C’est en 1787 que commence véritablement la révolte des états provinciaux des Pays-Bas contre les réformes progressistes que l’empereur Joseph II veut introduire depuis son avènement en 1781. Avec des intensités et des modalités différentes, ce que l’on appelle couramment la Révolution brabançonne de 1789 connaît des développements singuliers dans chacune des provinces alors réunies au sein des Pays-Bas. Parce qu’elle fut la plus spectaculaire, la plus mobilisatrice et qu’elle se déroula dans le duché de Brabant avant d’influencer les décisions des États généraux, la Révolution brabançonne sert de point de repère traditionnel. Comme l’observent Cl. Bruneel et Maurice-A. Arnould, l’adhésion est loin d’être totale à la révolution bruxelloise : le Brabant wallon, le Borinage, le Limbourg, le pays de Charleroi comme celui de Tournai « manifestent une certaine tiédeur », étant – pour la plupart – davantage en phase avec la tournure des événements qui se déroulent en France ou en principauté de Liège. Le duché de Luxembourg reste quant à lui tout à fait à l’écart, ne participant ni aux événements « brabançons » ni à la création des États-belgiques-unis ; quelques mois plus tard, sur l’exemple de Bouillon et de Paris, la partie occidentale du duché luxembourgeois se mettra au diapason des idées vonckistes mais en puisant son inspiration du côté de Bouillon et de Paris.
Malgré les fortes divergences qui les séparent, les deux camps « brabançons » s’unissent face à l’Autriche et font fuir les régents impérieux (janvier 1790). Dans le même temps, un Acte d’union est adopté par les députés de neuf des dix anciens États : les États de West-Flandre, de Flandre, de Brabant, de Malines, de Gueldre, de Tournai, du Tournésis (ou Tournaisis), de Hainaut et de Namur. Le Luxembourg n’en est pas signataire.
Il ne s’agit pas d’une profonde révolution institutionnelle, mais plutôt de la persistance d’une confédération des provinces, mais débarrassées d’une autorité supérieure.
Soutenue un bref moment par la Prusse qui voit un intérêt à affaiblir l’Autriche, la fédération belge ne résiste guère aux soulèvements populaires, puis surtout au retour de l’armée autrichienne qui a regonflé ses effectifs à partir de sa forteresse de Luxembourg : en quelques jours (novembre-décembre 1790), les Pays-Bas redeviennent autrichiens. Les leaders de l’insurrection sont contraints à l’exil à l’heure où reviennent les régents impériaux.
Références
BruCl-163 ; TrauLor
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)