Jo Van Hove

Passage de la Bourse à Charleroi

Capitale wallonne du verre et du fer à la fin du XIXe siècle, Charleroi se doit de posséder sa rue commerçante couverte, comme cela était le cas dans bon nombre d’autres villes européennes. Le principe, basé sur l’éclairage zénithal, s’appuie sur les progrès techniques et la maîtrise des matériaux en vogue. 

Suivant un tracé en courbe, le passage relie la rue de Marchienne et la place Albert Ier à la rue Léopold. La galerie couverte est édifiée, selon les plans de l’architecte Edmond Legraive, sur le site de l’ancien couvent des capucins entre 1890 et 1893. Au point de vue stylistique, le passage illustre bien l’éclectisme architectural en vigueur : la galerie est lumineuse et sobre, et l’élévation intérieure se compose d’une enfilade harmonieuse de façades enduites aux ornements néoclassiques. Les façades intérieures et les verrières ont été restaurées en 2003 sous la direction de l’architecte Philippe Dulière. 

L’ensemble tient son nom du fait que la partie sud de l’édifice conçu par Legraive abritait la bourse de commerce de Charleroi. À l’origine, les bâtiments accueillaient également des salles de réunion, un bureau de police, un corps de garde, le bureau du tirage au sort pour le service militaire et une remise de pompes à incendie. Après la Seconde Guerre mondiale, la bourse de commerce est remplacée par un bâtiment moderne qui abrita, jusqu’en 2011, le centre de production de Charleroi de la radio télévision belge francophone (RTBF).

 

Passage de la Bourse © IPW

Rue Léopold et place Albert Ier
6000 Charleroi

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Classé comme monument le 14 décembre 2011

Institut du Patrimoine wallon

Espace environnement

Ensemble architectural de la rue de Bernus à Charleroi

En Belgique comme dans d’autres pays européens, le mouvement architectural « Art nouveau » se développe à la fin du XIXe siècle. Celui-ci privilégie le fer et le verre dans les habitations et use en grande quantité de la brique ; l’architecture devient alors une alliée de l’industrie et des technologies nouvelles. L’architecte pense ainsi un langage architectural mais crée également le décor intérieur et le mobilier, conçus en parfaite harmonie avec l’architecture du lieu. 

À Charleroi, l’Art nouveau trouve son public dans l’aristocratie mais également dans la petite et moyenne bourgeoisie et il se propage sous une forme simplifiée, limitée le plus souvent à l’apport d’un extraordinaire vocabulaire décoratif fait de jeu de briques colorées, de fresques en sgraffites, de ferronneries travaillées et de pierres soigneusement taillées. 

La rue de Bernus illustre parfaitement le savoir-faire de cette époque et a été, dans son ensemble, classée comme ensemble architectural comportant 32 maisons érigées entre 1900 et 1914 à la demande de dirigeants de charbonnages ou de verreries, de riches commerçants ou de membres des professions libérales souhaitant s’y établir. 

On notera notamment les très belles réalisations de sgraffites des numéros 1 et 3 ; les numéros 42 et 44, dus à l’architecte Edgard Clercx en 1906 présentant des soubassements travaillés ; sans compter la délicate porte d’entrée du numéro 45 et les élégants vitraux à motifs floraux des numéros 43 et 47. La maison des médecins, située au numéro 40, a pour sa part été classée séparément dans son ensemble.

Rue de Bernus 28-56 et 23-55
6000 Charleroi

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Classé comme ensemble architectural le 17 août 2010

Institut du Patrimoine wallon

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Université du Travail

Bastion de l’instruction ouvrière, l’Université du Travail illustre le rayonnement industriel de la région de Charleroi à l’aube du 20e siècle. Elle incarne le message politique des forces naissantes, le face à face de la classe ouvrière et de la bourgeoisie.

Construite selon les plans d’Albert et Alexis Dumont et inaugurée en grande pompe le 28 mai 1911 sous le nom générique d’Université du Travail, il s’agit d’une institution unique d’enseignement technique et d’éducation économique ayant pour but la formation des apprentis, des ouvriers et des employés. Cette institution est née à l’instigation de Paul Pastur (1866-1938), député provincial du Hainaut et membre actif du parti ouvrier belge. Sa statue, réalisée en 1950 par le sculpteur Alphonse Darville, se trouve face à l’entrée.

Le travail de construction est confié aux architectes Albert et Alexis Dumont, lauréats d’un concours national en 1905. Chef-d’œuvre de l’architecture néoclassique, le bâtiment Gramme en constitue la construction principale.

Le bâtiment héberge notamment une salle d’exposition technologique de 1500 m² montrant une collection de machines-outils, et deux ailes occupés par des lieux d’enseignement. Le grand vestibule, construit en pierre blanche et briques jaunes, est caractérisé par son décor grandiose et raffiné : il est orné de lustres et son pavement est couvert de mosaïques. Il est éclairé par trois grandes verrières ornées de superbes vitraux représentant le fer, le verre et le charbon, trois piliers de l’industrie régionale. Ceux-ci ont été réalisés par les ateliers d’art bruxellois A. Wybo.
 

Boulevard Roullier 1
6000 Charleroi

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Classée comme monument le 16 juin 2004

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Maison Dermine, boulevard Audent 42

Cette très belle réalisation Art déco est l’œuvre d’un duo d’architectes actifs à Charleroi dans les années 1920, Jules Laurent et Marcel Depelsenaire. 

Construite en 1920 en briques et calcaire, et récemment restaurée avec brio, elle possède une façade dont la décoration s’inspire du monde animal et du monde végétal. Sous le bow-window surplombant la porte d’entrée se trouve une chouette déployant ses ailes et semblant ainsi soutenir la maçonnerie en avancée de la fenêtre. À gauche de ce bow-window, un des châssis est orné d’une créature fantastique (une sorte de dragon). 

Les différentes baies de la façade sont également agrémentées de vitraux. On y retrouve toutes les caractéristiques de l’architecture de Depelsenaire : goût du détail pittoresque, soin dans l’agencement des volumes, souci du détail parfois exprimé avec humour. Également peintre, l’architecte dessinait lui-même les éléments du bestiaire qui orne ses réalisations monumentales.

Boulevard Audent 42
6000 Charleroi

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Classée comme monument le 16 mars 1994

Institut du Patrimoine wallon

IPW

Ancien hôtel des Postes de Charleroi

À l’instar de Verviers, Liège ou Arlon, Charleroi se dote d’un majestueux hôtel des postes et télécommunications au début du XXe siècle. 

La construction de l’édifice débute en 1907 sur les plans de l’architecte De la Croix dans un style néo-Renaissance flamande. L’inauguration a lieu à l’occasion de l’exposition internationale de Charleroi en 1911. 

Ce petit château dressé à l’angle du boulevard Tirou abrite l’hôtel des télégraphes et le bureau central des postes ; il répond aux préoccupations matérielles des réseaux de télécommunications de l’époque. L’immeuble est ainsi caractérisé par une tour de 45 m de hauteur, flanquée de tourelles et surmontée d’une toiture en bulbe, qui contribue à la dispersion des fils de télégraphe sur le territoire de Charleroi. 

C’est à cet endroit également que fut installé le premier central téléphonique de la région. L’administration des postes quitte les lieux en 1967 et le bâtiment risque à plusieurs reprises d’être démoli. 

En 1996, un véritable projet de restauration et de réaffectation permet sa sauvegarde définitive. Une librairie s’y installe et le bâtiment entame sa transformation, sous la direction de l’architecte Isabelle Leroy.

Place Albert Ier 23
6000 Charleroi

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Classé comme monument le 13 mai 1992

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Maison Lafleur ou maison Charon

Construite en 1890 par l’architecte François Guiannotte pour l’entrepreneur Joseph Charon, cette belle maison est représentative du style Sécession viennoise, courant de l’Art nouveau né en Autriche à la fin du 19e siècle. Contrairement à l’Art nouveau développé en Belgique, ce courant est moins végétal et plus géométrique. 

La maison Lafleur adopte en effet un aspect cubique, possède des façades aux briques enduites (contrairement aux briques nues habituelles de l’Art nouveau chez nous) avec une ornementation géométrique et adopte des formes découpées en trapèze aux niveaux des fenêtres. Au moment de son classement en 1989, l’édifice a bénéficié d’une restauration et d’une extension, sous la direction des architectes Paul Warin et Luc Schuiten. 

Une véranda a été ajoutée à l’arrière, soutenue par une structure en bois dite « en bec d’oiseau », librement inspirée du travail de Victor Horta. Cette annexe est visible en façade, par le portail situé à droite de l’entrée ; les formes de cette annexe et de ses éléments de ferronnerie permettent à cette intervention contemporaine de s’intégrer parfaitement et harmonieusement avec l’édifice d’origine.

Boulevard Solvay 7
6000 Charleroi

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Classée comme monument le 13 juillet 1989

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Temple protestant de Charleroi

Construit en 1880 par l’architecte Dubois, le temple du boulevard Audent est un des premiers sanctuaires du culte protestant dans la région, le seul ayant bénéficié d’une architecture spécifique et monumentale. La Wallonie est à l’époque résolument catholique mais des foyers de protestantisme font leur apparition, surtout sur le territoire des grands centres industriels (Liège, Mons…). 

Celui de Charleroi trouve sa place sur le boulevard Central, une des premières grandes avenues construites à l’emplacement de la forteresse et qui a pris par la suite le nom de Jules Audent (1834-1910), bourgmestre entre 1879 et 1903. Le sanctuaire est élevé sur le plan basilical rectangulaire et possède une façade de style éclectique animée d’un jeu de pierres et de briques ainsi que de décors en pierre de taille. Un fronton triangulaire, dominé par une croix, complète l’harmonie de l’ensemble. 

L’intérieur s’apparente, dans sa conception, à celle des salles de fêtes ou de spectacles de la fin du 19e siècle, avec ses deux étages de galeries, supportées par des colonnettes en fonte.

