Bruxelles, KIK-IRPA

Dalle funéraire de Charles Goffin

Située dans le cimetière de Tintigny, dressée contre le mur de l’église, se trouve la dalle funéraire d’un ancien curé de la localité. D’une hauteur de 170 cm sur une largeur de 69 cm, elle a été gravée en 1854 et décorée d’une croix entourée de deux étoiles et de deux chandeliers d’église et décorée d’un calice surmonté de l’Hostie. À son pied se trouve un crâne. Il s’agit ici d’un programme traditionnel de l’iconographie funéraire liée à un membre du clergé. Dans la partie inférieure se trouve un cartouche gravé d’une inscription latine rappelant le sort réservé au prêtre suite à la Révolution : « À la mémoire du révérend Charles Goffin qui, aux époques calamiteuses, s’est exilé 15 mois dans l’île de Ré, puis pour 25 ans à Sainte-Marie, il est mort pieusement à Tintigny le 16 juillet 1854 à l’âge de 76 ans ».

Rue des minières

6730 Tintigny

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Bruxelles, KIK-IRPA

Dalle funéraire d’Albéric du Chastel de la Howardries

Membre de la prestigieuse famille du Chastel de la Howardries, seigneurs du lieu sous l’Ancien Régime, Albéric du Chastel est né en 1788. Entré au service militaire, il entame sa carrière au service de la France au grade de sous-lieutenant en 1809. 

Il participe à la campagne de Russie et prend part à la campagne de 1815 en qualité de capitaine du 2e chasseurs à cheval. C’est dans ce régiment qu’il combat à la bataille des Quatre-Bras. Il poursuit sa carrière dans l’armée hollandaise avant d’entrer en politique. Il est membre de la chambre des représentants du royaume des Pays-Bas entre 1819 et 1830. Resté célibataire, il obtient le 2 novembre 1857 la reconnaissance de la noblesse belge et est titré comte. 

Il repose dans l’église Saint-Martin de Hollain. Sa dalle funéraire a été sculptée dans du marbre blanc en 1864. Elle comporte dans sa partie supérieure les armoiries du défunt ainsi que sa devise « Porte en soy honneur et foy » et, dans sa partie inférieure, l’épitaphe suivante : « À la mémoire de Monsieur Albéric Ernest Henri Marie-Joseph, comte du Chastel de la Howardries, en son vivant chevalier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre du lion néerlandais, chevalier grande croix de l’ordre grand ducal, de la couronne de chêne, bourgmestre d’Hollain, né à Tournai le 31 décembre 1788, décédé pieusement à Hollain le 27 avril 1864 (…) ».

 

Rue de Tournai 88

7620 Brunehaut

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Bruxelles, KIK-IRPA

Croix Ledoyen à Érezée

Anciennement au cimetière et aujourd’hui située dans l’église Saint-Laurent-et-Saint-Monon d’Érezée, se trouve une croix funéraire d’un prêtre réfractaire, lui aussi déporté sur l’île de Ré. La croix est gravée de l’inscription suivante : « Ci-gît le corps de Henri Joseph Ledoyen, curée d’Érezée où il est décédé le 27 mars 1831 à l’âge de 68 ans, administré des Sacrements de notre mère la Sainte Église, qui fut déporté à l’île de Rhé [sic] l’an 1798 ayant été mis dans 36 prisons. RIP. Amen ». Cette épitaphe se trouve de part et d’autre de la croix funéraire, décorée de symboles religieux : chandeliers, calice, hostie…

 

Avenue du Centenaire

6997 Érezée

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Frédéric MARCHESANI, 2014

IPW

Croix de Jean-Joseph Cartiaux

Le long de la rue François Lorge à Vedrin se trouve une croix couverte fort élémentaire. En bois, elle comporte une petite plaque sur laquelle est simplement inscrit : « Jean-Joseph Cartiaux, prisonnier à l’île de Cabrera de 1808 à 1814 ». 

Ce discret monument commémoratif nous renseigne sur une des facettes moins bien connues de la période napoléonienne. En 1808, alors que l’armée française se trouve en Espagne, l’empereur doit faire face à une insurrection dans le sud du pays, dans la ville de Baylen. Face à la puissance de résistance espagnole, le général Dupont de l’Étang est contraint à la capitulation le 24 juillet 1808. Cette grande victoire espagnole constitue aussi le premier échec important des armées napoléoniennes et montre que la France n’est pas invincible. Le traité signé prévoit le rapatriement des troupes françaises à Rochefort mais déplaît aux Anglais et suscite l’indifférence de Napoléon qui n’apporte aucune aide aux prisonniers français. 

