Depuis la victoire de Fleurus, les militaires français s’attèlent à intégrer les territoires conquis à la République. Après plus de huit cents ans d’existence sous un régime favorable de neutralité armée, l’originale principauté de Liège disparaît, ainsi que son système de privilèges et de libertés. Délivrés de la soumission à deux cents ans de diktats des Provinces-Unies qui en avaient fait leur zone de protection armée face à la France, élevant des forteresses pour bloquer ou défendre les passages de l’Escaut et de la Meuse, les provinces du sud disent également adieu à leurs chartes, Joyeuse Entrée et autres États généraux et surtout provinciaux. Mais contrairement à Dumouriez qui incitait les populations à prendre leur indépendance, voire même aux Commissaires de la Convention qui organisaient des votes pour la réunion à la France, les envoyés des « conventionnels thermidoriens » mettent surtout le pays à leur merci, ferment les frontières et, pour tout dire, s’adonnent au pillage.
Après les excès des premiers temps qui restaient des moments de guerre (juillet-octobre 1794), le territoire est divisé entre deux administrations générales : depuis Aix-la-Chapelle, la première est appelée à gérer la région de l’entre-Meuse-et-Rhin ; depuis Bruxelles, la seconde veille sur la partie au nord de la Meuse (15 octobre 1794). Progressivement, les abus sont poursuivis, l’ordre est rétabli et l’arbitraire cède la place à davantage de liberté, dans le commerce comme dans la vie publique (justice, état-civil, etc.), voire même à l’égard de l’Église. Après plusieurs mois de débats et réflexion, la Convention statue finalement sur le sort de ces territoires qui, indépendants, seraient trop faibles comme barrière, et, unis aux Provinces-Unies seraient trop forts. Le 1er octobre 1795 (9 vendémiaire an IV), la Convention adopte le décret qui réunit la principauté de Liège et les provinces belgiques à la France. Elle reconnaît ainsi à leurs habitants les droits des citoyens français. La ligne des douanes est supprimée et le territoire est organisé en 9 départements.
Références
HaHu96
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)