Code postal
4000

Guy Focant-SPW

Athénée Destenay

Suite à l’installation d’une école moyenne dans les locaux de l’école industrielle, sise jusque-là rue des Croisiers, décision est prise de construire un nouveau bâtiment pour abriter l’institution, sur les plans des architectes Louis Boonen et Joseph Lousberg. Facilement accessible depuis la construction d’une passerelle en 1878, le boulevard Saucy s’impose au choix du collège communal. 

Située sur l’ancien bief de Saucy comblé en 1872, l’école industrielle s’installe donc dans un nouveau quartier sortant de terre à la fin du xixe siècle. L’édifice est terminé en 1881 et inauguré en 1883. Bâtiment imposant de style néoclassique, l’école industrielle présente une riche façade : frise de feuillage en pierre, fronton à colonnes et linteaux de fenêtres en alternance de pierres. Un oeil-de-boeuf, dans lequel l’architecte pensait installer une horloge, anime également cette façade. Le fronton comporte une haute statue en pierre, Le Métallurgiste, réalisée sur concours par le statuaire Guillaume Beaujean. Cette oeuvre, imposante dans ses dimensions, renforce le caractère néoclassique du monument, déjà étayé par le jeu des colonnades. 

Le bâtiment a été surélevé au milieu des années 1950, sur ses deux ailes, par un troisième étage en briques rouges. Dans la cour trône un bronze représentant Zénobe Gramme, ancien élève de l’école (lorsqu’elle était rue des Croisiers), réalisé par le sculpteur liégeois Joseph Sauvage. Un intéressant monument aux morts des deux guerres mondiales se trouve au premier étage depuis 1946. Depuis 1962, le bâtiment abrite les locaux d’une école secondaire, l’athénée communal Maurice Destenay (aussi appelé athénée Saucy).

 

1912 : le septième Congrès wallon

Organisé par la Ligue wallonne de Liège, le Congrès wallon se déroule pour la première fois dans les locaux de l’école industrielle, le 7 juillet 1912, six ans après le dernier Congrès et sous la présidence de Julien Delaite. De nombreux sujets sont à l’ordre du jour : flamandisation de l’Université de Gand, défense de la langue et de la littérature wallonnes, mise en valeur de l’histoire wallonne. Au cours des débats, le projet de Delaite en faveur d’une séparation administrative fait l’objet d’un débat vif et d’un vote favorable. Pour la première fois depuis 1890, un Congrès wallon opte pour le fédéralisme. C’est en rentrant du Congrès que Jules Destrée conçoit sa « Lettre au Roi » sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre.

 

1913 : le huitième Congrès wallon

À nouveau organisé par la Ligue wallonne de Liège, le Congrès du 6 juillet 1913 présidé par Delaite est essentiellement culturel: mise en valeur de l’histoire wallonne, littérature et philologie wallonnes en sont les thèmes principaux. Le Congrès est également l’occasion de s’insurger contre la récente loi sur l’emploi du flamand à l’armée. Ce congrès, qui aura bien moins de répercussions que le précédent, clôture une série de Congrès organisés à Liège. Un dernier Congrès wallon sera organisé à Verviers peu avant l’invasion.

Boulevard Saucy 16
4000 Liège

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Ancienne imprimerie Vaillant-Carmanne

Situé entre deux habitations et magasins également du xixe siècle repris dans le nouvel inventaire Patrimoine architectural et territoires de Wallonie (volume Liège, 2004, p. 302), cet édifice a vu, lui, son rez-de-chaussée profondément remanié au XXe siècle.
 

L’imprimerie H. Vaillant-Carmanne, fondée en 1838, poursuivit ses activités jusqu’à la fin du xxe siècle. Avant de s’installer place Saint-Michel, au pied de la rue Haute- Sauvenière, elle avait ses locaux dans le « Carré », au numéro 8 de la rue Saint-Adalbert et cette adresse fut aussi celle de la revue symboliste La Wallonie, imprimée par Vaillant-Carmanne, que fonda et dirigea de 1886 à 1892 le jeune poète liégeois Albert Mockel (1866-1945). « Événement rare : un poète de vingt ans invente le nom de son pays », écrira plus tard une autre grande figure du Mouvement wallon, Marcel Thiry.

