Guy Focant

Hôtel de ville d'Ath

Le 7 avril 1614, la ville d’Ath décide de faire reconstruire la « Maison de la Paix » qui abritait les autorités communales. Le mayeur de l’époque, Jean Zuallart, est proche des archiducs Albert et Isabelle, gouverneurs des Pays-Bas espagnols pour le compte du roi Philippe III. La conception du bâtiment est confiée à Wenceslas Cobergher, architecte officiel de la cour. Entamés dès le mois de juin, les travaux durent dix ans et l’hôtel de ville est inauguré en 1624. Seule la façade principale aurait été dessinée par le prolifique architecte, les décors intérieurs et l’agencement étant probablement le fruit de son assistant, Melchior Somer. 

De nombreux travaux sont encore effectués au fil des siècles : le dôme qui surmontait la façade est démoli en 1774, les colonnes de la porte d’entrée sont remplacées en 1826 et une importante restauration a lieu entre 1861 et 1863, la dernière avant celle de 1980. Le bâtiment était alors tellement dégradé qu’il a fallu démonter et reconstruire pierre par pierre la façade principale ! Plusieurs éléments trop endommagés, et l’ancien frontispice, n’ont pu être remis en place et sont aujourd’hui conservés dans la salle des pas perdus. La façade arrière, plus sobre, est agrémentée d’une tourelle d’escalier qui dessert les étages ; elle a été augmentée d’un étage en 1774 pour y installer la cloche communale. L’hôtel de ville abrite quelques œuvres d’intérêt : des peintures de l’école athoise du 19e siècle, un grand escalier d’honneur et quelques belles cheminées d’époque.

Grand-Place 45 
7800 Ath

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Classement comme monument le 2 décembre 1959

Institut du Patrimoine wallon

IPW

Infirmerie de l'abbaye de la Paix-Dieu

Bâtiment le plus éloigné de l’ensemble et isolé au sud-est de l’église, l’ancienne infirmerie de la Paix-Dieu est aujourd’hui une demeure privée et ne se visite pas. 

Construite entre 1718 et 1725 sous l’abbatiat de Lambertine de Wansoulle, cette belle bâtisse arbore elle aussi les matériaux traditionnellement utilisés pour les bâtiments de l’abbaye (grès, calcaire et brique).

Sur la façade principale, décorée d’un petit fronton, se trouve le blason de Robertine de Lavaux, abbesse de la Paix-Dieu de 1694 à 1718, sous l’abbatiat de laquelle furent entrepris les travaux de construction de l’infirmerie. On trouve également, sur une pierre datée de 1668, le blason de Philippine de Verlaine, abbesse entre 1663 et 1678. Elle appartient à la famille Labeye qui avait acheté l’ensemble de l’abbaye en 1954 et qui a procédé à la restauration de la ferme et de l’infirmerie. 

Depuis, les propriétaires ont cédé le site à la Région wallonne par bail emphytéotique et ne conservent que cette maison. 

Tous les autres édifices ont été ou sont restaurés par l’Institut du Patrimoine wallon.

Rue Paix-Dieu 1b
4540 Amay, Belgique

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Classement comme monument et comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

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Porche monumental de l'abbaye de la Paix-Dieu

L’accès aux bâtiments de l’abbaye se fait par deux portails, très différents l’un de l’autre. 

Le premier porche est monumental et attire le regard. Il a été érigé en 1730 sous l’abbatiat de Lambertine de Wansoulle, en briques et calcaire. La travée centrale, légèrement en saillie, est délimitée par des piliers de style toscan et surmontée d’un fronton aux armes de cette même abbesse, commanditaire de la construction du porche et d’une partie des bâtiments de la ferme. Les étages abritaient autrefois le logis du censier, qui était le tenancier de la ferme pour le compte des moniales. 

L’accès à la cour de la ferme se fait par un important passage charretier couvert de voûtes d’ogives. Le porche est aujourd’hui le témoin de la dernière phase de construction du site à l’Époque moderne. En effet, diverses campagnes de travaux ont rythmé la vie des moniales au fil des siècles. 

Déjà en 1373, l’église est reconstruite. En 1600, sous Agnès de Corbion, un incendie oblige à rénover l’abbatiale, le dortoir et le cloître. Jeanne de Marotte (1631-1663) poursuit la réédification de nombreux bâtiments (aile de l’abbesse, quartier des hôtes…). D’autres dépendances, comme le moulin, ont également été remplacées au XVIIe siècle et, en 1718, l’église est une dernière fois reconstruite par Lambertine de Wansoulle qui fait également ériger l’infirmerie et une grande partie de la ferme, terminée sous Lambertine Renson (1750-1776).

Rue Paix-Dieu 1b
4540 Amay

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Classé comme monument et comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

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Colombier de l'abbaye de la Paix-Dieu

Situé à l’est de la ferme et dominant un petit étang, le colombier était autrefois adossé à la brasserie abbatiale, démolie en 1878. 

Érigé en 1648 en briques et calcaire, de forme circulaire, il est surmonté d’un très beau clocher à bulbe. Jouxtant les nouveaux ateliers, l’ancien colombier est en cours de restauration suivant les plans d’Annick Piron, du bureau d’études Greisch et de Pascal Lemlyn. Des investigations concernant les fondations et la stabilité de la maçonnerie ont conduit à des travaux de consolidation par le système de jet grouting, procédé de génie civil visant à former un « béton de sol » in situ dans la masse du terrain. 

La conception, le tracé, la construction et la restitution à l’identique du clocheton du colombier (charpente et couverture) ont fait l’objet de chantiers-écoles. C’est le cas également pour l’escalier en pierre massive et pour l’escalier sur voûte sarrasine qui seront créés pour le nouvel aménagement intérieur. 

Aujourd’hui support de stages, l’ancien colombier deviendra à terme un espace pédagogique présentant quelques savoir-faire traditionnels et contemporains liés aux métiers de la construction. 

À l’emplacement de l’ancienne brasserie se trouve un bâtiment contemporain dessiné par l’architecte Alain Dirix abritant des ateliers destinés aux stages de charpenterie, taille de pierre et travail du métal, dans lesquels ont notamment été conçus la charpente et l’escalier du colombier.

Rue Paix-Dieu 1b

4540 Amay

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Classé comme monument et comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

G. Focant SPW

Ferme de l'abbaye de la Paix-Dieu à Amay

Comme cela était le cas dans les abbayes, une importante ferme est jointe à l’ensemble. Elle permettait aux moniales non seulement de vivre en autarcie, mais également de vendre leurs productions. Imposante, la ferme de la Paix-Dieu forme un quadrilatère avec le quartier des hôtes. 

On y accède par un porche monumental situé à l’entrée du site. Du côté cour, ce porche abritait le logis du censier (tenancier de la ferme) et accueille aujourd’hui des espaces dédiés aux classes d’éveil du Centre des métiers du Patrimoine. Les bâtiments actuels ont été érigés en 1730 comme l’indiquent plusieurs inscriptions présentes sur les façades. De part et d’autre du portail se trouvent deux ailes d’étables ou écuries. Du côté nord se trouve un imposant chartil construit en 1760 ; ce bâtiment était utilisé pour remiser les charrettes et machines agricoles. Il est caractérisé par son avant-corps à fronton orné de stucs et des armoiries, aujourd’hui martelées, de l’abbesse Lambertine Renson et de la date de 1760. Remarquablement restaurée, elle abrite actuellement de très belles salles de réceptions qui accueillent des mariages et diverses réceptions. En face se situe une immense grange, elle aussi décorée d’un fronton orné de stucs aux armes de l’abbesse Lambertine de Wansoulle avec la date de 1737. L’aile orientale, jointive au quartier des hôtes, est plus récente. Lors de travaux opérés en 1939, on y a encastré une dalle commémorative aux armes d’Agnès de Corbion, abbesse entre 1590 et 1631.

Rue Paix-Dieu 1b
4540 Amay

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Classée comme monument et site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

SPW - G. Focant

Abbatiale Notre-Dame d'Amay

Dédiée à Notre-Dame de la Paix-Dieu, l’ancienne abbatiale a souffert au fil des siècles. Pillée à la Révolution, elle est ensuite transformée en local agricole et n’a cessé de se détériorer depuis. Reconstruite une première fois à la fin du XIVe siècle, l’église actuelle a été érigée en 1718 sous l’abbatiat de Robertine de Lavaux (1649-1719). 

Son blason est placé au chevet de l’église et se retrouve également sur une clé de voûte du chœur. L’édifice est spacieux et prestigieux : les voûtes sont décorées de stucs, de même que l’abside. Le sanctuaire a pourtant été dépouillé de tout son mobilier dont une partie a toutefois été préservée et transportée dans d’autres lieux (les stalles sont par exemple entreposées à l’abbaye du Val-Dieu à Aubel). 

L’abbatiale donnait autrefois accès à un cloître carré mis au jour grâce aux fouilles archéologiques. L’église est le dernier bâtiment à attendre sa restauration et sa réaffectation, prévues dans les années à venir. 

L’architecte Alain Dirix dirige le projet de l’abbatiale qui accueillera, dans l’ancien chœur, à l’est, une salle de séminaires de 280 places, et dans le reste de l’église, un conservatoire des savoir-faire et du patrimoine associant une matériauthèque et une photothèque à un centre d’information et de documentation. Une première phase de restauration, portant sur la consolidation des voûtes et arcs doubleaux, a été réalisée en 2011.

Rue Paix-Dieu 1 B
4540 Amay

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Classée comme monument et comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

SPW - G. Focant

Aile de l'abesse de l'abbaye de la Paix-Dieu

Il ne reste rien des bâtiments parallèles à l’église qui comprenaient entre autres un cloître et la salle du chapitre. Dans le prolongement de l’église subsiste toutefois l’aile de l’abbesse, édifiée comme le reste des nouveaux bâtiments en 1641-1642 sous l’abbatiat de Jeanne de Marotte. Une dalle décorée des armoiries de cette abbesse est d’ailleurs conservée sur la façade nord de cette aile. Entre deux fenêtres se trouve également une potale avec un monogramme et la même date. 

Il s’agit du premier bâtiment reconstruit au XVIIe siècle. Comme le reste des bâtiments conventuels, celui-ci est de style Renaissance mosane et allie l’utilisation de la pierre calcaire et du grès (linteaux de fenêtres, soubassements et chaînages d’angle), ainsi que de la brique recouverte d’un enduit. Après restauration par l’architecte Alain Dirix, le bâtiment a été réaffecté pour y abriter des chambres servant au logement des stagiaires, ainsi qu’une salle de restaurant, aujourd’hui gérée par le Centre public d’action sociale d’Amay. On y trouve également deux salons, utilisés comme lieux de détente. 

La restauration du bâtiment, comme du reste de l’ensemble, sert de support pédagogique pour les stagiaires et les élèves de l’enseignement secondaire formés aux métiers en relation avec le patrimoine bâti. Ils servent également d’écrin aux classes d’éveil aux métiers du Patrimoine. 

À l’arrière, les jardins en terrasse ont été superbement réaménagés et abritent la conciergerie, une réalisation contemporaine en acier corten, construite en 2011 par Alain Dirix à l’emplacement de l’ancienne maison du Pater (le prêtre de l’abbaye).

Rue Paix-Dieu 1 B
4540 Amay, Belgique

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Classée comme monument et comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

SPW - G. Focant 

Quartier des hôtes de l'abbaye de la Paix-Dieu

En 1631, Jeanne de Marotte devient abbesse de la Paix-Dieu et souhaite transformer radicalement le visage de l’abbaye. Entrée en religion le 15 mai 1611, fille du seigneur de Boussu-en-Fagne (Couvin), elle reste en fonction jusqu’à sa mort en 1663. Sous son règne, de nombreux bâtiments sont érigés parmi lesquels le quartier des hôtes. 

Cet édifice, construit à la place de l’ancienne aile occidentale de l’abbaye, a été bâti entre 1642 et 1644. Avec l’aile de l’abbesse et le cloître (aujourd’hui disparu), elle formait une cour d’honneur au centre de laquelle se trouvait une fontaine, elle aussi détruite depuis lors. Au-dessus de la galerie moderne se trouve une ancienne niche en tuffeau datée de 1642 ; une seconde niche encadrée de colonnes se trouve au pignon sud et est surmontée d’une dalle aux armes de Jeanne de Marotte datée de 1644. 

Sur la gauche, un passage charretier du XVIIIe siècle permet de rejoindre la cour de la ferme. L’aile de l’édifice servait autrefois, comme son nom l’indique, à loger les hôtes de passage dans l’abbaye. Après sa restauration par les architectes Henri Garcia et Yves Jacques, elle a été reconvertie pour l’usage du Centre des métiers du patrimoine. Outre un espace muséal présentant des objets découverts notamment pendant les périodes de fouilles, elle abrite des bureaux, le centre d’information et de documentation, des salles de réunion et des ateliers utiles aux stagiaires venus se perfectionner aux métiers et techniques du patrimoine.

Rue Paix-Dieu 1b
4540 Amay

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Classé comme monument et comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

SPW - G. Focant 

Moulin de l'abbaye de la Paix-Dieu

La présence d’un moulin au lieu-dit Grognart depuis le Moyen Âge pesa dans la décision des moniales de venir s’installer à cet endroit en 1244. La communauté avait besoin de produire de la farine pour subsister et vivre en autarcie. 

Occupant une position stratégique à l’entrée du site, le moulin actuel a été construit en 1665 en moellons de grès et de calcaire et abritait également l’habitation du meunier. Il faisait partie, avec la ferme, la brasserie, le colombier et l’infirmerie, des dépendances de l’abbaye. Sur le côté se trouve l’ancienne roue à aube métallique, installée au XIXe siècle pour remplacer une roue en bois. À l’intérieur, le mécanisme de la machinerie, datant de la même époque, a été conservé. Après la période révolutionnaire et le saccage de l’abbaye, le moulin continue son activité. Transformé pour pouvoir fonctionner à l’électricité, il produit de la farine pendant les deux guerres mondiales. Abandonné vers 1950, il s’est progressivement détérioré jusqu’à la ruine. 

Lors de la restauration, terminée en 2013, la volonté a été de conserver l’aspect originel tout en amenant plus de lumière. Désigné par voie de concours, c’est au bureau d’architecture Atelier 774 (Delphine Peters, Andrea Tenuta et Bertrand Evrats) que l’on doit cette restauration. Au rez-de-chaussée, le bâtiment abrite aujourd’hui la Maison du Tourisme Hesbaye-Meuse et, à l’étage, les bureaux du secrétariat des Journées du Patrimoine en Wallonie. On accède à l’édifice par un porche secondaire, plus discret que le premier, édifié en 1682 sous l’abbatiat de Bernardine de Hody.

Rue Paix-Dieu 1b
4540 Amay

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Classement comme monument et comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon

SPW - G. Focant 

Abbaye de la Paix-Dieu

La fondation de l’abbaye de la Paix-Dieu s’inscrit dans un mouvement mystique féminin qui marque le diocèse de Liège au début du 13e siècle. C’est vers 1238 que quelques moniales cisterciennes du Val-Benoît à Liège fondent un nouveau monastère dans le village hesbignon d’Oleye (Waremme). En 1244, l’abbaye est transférée dans un site de vallée, à la confluence de plusieurs ruisseaux. 

Les bâtiments actuels, de style Renaissance mosane, datent des XVIIe et XVIIIe siècles et ont succédé à des constructions victimes d’incendies, de pillages, de guerres ou de profondes modifications. L’unité architecturale que l’on perçoit à la Paix-Dieu est due à l’utilisation de matériaux et de techniques traditionnels (briques, calcaire mosan, ardoises). 

Les bâtiments conventuels ont subi d’importantes dégradations après leur vente comme bien national en 1797 et la dispersion des religieuses. Le cloître et la cour d’honneur sont démontés afin d’en récupérer les matériaux. L’église est transformée en grange, l’aile de l’abbesse en distillerie puis en étable et le quartier des hôtes est laissé à l’abandon. Le moulin et la brasserie continuent de fonctionner, mais cette dernière est démolie en 1878. Le moulin est désaffecté dans les années 1950. 

Il faut attendre les années 1992-1993 pour que des mesures conservatoires soient prises par la Région wallonne. Depuis 1997, les bâtiments sont progressivement restaurés et réaffectés afin d’y installer le "Centre de perfectionnement aux métiers du patrimoine" géré par l’Agence wallonne du Patrimoine.

Rue Paix-Dieu 1 B
4540 Amay

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Classée comme monument et comme site le 4 octobre 1974

Institut du Patrimoine wallon