Selon les textes officiels de l’époque, on sait que le territoire des royaumes mérovingiens est divisé en pagi, circonscriptions administratives héritées, pour une grande partie, de l’époque romaine, et pour l’autre partie, de l’époque mérovingienne (VIIe siècle). Les limites précises sont difficiles à établir, mais il semble qu’elles s’inscrivent dans le cadre des diocèses, eux aussi hérités de la période romaine. La précision des autres limites reste relative. Seules quelques implantations permettent d’estimer de manière vague l’étendue probable des territoires ; on ne passera de la « frontière-zone » à la « frontière-ligne » qu’au XIIIe siècle.
Chaque pagus est administré par un fonctionnaire royal, un comte (comes) ; ce dernier reçoit son bannum (droit de commander) des mains du roi qui est libre de le reprendre. Représentant du roi, le comte perçoit les impôts directs (taille), les impôts indirects (douanes, taxes sur les ventes et achats), lève l’armée, et organise la justice dans sa circonscription. Il perçoit sa cote part sur ses fonctions, ainsi que des revenus provenant de ses terres. La charge n’est pas héréditaire. La circonscription placée entre les mains du comte est divisée en centaines, dirigées par des centeniers. Quand il rend la justice, le comte se déplace dans sa centaine et convoque tous les hommes libres et choisit parmi ces notables les assesseurs (rachimbourgs) qui composeront son tribunal (mallus).
En 772-775, Charlemagne transforme le tribunal (mallus) par la désignation de membres permanents, les scabini (échevins). Juges professionnels, au nombre d’une douzaine, ils accompagnent le comte dans les centaines où il doit rendre la justice. Vu la multitude des affaires, le comte n’aura que les grands dossiers à s’occuper, des représentants se chargeant des petites affaires sur le terrain.
Le nombre des pagi et leurs frontières évoluent selon les impératifs du moment. Au VIe siècle, de nouveaux pagi ont été créés. Au VIIIe siècle, les démembrements ou les fusions dues à la présence d’un même comte à la tête de plusieurs pagi rendent la structure confuse, même si le cadre du diocèse ou de la civitas demeure rigide.
Références
Ar69 ; GuerB ; Haspinga ; MoDic ; Nonn ; RolCha ; VDKR ; www_cm0999_ard
Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)