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Beauduin Victor

Socio-économique, Entreprise

Rosoux 13/04/1845, Ixelles 09/11/1904

Depuis les années 1820, Jean-Joseph Beauduin (1790-1861) exploite un moulin, ainsi que la ferme du château de Fumal, sur les terres de la riche Hesbaye, avant de reprendre l'exploitation de la ferme du château de Rosoux puis de construire sa propre ferme au centre de Rosoux. A sa mort, ses trois fils connaissent une destinée exceptionnelle, contribuant à doter de racines wallonnes l'épopée industrielle de la sucrerie de Tirlemont.

À côté de Jean-Joseph et de Jules, Victor entreprend des études à l’Université de Louvain. Docteur en Droit (1865), il fait un stage à la sucrerie de Rosoux que dirige son frère Jules, avant de prendre la succession de Henri Vinckenbosch – son fondateur – à la tête de la sucrerie de Tirlemont et ce qui allait devenir la Raffinerie Tirlemontoise. Désigné en 1880 secrétaire de la Société Générale des Fabricants de Sucre et directeur du journal La Sucrerie belge (1880-1890), il contribue à l'étonnante aventure de l'entreprise de fabrication de sucre en s'intéressant particulièrement aux progrès de la chimie. Membre honoraire et fondateur de l’Association belge de Chimistes et membre de la Société Technique et Chimique de Sucrerie de Belgique, il marque assurément son époque au point d'être élu à la fois comme bourgmestre de Tirlemont (1892-1904) et à la Chambre (1900-1904) comme représentant libéral de l'arrondissement de Louvain.
 

Sources

Daniel PIROTTE, Les Beauduin, dans Grands hommes de Hesbaye, Remicourt, éd. du Musée de la Hesbaye, 1997, p. 7-12.
Hendrik DEELSTRA, Michel PÉTERS, L'Ecole sucrière belge de Glons, dans Studium 3, 2008, p. 226-230.
Y. STINGLHAMBER, Beauduin, Victor-François-Joseph, dans Biographie nationale, t. XXXIX (1976), col. 105-107

Beauduin Jean-Joseph

Socio-économique, Entreprise

Rosoux 10/10/1838, Rosoux 27/09/1904


Depuis les années 1820, Jean-Joseph Beauduin (1790-1861) exploite un moulin, ainsi que la ferme du château de Fumal, sur les terres de la riche Hesbaye, avant de reprendre l'exploitation de la ferme du château de Rosoux puis de construire sa propre ferme au centre de Rosoux. À sa mort, ses trois fils connaissent une destinée exceptionnelle, contribuant à doter de racines wallonnes l'épopée industrielle de la sucrerie de Tirlemont. L'aîné, Jean-Joseph, s'associe à des fermiers des environs et fonde la sucrerie de Rosoux (1880), dont son frère Jules assurera la gestion heureuse.

Dans le même temps, fort de ses connaissances scientifiques pointues, J-J. Beauduin devient le spécialiste des nouveaux engrais. Pour faire face à de fortes demandes, il fabrique des engrais composés et installe ses entreprises près des stations de chemins de fer de Waremme. Lauréat à l'Exposition internationale de Bruxelles en 1897, il est un important industriel hesbignon de la fin du XIXe siècle, membre du Conseil supérieur de l'Agriculture, et de nombreuses associations et sociétés agricoles. Archétype du riche propriétaire terrien self-made-man, J-J. Beauduin était bourgmestre de Rosoux. Frère de Victor et de Jules, Jean-Joseph est aussi le père d'Octave Beauduin, mieux connu sous le nom de Dom Lambert Beauduin. La société J.J. Beauduin fils survivra, sous diverses formes et dénominations, jusqu'à nos jours.

 

Sources

Daniel PIROTTE, Les Beauduin, dans Grands hommes de Hesbaye, Remicourt, éd. du Musée de la Hesbaye, 1997, p. 7-12

Baillet-Latour Henri

Sport, Olympisme

Bruxelles 01/03/1876, Ixelles/Latour 06/01/1942

Dans le sud de la province de Luxembourg, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les membres de la famille de Baillet-Latour sont les seigneurs du village de Latour. Descendant de cette famille aristocratique, Henri de Baillet-Latour a la chance de pouvoir pratiquer une série d’activités sportives, dans lesquelles il se distingue, notamment en athlétisme et en équitation. En 1903, il est chargé par le roi Léopold II d’organiser le sport en Belgique et d’inscrire son pays dans un mouvement international en plein développement depuis l’organisation des premiers Jeux olympiques modernes, en Grèce, en 1894, à l’initiative de Pierre de Coubertin. Préparé par ses études à la diplomatie, marié à une comtesse allemande, Henri de Baillet-Latour entre au Comité international olympique en 1903, organise un Congrès olympique à Bruxelles en 1905 et contribue à la naissance du Comité olympique belge. Ainsi, les athlètes belges reçoivent-ils un soutien lors de leur participation aux Jeux olympiques de 1908 et 1912.