C’est grâce à Albert Mockel et au titre de sa revue que le nom Wallonie devint d’usage courant. Dès cette année-là, par exemple, pour évoquer les terribles émeutes prolétariennes qui avaient secoué en mars 1886 le sillon industriel wallon en faisant plusieurs dizaines de morts, le leader socialiste César De Paepe écrivait que le mouvement s’était propagé à travers « toute la Wallonie, depuis la frontière prussienne jusqu’à Tournai ».

Si l’imprimerie Vaillant-Carmanne a fermé ses portes à la fin du XXe siècle, le nom et l’idée qu’elle a contribué à populariser sont plus que jamais vivants.

rue Saint-Adalbert 8
4000 Liège

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

SPW - G. Focant

Ancien palais des princes-évêques de Liège

Les premières mentions d’un « palais épiscopal » remontent au IXe siècle, lorsque son occupant n’était encore qu’évêque de Liège. C’est toutefois sous l’épiscopat de Notger (972-1008), considéré comme le premier prince-évêque suite à la donation du comté de Huy en 985, que l’on trouve la trace d’un nouveau palais, que nous considérons aujourd’hui comme le « premier palais des princes-évêques ».

Le palais de Liège a connu les affres du temps, des raids normands de 881 au grave incendie de 1185 (le siège du pouvoir est immédiatement reconstruit par Raoul de Zähringen (1167-1191)) et aux conflits entre Liège et le duché de Bourgogne au XVe siècle.

C’est sous le règne du richissime bâtisseur Érard de la Marck (1505-1538) que la renaissance du palais a lieu. L’édifice actuel en est encore en grande partie l’héritier : articulation autour de deux cours en enfilade dont la première est caractérisée par une série de colonnes aux motifs Renaissance.

Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, les princes-évêques n’ont de cesse d’imprimer leur marque dans l’intérieur de leur résidence dont ils modernisent les locaux. L’extérieur connaît de lourdes modifications sous le règne de Georges-Louis de Berghes (1724-1743) lorsqu’un grave incendie ravage le palais dans la nuit du 23 mars 1734 et détruit intégralement la façade Renaissance construite sous Érard de la Marck.

Aux premières heures de la Révolution, le palais est épargné. Il faut dire que les premières années qui suivent le soulèvement populaire sont confuses à Liège où les deux derniers princes-évêques prennent la fuite et sont chacun rétablis dans leurs États à deux reprises. La bataille de Fleurus et l’arrivée des Français signent pour de bon la fin de l’occupation princière au palais de Liège. Le 27 juillet 1794, la foule envahit l’édifice et procède à un pillage en règle de tout ce que le prince-évêque n’a pu emporter, c’est-à-dire la majorité des richesses. Cet envahissement populaire fait disparaître les blasons et portraits rappelant le régime déchu. Ensuite, on procède à une totale laïcisation du bâtiment qui est préservé dans sa totalité pour des raisons pratiques évidentes. Déjà lors de la première occupation de nos régions par les armées républicaines, le général Dumouriez avait choisi le palais pour y loger lors de son passage en novembre 1792. Sous la seconde occupation, l’édifice devient le palais de Justice de la République et, en son sommet, un carillon vient remplacer le globe et l’aigle impériale.

Le palais abrite ainsi, jusqu’à l’annexion, le tribunal révolutionnaire de Liège, installé dans l’ancienne chapelle du prince. Ce tribunal criminel est installé le 12 octobre 1794, il est composé de dix membres et étend sa juridiction sur les anciens pays de Liège, Franchimont, Stavelot, Logne et Limbourg. On y trouve 8 juges, un greffier et un accusateur public. L’ancien « palais des princes-évêques » est rebaptisé « palais national ». En tant que chef-lieu de département, Liège devient le siège des juridictions d’instance et d’appel sous le régime français. Les salles jusqu’alors occupées par le Synode, la Cour féodale et l’Échevinage, institutions abolies, sont réaffectées en dépôt d’archives. Après l’annexion, le tribunal d’appel du département de l’Ourthe s’installe dans l’aile ouest. Le palais abrite alors non seulement les institutions judiciaires, mais également les institutions centrales. C’est au préfet Desmousseaux que l’on doit, en 1800, le départ de ces dernières vers l’hôtel de Hayme de Bomal. La destinée du palais est désormais écartée de celle du pouvoir central et conserve une fonction essentiellement judiciaire.