Tout d’abord dispersés dans les campagnes espagnoles, les soldats français sont faits prisonniers après la victoire de la Grande Armée à Madrid en décembre 1808 et enfermés dans des bateaux ancrés dans la rade de Cadix pendant quatre mois. Ces prisonniers sont ensuite transférés à Cabrera, une petite île de l’archipel des Baléares, au sud de Majorque. Ce sont 2 979 sous-officiers et soldats qui y débarquent le 2 mai 1809, suivis de 1 248 autres prisonniers le 9 mai et d’un troisième contingent le 11 mai. On estime le nombre total de prisonniers emmenés à Cabrera entre 1809 et 1814 à 11 800 hommes. L’île, un désert de cailloux, ne possédait ni maison ni eau. Les prisonniers y survivent dans des conditions miséreuses pendant de nombreuses années. À la fin du régime impérial français, un premier convoi délivre les prisonniers les plus malades le 16 mai 1814. Une semaine plus tard, le restant des 3 700 survivants est transporté à Marseille. Parmi eux, un soldat belge des armées napoléoniennes, discrètement commémoré au bord d’une route de la campagne namuroise.

 

Rue François Lorge

5020 Vedrin

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Cité des Grandes Rames

La cité des Grandes Rames, construite en 1808, est traditionnellement considérée comme la plus ancienne cité ouvrière d’Europe. C’est à nouveau aux familles Biolley et Simonis que l’on doit la construction de ces bâtiments où s’entasseront des générations d’ouvriers. Situés à la limite du territoire municipal, ils sont proches des usines et fabriques qui s’implantent en nombre au début de cette période prospère. Cette rapide explosion industrielle provoque rapidement des problèmes démographiques et dès lors de logement qui se posent d’ailleurs tout au long du XIXe siècle.

La construction de la première maison débute sur le site le 25 avril 1808 sous la direction de l’architecte Henri Douha. L’édifice doit être fonctionnel et bon marché, il est dénué d’ornements, d’esthétisme et de variété. Cinq autres maisons identiques sont construites par la suite et habitables dès août 1809 ; elles précèdent quatre autres habitations qui complètent l’ensemble après 1810. Mis à part les disgracieux escaliers extérieurs en béton ajoutés lors de sa restauration, le site est encore aujourd’hui l’héritier de cette époque et a conservé son aspect d’origine : dix maisons identiques et mitoyennes formant deux gros blocs parallèles. Chaque maison est élevée en brique rouge et calcaire sur quatre niveaux de cinq travées et couverte d’un long toit brisé. Chaque étage est divisé en quatre pièces organisées autour d’un couloir central. Chaque maison possède une cave, une cuisine et un grenier aménagé dans lequel sont installés, au XIXe siècle, des métiers à tisser. Chaque chambre abrite alors un ménage de quatre à six personnes pour une superficie de 23 m² ! L’eau courante n’est installée qu’en 1876 et le raccordement à l’égout en 1883…

Après avoir été désaffectés, inoccupés et menacés de démolition, les bâtiments sont vendus par le CPAS de Verviers à une société de logements sociaux en 1991 qui procède à une rénovation de l’ensemble et son aménagement en habitations. Le crucifix, les arbres et le grillage présents contre un des pignons de l’ensemble ont été classés en 1983. Les maisons sont pour leur part reprises à l’inventaire du patrimoine monumental de Belgique.

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Chaussée Napoléon à Huy

Ce quai au pied du fort de Huy doit son nom aux travaux que le Premier Consul ordonna, après un passage difficile sous une porte trop basse et une chaussée étroite, le 3 août 1803.

 

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Bruxelles, KIK-IRPA

Chapelle Saint-Pierre de Boneffe

Située à l’angle de la rue de Taviers-Branchon, la chapelle Saint-Pierre est un petit édifice carré en briques peintes et pierre bleue de style néoclassique. Sommée d’un clocheton cubique coiffé d’une pyramide elle-même surmontée d’une croix, l’édifice comporte une inscription, sur le devant de l’autel « Saint Pierre, protégez-nous comme vous nous avez protégés des cosaques en 1814, de Blücher en 1815 ». 