Lors de la Grande Guerre, l’organisation des Jeux est interrompue ; après l’Armistice, l’idée est relancée et le défi d’organiser une olympiade en 1920, soit dans un délai très court, est relevé par Baillet-Latour : dans une atmosphère de reconstruction de l’Europe, Anvers est le théâtre de la VIe olympiade et c’est un succès. Ce sens de l’organisation vaut à Baillet-Latour d’être retenu pour succéder à Pierre de Coubertin à la présidence du Comité international olympique (1925-1942). Si le sport est en plein essor pour nombre d’individus, il n’échappe à personne que les victoires sont des vecteurs d’affirmation nationale, voire nationaliste. Garant de l’esprit olympique, Baillet-Latour aura fort à faire pour le préserver lors de l’organisation des jeux d’hiver à Garmisch-Partenkirchen et des jeux d’été à Berlin par l'Allemagne nazie (1936). À la tête du CIO et présent sur de nombreuses photos aux côtés des dignitaires nazis, Baillet-Latour offre le flan aux critiques. Son attitude et certains de ses propos sont mis en évidence pour souligner son admiration pour la culture germanique, son anticommunisme voire une forme d’antisémitisme. Dans le même temps, il convient de constater que les athlètes juifs ou de couleur ont pu concourir à Berlin.

En 1940, il doit se résoudre à supprimer les Jeux de Helsingfors et n’assistera pas à la renaissance de la flamme olympique, étant emporté par la mort en janvier 1942, à Ixelles. Immédiatement les autorités allemandes s’employèrent à faire un événement de ses funérailles : au drapeau olympique aux cinq anneaux qui recouvre le cercueil, les Hitler, von Ribbentrop, von Halt et autres von Falkenhausen font ajouter chacun une couronne de fleurs plus impressionnante les unes que les autres. Loin de cette mise en scène et beaucoup plus discrètement, la famille placera le corps dans le petit village de Latour.

En 2008, une chaire olympique Baillet-Latour est inaugurée par Jacques Rogge, parrainée par l’Université catholique de Louvain et l’Université de Gand et soutenue par le fonds Inbev-Baillet-Latour. Créé en 1974 par Alfred de Baillet-Latour (neveu de Henri), ce même fonds contribue à aider financièrement de nombreuses initiatives culturelles, de rénovation du patrimoine ou de recherches médicales.

 

Sources

Bulletin officiel du Comité international olympique, avril 1942, 17e année, n°50, p. 1-2
Site officiel du Comité olympique international
JO. La sombre histoire du CIO : fascisme, nazisme et antisémitisme, Le Point, 6 août 2012
Francis DIERCKXSENS, Familie de Baillet-Latour. Van Bourgondië tot Brasschaat, Brasschaat, 2005
http://www.inbevbailletlatour.com/media/misc_media/Biographies%20de%20la%20famille%20de%20Baillet%20Latour.pdf

© Sofam

Cockerill John

Socio-économique, Entreprise

Haslingden 30/04/1790, Varsovie 19/06/1840

Fils de William Cockerill, frère de Charles-James, John Cockerill a quitté l’Angleterre en 1802 et a développé ses connaissances techniques et de gestion dans les ateliers de son père à Verviers puis à Liège. En 1809, il est en mesure de piloter l’atelier liégeois de construction des machines textiles et, déjà, il parcourt l’Europe en quête de nouveautés et de débouchés. En 1813, les deux frères épousent deux sœurs originaires d’Aix-la-Chapelle et reçoivent l’usine liégeoise en cadeau de mariage, ainsi qu’un important capital à investir. S’ils installent à Berlin des activités tournées vers le textile (1815), John est attiré par d’autres défis. 