Chaque changement de régime en France à l’époque est accompagné de changements institutionnels : nouvelle constitution, réforme administrative, réforme judiciaire… L’Empire ne déroge pas à la règle. Créée par la loi du 20 avril 1810 et établie le 20 mai 1811, la cour impériale de Liège s’installe logiquement au palais. Sa juridiction s’étend sur les départements de la Lippe, de la Meuse inférieure, de l’Ourthe, de la Roer et de Sambre-et-Meuse. Il s’agit bien ici d’une « super » cour de justice dont l’importance est considérable qui est installée dans l’ancienne capitale principautaire. La cour impériale est divisée en quatre chambres : deux chambres civiles, composées de 7 à 9 conseillers et tenant chacune quatre audiences par semaine ; une chambre des mises en accusation, composée de 3 conseillers et tenant audience tous les lundis ; une chambre des appels de police correctionnelle, composée de 7 conseillers.

Hormis ces institutions strictement judiciaires, le palais abrite d’autres administrations parmi lesquelles celle des domaines nationaux, chargée de procéder à la vente d’immeubles déclarés « biens nationaux ». On y trouve également, à partir de 1800, une prison pour femmes, installée dans la partie orientale du palais, autour de la seconde cour, où les arcades des galeries sont murées afin d’augmenter l’espace carcéral.

De cette affectation judiciaire apportée par les Français, rien n’a changé. Aujourd’hui encore, le palais abrite, dans sa partie droite, le palais de justice. Le régime belge affecte également le bâtiment à la résidence du gouverneur de la province de Liège, fonction qu’il occupe toujours actuellement.

Plus de deux siècles après sa disparition en 1795 au terme d’un millénaire d’existence, les Liégeois restent encore viscéralement attachés au souvenir de leur ancienne principauté, de son autonomie, du rôle de capitale de Liège. Ce sentiment d’appartenance distinctive de l’ancienne "Nation liégeoise" a contribué, sinon à nourrir un sentiment wallon, en tous cas à affaiblir un sentiment national belge que d’autres options politiques, bien plus tard, ne renforceront pas davantage.

Ainsi, ce n’est pas un hasard si le 14 juillet est fêté à Liège autant qu’en France, et bien plus que le 21 juillet : c’est en 1937 que la Ville (qui avait déjà été la première ville étrangère à recevoir la Légion d’Honneur en 1919 – des mains du Président de la République française Raymond Poincaré en personne – pour sa résistance face à l’armée allemande en août 1914) décida de s’associer officiellement à la fête nationale française, en signe de protestation contre la rupture de l’alliance militaire franco-belge et la politique de neutralité vis-à-vis du IIIe Reich, l’une et l’autre voulues par les milieux flamands radicaux et par le roi Léopold III, et qui portaient déjà en elles les signes avant-coureurs des errements de ces derniers durant l’occupation allemande. Mais l’ancien palais princier a également été le cadre de manifestations plus tangibles du Mouvement wallon et un détail de sa façade principale rappelle un élément fondateur de celui-ci, à savoir la « pierre noire ». 

La « pierre noire »

Sur la façade principale du palais, à gauche de l’entrée principale, se trouve encore, épargnée par les changements de régimes et les restaurations successives depuis deux siècles, une pierre prévue pour l’affichage et dont le dessus porte la mention gravée : Loix publiées dans le département de l’Ourte. Elle fut utilisée à partir du 12 mars 1796, alors que le palais n’avait plus, provisoirement, qu’une fonction judiciaire depuis le rattachement de l’ancienne principauté à la France et son démantèlement dans le cadre de la création de départements préfigurant nos actuelles provinces.