Elle rappelle le passage de troupes russes et prussiennes dans la région lors des dernières campagnes napoléoniennes. Les cosaques, cavalerie légère de l’armée russe, traversent la Wallonie depuis l’est dans les premiers mois de 1814 afin de rejoindre Paris et la campagne de France. Blücher et les troupes prussiennes figurent parmi les protagonistes les plus importants de la campagne de 1815.

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Bruxelles, KIK-IRPA

Chapelle Saint-Jacques de Beaulieu

La chapelle Saint-Jacques fait office de chapelle castrale pour la famille Duval de Beaulieu. Il s’agit d’un petit édifice de plan rectangulaire construit au début du XIIIe siècle mais lourdement remanié au début du XIXe siècle afin de le transformer en chapelle funéraire. On y adjoint ensuite un porche néo roman vers 1890. On y trouve entre autres les boiseries du couvent des Dominicains de Mons, démoli peu après la Révolution pour y ériger l’hôtel particulier de Constant Duval de Beaulieu. Le domaine appartient à une famille de haute noblesse, dont les membres s’illustrent sous l’Empire et deviennent comtes Duval de Beaulieu en 1809.

Plusieurs membres de la famille enterrés dans la chapelle ont joué un rôle sous le régime français. Constant Duval de Beaulieu (1751-1828) est maire de Mons entre 1800 et 1815. Dieudonné Duval de Beaulieu (1786-1844) occupe de nombreux postes administratifs importants sous l’Empire, notamment auditeur du Conseil d’État en 1806 et intendant de la province de Burgos en 1809. Il poursuit une carrière politique sous les régimes hollandais et belge. Édouard Duval de Beaulieu de Blaregnies (1789-1873) entre au service de la France en 1804 et prend part aux campagnes impériales (Prusse, Pologne, Espagne, Russie). Il est décoré sur le champ de bataille de La Moskova et nommé officier de la Légion d’honneur à Leipzig en 1813. Sous la Restauration, il rejoint les troupes des Pays-Bas et donne sa démission en 1819.

 

Rue de Beaulieu 115 (derrière)
7021 Mons (Havré)

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Chapelle Sainte-Anne de Vaux-sous-Chèvremont

Située au sommet du plateau dominant la vallée de la Vesdre et de la Meuse à hauteur de Vaux-sous-Chèvremont, la chapelle Sainte-Anne est un édifice de calcaire de la fin du XIXe siècle. 

La petite construction classée porte l’inscription « Sainte-Anne 1889 » et abrite, derrière une grille en fer forgé, une potale plus ancienne. Érigé près d’un siècle après les faits, l’édifice mêle la symbolique religieuse et la symbolique révolutionnaire en rendant hommage à des soldats français tués au cours d’un combat contre les Autrichiens en juillet 1794. 

À l’intérieur, une plaque commémorative rappelle cet état de fait : « Chapelle dédiée à sainte Anne d’Auray en Bretagne. Les tilleuls et la potale datant de 1794 évoquent le souvenir de cinq soldats bretons tombés lors de l’offensive française ». Aujourd’hui, seuls trois des cinq arbres subsistent.

Rue Michel de la Brassine 1
4051 Vaux-sous-Chèvremont

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Bruxelles, KIK-IRPA

Chapelle Notre-Dame-des-Affligés

Ancien lieu de culte et de pèlerinage connu depuis le XVIe siècle, la chapelle actuelle a été érigée en brique et calcaire sur un plan octogonal en 1677. En 1707, un porche agrandit l’ensemble en venant s’accoler au plan d’entrée. La chapelle est sommée d’un clocheton piqué d’une croix, sur une toiture d’ardoises en dôme. 

Dans les jours ayant précédé les batailles de Ligny et des Quatre-Bras, la chapelle est transformée en hôpital civil suite aux combats menés dans la région de Charleroi contre les Prussiens le 15 juin 1815. Ici, les hommes de la 7e division d’infanterie se reposent et se font soigner sous une chaleur accablante.

 

Rue de Gosselies
6040 Charleroi

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Frédéric MARCHESANI, 2014