Ensemble, ils achètent le château de Seraing (1817) et c’est là que va naître la plus importante usine métallurgique d’Europe. John et Charles-James y établissent successivement un atelier de construction mécanique (1819), une fonderie, une « fabrique de fer » (1820-1822) et un haut fourneau au coke (1822-1823), ce dernier étant construit par l’Anglais David Mushett. C’est autour de ce haut fourneau que se construit la prospérité de John, tandis que Charles-James revend ses parts. Dès 1825-1826, John Cockerill poursuit son œuvre de pionnier en y installant les premières machines à vapeur, une aux hauts fourneaux, une autre aux laminoirs et deux autres pour les marteaux.

Constamment à la recherche de nouvelles techniques, intéressé par de nombreux secteurs d’activités, luttant sans cesse pour accroître ses affaires, tant face aux crises économiques que politiques de son temps, John Cockerill constitue un véritable groupe industriel intégré qui est l’un des plus puissants du monde. Seul ou en association avec d’autres capitalistes, il prend des participations dans diverses sociétés anonymes, des entreprises houillères dont celles de Wandre, du Val-Benoît, d’Ougrée et de Dampremy-Lodelinsart, mais aussi des banques, ou des fabriques textiles, de fer et autres. 

Ayant  construit des bateaux à vapeur pour les Hollandais (1825), John se lance, après 1830, dans la production de rails et de locomotives. À la tête de sa société, il prospecte les marchés étrangers en quête de débouchés, tentant de prendre pied en Chine et en Russie. C’est sur le chemin du retour d’une de ses missions qu’il trouve la mort, en 1840, à Varsovie, victime de la fièvre typhoïde. Une société anonyme est alors formée, les actionnaires abandonnant toutes les activités annexes et ne conservant que la sidérurgie intégrée. La Société anonyme pour l’exploitation des Établissements de John Cockerill restera pendant un siècle et demi un des fers de lance de l’économie wallonne.

En se révélant capable de fournir, en quantité, un fer de qualité aux ateliers de fabrication mécanique du bassin de Liège, John Cockerill a provoqué autour de lui une augmentation de l’exploitation des mines de charbon que l’introduction des machines à vapeur a permise (épuisement des eaux souterraines et aération des galeries). Une spirale positive a ainsi été déclenchée, entraînant vers le haut tous les rouages de la Révolution industrielle en moins d’une génération.

Sources

Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
Michel ORIS, dans POTELLE Jean-François (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 127
P.M. GASON, Histoire des sciences et des techniques. John Cockerill et le nouveau monde industriel, Seraing, 1995
Suzy PASLEAU, Itinéraire d’un géant industriel, Liège, 1992
Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. I, p. 328, 330, 338, 346
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 351
J-J. THONISSEN, dans Biographie nationale, t. IV, col. 229-239

Chauvin Victor

Académique, Philologie, Militantisme wallon

Liège 26/12/1844, Liège 18/11/1913

Gradué en Lettres puis docteur en Droit de l’Université de Liège, avocat à Liège, Victor Chauvin est passionné par l’orientalisme. Il suit dès lors des cours d’arabe et d’hébreu à l’Université et, en 1872, il supplée son maître puis le remplace en 1878. Il élargit rapidement son enseignement au droit musulman et à l’histoire de l’ancien Orient.

Auteur de très nombreux ouvrages relatifs à l’orientalisme, professeur de langues orientales, de droit musulman et d’histoire ancienne de l’Orient à l’Université de Liège, Victor Chauvin jouit d’une grande popularité tant à Liège qu’en Wallonie. Savant curieux de tout, il publie tardivement le grand œuvre qu’il mûrissait depuis plus de trente ans. Si spécialisée, sa Bibliographie des ouvrages arabes ou relatifs aux Arabes publiés dans l’Europe chrétienne de 1810 à 1885, qui reçut notamment le Prix Rouveroy et le Prix de l’Académie de Paris, sidéra ses contemporains (1905). Le douzième volume était sur le point d’être imprimé lorsque la mort surprit celui qui était aussi un homme engagé dans son temps.
 

Secrétaire puis vice-président (1893-1913) de la Société liégeoise de Littérature wallonne, Victor Chauvin figure parmi les tout premiers militants wallons, dans les années 1880, qui donnent à leur combat une dimension politique. « Délégué de province », il participe aux premiers congrès wallons (1891-1893) et défend l’idée que le français ne doit pas être la seule et unique langue véhiculaire en Belgique, mais que cette langue doit être obligatoire en Wallonie et qu’aucune mesure oppressive ne doit être prise en Flandre contre l’enseignement du français.