Le palais provincial

Partie intégrante du palais, le nouveau palais provincial est érigé à l’emplacement des anciennes écuries épiscopales sur les plans de Jean-Charles Delsaux, lauréat d’un concours organisé en 1848. De style néogothique, le bâtiment de trois niveaux se développe sur un corps central flanqué de deux marteaux en saillie. La façade, imposante, s’élève sur vingt-cinq travées, au centre desquelles un péristyle soutenu par cinq colonnes trouve sa place au rez-de-chaussée. La décoration de cette façade est exceptionnelle : quarante-deux statues, soixante blasons et dix-neuf bas-reliefs évoquent l’histoire de la ville et de la principauté de Liège.

La décoration intérieure est elle aussi remarquable : le hall d’entrée est orné d’un harmonieux plafond à caissons et de peintures murales décoratives. Les salles des pas perdus et du Conseil provincial sont également très intéressantes. Richement décorée, cette dernière salle comporte un plafond à caissons orné de peintures d’Édouard van Marcke, mais également une imposante double tribune baroque en chêne sculpté polychrome. Une frise et des colonnes polychromes courent tout le long de la pièce et s’harmonisent avec les pupitres couverts de velours pourpre.

1907 : la réunion des ligues wallonnes

À l’occasion du dixième anniversaire de la Ligue wallonne de Liège, toutes les ligues wallonnes se réunissent à Liège, au palais provincial, le 9 mai 1907, date du dixième anniversaire de la Ligue de Liège. Celle-ci, comme les autres ligues, a pour but de défendre les droits des Wallons sans porter de couleur politique. 

La Ligue liégeoise a pour président Julien Delaite, déjà secrétaire de la Société liégeoise de Littérature wallonne. Promotrice du chant des Wallons, la Ligue wallonne de Liège sera également l’organisatrice des Congrès wallons de 1912 et 1913, tenus à Liège. Cette Ligue aura toutefois une existence éphémère : sans aucune action durant la Première Guerre mondiale, elle tient quelques réunions après l’Armistice, mais le comité directeur décide de la fin des activités le 28 novembre 1919. La Ligue wallonne de Liège fut cependant une des associations les plus militantes et les plus dynamiques du Mouvement wallon à la prétendue belle époque.

1930 : le premier Congrès de la Concentration wallonne

Au début de l’année 1930, la Ligue d’Action wallonne décide d’organiser les 27 et 28 septembre un premier Congrès de la Concentration wallonne, au moment où la ville de Liège organise une exposition internationale s’inscrivant dans le cadre du centenaire de l’indépendance de la Belgique. Désireux d’affirmer franchement une identité wallonne, ce Congrès est présidé par Charles Defrêcheux et Marcel Franckson, et tient ses séances dans la salle du Conseil provincial. À nouveau, les discussions portent sur la coexistence des Wallons et des Flamands au sein de l’État belge, et sur l’identité française du sud du pays. Une commission est chargée d’étudier la forme institutionnelle que pourrait prendre la Wallonie.

1947 : l’action du groupe « Jeune France »

Fin 1945, Liège avait accueilli en novembre, au palais provincial notamment, le général français de Lattre de Tassigny, qui avait accepté alors de porter l’insigne de « Wallonie libre ». Un an et demi plus tard, à l’été 1947, alors que la mise au placard des revendications wallonnes de 1945 commence à se dessiner, André Schreurs (le fils du secrétaire du Congrès national) et Fernand Massart (futur parlementaire Rassemblement wallon), animant le groupe « Jeune France », font nettoyer et redorer « la pierre noire » en tant que témoin des vingt années de période française.

Le bâtiment que nous connaissons actuellement garde les traces des interventions de nombreux prélats liégeois et est l’héritier de plusieurs autres bâtiments défunts.

Les témoins du passé

Aujourd’hui, si les blasons, armoiries et portraits des princes d’Ancien Régime ont été restaurés, le palais garde encore quelques maigres traces physiques qui viennent rappeler la période française. Sur la façade principale, à gauche du porche d’entrée, une pierre discrète est encore visible. Appelée « pierre noire », il s’agit de l’endroit sur lequel étaient placardées les lois publiées dans le département et que le régime utilisa à partir du 12 mars 1796. On peut encore y lire, en lettres dorées sur sa partie supérieure « Loix publiées dans le département de l’Ourte ». Dans le grandiloquent programme iconographique du palais provincial, construit à partir de 1836 dans le but de célébrer plusieurs siècles d’histoire liégeoise, la période française ne fut pas oubliée. Parmi les noms présents dans les phylactères du plafond de la salle du Conseil provincial figurent les noms des deux préfets du département de l’Ourthe : Antoine Desmousseaux (1800-1806) et Charles-Emmanuel Micoud d’Umons (1806-1814).

