Ferme de Hulencourt
Citée pour la première fois en 1234 comme dépendance de l’abbaye d’Afflighem, la ferme de Hulencourt, dite aussi de Hélincourt, est une vaste ferme clôturée des XVIe, XVIIe et XIXe siècles.
Le porche, comprenant encore un blason abbatial, est millésimé 1680.
L’ensemble, précédé d’une drève, comporte un logis, une chapelle, des écuries et une grange en long.
Au soir de la bataille de Waterloo, la 6e brigade de cavalerie légère britannique y passe la nuit. Les hommes bivouaquent dans le jardin ; le général-major Vivian s’installe dans la ferme. Depuis 1989, la ferme a intégré un golf et n’est pas visitable.
Frédéric MARCHESANI, 2014
D. Timmermans
Église Saint-Joseph
Ancienne chapelle forestière du roi d’Espagne Charles II, l’église Saint-Joseph a été érigée en style baroque entre 1687 et 1690. Elle a été modifiée par Émile Coulon en style néoclassique en 1855. Le chœur et la tour, de même style, ont été achevés en 1857 par Joseph Dumont. Le fronton du péristyle conserve une longue dédicace latine qui rappelle les origines de l’édifice. L’église est caractérisée par son imposant dôme surmonté d’un grand lanternon lumineux et est aujourd’hui un haut lieu de mémoire de la bataille du 18 juin 1815. Outre un buste du duc de Wellington et deux bas-reliefs, on y trouve vingt-sept plaques commémoratives rendant hommage aux victimes alliées.
Un imposant monument situé à gauche de l’entrée de la chapelle rend hommage aux soldats britanniques. Taillé dans le marbre blanc et surmonté d’un fronton triangulaire, il comporte un bas-relief réalisé par le sculpteur Guillaume Geefs et une plaque comportant l’inscription suivante : « In Honoured Memory of All British Officers, Non Commissioned Officers and Soldiers Who fell in battle Upon the 16th, 17th ans 18th of June 1815. This tablet was erected by a few Brothers in Arms and Countrymen A.D. MDCCCLVIII. Glory encircles with the same noble diadem the humble as well as Exalted » (À la mémoire de tous les officiers, sous-officiers et soldats qui sont tombés au cours des batailles des 16, 17 et 18 juin 1815. Cette plaque a été érigée par quelques frères d’armes et compatriotes en 1858. La gloire couronne du même noble diadème le humble que le haut placé.). Juste devant ce monument se trouve un buste en marbre blanc de Wellington réalisé en 1855 par le sculpteur britannique George Gammon Adams. Il repose sur un socle de marbres noir et rouge.
De l’autre côté de la chapelle, à droite de l’entrée, se trouve le monument aux soldats de l’armée des Pays-Bas. Érigé sous les auspices de Frédéric de Nassau, frère du roi des Pays-Bas Guillaume III et ayant pris part à la bataille de Waterloo, il est l’œuvre du sculpteur Léopold Wiener. Réalisé en bronze, on y retrouve une représentation de la Victoire. Une plaque en bronze comportant une inscription latine se trouve sur le socle du monument : « Auspice illustrissimo principe Frederico Nassovio in perpetuam memoriam insignis victoriae anno MDCCCXV DIE JUNI XVIII relatae Waterl. Sodal. Aere et cura hoc monumentum est erectum » (Sous les auspices de l’illustrissime Frédéric de Nassau, ce monument a été érigé en mémoire perpétuelle de la remarquable victoire du 18 juin 1815 par le financement et les soins de ses compagnons d’armes de Waterloo).