Il est également un défenseur de la langue wallonne qu’il ne souhaite pas élever au même rang que le français. Collaborateur assidu de la revue Wallonia, membre fondateur de la Ligue wallonne de Liège (1897), participant actif au Congrès wallon de 1905, Victor Chauvin réfléchit à l’idée de la séparation administrative et accepte de relever le défi que lance Jules Destrée en 1912, à savoir créer un Parlement wallon. Délégué de Liège, Chauvin est l’un des membres fondateurs de l’Assemblée wallonne (1912-1913).

 

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 265

Chapuis Grégoire-Joseph

Révolutions, Science, Médecine

Verviers 11 ou 12/04/1761, Verviers 02/01/1794

Les figures de martyr ne sont pas légion dans l’histoire de la Wallonie. Le sort réservé à Grégoire-Joseph Chapuis le range cependant dans cette catégorie car, lors de la seconde restauration du prince-évêque de Liège François-Antoine de Méan, il est arrêté et condamné à mort pour sa participation active aux révolutions qui agitèrent la principauté de Liège en général, la bonne ville de Verviers en particulier, depuis août 1789. Le 2 janvier 1794, il est décapité pour l’exemple.

Incité par son père, chirurgien, à se former à la médecine dans les Provinces-Unies (Bréda) et en France, le jeune Verviétois passe notamment deux années à Paris (1784-1785) au cours desquelles il est sensibilisé aux idées de progrès et de liberté. Maître-accoucheur diplômé à son retour à Liège (1785), il est le premier chirurgien à pratiquer une césarienne en région verviétoise. Cofondateur d’une association appelée la Chambre des Zélés, il se fixe comme double objectif de secourir les pauvres et de propager l’instruction. Il contribue notamment à l’ouverture d’une école élémentaire du soir.

Quand la Révolution française gagne la principauté de Liège, on retrouve G-J. Chapuis parmi les propagandistes des idées nouvelles. Tout au long de l’année 1790, il donne très régulièrement des conférences dont le thème principal porte sur les Droits de l’Homme et sur ses devoirs. Propagandiste, Grégoire-J. Chapuis n’exerce pas de responsabilité durant la première révolution, contrairement à son frère aîné, Hubert Chapuis, qui, lors de la première restauration autrichienne, est banni à perpétuité pour avoir exercé une magistrature. Lorsque la France républicaine conduite par Dumouriez annexe la principauté (automne 1792), Grégoire-J. Chapuis accepte cette fois de faire partie de la nouvelle administration en raison de la forte demande populaire à son endroit. Officier municipal en charge de l’État civil, il se fait un devoir de célébrer les mariages civils, symbole de la sécularisation de toute la vie sociale.

Très vite cependant, les Autrichiens reprennent le dessus, et le prince-évêque, à nouveau rétabli dans ses fonctions, promet une amnistie générale (mars 1793). Se pensant en sécurité dans son foyer, Chapuis ne part pas en exil et reprend ses activités de médecin. Mal lui en prit. Dès avril, il est arrêté, emprisonné à Liège et, le 30 décembre, condamné à mort. La sentence est rapidement exécutée : il est décapité sur la place du Sablon, à Verviers, le 2 janvier 1794. Il est ainsi le dernier condamné à mort de l’Ancien Régime, selon la formule de Freddy Joris, en tout cas l’un des derniers, dans la mesure où Jean-Denis Bouquette et Augustin Behogne connaissent le même sort, à Huy, en mars 1794.

Si un hommage lui est rendu durant les premières années qui suivent sa disparition, l’oubli s’installe et la place est même rebaptisée place des Récollets, une évocation peu en rapport avec les idées du martyr. Son souvenir ne sera ravivé qu’à partir des années 1870, notamment quand Chapuis est au cœur d’un drame en quatre actes et en vers écrit par Émile Bauvin, ou quand Joseph Demoulin lui consacre un poème et l’exalte comme un Saint-Just verviétois. L’une ou l’autre biographie avait déjà paru quand un Comité spécial se met en place pour organiser un concours littéraire et surtout élever un monument à la gloire du martyr. Le Comité rassemblait des personnalités libérales de Verviers, certaines actives dans l’industrie, et Thil Lorrain fut chargé d’écrire une forte biographie, qu’il intitula Le Docteur martyr

