Expansion bourguignonne de Philippe le Hardi à Philippe le Bon (1363-1467)

En 1361, la lignée de Robert le Pieux, détenteur du duché de Bourgogne s’éteint faute d’héritier. Roi de France, Jean II récupère les possessions de cette ancienne branche des Capétiens et les attribue à son dernier fils, de la lignée des Valois. Nouveau duc de Bourgogne (1363-1404), Philippe le Hardi épouse Marguerite de Flandre, veuve du… dernier duc de Bourgogne. À la mort de son beau-père (Louis de Male), Philippe le Hardi hérite des comtés de Flandre, Artois, Rethel et Nevers, ainsi que du comté de Bourgogne situé en terre d’empire (1384). Avec ses huit enfants, il développe une politique matrimoniale active. Son aîné, Jean Sans Peur épouse la fille du comte de Hainaut et de Hollande ; sa fille s’unit avec le fils du même comte, nouant ainsi une solide alliance entre les Wittelsbach et les Valois. Quant à Antoine, il devient duc de Brabant et de Limbourg.
Petit-fils et arrière-petit-fils de Philippe le Hardi, Philippe le Bon (1419-1467) et Charles le Téméraire (1467-1477) poursuivent le projet familial : réunir tous les « pays de par-deçà » (Pays-Bas) et les « pays de par-delà » (Bourgogne et Franche-Comté), en annexant la Lorraine (autour de Nancy) et en mettant un terme au territoire d’entre d’eux que représente la principauté épiscopale de Liège. L’unification politique des états laïcs et ecclésiastiques entre le Rhin et la mer du Nord devait conduire à construire un nouvel état concentré, entre France et Germanie, qui tiendrait en équilibre la puissance de la France en occident. Leurs desseins auraient pu se réaliser si le roi de France – Louis XI – n’était entré en scène et n’avait tablé, lui aussi, sur la principauté liégeoise pour faire échouer le projet bourguignon. Mettant fin au conflit avec le roi de France, le premier traité d’Arras (1435) accroît les possessions de Bourgogne qui continue de se heurter à la résistance des villes de la principauté de Liège.
Dépourvu d’héritiers, le comte de Namur – Jean III – vend sa terre au duc de Bourgogne Philippe le Bon (1421) qui en hérite en 1429. Par héritage encore, à la mort du duc de Brabant Philippe de Saint-Pol sans descendant (1430), les possessions de Bourgogne s’étendent au Limbourg et au Brabant. Héritier du Hainaut, Hollande, Zélande, Frise en 1428, Philippe le Bon entre en possession de ces terres en 1433. Dix ans plus tard, la mort de sa tante place le Luxembourg entre ses mains.
En plaçant des membres de sa famille sur les sièges ecclésiastiques de Tournai (1436), Cambrai (1439), Thérouanne (1451), Liège (1455) et Utrecht (1456), il poursuit la construction des Pays-Bas bourguignons. Il ne lui reste plus qu’à unir les possessions d’en haut avec celles d’en-bas et à percer l’obstacle que représentent les villes liégeoises.

Références
Ar71 ; DCM22 ; Er43a ; Er43b ; FH04-311 ; GM02-140 ; H65 ; Rol60 ; www_cm1404 ; www_cm1477

 


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)