Vingt-sept plaques commémoratives se trouvaient autrefois à côté de ces deux monuments dans la chapelle royale. Elles ont depuis été transférées dans l’église elle-même où elles se trouvent en compagnie de trois autres. On y retrouve des plaques en mémoire de victimes de la bataille de Waterloo mais également des batailles de Ligny et des Quatre-Bras. Dans le bas-côté gauche de la nef, on trouve quinze de ces plaques :
- plaque aux officiers, sous-officiers et soldats du 2nd Battalion / 30th Foot Guards ;
- plaque au cornette Alexander Hay, 16th Light Dragoons. La plaque a été offerte par ses frères et sœurs ;
- plaque aux officiers de l’armée des Pays-Bas morts à Waterloo. On y trouve une liste de noms d’officiers belges et hollandais ;
- plaque aux officiers de l’armée des Pays-Bas morts aux Quatre-Bras ;
- plaque au premier lieutenant Claude François Sd van Haren ;
- plaque aux officiers du 6e hussards hollandais ;
- plaque aux officiers du 3e bataillon du régiment des Royal Scots tombés aux Quatre-Bras et à Waterloo ;
- plaque aux officiers du 1er régiment de Foot Guards tombés aux Quatre-Bras et à Waterloo. La plaque a été installée par les compagnons d’armes du régiment. On y trouve notamment le nom du major Stables 30 ;
- plaque au colonel Sir Henry Walton Ellis du 23rd Royal Welsh Fusiliers. La plaque a été installée par le lieutenant-colonel Ross et les officiers du régiment ;
- plaque aux officiers, sous-officiers et soldats du 79th Regiment of Highlanders tombés aux Quatre-Bras et à Waterloo ;
- plaque aux officiers, sous-officiers et soldats de la Grande Armée tombés en juin 1815. Cette dalle de marbre blanc est décorée de l’aigle impériale et a été inaugurée le 15 juin 1990 par l’association franco-européenne de Waterloo. Il s’agit du seul monument en hommage aux morts français installé dans l’église ;
- plaque au major Robert Cairnes, Royal Horse Artillery ;
- plaque au colonel William Fuller du 1st Dragoon Guards, érigé par son frère le général Fuller (Coldstream Guards) ;
- plaque au capitaine George Battersby du 1st Regiment of Dragoon Guards ;
- plaque aux officiers du 7th (Queen’s own) Hussars tombés le 17 juin 1815.
Treize autres plaques sont situées dans le bas-côté droit de la nef :
- plaque aux officiers du 2nd Battalion / 3rd Foot Guards ;
- plaque au lieutenant-colonel Charles Fox Canning, 3rd Foot Guards. Il s’agit d’une des plus belles plaques de l’église, surmontée d’un petit fronton sculpté en bas-relief. Canning fut aide de camp de Wellington entre 1809 et 1814 au cours des campagnes dans la péninsule ibérique ;
- plaque au lieutenant-colonel Richard Fitzgerald du 2nd Life Guards. La tablette a été érigée par sa sœur ;
- plaque au lieutenant George Orlando Gunning, 10th Hussars ;
- plaque aux officiers, sous-officiers et soldats du 28th Regiment of Foot Guards tombés aux Quatre-Bras et à Waterloo ;
- plaque aux officiers du 33rd Regiment of Foot Guards tombés aux Quatre-Bras et à Waterloo ;
- plaque au Ritmeester baron van Pallandt, 4e Regiment Lichte Dragonders ;
- plaque aux officiers, sous-officiers et soldats de la Royal British Artilery et de la King’s Dragoon Artillery ;
- plaque au major Frederick Howard du 10th Hussars ;
- plaque aux officiers et soldats du 12th Light Dragoons tombés à Waterloo ;
- plaque au major John Dorset Bringhurst du 1st Regiment King’s Dragoons Guards ;
- plaque au lieutenant William Livingstone Robe de la Royal Horse Artillery ;
- plaque aux officiers du 15th Hussars.
Enfin, deux plaques se trouvent dans le narthex gauche :
- plaque au général van Merlen, commandant de la 2e brigade de cavalerie légère de l’armée des Pays-Bas ;
- plaque au major William Norman Ramsay de la Royal Horse Artillery.
Place Albert 1er
1410 Waterloo
Frédéric MARCHESANI, 2014
Jo Van Hove
Église Saint-Étienne à Braine-l'Alleud
Située au cœur de la localité, l’imposante église Saint-Étienne a été relativement agrandie en style néogothique entre 1865 et 1888. Elle est caractérisée par sa grosse tour carrée classique, coiffée d’une toiture en cloche millésimée 1762. Elle est percée d’un portail de style Louis XV. À l’intérieur, les trois nefs et le transept de style gothique datent de la seconde moitié du 16e siècle. Parmi l’intéressant mobilier conservé à l’intérieur se trouve un calvaire gothique du 15e siècle, une chaire de vérité baroque et, dans le chœur, les remarquables gisants de Philippe de Witthem et de son épouse Jeanne de Halwyn, décédés respectivement en 1523 et 1521. D’autres monuments et pierres tombales anciens sont également conservés dans l’église.
Dès le 19 juin 1815, l’église devient un hôpital de fortune. Des blessés de toutes nationalités y sont soignés par les médecins, des religieuses et des infirmières de Braine-l’Alleud et des environs. Un monument commémorant cet épisode des combats de 1815 a été inauguré dans l’église en 1965. Il a été réalisé par le sculpteur genappien Albert Desenfans à la demande du Syndicat d’initiative à l’occasion du 150e anniversaire de la bataille de Waterloo. Il s’agit d’un bas-relief représentant Simon de Cyrène aidant Jésus à porter sa croix devant des figures de femmes en lamentation. Il s’agit ici d’évoquer les Brainois aidant les blessés à supporter leurs souffrances au lendemain de la bataille. Enfin, le monument comporte l’inscription suivante : « Cette église servit d’hôpital au lendemain de la bataille. Charitablement, les Brainois vinrent en aide aux blessés. Juin 1815 ».
Place Abbé Renard
1420 Braine-l'Alleud
Classée comme monument le 5 décembre 1983
Frédéric MARCHESANI, 2014
D. Timmermans
Église Sainte-Catherine de Plancenoit
Située sur un promontoire dans le village, l’église Saint-Catherine est une réalisation néogothique de l’architecte provincial Émile Coulon érigée en 1857-1859. Elle renferme un mobilier de la même époque. Plusieurs monuments et plaques commémoratives ont été apposés dans et autour de l’église au fil des ans :
- une plaque a été installée en 1965 sur la façade extérieure de l’église par la société belge d’études napoléoniennes. Elle est dédiée aux 4 000 hommes de la jeune garde impériale qui résistèrent aux assauts des troupes du 4e corps d’armée prussien du général von Bülow : « Dans ce village de Plancenoit s’est illustrée le 18 juin 1815 la jeune garde de l’empereur Napoléon commandée par le général comte Duhesme qui y fut mortellement blessé » ;
- une autre plaque décorée de l’aigle impériale se trouve sur la façade ; elle y a été apposée par la fondation Napoléon et l’association franco-européenne de Waterloo. « Au Lieutenant M. Louis, 3e Tirailleurs de la Garde, né à Jodoigne le 3 avril 1787, tombé à Plancenoit le 18 juin 1815 » ;
- à l’intérieur, sur le mur gauche de la nef, à côté d’un autel dédié à la Vierge, se trouve une plaque de marbre blanc portant l’inscription suivante : « À la mémoire de Jacques (…) Tattet, Lieutenant d’artillerie de la Vielle [sic] Garde, membre de la Légion d’Honneur, tué au début de la bataille du 18 juin 1815 à l’âge de 22 ans » ;
- sur le chevet de l’église se trouve une plaque inaugurée le 6 novembre 1993 et placée à l’époque contre le mur de clôture du cimetière. Elle évoque le souvenir du colonel Caron et de ses unités : « En ces lieux, le 18 juin 1815, les 1re et 2e compagnies du 8e régiment d’artillerie à pied du colonel Caron ont appuyé de leurs feux efficaces le 6e corps d’armée français ». Né en 1774 dans la Somme, Augustin Joseph Caron participe entre autres aux campagnes d’Espagne et du Portugal (1809-1813) puis à la campagne de 1815. Resté profondément attaché à l’Empire, il est fusillé le 1er octobre 1822 pour avoir participé à un complot bonapartiste.
Frédéric MARCHESANI, 2014
D. Timmermans
Auberge du Roy d’Espagne
Maison mitoyenne à double corps de deux niveaux, l’auberge comporte une remarquable porte en pierre bleue de style Louis XV datée de 1760. Il s’agit d’une habitation traditionnelle de la région qui, au cours de la campagne de 1815, a vu passer divers protagonistes des combats. Le 16 juin 1815, le duc de Wellington loge à cet endroit en compagnie de son état-major. Lors de la bataille des Quatre-Bras, le prince Jérôme Bonaparte et le général Reille y dorment à leur tour. Au soir de la bataille du 18 juin 1815, elle abrite le maréchal Blücher.
C’est également à cet endroit que décède le 20 juin Philibert Duhesme, mortellement blessé en commandant la jeune garde française. Une plaque fut placée sur la façade en 1961 pour rappeler cet événement : «Le Général français Comte Duhesme, commandant la jeune garde impériale, blessé à Plancenoit, mourut ici le 20 juin 181». Il est enterré à Ways 20. Signalons encore qu’en 1792, l’auberge avait été l’un des lieux d’étapes de la fuite du comte de Provence, futur Louis XVIII.