En 1875, les autorités de Verviers renomment le lieu en place du Martyr et, en 1880, un monument est érigé en mémoire de Chapuis, « mort pour l'indépendance du pouvoir civil ». Inauguré à l’occasion du 50e anniversaire de 1830, le monument comprend un socle de 4 mètres de haut en pierre bleue d’Écaussines et une statue en bronze de même taille où les traits du visage de Chapuis sont  empruntés à Armand Wéber (dont chacun admettait la ressemblance) en l’absence de toute représentation du visage de Chapuis. La dédicace « Éducateur et bienfaiteur du Peuple – Mort pour l’Indépendance du pouvoir civil » synthétise à la fois l’œuvre de Chapuis et les valeurs libérales, voire anticléricales, que défendent ceux qui l’honorent.

Sources

Freddy JORIS, Mourir sur l’échafaud, Liège, Cefal, 2005, p. 18
Philippe RAXHON, La Figure de Chapuis, martyr de la révolution liégeoise dans l’historiographie belge, dans Elizabeth LIRIS, Jean-Maurice BIZIÈRE (dir.), La Révolution et la mort : actes du colloque international, Toulouse, 1991, p. 209-222
Gustave DEWALQUE, Grégoire-Joseph Chapuis, dans Biographie nationale, 1872, t. III, col. 432-435
THIL-LORRAIN, Le Docteur Martyr, 1876
Chapuis, aux éditions Irezumi, 2008
Chapuis, aux éditions Vieux-Temps, s.d.

Carlier Jean-Guillaume

Culture, Peinture

Liège 03/06/1638, Liège 01/04/1675

Disciple de Bertholet Flémalle, contemporain d’Englebert Fisen et de Gérard de Lairesse, Jean-Guillaume Carlier est l’un des représentants majeurs de la troisième génération de l’école liégeoise de peinture du XVIIe siècle. À une époque où l’école de Rubens et l’art flamand brillent encore de mille feux, des artistes vivant en principauté de Liège sont davantage attirés par ce qui se fait en Italie et en France. Au sein de cette école liégeoise de peinture qui se distancie du baroque exubérant, et où l’on ne retrouve ni peintures de mœurs, ni scènes de chasse ou natures mortes truculentes, Jean-Guillaume Carlier est certainement l’artiste qui parvient le mieux à représenter la personnalité humaine. Ses portraits sont de vrais petits chefs-d’œuvre, comme en témoignent son autoportrait que l’on pouvait admirer jusqu’il y a peu à Liège (au Musée de l’art wallon aujourd’hui supprimé), ou son Baptême du Christ exposé à la cathédrale Saint-Paul, à Liège, et qui constitue certainement sa réalisation la plus aboutie. Contrairement à ses contemporains, Carlier n’a pas fait le voyage en Italie. Mort jeune, il n’a pas eu le temps d’exprimer abondamment les qualités manifestes de son talent.

 

Sources

Jules HELBIG, La peinture au pays de Liège et sur les bords de la Meuse, Liège, 1903, p. 253 et ssv.
Jacques HENDRICK, La Peinture au Pays de Liège. XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Liège, 1987.
Jacques HENDRICK, Les principaux peintres liégeois du XVIIe siècle, dans Rita LEJEUNE et  Jacques STIENNON (dir.), La Wallonie. Le pays et les hommes. Lettres - arts - culture, t. II, du XVIe siècle au lendemain de la Première Guerre mondiale, La Renaissance du Livre, 1978, p. 233-242
Pierre-Yves KAIRIS, Carlier Jean-Guillaume, dans Le Dictionnaire des Peintres belges du XIVe siècle à nos jours depuis les premiers maîtres des anciens Pays-Bas méridionaux et de la Principauté de Liège jusqu'aux artistes contemporains, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 157-158.
Pierre-Yves KAIRIS, Foisonnement et diversité : les peintres du XVIIe siècle, dans Liliane SABATINI, Un double regard sur 2000 ans d'art wallon, Tournai, La Renaissance du livre, 2000, p. 321-341
Jacques PARISSE, La peinture à Liège au XXe siècle, Liège, Mardaga, 1975, p. 13-14

