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4000

Province de Liège

Plaque Léon-Ernest HALKIN

Docteur en Philosophie et Lettres de l’Université de Liège, professeur d’histoire moderne et de critique historique, Léon-Ernest Halkin (1906-1998) est un historien d’envergure internationale. Son Initiation à la critique historique, rédigée en 1939 et sans cesse enrichie, demeure un ouvrage incontournable dans la formation historique. 

Très tôt attentif à la question wallonne, il insiste sur la nécessité de mieux connaître et enseigner l’histoire régionale, afin de mieux appréhender l’histoire générale. Dans ce cadre, il contribue à la publication de la brochure L’enseignement de l’histoire en Wallonie. 

Sous l’Occupation, L.-E. Halkin s’engage activement dans la Résistance. C’est ainsi qu’il fonde le clandestin Ici la Belgique libre, devient membre du Front de l’Indépendance et dirige le service Socrate, qui aide les réfractaires de la région liégeoise.

Dénoncé en novembre 1943, il est déporté et envoyé dans les camps de concentration de Gross-Rosen, Dora et Nordhausen. 

Libéré en avril 1945, il participe au Congrès national wallon. Par la suite, en parallèle à sa brillante carrière scientifique, il continuera de s’investir au sein de Rénovation wallonne, mouvement wallon d’obédience catholique. Il sera élevé au rang d’Officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

place du XX août
4000 Liège

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Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Statue Lambert LOMBARD

Statue à la mémoire de Lambert Lombard, réalisée par Alphonse de Tombay, c. 15 octobre 1880.




Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège de bâtiments dignes de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. Celle de Lambert Lombart figure parmi les premières.
Artiste majeur, Lambert Lombard (1505 ou 1506-1566) se devait de trouver place parmi les personnalités illustres. En pleine Renaissance italienne, cet artiste de la principauté de Liège fait le voyage en Italie, avec mission de son prince-évêque de ramener dans le nord un maximum des joyaux du sud (1537). Peintre et architecte lui-même, Lambert Lombard découvre ainsi les grands maîtres et acquiert à la fois des objets et des connaissances. À son retour à Liège, il fonde l’une des toutes premières académies d’art de l’Europe du Nord et participe aux ambitieux chantiers de reconstruction de la ville de Liège en introduisant des éléments de style Renaissance. 
La statue de Lombard se trouve sur la façade du marteau de droite du Palais provincial, sur la partie supérieure de la colonne la plus à droite ; Chapeaville et Borset sont ses voisins immédiats. Avec sa palette de couleurs posée sur le bras gauche, Lombard est aisément reconnaissable ; sa longue cape est par contre peu visible. Même si la statue pourrait être l’œuvre d’Alexandre de Tombay (1815-1881) comme l’indiquent certaines sources, il est plus vraisemblable de suivre celles qui l’attribuent à son fils, Alphonse de Tombay (1843-1918). En plus de son apprentissage dans l’atelier paternel, de Tombay fréquente l’Académie de Liège où il bénéficie notamment des conseils de Prosper Drion. Ami de Léon Mignon, il bénéficie comme lui d’une bourse de la Fondation Darchis et séjourne plusieurs mois à Rome (1874-1878). De retour à Liège, il répond à plusieurs commandes officielles dont un buste de Charles Rogier (1880) à Bruxelles qui aura beaucoup de succès. C’est aussi à ce moment qu’il participe au chantier de décoration du palais provincial de Liège auquel il livre six statues et trois bas-reliefs évoquant des scènes historiques (L'exécution de Guillaume de la Marck, La mort de Louis de Bourbon, L'octroi de la Paix de Fexhe). Exposant ses propres œuvres tout en répondant à de nombreuses commandes officielles à Bruxelles, il devient professeur à l’Académie de Saint-Gilles, avant d’en assurer la direction (1902).



Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 100
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html
Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 350-351
Lambert Lombard et son temps, catalogue d’exposition, Liège, Musée de l’Art wallon, 30 septembre - 31 octobre 1966
Godelieve DENHAENE, Lambert Lombard, Renaissance et humanisme à Liège, Fonds Mercator, Anvers, 1991
Godelieve DENHAENE (dir.), Lambert Lombard. Peintre de la Renaissance. Liège 1505/06-1566. Essais interdisciplinaires et catalogue de l’exposition, Bruxelles, IRPA, collection Scientia Artis, 2006
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 457-458
Serge ALEXANDRE, Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996
La Meuse, 2 octobre 1880



 

Statue Lambert Lombard


 

© Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Statue Lambert Lombard

façade du Palais provincial, face à la place Notger – 4000 Liège

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Paul Delforge

Guy Focant

Hôtel Moderne de Liège

Érigé en 1906 sur les plans de l’architecte Arthur Snyers dans un style éclectique, l’immeuble s’élève sur cinq niveaux et présente une façade de cinq travées de dimensions égales. Le rez-de-chaussée et l’entresol, aujourd’hui remaniés, présentaient à l’origine deux monumentales entrées de style néoclassique pour le premier et une série de dix balconnets disposés deux par deux pour le second.

Le reste de la façade, intact, impose une grande verticalité à l’ensemble : les premier et second étages alternent trois séries de deux bow-windows (de section courbe au centre et de section polygonale sur les extrémités) qui se concluent par un balcon. Le troisième étage, sous les combles, prolongeait les travées en trois pignons à lucarnes (courbe au centre et triangulaire sur les côtés). Cette prolongation a aujourd’hui disparu et a fait place à deux nouveaux étages, construits dans la continuité du premier et du second. 

Avec cet imposant immeuble, l’architecte joue sur la ligne droite et la ligne courbe, et fait référence autant à l’Art nouveau qu’au néoclassicisme. La riche décoration intérieure, également teintée d’éclectisme, présentait notamment une allégorie des quatre saisons, œuvre de l’artiste liégeois Auguste Donnay.

Transformé en 1957 pour y intégrer une galerie toujours en activité, l’hôtel a définitivement fermé ses portes en 1976, les chambres étant alors transformées en studios.
 

1924 : le premier Congrès d’Action wallonne

En 1923, le Comité d’Action wallonne de Liège, en différend avec l’Assemblée wallonne, décide de quitter celle-ci et de fonder la Ligue d’Action wallonne de Liège, où se retrouvent de nombreuses figures de proue liégeoises du mouvement : Émile Jennissen, Auguste Buisseret ou encore Lucien Colson. Plus radicale, la Ligue est persuadée que « la Belgique ne peut poursuivre ses destinées par l’union des deux peuples qui la composent ». La Ligue va dès lors s’attacher à créer des sections locales qui l’aideront à organiser la propagande et le recrutement.

Le premier Congrès d’Action wallonne a lieu à l’hôtel Moderne, à l’initiative de la Ligue liégeoise, les 13 et 14 juillet 1924. Il réunit à peu près deux cents participants dont Albert Mockel, Auguste Buisseret, Julien Delaite et Georges Truffaut. Les congressistes adoptent des résolutions sur l’union douanière franco-belge, sur la loi relative à l’emploi des langues en matière administrative, et surtout sur une solution fédéraliste pour le pays. Six autres congrès seront organisés avant la disparition de la Ligue en 1940.

Rue Pont d'Avroy 29
4000 Liège

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant

Hôtel Desoër de Solières

Édifié de 1555 à 1561 par Guillaume d’Elderen, président du Conseil privé et de la Chambre des Comptes, l’hôtel Desoër de Solières – du nom de la dernière famille qui l’occupa – est un témoin privilégié de l’architecture civile de la Renaissance à Liège. Construit en briques, tuffeau de Maastricht et calcaire de Meuse, il se distingue par un plan irrégulier en L rythmé par une tour à la jonction des deux corps du bâtiment. La décoration des façades est exceptionnelle : colonnes doriques, entablement avec frise, mascarons.