Rue de Bruxelles 58
1470 Genappe
Frédéric MARCHESANI, 2014
IPW
Ancienne porte de Bruxelles à Namur
Le 20 juin 1815, les Français sont à Namur ; ils y entrent la veille et se positionnent derrière les murailles de la porte de Bruxelles. De l’autre côté, les troupes prussiennes de von Zastrow tentent de forcer le passage. Lors d’un assaut, il est touché d’une balle en pleine poitrine et s’effondre. Devant l’impossibilité de faire sauter la porte, les Prussiens pénètrent dans l’enceinte par les fenêtres du poste d’octroi jouxtant la porte de Bruxelles. La campagne de 1815 s’achève avec ces derniers affrontements à Namur. Grouchy évacue la ville le 22 juin et se retire en France via Dinant, Givet, Reims et Soissons.
La porte de Bruxelles a depuis été détruite. Elle se situait non loin de l’entrée du parc Louise-Marie située au niveau du square d’Omalius. Une plaque commémorative a été apposée sur un des piliers du parc par l’association pour la conservation des monuments napoléoniens en 1986 : «Ici s’élevait la porte de Bruxelles. Le 20 juin 1815, cette porte fut témoin des combats opposant l’arrière-garde du maréchal Grouchy à l’armée prussienne».
parc Louise-Marie
5000 Namur
Frédéric MARCHESANI, 2014
IPW
Ancien moulin de Bierges et le monument Gérard
Déjà mentionné en 1674, l’ancien moulin seigneurial de Bierges conserve des bâtiments des XVIIIe et XIXe siècles groupés autour d’une cour carrée. Le moulin a été érigé en brique et grès ferrugineux sur la rive droite de la Dyle. Sur la rive gauche se trouvent la grange et les écuries, séparées par un porche. Le moulin a été reconverti en jardinerie.
Le 19 juin 1815, le moulin est témoin de l’affrontement entre les Prussiens, défendant le bâtiment, et les Français, positionnés sur l’autre rive de la rivière. C’est au cours de ces combats que le général Gérard est touché d’une balle en pleine poitrine. Il est ensuite transféré dans la demeure du notaire Hollert afin d’y être soigné, à l’endroit même où la veille il avait sommé Grouchy de marcher au canon.
Un monument inauguré derrière le moulin de Bierges le 28 septembre 1958 rend hommage au général Maurice-Étienne Gérard, commandant le 4e corps des troupes impériales en 1815. Resté dans l’armée, il est nommé maréchal par le roi Louis-Philippe en 1830 et se porte au secours de la jeune Belgique en 1831 et 1832 face aux Hollandais. Il est donc connu chez nous sous ce double aspect ; c’est également la raison pour laquelle ce monument a été offert par le comité des fêtes pour la commémoration des journées de septembre 1830.
Sculpté dans la pierre bleue, le monument est orné d’un portrait en médaillon du général. En dessous, figure l’inscription suivante : "En ces lieux fut blessé le 18 juin 1815 le général Gérard, héros de l’Empire et défenseur de notre indépendance nationale". Le général fut un des artisans de la retraite française, sous la conduite de Grouchy, menée dans un premier temps non loin de Waterloo.
Rue du Manège 16
1301 Bierges (Wavre)
https://www.moulindebierges.be/
Frédéric MARCHESANI, 2014
Paul Delforge
Colonne Victor Hugo
Colonne Victor Hugo, réalisée par les architectes Manuel Ley puis par Jean Verhoeven, avec le concours du sculpteur Demanet pour le profil de Victor Hugo, première pierre le 22 septembre 1912, inauguration le 24 juin 1956.
Entamée en juin 1911 au moment où l’on célèbre le 50e anniversaire du séjour de l’écrivain à Waterloo, la construction de la colonne dite Victor Hugo a failli être inaugurée pour le… centième anniversaire de cet événement. L’homme de lettres Hector Fleichmann (1883-1914), le peintre Maurice Dubois (Bordeaux 1869 – Preignac 1944) et le poète Iwan Wilkin se sont lancés dans un projet ambitieux, rendre hommage par un monument à Victor Hugo qui écrivit à Waterloo les pages des Misérables, ainsi qu’aux artistes qui chantèrent Waterloo. En juin 1912 on devait fêter le 50e anniversaire de la publication des Misérables (la première partie, Fantine, avait été mise en vente à Bruxelles, le 30 mars 1862). Finalement, la première pierre est posée le 22 septembre 1912 en présence des initiateurs bien sûr, ainsi que, notamment, de Simon Sasserath au nom de la Ligue nationale pour la Défense de la Langue française. Sous la direction des architectes Manuel Ley et Jean Verhoeven, la colonne de granit s’élance rapidement dans le ciel.