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Brusson Paul

Résistance

Ougrée 29/04/1921, Liège 27/10/2011

Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Paul Brusson n’a pas vingt ans. Ayant grandi dans un milieu modeste, il a suivi une formation professionnelle à l’École de chaussure de la ville de Liège (1939) et c’est comme cordonnier-chausseur qu’il travaille jusqu’en 1949 chez plusieurs grands chausseurs de la Cité ardente. En 1949, il décide de changer de cap, répond à un concours de recrutement à la police d’Ougrée et est engagé. Il suit les cours d’officier de police de la province, est nommé Commissaire-adjoint en 1962, puis Commissaire en 1974. Il est également membre, pendant 20 ans, de la Commission d’Assistance publique d’Ougrée avant d’en être le président pendant 7 ans. En janvier 1977, au moment de la fusion des communes, il devient le commissaire en chef de la police du Grand Liège et de ses 200.000 habitants. Mais au-delà de ce parcours professionnel au demeurant déjà exceptionnel, Paul Brusson est d’abord un passeur de mémoire pour une période qu’il a particulièrement bien connue, puisqu’il l’a vécue et ressentie dans sa chaire.

Pour avoir grandi près de Seraing la Rouge, celui qui était déjà anti-rexiste avant la guerre ne peut être que résistant sous l’occupation allemande. Trop peu discret lors des services qu’il rend au nom du mouvement « Solidarité » du Front de l’Indépendance, il est arrêté par la Gestapo, la veille de ses 21 ans. Trois années de détention attendent celui qui est considéré comme dangereux : forteresse de Huy, Breendonk, Mauthausen, son annexe de Gusenen (Autriche), Natzweiler-Struthof (Alsace) et enfin Dachau-Allach (Bavière). Libéré le 30 avril 1945 par les troupes américaines, il est l’un des 15 survivants des 120 déportés du convoi du 8 mai 1942.

Dès son retour à Ougrée, Paul Brusson entame deux nouveaux combats : celui pour la reconnaissance d’un statut au sein de la Confédération nationale des Prisonniers Politiques et Ayants Droit de Belgique ; ensuite, un combat contre l’oubli. À l’heure où la liberté est retrouvée, il refuse de gommer un passé pénible que nul n’ose évoquer. À l’entame des années 1950, il convie des veuves de guerre et leurs enfants à un voyage commémoratif à Mauthausen. Ensuite, ce sont ses collègues de travail. La sortie du film Nuit et Brouillard d’Alain Resnais contribue à briser le mur du silence. Une fois retraité, Paul Brusson entreprend de guider des étudiants et professeurs vers les camps de la mort. Jusqu’à son dernier souffle, il renouvellera annuellement ce voyage de mémoire, contre l’oubli et contre la renaissance de l’extrême-droite.

En 1997, une Fondation Paul Brusson a vu le jour, créée par le Rotary de Liège-Sud, pour pérenniser son engagement. Par ailleurs, il est parmi les fondateurs des « Territoires de la Mémoire ». Président de l’Union liégeoise des Prisonniers Politiques des deux guerres mondiales, de l’Amicale de Mauthausen, du comité de restauration du Fort de Huy, vice-président et membre du Conseil d’Administration de l’Institut national des Invalides de Guerre, Paul Brusson avait reçu en 1996 la Croix d’Honneur d’Autriche. Citoyen d’honneur de Seraing, il s’est vu décerner et, à titre posthume, le titre de « citoyen européen de l’année 2012 », par le Parlement européen, et le rang d’officier du Mérite wallon, par le gouvernement wallon.
 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse  
http://www.seraing.be/Paul-Brusson.html 
Pierrot GILLES et Paul BRUSSON, De mémoire vive, Liège, 2004, livre-témoignage 
http://vimeo.com/31072170 

Boulangier Corinne

Culture, Journalisme

La Louvière 14/02/1973

En même temps que ses candidatures en Romanes à l’Université catholique de Louvain, Corinne Boulangier entreprend une formation à l’Institut des Arts de Diffusion (option théâtre), fait du théâtre amateur et participe à la Ligue d’Impro. Sans achever sa deuxième licence, elle privilégie le Centre d’études théâtrales de Louvain-la-Neuve.

Travaillant comme étudiante pour la télévision communautaire Antenne Centre, elle allie ses centres d’intérêt quand elle anime l’émission Mémoires des rues. Repérée par la RTBf lors d’un casting, elle se voit confier des remplacements (Bingovision et Pour la Gloire, 1999), puis l’animation de divers programmes, souvent en duo, dont Génies en herbe (1999-2004), avec Thomas Van Hamme, la dictée du Balfroid avec Jacques Mercier, ou 100% Télé avec Patrick Ridremont (2003). Elle présente aussi des « événements » liés à des anniversaires ou à des pages d’histoire. 