Abandonné dans les années 1970 et victime d’un incendie en 1995, le bâtiment était très gravement endommagé lorsque débuta sa restauration en décembre 2001. Le bureau d’architecture Greisch travailla dans la volonté de restaurer les éléments d’origine encore lisibles. Malheureusement, l’intérieur dut être vidé compte tenu de l’état désastreux de sa structure. La façade fut entièrement rénovée et une audacieuse extension contemporaine ajoutée à l’ensemble. Celle-ci s’acheva par une tour cylindrique conçue par Philippe Greisch, qui s’intègre hardiment entre l’hôtel Desoër de Solières et l’hôtel de Bocholtz, restauré de manière beaucoup plus traditionnelle.
 

Une des vitrines de la Wallonie

L’hôtel Desoër abrite depuis mai 2003 un des trois « Espaces Wallonie », les permanences de diverses administrations régionales, une boutique de l’Office des Produits wallons, et il a hébergé durant cinq ans jusqu’en août 2008 les services administratifs de l’Archéoforum de Liège, dépendant de l’Institut du Patrimoine wallon (IPW). C’est également l’IPW qui avait mené à bien l’achèvement du chantier à partir de décembre
2001, pour le compte et avec l’aide tant du MET (Implantations) que du MRW (Patrimoine). « La restauration de l’hôtel Desoër de Solières constitue, à ce jour, une des expressions les plus significatives de la volonté du Gouvernement régional de faire converger ses besoins immobiliers et sa mission de protection du patrimoine ». On notera que l’architecte Philippe Greisch a également réalisé pour la Région wallonne en 2000-2005, mais pour le compte cette fois de la Société régionale wallonne du Transport (SRWT) et de la Société wallonne des Aéroports (SOWAER), la nouvelle aérogare de Liège, bâtiment de verre à image technologique forte en adéquation avec sa fonction, et belle image de modernité pour un autre outil régional wallon.


"On a peine à imaginer aujourd’hui qu’il n’y a guère beaucoup plus de dix ans, les seules installations civiles de Bierset consistaient en un baraquement provisoire dont le responsable de l’aéroport essayait vainement de colmater les nombreuses brèches... Cette situation illustre le fait que, durant des dizaines d’années, le Gouvernement fédéral avait - totalement - négligé les aéroports régionaux de Bierset et de Gosselies. Tout au contraire, dès le début 1989, le Gouvernement wallon a pris l’option de faire de ceux-ci des outils centraux de développement et de reconversion économique". Témoignage d’Amand Dalem, in L’Aventure régionale, p. 166.

Place Saint-Michel 86 
4000 Liège

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Collection privée

Hôtel de l'Europe à Liège

Appelé Grand Hôtel jusque 1923, l’hôtel de l’Europe faisait partie des nombreux bâtiments construits dans les années 1880 sur la place Verte dont le tracé avait été modifié par la ville de Liège en 1849 afin de lui donner un nouvel alignement. Construit à l’angle des anciennes place Verte et rue Joffre et aujourd’hui disparu, comme la plupart des bâtiments de la place, l’hôtel de l’Europe se dressait à l’actuel emplacement de l’îlot Saint-Michel. Cet ensemble néoclassique présentait deux façades rythmées par des pilastres engagés. Côté rue Joffre, la travée centrale était soulignée par un décrochement de la marquise, un fronton triangulaire et une toiture en pavillon (cône tronqué percé d’oeils de boeuf et sommé de ferronneries). Ce dispositif de toiture était répété aux trois angles à rue du bâtiment.

 

1927, 1929, 1930 : trois Congrès d’Action wallonne

Entre 1927 et 1930, la Ligue d’Action wallonne de Liège tiendra trois fois son Congrès dans cet hôtel encore connu dans la mémoire de certains Liégeois comme le Grand Hôtel. Le quatrième Congrès, réuni les 9 et 10 juillet 1927 dans la salle japonaise de l’hôtel, se préoccupe principalement de questions économiques : équipement de la Wallonie, union douanière avec la France et gestion du réseau wallon de canaux.

Deux ans plus tard, le sixième Congrès retrouve l’hôtel de l’Europe les 6 et 7 juillet 1929. Plus culturel que les précédents, il voit également la création d’une commission chargée de réaliser un nouveau programme pour la Ligue.

Le septième et dernier Congrès, réuni dans la salle japonaise le 6 avril 1930, se penche sur les projets établis par la commission créée l’année précédente. Après de longues discussions, les congressistes décident d’adopter une motion en faveur de la formation tant à la Chambre qu’au Sénat d’un bloc wallon uni afin de faire entendre les revendications wallonnes. Enfin, l’Action wallonne proclame le droit de la Wallonie à disposer d’elle-même si la sauvegarde de son intégrité l’exigeait.

Après la réforme de son programme à l’issue de ce septième Congrès, la Ligue d’Action wallonne se dote d’un Comité central qui, en remplaçant le Comité d’Action wallonne, va devenir l’organe directeur de la Ligue. Ce Comité central décidera la création de la Concentration wallonne et organisera son premier Congrès, toujours à Liège, à l’occasion du centenaire de l’indépendance, les 27 et 28 septembre 1930.

Carrefour de la rue Joffre et de la place Verte
4000 Liège
(Bâtiment aujourd'hui disparu)

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant

Hôtel de Grady

Construit en brique et calcaire, l’hôtel de Grady, également appelé de Sklins ou de Spirlet, est un des nombreux hôtels de maître de la rue Hors-Château. Commandité par Nicolas de Spirlet, il est composé de neuf baies rythmant les deux niveaux qui posent sur un haut soubassement en pierre. Les trois travées centrales sont couronnées d’un fronton triangulaire qui présente une allégorie des fonctions de conseiller. Un porche cintré s’ouvre vers la cour intérieure bordée de bâtiments. La façade porte le millésime de 1765. L’hôtel de Grady illustre la richesse du statut social de cette artère liégeoise au XVIIIe siècle. La beauté de ses décors intérieurs, notamment des peintures de Henri Deprez, stucs, boiseries et cheminées, traduit le raffinement de l’art de vivre à l’époque. Actuellement, l’hôtel de Grady abrite une partie de l’École d’hôtellerie de Liège.

 

1935 : la Maison wallonne de Liège

Fondée en 1930, la Maison wallonne de Liège s’inscrit dans un mouvement né après la Première Guerre mondiale. La première association du genre avait été créée à Bruxelles en 1921, et de grandes villes wallonnes avaient suivi. Les diverses associations wallonnes pouvaient se retrouver dans ces maisons, mettre en commun leurs initiatives et développer ensemble leurs activités. Prenant la forme d’une coopérative, la Maison wallonne de Liège naît donc au moment de l’exposition internationale de 1930, organisée à Liège à l’occasion du centenaire de l’indépendance. Installée en premier lieu sur le boulevard de la Sauvenière, la Maison wallonne déménage en 1935, en Hors-Château, dans l’hôtel de Grady. Une association des Amis de la Maison wallonne prendra alors la suite de la coopérative. Composée de responsables issus des milieux culturels wallons, elle est ouverte à tous. Pourtant, en raison de tensions avec le Front démocratique wallon, elle sera contrainte de fermer peu avant la guerre : les Amis restent ensuite actifs, mais la Maison wallonne n’existe plus. Il faudra attendre le 13 avril 1957 pour que soit inaugurée une Nouvelle Maison wallonne, au boulevard de la Sauvenière, qui restera ouverte jusqu’en 1998.


 

 

1938 : l’assemblée de la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie 

Réunis le samedi 11 juin 1938 autour du président de la Concentration wallonne, l’abbé Jules Mahieu, sept militants wallons décident de créer une société savante, la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie. Les premiers travaux de la société sont prolifiques : cinq assemblées sont organisées en deux ans, dont la première à l’hôtel Cosmopolite de Namur. La seconde se tient à Liège, dans les locaux de la Maison wallonne, le 29 octobre 1938, toujours sous la présidence de Jules Mahieu. On y signe l’acte constitutif de l’association. Trois personnalités d’envergure se trouveront à la tête de celle-ci : Jules Mahieu (président), Maurice Bologne (secrétaire) et Robert Grafé (administrateur). La société présente son programme et son but principal : par des communications et des publications, faire connaître l’histoire de la Wallonie au peuple wallon. En 1960, la Société deviendra l’Institut Jules Destrée, toujours en activité actuellement.

Rue Hors-Château 5
4000 Liège

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

 Trésor de Liège

Vestiges de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert

Chef-d’oeuvre de l’art gothique, deuxième plus haute cathédrale d’Europe au moment de son édification, la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège devait certainement être un des édifices les plus remarquables construits dans nos régions au Moyen Âge. Ses dimensions impressionnent : 97 m de long, 60 m de hauteur pour les tours occidentales et 130 m pour la grande tour.

L’édifice fait pourtant les frais des événements révolutionnaires dès la première occupation de la principauté par les Français suite à la bataille de Jemappes. Le 19 février 1793, l’administration centrale du ci-devant pays de Liège décide de démolir la cathédrale. La défaite de Dumouriez à Neerwinden le 18 mars suivant et le rétablissement du pouvoir principautaire qui suit retarde la mise en oeuvre de cette funeste décision. La victoire de Fleurus du 26 juin 1794 et l’annexion définitive de la principauté le 1er octobre 1795 ramènent la démolition à l’ordre du jour. Dans un premier temps, la cathédrale est dépouillée au profit de la République ; seul le Trésor, emmené à l’étranger par les chanoines, évite le pillage ou la destruction. Ensuite, les Liégeois eux-mêmes procèdent à la démolition de l’édifice ; opération longue et ardue qui s’accomplit sur plusieurs années. Cette démolition proprement dite commence dès l’été 1794, après Fleurus et la fuite du prince-évêque de Méan. Les deux tours de sable sont détruites en 1803 alors que s’entasse un monceau de ruines sur l’espace qui ne porte pas encore le nom de « place Saint-Lambert ». Un long moment d’indécision s’ouvre ainsi qui provoque l’étonnement de Napoléon qui, lors de son passage en 1803, est choqué de l’état dans lequel se trouve cet espace public. Les ruines ne sont toutefois définitivement évacuées qu’en 1819 et la nouvelle place nivelée en 1827 !

Place Saint-Lambert
4000 Liège

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Frédéric MARCHESANI, 2014

IPW

Fortifications médiévales et modernes

La capitale de l’État se doit bien entendu de posséder un système de défense digne de son rang. Une fois encore l’initiative vient de Notger, ce premier prince-évêque bâtisseur sous le règne duquel la physionomie de la ville a radicalement été modifiée. Notger donne à Thuin et Fosses-la-Ville leurs premières enceintes, il obtient de nombreuses prérogatives comtales sur ses domaines et mène une véritable politique militaire dont le point d’orgue est la construction de la première enceinte liégeoise. De cette œuvre millénaire, aucune trace visible ne subsiste. Si de récentes fouilles menées en 2011 ont permis de retrouver des fondations et si le tracé de cette enceinte nous est bien connu, force est de constater que l’œuvre notgérienne a bel et bien disparu. 

Au XIe siècle, la ville est pourtant enfermée dans de hautes murailles, le Mont-Saint-Martin est un véritable éperon barré et plusieurs portes gardent les entrées de la ville. Le besoin d’agrandir le tracé de Notger se fait sentir dès la fin du XIIe siècle et se poursuit tout au long de la période médiévale. De ces constructions ne subsistent que peu de vestiges. La tour aux Moxhons, seul témoin des secondes fortifications liégeoises et datant de 1483, est encore visible au-dessus des degrés du thier de la Fontaine. Des travaux de consolidation sont entrepris sous le règne d’Érard de la Marck mais la plupart des interventions modernes sont exécutées sous les règnes des évêques de Bavière aux XVIIe et XVIIIe siècles. Des vestiges de la porte et tour des Bégards sont également visibles dans la rue du même nom. Adossée aux terrasses de la colline, il s’agit d’une tour carrée en briques et calcaire du XVIIIe siècle. Au départ de l’esplanade Saint-Léonard, quelques vestiges de pans de murailles montant vers l’actuel site de la Citadelle sont encore visibles le long des sentiers de promenades et à travers la végétation.
 

La tour aux Moxhons à Liège, rare vestige des remparts médiévaux de la ville. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine


Si le mur d’enceinte de la ville et les autres portes ont aujourd’hui disparu, le site de la citadelle témoigne encore de l’importance du site dominant la vallée et la cité. Une forteresse y est érigée dès 1255 par Henri III de Gueldre (1247-1274) mais la construction d’une véritable citadelle est entreprise sous le règne de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688). L’ouvrage, achevé en 1671, est détruit par les troupes françaises dès 1675 et reconstruit à partir de 1684. Malmenée et modifiée au cours des siècles par les Français et les Hollandais avant de devenir un lieu de promenade, la citadelle est un témoin marquant de la politique militaire des princes-évêques à l’Époque moderne.

Une autre trace significative se trouve sur le territoire de l’ancienne commune de Grivegnée. Dépendant de la mense épiscopale jusqu’en 1762, l’endroit est également la résidence de l’avoué ou bailli d’Amercoeur. Aujourd’hui isolée dans un groupe de bâtiments disparates, la tour du haut Vinâve appartient au prince-évêque depuis 1321. La construction actuelle date vraisemblablement de la seconde moitié du XIVe ou de la première moitié du XVe siècle malgré quelques remaniements. Le donjon superpose cinq niveaux élevés en moellons de grès et était jadis entouré de douves. Il constitue un des seuls témoins des constructions défensives qui jalonnaient le territoire liégeois au Moyen Âge et à l’Époque moderne.

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Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Bornes de la principauté de Liège

Une borne-frontière Liège-Hainaut frappée du perron liégeois située devant le no 11 de la rue de la Naïe à Presgaux © IPW


Couvin/Presgaux


Distantes d’une centaine de mètres, deux bornes en pierre bleue marquent la frontière entre la principauté et le comté de Hainaut. Elles se situent à la limite des localités de Presgaux (commune de Couvin, principauté de Liège) et de Baileux (commune de Chimay, comté de Hainaut), sur le territoire de la première. 

Elles sont ornées du côté ouest d’un glaive et des armes de Chimay et à l’est d’un perron liégeois. La première est en outre marquée « HaN » du côté hennuyer et « LiG » du côté liégeois, avec la date de 1767. 

Ces deux bornes, facilement visibles en face des nos 5 et 11 de la rue de la Naïe témoignent d’un important bornage entrepris à partir de 1735. Plusieurs autres bornes subsistent au lieu-dit « la Taille Seron », à la limite des actuelles provinces de Namur et du Hainaut mais sont malheureusement difficiles d’accès.



 Hastière/Agimont

Une borne-frontière entre la principauté de Liège et le royaume de France a récemment été retrouvée sur le territoire de la localité d’Agimont, au bas de la route menant de Heer-Agimont à Petit-Doische. Datée de 1776, elle témoigne d’un bornage effectué à la suite de la signature du Traité des limites à Versailles en 1772 entre Louis XV et le prince-évêque François-Charles de Velbrück. Sur cette borne, mise à nouveau en évidence en décembre 2011, est gravée « France » sur un côté et « Liège » sur un autre.


Liège (Sclessin)

Une borne-frontière entre les principautés de Liège et de Stavelot se trouve aujourd’hui au Val-Benoît. Autrefois située de l’autre côté du chemin de fer, dans la végétation, elle a été replacée à cet endroit en 2006 et témoigne de l’appartenance de Sclessin à la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy au Moyen Âge. Suite au grand partage de 1768 6, Sclessin et une partie de Cointe passent sous contrôle principautaire. 

La borne frontière Liège-Stavelot située à Sclessin © IPW

La borne se compose de deux parties identiques, placées l’une en face de l’autre et servait à encadrer un bureau de l’octroi situé non loin de là. Le bloc de pierre calcaire, pointu à son extrémité, est sculpté sur une de ses faces. Le parchemin comporte une inscription qui témoigne de l’érection de ce monument et rend hommage à Henri de Bailly, bourgmestre de Liège en 1724 et 1731, puis conseiller de Charles-Nicolas d’Oultremont : « Honnore seigr Henry de Bailly, JurisConsult, conseiller interne de S. A. Évêque et Prince de Liège pour la 2me fois bourg[UE]m[AIT]re L[IÈGE] – 1771 ».

Philippeville/Samart

Dans la rue de la chapelle, une borne quadrangulaire en pierre bleue datée de 1776 marque la frontière entre la principauté et la France. Elle porte les identifications « France / 1776 » sur sa face nord et « LIEGE » au revers. Sur le dessus se trouvent des flèches indiquant l’emplacement de deux autres bornes situées au lieu-dit « Sauvage pré » datant de la même année. Toutes trois témoignent du bornage convenu entre Louis XV et François-Charles de Velbrück dont il était déjà question pour la borne conservée à Agimont.


Seraing/Boncelles


Une autre borne marquant la frontière avec les terres stavelotaines et difficilement localisable se situe en bordure de la route du Condroz à Boncelles. Le monument est gravé d’une mitre et d’un F, symbolisant la personne du prince-évêque Ferdinand de Bavière (1612-1650) sous le règne duquel fut entrepris ce bornage.

La borne dite « La Belle Pierre » à Soumagne. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine


 

Soumagne

L’actuelle localité de Soumagne faisait partie de la mense épiscopale liégeoise et fut souvent mise en engagère aux XVIIe et XVIIIe siècles. Implantée le long de la route menant à Herve, une imposante borne-frontière en calcaire marquait autrefois la limite avec le duché de Limbourg. Posée sur le parapet d’un pont franchissant le ruisseau du Bois-l’Évêque (anciennement pont Cloris), elle est contemporaine de la construction de l’ouvrage en 1787, comme l’indique une inscription présente sur le socle du monument. Haute d’environ 2 m, elle a la forme d’une pyramide tronquée et présentait autrefois sur sa face antérieure un cartouche décoré des écussons de la principauté de Liège et du Saint-Empire. La seconde face portait les armes des Pays-Bas autrichiens, dont faisait partie le duché de Limbourg. Les armes impériales et autrichiennes furent entièrement détruites à la Révolution et le cartouche ne conserve de nos jours que quelques traces des armes liégeoises, sur sa moitié droite.


Viroinval/Olloy-sur-Viroin

Olloy-sur-Viroin était sous l’Ancien Régime un des neuf villages de la seigneurie de Hierges, dépendant de la principauté de Liège depuis le Moyen Âge. Plusieurs bornes historiques marquant le territoire de la principauté sont situées au lieu-dit Try des Baudets, aujourd’hui occupé par un parc de vacances.

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Bâtiments de l’ancien collège des Jésuites wallons

L’université de Liège, installée depuis 1817 au centre de la ville, conserve malgré les destructions et aménagements successifs quelques éléments du collège des Jésuites wallons, installé à cet endroit depuis 1582. Situés dans la cour intérieure et abritant notamment les services de la bibliothèque générale, les bâtiments historiques du « collège-en-île » ont été érigés en brique et calcaire sur les plans du maître-maçon Paquay Barbière dans la première moitié du XVIIIe siècle sur deux niveaux. L’aile principale, face à la salle académique, est longue de treize travées dont les cinq centrales sont en léger retrait et donnent l’illusion de deux ailes latérales. Une aile perpendiculaire dans la même cour subsiste également bien que sensiblement réaménagée au fil du XIXe siècle. Ces bâtiments sont caractéristiques de l’architecture liégeoise de l’époque : volumes de brique et calcaire, rythmés par des cordons de pierre prolongeant les seuils des fenêtres.

Quelques mois après les premiers faits révolutionnaires, comme cela fut le cas à Mons, une « Société des amis de la liberté et de l’égalité » est fondée à Liège en 1790. Créée à l’image de la société des Jacobins de Paris, elle doit cesser ses activités en janvier 1791, suite à l’occupation autrichienne de la ville et au rétablissement de l’Ancien Régime. Quelques jours après la libération de Liège par les troupes de Dumouriez en novembre 1792, elle reprend vie. Ses séances se tiennent dans l’église du Grand Collège, au sein du complexe des Jésuites wallons. Comme à Mons, cette société ne survit que quelques temps seulement. Ensuite, après le retour des Français en 1794, l’armée investit les lieux et y installe une boulangerie : seize fours sont construits et l’église est transformée en magasin pour le grain et la farine.

Après l’annexion et la décision à Paris de créer une école centrale dans chaque préfecture, l’ancien collège est transformé en école centrale du département de l’Ourthe par arrêté de l’administration centrale du département du 7 avril 1797. Après une série de travaux de rénovation et d’aménagement, l’installation du corps professoral a lieu le 22 septembre 1797 à l’occasion de la fête de la fondation de la République. Comme le prévoit la loi, neufs chaires y sont créées : dessin, histoire naturelle, langues anciennes, mathématiques, chimie et physique expérimentales, grammaire générale, belles-lettres et législation. Les premiers cours s’ouvrent le 21 décembre suivant. L’école accueille jusqu’à 200 élèves ; bien moins que le collège d’Ancien Régime (300 à 350) mais plus que les écoles centrales de Namur, Bruges, Maestricht et même Bruxelles. Parmi ceux-ci, certains se distinguent par la suite : J. de Behr devient premier président de la cour d’appel de Liège ; P. Poswick, ministre de la Justice ; Closson et Raikem professeurs à la faculté de Médecine de l’Université de Liège ; T. Teichman, gouverneur de la province d’Anvers ; H. Rutxhiel devient un des sculpteurs en vogue sous l’Empire à Paris. L’école est supprimée à la fin du régime consulaire.

Le décret impérial du 17 mars 1808 offre une nouvelle affectation aux bâtiments en créant et organisant l’Université impériale. Dans ce décret, Liège est désignée comme siège d’une académie, c’est-à-dire d’une faculté des Lettres et d’une faculté des Sciences. Le Strasbourgeois Franz-Antoine Percelat est désigné comme recteur de cette nouvelle académie qui est la seule université pour les départements de l’Ourthe, de la Meuse inférieure, de la Roer et de Sambre-et-Meuse. Cette nouvelle affectation prestigieuse renforce encore le rôle primordial de Liège sous l’Empire par rapport aux autres villes de la région. En effet, en Wallonie, seule Liège compte une université impériale, une cour d’appel et une sénatorerie. 

La faculté des Sciences de Liège est officiellement créée par un arrêté du 25 septembre 1811, date que l’on peut considérer comme celle du début de l’aventure universitaire en cité ardente. Déjà, l’institution prend ses quartiers dans les bâtiments de l’ancien collège des Jésuites wallons. Un décret impérial du 4 janvier 1813 offre également à l’université les bâtiments de l’ancien couvent des Croisiers tous proches afin de s’agrandir. Situés autrefois dans la rue du même nom, ces bâtiments ont été démolis.

Pl. du Vingt Août 7
4000 Liège

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014