Au sommet aurait dû figurer un coq chantant, en bronze, et, sur les côtés, un médaillon de l’écrivain, ainsi que des plaques avec inscriptions :
A Victor Hugo/Aux poètes et artistes français/qui chantèrent/Waterloo/cette pierre/a été élevée/en juin MCMXII/Souscription publique/ Les Misérables
Waterloo, Waterloo, Waterloo, morne plaine
Le coq quant à lui n’était pas un coq wallon (le choix de cet emblème ne sera réalisé par l’Assemblée wallonne qu’au printemps 1913), mais devait être le coq chantant d’Auguste Cain. Il fut réalisé et resta dans une fonderie bruxelloise jusqu’en 1918, moment où l’emblème fut envoyé à la refonte. La Grande Guerre avait mis un terme au chantier, sans que l’occupation n’endommage les lieux. Les comités belge et français sont dispersés, d’autant que le décès inopiné d’Hector Fleichmann (victime d’une méningite en février 1914) avait déjà porté un coup dur au projet. Dès 1914, l’ensemble est impressionnant : avec ses 18 mètres de haut, il est destiné à dominer la plaine du champ de bataille de Waterloo, sans toutefois parvenir à faire de l’ombre à la célèbre butte, distante de 1500 mètres. La colonne aurait été conçue selon les proportions du nombre d’or (d’après les recherches récentes de Claude Van Hoorebeeck), en raison de l’appartenance de Fleichmann à la franc-maçonnerie (il était secrétaire général pour la France du Comité Victor Hugo et surtout initié à la loge « Victor Hugo » du Grand Orient de France). Le monument comprend deux parties : le fût dont la circonférence se réduit avec la hauteur comporte 61 anneaux de pierres taillées, de sa base jusqu’à la couronne ; viennent ensuite deux anneaux puis le chapiteau final.
Dans l’Entre-deux-Guerres, aucun progrès n’est enregistré. Il faut attendre les années 1950 pour que les travaux reprennent à l’initiative d’un Comité Victor Hugo, présidé par Serge Baguette, un éditeur bruxellois (1953). Avec un Comité d’honneur et un Conseil d'administration, l’asbl obtient le haut patronage de l’Ambassadeur de France et de ministres belges et français. Avec l’aide de l’architecte Verhoeven, le monument est achevé. Le 24 juin 1956, l’inauguration peut avoir lieu : les personnalités sont nombreuses parmi lesquelles on reconnaît Léo Collard, P-H. Spaak et des hauts responsables français. La colonne Victor Hugo est le seul monument civil implanté sur le site protégé du champ de bataille.
Plutôt que d’achèvement des travaux, il faudrait parler de transformation du monument initial. De coq, il n’y eut jamais au sommet. Un coq gaulois, en pierre, apparaît seulement dans un écusson à mi-hauteur de colonne, du côté de la route, avec l’année de l’inauguration, 1956. Toujours côté rue, le piédestal a été précédé par un escalier en pierre d’une dizaine de marches ; il a la forme d’un gros cube, renforcé aux angles et constitué en pierres bleues. Au-dessus de l’escalier, une importante plaque de bronze présente le profil gauche de Victor Hugo avec les inscriptions suivantes :
VICTOR HUGO
1802-1885
À l’opposé, soit à l’arrière du monument par rapport à la route, une autre plaque en bronze contient un texte plus long :
UN JOUR VIENDRA OÙ IL N'Y AURA PLUS
D'AUTRES CHAMPS DE BATAILLE QUE
LES MARCHÉS S'OUVRANT AU COMMERCE
ET LES ESPRITS S'OUVRANT AUX IDÉES
PARIS 22 AOÛT 1849
DISCOURS AU CONGRÈS DE LA PAIX
Quant au panneau aux lettres gravées dans la pierre qui se trouve sur la face du côté droit, il précise que :
CE MONUMENT PARACHEVÉ PAR LE
COMITÉ VICTOR HUGO
ASBL BRUXELLES
A ÉTÉ INAUGURÉ LE 24 JUIN 1956
et il rappelle en plus petits caractères que le premier promoteur en a été Hector Fleichman (décédé en 1914) que Manuel Ley (décédé en 1940) et Jean Verhoeven en ont été les architectes.
Enfin, du côté gauche, sur une plaque de bronze, on ne pouvait que retrouver cette formule restée fameuse :
WATERLOO WATERLOO WATERLOO MORNE PLAINE!
COMME UNE ONDE QUI BOUT DANS UNE URNE TROP PLEINE
DANS TON CIRQUE DE BOIS, DE COTEAUX, DE VALLONS
LA PÂLE MORT MÊLAIT LES SOMBRES BATAILLONS.
JERSEY 25 - 30 NOVEMBRE 1852
LES CHÂTIMENTS
Ces vers du poème Expiations datent de la période où l’écrivain séjourne à Jersey. À ce moment, il ne s’est toujours pas rendu sur le champ de bataille de Waterloo. Il n’arrivera au Mont-Saint-Jean que le 7 mai 1860 ; il restera deux mois à l’hôtel des Colonnes et y finira l’écriture des Misérables. Pour Claude Van Hoorebeeck, le monument perd ainsi une partie de son âme. « L’esprit des initiateurs du projet n’a pas été respecté. (…) le monument est devenu principalement hugolien » alors qu’il aurait dû s’ouvrir à tous les artistes français, de la plume et du pinceau. De surcroît, le message de paix et européen n’était pas non plus de mise en 1911.
Classé en 1979, le monument va se détériorer grandement à la fin du XXe siècle et devenir un danger en cas d’écoulement sur la chaussée nationale voisine. Il appartient à l’absl Comité Victor Hugo qui n’accepte pas les diverses propositions formulées par les bourgmestres de Plancenoit de racheter la colonne, du moins jusqu’à sa dissolution en 2005. En décembre 2010, le site devient propriété de la province du Brabant wallon, pour un euro symbolique. La nouvelle province prendra en charge les travaux de consolidation et de prévention. Des arceaux métalliques enserrent la colonne et son piédestal, tandis que des barrières empêchent l’accès immédiat du site. Bien qu’indispensables, les mesures de sécurité portent évidemment atteinte à l’esthétique du monument et de ses composantes. C’est notamment le cas du médaillon réalisé par Victor Demanet.
Né à Givet de parents namurois, Victor Demanet (1895-1964) a grandi au confluent de la Sambre et de la Meuse, ses parents tenant un commerce d’antiquités au cœur de la ville wallonne. Appelé à leur succéder, Demanet fréquente l’Académie des Beaux-Arts (1916-1919) où il est l’élève de Désiré Hubin, mais la révélation lui vient des œuvres de Constantin Meunier et surtout de la thématique sociale et ouvrière développée par le peintre/sculpteur bruxellois. Lors d’un séjour à Paris, les œuvres de Rude, Carpeaux et Rodin finissent par convaincre Demanet que sa voie est dans la sculpture. Remarqué au Salon des Artistes français de Paris, en 1923, pour son buste de Bonaparte à Arcole, Victor Demanet s’impose rapidement comme un portraitiste de talent auquel sont confiées de nombreuses commandes publiques. Comme d’autres artistes de son temps, il réalise plusieurs monuments aux victimes des deux guerres. Tout en poursuivant une œuvre plus personnelle à l’inspiration comparable à celle de Constantin Meunier, avec de nombreux représentants du monde du travail, Victor Demanet est aussi l’auteur de plusieurs dizaines de médailles : le médaillon qui lui est commandé pour honorer Victor Hugo correspond pleinement au savoir-faire de Demanet qui signe, à Plancenoit, une œuvre de belle facture.
Le monument, classé en 1979 et fortement dégradé, a été acquis par la province du Brabant wallon et restauré en 2012-2013.
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (Le Soir principalement)
Claude VAN HOOREBEECK, La colonne Victor Hugo, son histoire et son secret, Les éditions namuroises, 2011
Société belge d’études napoléoniennes, Bulletin, 1956, p. 22-24 consultable sur http://www.sben.be/pdf/N20_septembre_1956_Inauguration_Mt_Victor_Hugo_p_22_24.pdf (s.v. mai 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 397
Jacques TOUSSAINT, Victor Demanet dans Arts plastiques dans la province de Namur 1800-1945, Bruxelles, Crédit communal, 1993, p. 147
Chaussée de Charleroi
1380 Plancenoit
Classée comme monument le 27 novembre 1979
Paul Delforge
Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam
Statue Alexander GORDON
Tombé sur le champ de bataille de Waterloo le 18 juin 1815, le jeune Alexander Gordon fait l’objet de toute l’attention de sa famille qui fait édifier un monument dès 1817. Lieutenant-colonel des Scots Guards et aide de camp de Wellington, Gordon a été touché par un boulet de canon et la petite histoire rapporte qu’il a été emporté à l’âge de 29 ans au quartier-général de Wellington au moment même où celui-ci rédigeait son bulletin de victoire… Dédié à Gordon, le monument est aussi un hommage à l’ensemble des soldats écossais, voire anglais ayant participé à la victoire des coalisés contre les troupes françaises de Napoléon. Dans sa disposition actuelle, le « monument Gordon » se dresse à quelques centaines de mètres à l’est de la Butte du Lion, près du carrefour de la chaussée de Charleroi et de la route du Lion, face au monument aux Hanovriens.
Stèle de style néoclassique réalisée en pierre bleue et d’une hauteur avoisinant les 5 mètres, elle comprend un piédestal surmonté de frontons triangulaires, eux-mêmes ornés de couronnes de laurier et sommés d’acrotères à leurs extrémités. Le piédestal porte une colonne cannelée sur sa longueur et brisée à son sommet qui vient ceindre une couronne de lauriers. La colonne brisée évoque la courte carrière de l’officier. Quant au socle, il porte deux bas-reliefs en vis-à-vis qui y ont été apposés au cours du temps : l’un représente des armes et est surmonté de l’insigne des Scots Guards composé d’un chardon entouré de la devise Nemo me impune lacessit. L’autre donne à voir les armoiries de Lord Aberdeen constituées de deux bras bandant un arc entourés de la devise Fortuna sequatur (et d’une couronne de feuilles de chêne). L’inscription suivante concerne Gordon :
« To the memory of
The hon. Sir Alexander Gordon, K.C.B.
Lt.Col. Scots Guards and aide de camp
To the duke of Wellington
After serving his country with distinction
He was killed at the Battle of Waterloo
18th june 1815 ».
En anglais et en français, un long texte a été gravé dans la pierre qui dit :
À la mémoire
De l’honorable Sir Alexandre Gordon,
Lieutenant-colonel,
Chevalier commandeur du très honorable ordre du bain, aide de camp du Field
Marshal du de Wellington et troisième frère de George, comte d’Aberdeen
__________________________
Il termina à l’âge de 29 ans
Sa courte mais glorieuse carrière,
en exécutant les ordres de son illustre général
à la bataille de Waterloo.
Sa bravoure et ses talents distingués
lui méritèrent l’approbation du héros
dont il partagea les dangers
en Espagne, au Portugal et en France
et qui lui donne les preuves les plus flatteuses de sa confiance,
dans d’importantes occasions.
Son pays reconnaissant lui a décerné, en récompense
de son zèle et de son activité dans le service,
dix médailles et l’honorable distinction de l’ordre du Bain.
Le duc de Wellington l’a justement regretté
et l’a cité dans son rapport officiel
comme un officier qui donnait de hautes espérances
et dont la perte sera vivement sentie
par sa patrie.
Il n’était pas moins recommandable par ses vertus privées.
Son respect sincère pour la religion,
l’élévation de ses principes d’honneur,
sa probité sévère,
et les aimables qualités qui lui avaient acquis
l’attachement de ses amis, et l’amour de sa famille.
En témoignage de ces sentiments qu’aucun langage ne saurait exprimer,
une sœur inconsolable et cinq frères qui lui survivent
ont élevé ce modeste monument
à l’objet de leurs plus chères affections ».
Au XIXe siècle, le monument a fait l’objet d’une attention toute particulière de la part de la famille : à diverses reprises (mentionnées dans la pierre), il a été restauré et réparé par un frère d’Alexander Gordon, avant d’être pris en charge par ses descendants. Classé comme monument historique en août 1978, devenu propriété de la Régie des Bâtiments, il a fait l’objet d’une restauration par les autorités compétentes en 2011-2012.
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://napoleon-monuments.eu/Napoleon1er/1815MontUK.htm#Gordon (sv. décembre 2013)
Chaussée de Charleroi
1420 Braine-l’Alleud
Paul Delforge
Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam
Mémorial Frédéric-Guillaume DE BRUNSWICK-WOLFENBÜTTEL
Mémorial Brunswick (aussi appelé monument des Quatre-Bras), réalisé par une société allemande de Basse-Saxe, 16 juin 1890.
Autour du site de la bataille dite de Waterloo, les monuments sont nombreux à célébrer tantôt un régiment, tantôt un fait d’armes, tantôt une personnalité. Le long de la chaussée de Namur, à hauteur de Genappe, un imposant ensemble rend hommage à Frédéric-Guillaume de Brunswick-Wolfenbüttel, décédé le 16 juin 1815 au cours d’un fait d’armes, juste avant la bataille finale.
Le monument est constitué d'un socle à degrés et d'un piédestal en pierre bleue portant la statue d'un lion regardant en direction de la France, la patte posée sur un bouclier. Le piédestal est orné d'un médaillon en bronze, entouré de feuilles de laurier. Au centre apparaît le portrait du duc de Brunswick vu selon son profil droit. On trouve aussi un écusson aux armes de Brunswick. La base du piédestal porte l’inscription suivante :
« Friedrich Wilhelm
Herzog Zum Braunschweig Und Luneburg
Kämpfte Und Fiel Unweit Dieser Stätte
An Der Spitze Seiner Truppen
Am XVI Juni MDCCCXV »
Originaire de Brunswick où il est né en 1771, le quatrième fils du duc Charles-Ferdinand s’est engagé très tôt dans l’armée prussienne. Jeune capitaine (1789), il prend part aux différents combats menés contre la France républicaine. Ayant déjà hérité du duché de Brunswick-Oels au décès de l’un de ses oncles (1805), il aurait dû recevoir la direction du duché de Brunswick-Lunebourg, partie de Wolfenbüttel quand son père (déjà vaincu à Valmy) décède des suites d’une blessure reçue lors de la bataille d’Iéna (1806). Mais la victoire de Napoléon transforme le Wolfenbüttel en simple département du royaume de Westphalie (traité de Tilsit). Contraint à l’exil, le jeune Frédéric-Guillaume redouble d’ardeur dans son hostilité aux Français. Il se constitue une armée privée. Ses hommes armés sont totalement revêtus de noir.
Quand l’Autriche affronte les troupes napoléoniennes (1809), le duc déchu se présente à la tête de la Schwarze Schar. Il parvient à reprendre temporairement la ville de Brunswick (août 1809), mais la défaite de Wagram scelle le sort de l’Autriche. D’autres actions d’éclat renforcent la notoriété de Frédéric-Guillaume et contribuent à l’intégration de son « régiment » au sein de l’armée britannique. Après avoir combattu en Espagne aux côtés de Wellington, le « Duc noir » s’apprête à livrer une nouvelle bataille dans le pays wallon en juin 1815. Il est cependant tué à la tête de ses troupes lors de la bataille des Quatre-Bras, le 16 juin. Son corps est transféré et inhumé dans son État de Brunswick, où le duc est considéré comme un véritable héros.
Plusieurs monuments seront élevés à sa mémoire dans plusieurs villes de Basse-Saxe, à ou proches de Brunswick. C’est d’ailleurs l’État de Braunschweig qui a décidé de commémorer le 75e anniversaire de la disparition de Frédéric-Guillaume de Brunswick-Wolfenbüttel et obtenu l’autorisation de construire un mémorial Brunswick non loin des Quatre-Bras. Une souscription publique a recueilli les fonds en Basse-Saxe, le bronze a été coulé dans les fonderies de la société allemande Wilhelm à Bornum dans l’Ambergau près de Bockenem et le monument a été inauguré le 16 juin 1890, en présence des autorités communales de Genappe et de Baisy-Thy.
En 2012-2013, un groupe de reconstitution historique, la Braunschweig Gelernte Jäger Kompanie-Belgium, s’est constitué pour assurer la restauration et la préservation du monument dans le cadre d’un projet Genappe-2015.
Sources
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Louis NAVEZ, La campagne de 1815 : Les Quatre-Bras, Ligny, Waterloo et Wavre, Bruxelles, 1910, t. II, p. 56
Chaussée de Namur
Genappe 1470
Paul Delforge