Boulevard Audent 20-22
6000 Charleroi

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Classé comme monument le 1er mars 1990

Institut du Patrimoine wallon

Jo Van Hove

Maison Bertinchamps

Cette belle maison de maître constitue sans aucun doute un des plus beaux exemples du style Art déco en Wallonie de par son excellent état de conservation et la cohérence de son programme architectural. Construite en 1926 sur les plans de Marcel Depelsenaire (1890-1981) et de son associé Jules Laurent, elle profite de quelques travaux de réfection à la fin des années 1980 et d’une restauration complète en 2008-2009. Façades et toitures ont ainsi bénéficié d’une nouvelle jeunesse alors qu’à l’intérieur, menuiseries, vitraux, marbres, revêtements carrelés et parquets ont eux aussi profité d’une intervention. La maison s’inscrit dans un quartier résidentiel essentiellement Art déco construit à Charleroi dans l’Entre-deux-Guerres dans la partie nord de la Ville-Haute. Ses façades reflètent l’architecture intimiste et sans ostentation caractéristique de l’époque : ouvertures étroites et sobres parois de briques animées d’appareillages géométriques. 

Parmi les nombreux vitraux présents dans l’édifice, celui installé dans le hall est visible depuis la rue Fagnart : il représente une jeune fille à la longue chevelure frisée, vêtue à l’orientale et soulevant une corbeille de fruits. La récente restauration a également permis l’intégration d’un vitrail contemporain réalisé par le célèbre écrivain et maître-verrier Bernard Tirtiaux.

Rue Fagnart 29-31
6000 Charleroi

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Classée comme monument le 30 septembre 1999

Institut du Patrimoine wallon

Espace environnement

Maison des Médecins de Charleroi, rue de Bernus 40

La maison du docteur Jean-François Bastin (1867-1947), également appelée « maison des Médecins », est l’habitation d’un des premiers radiologues de Belgique, artiste dans l’âme et grand amateur d’art et d’architecture. Après avoir exercé à Dampremy en début de carrière, il fait construire cette maison à Charleroi, où il vécut jusqu’à la fin de sa vie. Son fils, Franz, médecin lui aussi, y vécut également jusqu’à son décès survenu en 1958. 

L’architecte de cette demeure serait vraisemblablement François Guianotte (1843-1914), actif à Charleroi dans la première décennie du 20e siècle. 

La maison possède une très belle façade de style Art nouveau, richement ornementée et mêlant divers matériaux. On retrouve ainsi les briques rouges et jaunes, de la pierre bleue, des châssis en bois, des bas-reliefs en plâtre blanc, des éléments en fer forgé et des vitraux colorés. Parmi les panneaux décoratifs figurent des reliefs en médaillons ornés de représentations d’artisans (un peintre notamment) en hommage aux corps de métier dont le savoir-faire est mis à l’honneur dans l’architecture. 

Ces représentations sont significatives de l’esprit Art nouveau qui prône le retour à l’artisanat en refusant la production en série propre à l’ère industrielle. Il s’agit d’une des plus vastes demeures élevées dans le nouveau quartier résidentiel situé au nord de Charleroi et établi sur les remblais des extensions hollandaises de l’ancienne forteresse.

Rue de Bernus 40
6000 Charleroi, Belgique

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Classée comme monument le 16 mars 1994

Institut du Patrimoine wallon

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Immeuble dit "Les pianos de Heug"

Cet immeuble résolument moderniste caractérise parfaitement le travail de l’architecte carolorégien Marcel Leborgne (1898-1978). Issu d’une famille d’architectes, formé à Tournai et Bruxelles, il est un des architectes majeurs du modernisme en Belgique. Sur le territoire de la commune de Charleroi, on lui doit de nombreux édifices parmi lesquels des dispensaires, écoles, cités-jardins, immeubles à appartements, maisons individuelles… 

L’immeuble appelé « Les pianos de Heug », du nom de la firme l’ayant commandité, est construit dans les années 1930 dans le but d’assurer, sur une surface réduite, confort et rapport qualité-prix. La disposition intérieure nécessitant une cage d’escalier en saillie vers l’extérieur, Marcel Leborgne obtient de la ville l’autorisation de dépasser le débordement à hauteur de 1,50 m. Du côté du quai de Brabant, un élan vertical est apporté par une colonne de verre renfermant cette cage d’escalier. L’autre façade, donnant sur la rue du Canal, présente une dominante horizontale, accentuée par des bandeaux vitrés posés en alternance avec les surfaces pleines et opaques des balcons qui dessinent des jeux de courbe. 

L’immeuble, d’une hauteur de 19,80 m, comporte sept niveaux et répondait à l’origine à un programme précis : le rez-de-chaussée et l’entresol étaient destinés au commerce, les trois étages suivants abritaient des appartements, un étage servait de studios aux professeurs de piano et le dernier abritait un auditorium privé. Un projet de restauration est à l’étude depuis 2010 et permettra de redonner un coup de neuf à un des signaux architecturaux forts de l’Entre-deux-Guerres situés dans la Ville-Basse.

Quai de Brabant 5
6000 Charleroi

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Classement comme monument le 23 mars 1995

Institut du Patrimoine wallon