Abandonnant le théâtre pour privilégier la télévision, elle s’impose à partir de 2004, année qui marque le début de sa carrière et qui lui vaut un « Moustique d’or », puis le Prix Ex-libris 2005. Chroniqueuse, animatrice ou présentatrice dans le domaine culturel, elle touche tant au cinéma (Ca tourne, 2002), qu’à la grande musique (Concours musical Ysaye, depuis 2004), à l’histoire (Les années belges, 2004), voire à la littérature (Mille feuilles, 2005-2007). Elle s’essaye aussi au talk-show (C’est la vie (en plus), 2007-2008), avant de valoriser le patrimoine wallon (Ma Terre, depuis 2009). Sa voix est également sur les ondes de la radio, auprès de J-P. Hautier (2002-), ou dans Culture club (2004-2012), voire Nuwa émission consacrée à l’environnement (2010-). Depuis 2007, elle préside aussi le jury du Prix Première, récompense littéraire décernée par les auditeurs de la RTBf.

Sa collaboration avec l’Institut du Patrimoine wallon, depuis 2009, a permis la réalisation de grands magazines thématiques de qualité touchant à l’histoire de la Wallonie. Cela lui a valu d’être élevée au rang de chevalier du Mérite wallon (septembre 2012).

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse

© FGTB

Bodson Thierry

Militantisme wallon, Socio-économique, Syndicat

Liège 29/12/1960

Gradué en Comptabilité, Thierry Bodson poursuit des formations complémentaires sur la fiscalité en cours du soir. Engagé dans une banque en 1981, il travaille comme ouvrier boucher avant d’être engagé comme employé à la FGTB. Affecté au service comptabilité, il a choisi délibérément de travailler au service du syndicat socialiste ; cette sensibilité n’est pas due à sa naissance, à Liège, en pleine grève wallonne contre la Loi unique. Cependant, né dans un milieu ouvrier, il a été militant pacifiste et antinucléaire dans les années 1970, et il a fait le chemin vers la lutte sociale et régionale wallonne à une époque où le chômage explose, au moment où se mettent en place les institutions wallonnes et à l’heure des pouvoirs spéciaux du gouvernement Martens-Gol.

Responsable du service chômage au sein de la FGTB Liège-Huy-Waremme (1992-1994), il devient l’adjoint du secrétaire régional entre 1994 et 2002, avant de succéder à Georges Vandersmissen en mai 2002. Contribuant à dynamiser sa régionale, notamment par l’accroissement de ses affiliés, il occupe cette fonction jusqu’en 2008, moment où il est élu secrétaire général de l’Interrégionale wallonne de la FGTB ; il y remplace Jean-Claude Vandermeeren.

Très impliqué dans la lutte contre l’extrême-droite, il est notamment le cofondateur de l’asbl Vlaams Belang, asbl créée pour priver le parti politique flamand de cette appellation, et soutient le projet « La cible c’est toi ». Actif dans la lutte contre les inégalités, il a participé au collectif de résistance aux centres fermés pour étrangers (Vottem), s’est impliqué dans la problématique des SDF, a mené des actions contre l’homophobie. Attentif à favoriser l’accès des jeunes à l’emploi et opposé au travail à temps partiel, il se montre un observateur critique des multiples mesures prises en matière de politique d’emploi, et un ardent opposant aux intérêts notionnels et à toute politique d’austérité.

En tant que haut responsable permanent syndical, Thierry Bodson est appelé à siéger dans plusieurs conseils d'administration où les partenaires sociaux sont associés, que ce soit au Forem (il est membre du comité de gestion et du bureau exécutif), à la CIW, au sein des Agences de stimulation wallonnes, de l’AWEX, de la SRIW, ainsi qu’au Conseil économique et social de la Région wallonne. Depuis mai 2011, succédant à Marie-Anne Belfroid, il préside d’ailleurs l’instance consultative des autorités wallonnes.
Partisan du maintien de la Sécurité sociale au niveau fédéral, il apporte son soutien aux États-généraux de Wallonie (juin 2008), contribue à la rédaction du Livre blanc pour la Wallonie (été 2009) et participe au Mouvement du Manifeste (2010-).

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse