master of Business administration de l’Université de Chicago.

C’est avec les méthodes américaines de management qu’il tente d’imposer un nouvel esprit d’entreprise au groupe Cockerill: il encourage la mobilité, pousse à la centralisation, écarte l’ancienne direction pour privilégier soit des « extérieurs », soit des cadres internes promus selon des critères de mérite. En 1977, ressentant le besoin de former davantage les cadres de sa société, Julien Charlier met sur pied, sur le modèle ambitieux d’une business school, une formation spécifique au sein d’une École liégeoise du Management (ELM). Par la suite, s’ouvrant à la formation de cadres d’autres entreprises, cette structure deviendra « Entreprise, Perfectionnement, Management » (EPM) et la formation sera un passage obligé. Mais, à la fin des années 1970, la révolution introduite par Julien Charlier au sein de la société n’est pas sans générer des tensions, à l’heure où la sidérurgie européenne est en pleine crise, et où la Belgique régionalise diverses compétences (lois d’août 1980), hormis la sidérurgie, « compétence nationale ». À l’instigation d’André Cools (décembre 1980), notamment, les autorités publiques forcent Cockerill et Hainaut-Sambre à unir leur destinée, au sein du groupe Cockerill-Sambre (créé le 16 janvier 1981). Après des mois de cohabitation difficile dans un ensemble hétéroclite, Julien Charlier quitte l’acier wallon pour le fil à coudre français.

Appelé à la rescousse par DMC qui le nomme directeur général en novembre 1981, il reçoit mission de sauver le plus gros groupe français du textile, Dollfus, Mieg et Cie, société née au XVIIIe siècle en Alsace et qui, grâce au mercerisage, est devenue le numéro 1 européen du fil à coudre en fusionnant avec Thiriez & Cartier-Bresson en 1961. Ébranlé par le premier choc pétrolier, DMC doit céder une cinquantaine d’usines et licencier plus de 10.000 personnes. La crise est à son paroxysme quand Julien Charlier arrive. Nommé PDG de DMC en 1984, le patron wallon transforme totalement le groupe, faisant passer la capitalisation de 65 millions de francs français à 2,5 milliards dix ans plus tard et mettant l’accent sur la qualité. Ayant conscience du phénomène de globalisation dès les années 1980, il pousse les patrons du textile réunis au sein de l’Union des Industries textiles (qu’il préside de décembre 1991 à décembre 1993) à s’opposer aux principes que s’apprêtaient à intégrer les négociateurs dans les Accords du GATT. Face aux changements attendus, il incite DMC à s’implanter en Chine (milieu des années 1990). Quand il quitte la direction de DMC en 1994, le groupe est redevenu le leader mondial du tissu imprimé. De 1994 à 1997, il reste président du Comité de surveillance avant de remettre son mandat. Malgré l’ouverture des magasins Loisirs & Création, DMC devra renoncer à son activité traditionnelle et tabler sur la diversification.
 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Michel CAPRON, La sidérurgie en Wallonie entre Usinor, Duferco et Arcelor, dans CH du CRISP, n°1786-1787, Bruxelles, 2003
Cédric LOMBA, Leurres et malheurs des techniques managériales depuis les années 1970 : projets de transformation des cadres et employés de l’industrie, analyse n°100 de l’IHOES,
Cédric LOMBA, Les modèles productifs dans la sidérurgie belge : la construction de compromis autour des politiques d’investissements (1970-1987), Onzième rencontre internationale du Gerpisa, Paris, 2003

Burny Arsène

Science, Médecine

Mellery 22/10/1933

Après des humanités à l’Athénée de Wavre, Arsène Burny entreprend des études en Agronomie tropicale et devient ingénieur agronome diplômé des Facultés universitaires de Gembloux en 1958, puis docteur en Sciences zoologiques à l’Université libre de Bruxelles (1966). Il poursuit sa formation aux États-Unis à la « Columbia University » de New York, où il est professeur associé (1968-1972). Professeur aux Facultés agronomiques de Gembloux (1974-1999), il y constitue le département de biologie moléculaire et de physiologie animale.

Chargé de cours à l’Université libre de Bruxelles, il y est le directeur du département de biologie moléculaire. Professeur à la Cornell University (État de New York), membre du Comité scientifique de l’Institut Pasteur de Paris (1988), il enseigne la biologie moléculaire et mène des recherches en génétique, dans le domaine de la cancérologie, principalement sur les rétrovirus (l'ARN messager de la globine du lapin, le virus de la leucémie bovine, la régulation des gènes en général et tous les problèmes fondamentaux liés à la vaccination).

Par ses recherches sur la leucémie bovine, l’équipe du professeur Burny a très tôt observé des similitudes avec le virus du sida détecté par des scientifiques au début des années 1980 (notamment son collègue et ami le professeur Gallo), et multiplie les expériences pour mettre au point un vaccin contre le sida. Par ses publications et ses participations à des colloques, il s’impose comme l’un des spécialistes mondiaux dans la lutte contre cette maladie. Par ailleurs, pour ses propres recherches mais aussi pour de nombreux jeunes qui soit abandonnent soit émigrent hors d’Europe, il multiplie les mises en garde contre la fuite des cerveaux en raison de la faiblesse du financement de la recherche en Europe en général, en Wallonie et à Bruxelles en particulier.

Vice-président (1989) puis président de la Commission de Cancérologie, de Microbiologie et d'Immunologie du FNRS, Arsène Burny rend le public attentif à l’émergence de la nouvelle pandémie, le Sida, et à la nécessité de soutenir le financement de la recherche fondamentale. Initiateur de l’opération Télévie en collaboration avec RTL et le FNRS, le professeur est non seulement la caution scientifique de cette initiative médiatique et populaire, mais surtout la cheville ouvrière d’un projet qui permet, chaque année depuis 1989, d’apporter de l’oxygène monétaire (plus de 100 millions d’€ récoltés) à plusieurs centaines de programmes de recherches (cancer, leucémie, etc.). En s’investissant ainsi dans le Télévie, Arsène Burny nourrit l’espoir à la fois de rendre didactiques des matières parfois très pointues, et de forcer les mandataires publics à investir davantage dans la recherche fondamentale.
Correspondant (1984), membre (1997) puis président (2001) de la Classe des Sciences de l'Académie royale de Belgique, citoyen d’honneur d’Écaussinnes, Prix quinquennal du gouvernement belge pour les sciences médicales appliquées (2002), honoré par le Conseil culturel mondial (2004), il a été fait officier du Mérite wallon en septembre 2012.
 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Le Journal des Ingénieurs, n°127, 2010

Boulenger Hippolyte

Culture, Peinture

Tournai 03/12/1837, Bruxelles 04/07/1874

Au cœur du XIXe siècle, un peintre tournaisien s’affirme comme l’un des plus grands paysagistes de son temps. Précédant l’impressionnisme à défaut d’en être un précurseur, Hippolyte Boulenger s’est fortement inspiré de sites de Wallonie, mais pas uniquement, pour réaliser une œuvre courte mais abondante.

Décédé à l’âge de 37 ans, l’artiste fut d’une étonnante productivité durant une dizaine d’années, dépassant les règles communément admises pour en établir d’autres et former une sorte d’École dite de Tervueren : cette localité était devenue son port d’attache et d’autres artistes l’y avaient rejoint.

Après avoir erré, jeune, entre Tournai, Paris et Bruxelles, à la recherche de sa voie, Boulenger avait appris le dessin à Paris, été influencé par l’école de Barbizon et avait complété sa formation à Bruxelles. Personnalité forte, il défie tous les cadres établis ; il fait ressentir les lumières de la nature dans des atmosphères forestières, de la campagne brabançonne, voire de la vallée mosane quand il la découvre lors de ses nombreux séjours à Anseremme, Waulsort, Dinant ou sur la Lesse. 

Trois siècles après les premiers paysagistes wallons, Hippolyte Boulenger donne une nouvelle impulsion à la représentation des paysages wallons. La Vue de Dinant est une interprétation extrêmement suggestive du paysage mosan plutôt qu'une saisie réaliste de la nature ». 

Atteint d’une maladie nerveuse qu’il tenta de soigner par tous les moyens, il était devenu un chef de file lorsqu’il fut contraint de renoncer à toute activité artistique (1872). Ses œuvres sont notamment conservées à Verviers, à Tournai (où une rue porte son nom), et à Liège du moins jusqu’à la fermeture du Musée de l’Art wallon dont il était un représentant majeur.
 

Sources

La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 543-544 ; t. III, p. 261
Jacques STIENNON, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 393

Bosret Nicolas

Culture, Musique

Namur 5/03/1799, Namur 18/11/1876

Entre Nicolas Bosret et Namur, il existe une histoire d’amour qui remonte au milieu du XIXe siècle. Depuis lors, les deux noms sont indissociablement liés lorsqu’on évoque la chanson en wallon et le folklore. Depuis 1856, la ville de Namur dispose en effet de son propre hymne, le fameux Bia bouquet qui a dépassé depuis longtemps les frontières de la seule cité mosane. Bosret en est l’auteur ; sa muse n’était pourtant pas Namur, mais sa jeune épouse et le sujet ne répond en rien à un classique chant patriotique puisqu’il évoque les états d’âme d’un homme à la veille de son mariage.

Aveugle en raison d’un accident domestique survenu alors qu’il avait 17 ans, Nicolas Bosret avait contourné son handicap en apprenant la musique auprès de l’organiste de l'Église Saint-Loup.  Violoniste et organiste, il avait obtenu d’être titulaire des orgues de la chapelle Saint-Jacques (1832) puis à l’église Saint-Nicolas (1842), tout en enseignant des leçons de solfège. Par ailleurs, son handicap n’empêchait pas Bosret de faire partie d’une sorte de cabaret dont les membres s’amusaient en racontant des mensonges.

Le 27 septembre 1843, il est parmi les fondateurs d’une nouvelle société d’agrément tournée vers la chanson wallonne et composée d’artistes tout aussi facétieux. Prenant le nom du village français de Moncrabeau qui entretient une solide réputation de menteurs, l’association se donne pour objectifs de conserver les traditions populaires et de défendre la langue wallonne. Au sein de cette Académie des Quarante Molons (quarante toqués), Nicolas Bosret créera un orchestre dont les instruments sont des mirlitons aux formes exotiques, les sons étranges et la disposition lors des représentations sont aussi originaux que les costumes des compères (1857).

Donnant des concerts pour venir en aide aux nécessiteux, la bande de Bosret connaît un vrai succès, sur des compositions nombreuses et originales de son mentor. Sans être un musicien exceptionnel, Bosret réjouit ses contemporains qui s’entichent de la chanson Li bouquet del Mariée, composée en 1851. L’engouement est réel et alors que le morceau est dignement interprété en 1856 lors d’une visite du roi Léopold Ier, la ville de Namur en fait son hymne officiel, sous le titre Li Bia Bouquet. Les autorités locales octroient aussi une pension permettant à Bosret de se consacrer au divertissement de ses contemporains, jusqu’à son dernier jour. Marié à Anne Quertaimont en 1842, il semblerait que Li Bia Bouquet lui était spécialement dédié.

Entré de son vivant dans le cœur des Namurois, Bosret n’en sortira jamais. Pour honorer sa mémoire à d’autres moments qu’en chanson, une rue porte son nom depuis 1878 et un important buste a été réalisé et installé en 1928. Placé en face du théâtre de Namur, sur un piédestal en forme de siège, il accueille chaque année, en septembre, les candidats au concours de menteries de la Société Moncrabeau.
 

Sources

Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 395
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 470 ; t. IV, p. 375
Ernest MONTELLIER, dans Biographie nationale, t. 30, col. 183-187, avec bibliographie complémentaire
Paul COPPE et Léon PIRSOUL, Dictionnaire bio-bibliographique des littérateurs d'expression wallonne, Gembloux, 1950

Bolland Jean

Eglises

Julémont 18/08/1596, Anvers 12/09/1665

Entré dans la Compagnie de Jésus en 1612, ordonné prêtre en 1625, Jean Bollandus (du nom du village de Bolland dont ses parents étaient originaires) étudie la Théologie à Louvain et devient professeur dans les collèges que la compagnie a ouvert à Ruremonde, Bois-le-Duc et Anvers. 

Érudit maîtrisant plusieurs langues orientales et bon connaisseur de l’Antiquité, il hérite d’un impressionnant travail entamé par Héribert Rosweyde. À sa mort en 1629, celui-ci laisse en effet une multitude de notes, de références et de documents qui concernent la vie et la légende des saints d’Europe. En élargissant le champ largement défriché par son prédécesseur et surtout en y mettant de l’ordre, Jean Bolland entreprend de compléter les recherches en cours en appliquant des règles strictes que l’on pourrait qualifier de critique historique. 

Schématiquement, ces règles consistent à rechercher la documentation à travers le monde, à l’occasion de voyages, de visites d’archives ou par des contacts épistolaires, à recourir à la méthode comparative et à constituer ainsi systématiquement un dossier par saint. En se lançant ainsi dans l’édition critique des « Vies de Saints » dans l’ordre du calendrier catholique romain (du 1er janvier au 31 décembre), Jean Bolland a fait faire d'énormes progrès à la science historique, même s’il ne s’agit pas de son objectif initial.

En deux volumes, le mois de janvier des Acta sanctorum sort des mains d’un imprimeur d’Anvers en 1643. À sa mort, en 1665, Bolland est en train d’achever le mois de mars. La démarche est lente et l’œuvre de Bolland et de Rosweyde est poursuivie par la Société des Bollandistes qui, après avoir fêté ses 400 ans d’existence en 2007, n’a pas encore achevé cette « mission » très vite saluée et encouragée par l’autorité de l’Église catholique.

Sources

La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 29, 70
Hippolyte DELEHAYE, L'œuvre des Bollandistes à travers trois siècles (1615-1915), Bruxelles, Société des Bollandistes, 1959 
1607-2007, Bollandistes, saints et légendes, Quatre siècles de recherche, Bruxelles, 2007

Boch Anna

Culture, Peinture

Saint-Vaast 10/02/1848, Bruxelles 25/02/1936

Fille de Victor Boch, l’un des fondateurs de la fameuse faïencerie Royal Boch-Keramis à La Louvière, Anna Boch est attirée par la peinture, même si on lui connaît aussi des talents pour la musique et la céramique. Cousine d’Octave Maus, élève d’Isidore Verheyden et influencée par Théo van Rysselberghe, elle collectionne avec son frère Eugène les tableaux des luministes français dont elle va s’inspirer fortement. 

Entrée en 1885, en même temps que Félicien Rops, au groupe des XX, elle devient une représentante majeure du courant impressionniste en pays wallon : de ses voyages en France, elle revient influencée par Seurat et Monet ; discrète, l’artiste louvièroise ne trouve cependant guère d’échos auprès de ses contemporains ; il est vrai qu’elle n’expose qu’à deux reprises, à Paris, en 1907 et 1908. Ce sont les post impressionnistes, comme Albert Lemaître et Richard Heintz qui établiront le contact avec cet important mouvement pictural français dont Anna Boch a été la représentante isolée en pays wallon. 

Par ailleurs, le mécénat de la famille Boch a permis à de jeunes artistes de persévérer dans leurs entreprises ; ce fut le cas notamment de Vincent van Gogh, devenu un ami de son frère Eugène. Les spécialistes affirment que le seul tableau (Vigne rouge) que van Gogh a vendu l’a été à Anna Boch. Au décès d’Anna Boch, sa collection fut revendue aux enchères et le fruit de la vente servit, conformément à son testament, à soutenir la retraite d’artistes dans le besoin.
 

Sources

Jacques STIENNON dans JORIS Freddy, ARCHAMBEAU Natalie (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 261
Thérèse THOMAS, Michelle LENGLEZ, Pierre DUROISIN, Anna Boch : Catalogue raisonné, Bruxelles, Racine, 2005
Thérèse THOMAS, Cécile DULIÈRE, Élisa JACQUIER DE ROSÉE, Anna Boch, 1848-1936, Tournai Renaissance du Livre, 2000
Dictionnaire des femmes belges. XIXe et XXe siècles, Bruxelles, 2006, p. 62-63

Blume Isabelle

Humanisme-Egalité

Baudour 22/05/1892, Bruxelles 12/03/1975

Fille d'un pasteur protestant, Isabelle Grégoire grandit dans le Borinage, dans l’environnement de ce temple protestant qui arbore un coq à son clocher depuis sa fondation en 1827 et qui est à l’écoute de la misère ouvrière. La famille Grégoire fréquente les Defuisseaux et la jeune fille est rapidement conscientisée à la question sociale et féminine ; elle fait des études à Liège et dispose d’un diplôme de régente littéraire. En 1913, elle épouse David Blume qui, plus tard, deviendra le pasteur protestant de Dour. De ce mariage naît Jean Blume, éphémère député communiste de Bruxelles en 1961.

Après la Grande Guerre, Isabelle Blume doit se rendre à l’évidence : le suffrage universel tant réclamé par le POB est réservé aux hommes seuls et les conditions d’existence restent difficiles. Militante passionnée, Isabelle Blume-Grégoire n’aura de cesse de lutter contre toutes les inégalités et discriminations qu’elles soient fondées sur le sexe, l’argent, la religion ou la couleur de peau. Ayant trouvé du travail à Bruxelles comme enseignante dans une école protestante (1920), elle s’installe à Bruxelles. Active dans les milieux socialistes et pacifistes, elle prend diverses responsabilités au sein de commissions se préoccupant du statut de la femme, au sein du POB. Éphémère conseillère communale à Uccle (1932), la présidente des Femmes socialistes est élue députée de l’arrondissement de Bruxelles sur une liste du POB en mai 1936, alors qu’elle ne dispose pas du droit de vote. Elle est l’une des toutes premières femmes à siéger au Parlement. Avant elle, Lucie Dejardin avait été élue à la Chambre en 1929, tandis que la Bruxelloise Marie Janson avait été cooptée au Sénat (1921).
 

Engagée dans la lutte en faveur de l’Espagne républicaine, contre le fascisme et pour la paix universelle, elle prend fait et cause contre la politique dite de neutralité du gouvernement belge et de Léopold III. Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, elle est l’une des premières parlementaires à rejoindre Londres où elle retrouve la gauche unie de Camille Huysmans ; elle s’occupe du service social du département de la Marine. Organisatrice de la journée internationale de la femme, inspiratrice d’une loi modifiant les règles de la prostitution, elle n’a cessé de militer en faveur de l’extension du droit de vote aux femmes, objectif atteint en 1948 seulement. Propagandiste remarquée, elle participe dès lors aux élections de 1949 et 1950 qui, symboliquement, sont celles qui l’envoient pour la dernière fois à la Chambre ; elle renonce en effet à son mandat en 1954, au lendemain d’une Question royale au cours de laquelle elle a nettement pris parti contre le retour de Léopold III.
 

La Guerre froide place de plus en plus Isabelle Blume en désaccord avec la ligne politique du PSB. Présidente des Amitiés belgo-soviétiques, toujours pacifiste, anti-Plan Marshall, elle est exclue du Parti socialiste belge en 1951 et achève son mandat de députée comme indépendante. Engagée entièrement dans le travail du Conseil mondial de la Paix, Prix Staline de la Paix en 1953, elle devient la présidente pour la Belgique et vice-présidente du Conseil mondial en 1965. En raison du refus du PSB de la réintégrer, elle adhère au Parti communiste de Belgique (1964) et fait partie de son Comité central. En octobre, elle est élue conseillère communale à Hornu, sur ses terres boraines. Observatrice attentive de l’évolution du monde au cours de ses nombreux voyages, elle n’hésite pas à exiger le retrait des troupes soviétiques de Tchécoslovaquie lors du Printemps de Prague, et perd directement ses responsabilités au sein du CMP (1969).
 


Sources

José GOTOVITCH, Grégoire Isabelle, dans Dictionnaire des femmes belges, Bruxelles, Racine, 2006, p. 289-292
Des femmes dans l’histoire en Belgique depuis 1830, Bruxelles, Luc Pire, 2006, p. 138

Conseillère communale d’Uccle (1932)
Députée de Bruxelles (1936-1954)
Conseillère communale de Hornu (1965-1970)