Outre de nombreux portraits, plusieurs traces nous sont parvenues, la plupart témoignant des interventions ayant suivi l’incendie de 1734.

Le fronton courbe de la façade principale porte les armoiries de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Il est le témoin principal de la reconstruction par l’architecte bruxellois Jean Anneessens suite à l’incendie de 1734. Les armoiries datent de 1737 et présentent le blason du prince, entouré de deux lions et portant la couronne, la crosse et l’épée. Une inscription en-dessous de la composition rappelle l’incendie et la reconstruction suite à l’intervention des États : « Georges-Louis, évêque et prince de Liège, a restauré le palais, détruit partiellement par un incendie, grâce à la générosité des États, du Clergé et de la Cité – 1738 ». Disparues à la Révolution, ces armoiries furent rétablies vers 1905.

Les voûtes des galeries de la première cour sont ornées des armoiries de plusieurs princes-évêques au niveau des clés de voûte.

Seul témoin de la première campagne d’édification, les armes d’Érard de la Marck (1505-1538) se trouvent à l’angle nord-ouest. La fragilité de la construction obligea ses successeurs à ordonner des travaux de reconstruction et de consolidation tout au long du XVIe siècle.

Les armoiries de Gérard de Groesbeeck (1564-1580), présentes dans la galerie est, commémorent la réfection des voûtes en 1568 ; la première arcade au nord-est porte, quant à elle, un chronogramme daté de la même année témoignant également de cette reconstruction et portant une inscription latine signifiant « À l’exemple de ton prédécesseur, Gérard de Groesbeeck ». Les armes d’Ernest de Bavière (1581-1612) figurent, quant à elles, dans la galerie nord et commémorent la restauration des voûtes en 1587.

Un autre chronogramme, tracé non loin du premier témoigne lui aussi de cette campagne de restauration : « Ô chef et roi Ernest de Bavière, tu consolides les choses branlantes ».

Toutes les façades de la première cour sont ornées de nombreuses armoiries d’Érard de la Marck (1505-1538). Placées sous chaque baie, elles indiquent l’identité du commanditaire. Martelées à la Révolution, elles furent rétablies au XIXe siècle lors de la restauration des façades de la cour par l’architecte Lambert Noppius.

Le cabinet du Procureur général est notamment décoré d’une cheminée datée de 1742 dont le contre-cœur est orné des armoiries de Jean-Théodore de Bavière ; le cabinet du Premier Substitut du Procureur du roi abrite une brique de cheminée aux armes de Jean-Théodore de Bavière ; la salle du conseil de la 4e chambre de la Cour d’appel conserve une taque de foyer datée de 1744 aux armes de Jean-Théodore de Bavière. Celles-ci se présentent sous leur forme habituelle : le blason de Bavière est entouré de la couronne, de la crosse, de l’épée et de deux lions. Sous l’ensemble, un bandeau portant la mention « I.T.H.B. 1744 » ; la salle du Conseil de l’ordre des avocats abrite une taque de foyer aux armes et initiales de Jean-Théodore de Bavière. Datée de la même année que la précédente, elle est son exacte réplique et est, elle aussi, placée dans une cheminée en marbre de Saint-Rémy datée de 1750 ; le cabinet du secrétaire du Procureur du roi conserve une taque de foyer aux armes et initiales de Charles-Nicolas d’Oultremont (1763-1771). Située sur la paroi est et datée de 1767, elle représente les armes traditionnelles du prince, telles que l’on peut les voir sur le fronton de l’église du Saint-Sacrement. L’inscription « C.N.A.O.E.P.L. » (Charles-Nicolas-Alexandre d’Oultremont, Évêque et Prince de Liège) est gravée dans le bas de la composition. La même cheminée comporte aussi une brique de foyer de 1764 aux armes de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; l’escalier royal figure le monogramme de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Réalisé vers 1740, ce très bel ensemble en fer forgé présente les initiales G et L entrelacées, dans un médaillon surmonté du bonnet de prince du Saint-Empire romain germanique.

Au sommet de cet escalier, une large baie est surmontée par le monogramme du même prince et ouvre sur la grande galerie Détail de la rampe de l’escalier du Synode avec le monogramme stylisé de Jean-Théodore de Bavière. Installé entre 1762 et 1764, l’ensemble réalisé en fer forgé présente, en médaillon, les initiales J et T entrelacées, surmontées du bonnet de prince du Saint-Empire ; l’escalier des États conserve des motifs au monogramme de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; les galeries de la seconde cour sont aujourd’hui transformées en « galerie lapidaire » et conservent des pierres aux armes d’Érard de la Marck (1505-1538) et de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688); la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé, dite aussi « salle bleue » est entièrement lambrissée d’armoires aux initiales de Maximilien-Henri de Bavière, entrelacées et placées sous le bonnet de prince du Saint-Empire, rappelant que le prince était également Électeur de Cologne. Ces monogrammes constituent un témoin rare et privilégié de la décoration intérieure liégeoise de l’époque

La salle du Conseil provincial, bien que datée du XIXe siècle, conserve la tribune de l’ancienne salle des échevins. La haute tribune en chêne sculpté et polychrome, portée par des atlantes et des putti, date en effet du siècle précédent. Elle présente, en son centre, le blason des princes de Bavière: crosse, épée et couronne sur un grand manteau de prince du Saint-Empire, doublé d’hermine. Le tout est l’œuvre du sculpteur Jean Del Cour, sculpteur officiel de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688) mais ornait vraisemblablement le trône édifié pour Joseph-Clément de Bavière (1694-1723) ou Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; le palais provincial abrite également l’escalier de la maison des États, dans les appartements du gouverneur de la province. Dessiné en 1749 par l’architecte Charles-Antoine Galhausen et réalisé par Jean-François Ermel en 1752, il comporte des motifs évoquant le monogramme de Jean-Théodore de Bavière.

Avec les multiples richesses patrimoniales que recèlent ses façades, ses deux cours et ses nombreuses pièces d’apparat, le palais de Liège est incontestablement à placer au rang des plus beaux palais européens et il bénéficie d’ailleurs du label "Patrimoine européen". Sa fonction politique donna au bâtiment ses plus beaux salons d’Ancien Régime et ses très belles réalisations du XIXe siècle dans la partie provinciale. Architecturalement, celles-ci furent une des premières manifestations du style historiciste (néogothique en l’occurrence) et, à cet égard, en avance sur leur temps comme l’avait été, des siècles auparavant, l’adoption précoce et très éclectique dans le palais des princes-évêques des premiers canons de la Renaissance italienne dont témoignent le plan de l’édifice et les colonnes de l’imposante première cour.

Place Saint-Lambert et Place Notger
4000 Liège

carte

Classé comme monument le 22 octobre 1973
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

SPW - G. Focant

Ancien hôpital des Anglais

Également appelé le collège des jésuites anglais, cet édifice situé sur les hauteurs de Liège est lié à l’histoire religieuse britannique. Chassés de leur pays, des jésuites anglais décident de s’installer à Liège en 1613. Leurs bâtiments conventuels sont terminés en 1616. Au XIXe siècle, le collège jésuite fait place successivement à des magasins, une caserne, un pensionnat, etc., et il devient un hospice en 1880 avant d’être désaffecté par le CPAS en 1984.

Du grand ensemble architectural du XVIIe siècle subsistent aujourd’hui trois ailes formant un plan en U d’une belle unité architecturale : baies à croisée ou à traverse, frise dentée sous la corniche… L’édifice est restauré et doté d’une extension contemporaine par les architectes Jacques Valentiny et Jacqueline Charlier pour le compte de la Région, qui y regroupe plusieurs services administratifs à partir de 1999.

Le regroupement de services liégeois de l’Administration wallonne

C’est dix ans après l’abandon de l’hôpital des Anglais par le CPAS que la Région décide, en 1994, de regrouper dans ce bâtiment les différents services du Ministère de la Région wallonne (MRW), alors dispersés aux quatre coins de la ville, soit quelques trois cents agents régionaux. Les bâtiments rénovés abritent à partir de 1999 des agents de la Direction générale des Pouvoirs locaux (DGPL), de la Direction générale de l’Action sociale et de la Santé (DGASS) et, dès 2000, les agents de la Direction générale de l’Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine (DGATLP). L’extension contemporaine, en retrait par rapport aux bâtiments originaux, loge, elle, des agents de la Direction générale des Ressources naturelles et de l’Environnement (DGRNE). Depuis août 2008, ces quatre Directions générales, ainsi que toutes les autres tant du MRW que du MET (Ministère de l’Équipement et des Transports) ont été restructurées, rebaptisées et fusionnées au sein d’un seul Service public de Wallonie (SPW).

Outre les Anglais et l’Espace Wallonie (à l’ancien hôtel Desoër de Solières), le SPW occupe également à Liège d’autres locaux, à destination des anciens services du MET, notamment, entre autres, rue Côte d’Or (construction neuve achevée en 1995) et rue Forgeur (ancien hôtel des Ponts et Chaussées restauré en 1994).

Montagne Sainte-Walburge 2
4000 Liège

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Statue saint LAMBERT

Statue de Lambert, saint patron du diocèse et de la principauté de Liège, réalisée par Mathieu de Tombay, c. 15 octobre 1880.

Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège de bâtiments dignes de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser la toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. 

Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs. Celle de Lambert figure parmi les 27 premières statues achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif dès la mi-octobre 1880.

Personnalité incontournable de l’histoire liégeoise, saint patron du diocèse et de la principauté, l’évêque Lambert (636-705) dispose d’une statue de la même taille que les autres, mais placée bien en évidence, à la gauche de la façade principale, sur le retour du péristyle, sur la partie inférieure de la colonne de gauche. Lambert tient un livre ouvert devant lui ; il est coiffé d’une mitre ; le drapé de ses vêtements est particulièrement soigné, tout en restant sobre. C’est le sculpteur Mathieu de Tombay qui signe cette statue. Il est le frère d’Alphonse qui est le plus connu de cette famille liégeoise de sculpteurs, et qui travaille aussi sur le chantier du palais provincial. Sur les 121 sculptures du palais liégeois, Mathieu de Tombay en signe cinq à titre personnel, dont celle de la personne la plus importante de l’histoire du diocèse de Liège. Ce Mathieu de Tombay est souvent confondu avec son grand-père, son parfait homonyme.

Nommé évêque vers 666, suite à l’assassinat de Théodard, Lambert est devenu l’un des conseillers du roi Childéric II. Mais l’époque est riche en intrigues et, à son tour, Childéric est assassiné (673), tandis que ses partisans sont persécutés. Contraint de quitter sa fonction épiscopale, Lambert s’exile au monastère de Stavelot, avant de revenir, vers 681, quand les événements politiques le permettent à nouveau. Dans ses fonctions d’évêque de Maastricht, il contribue à l’approfondissement de la christianisation des populations rurales. Mais son implication dans les affaires de l’État semble être l’une des hypothèses avancées pour expliquer son assassinat en 705. Quand Hubert, son successeur, transfère ses reliques à Liège et édifie une chapelle à l’endroit où il a été assassiné, le culte rendu à Lambert contribue au développement de Liège. 

Sources 


Julie GODINAS, Le palais de Liège, Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2008, p. 100
http://www.chokier.com/FILES/PALAIS/PalaisDeLiege-Masy.html (s.v. août 2013)
La Meuse, 2 octobre 1880
 

Statue de Lambert

Façade du Palais provincial
Face à la place Notger
4000 Liège

carte

Paul Delforge

IPW

Tombe Jo WOUSSEN

Champion de Belgique de boxe (poids léger) en 1956 (à l’âge de 28 ans), devenu ouvrier métallurgiste, Joseph Woussen fut une des quatre victimes de la grande grève de l’hiver 1960. Pendant plusieurs années, des responsables du Mouvement populaire wallon organisèrent des rassemblements autour de sa tombe (en 1963, 1965, 1966) pour rendre hommage au « martyr de la classe ouvrière et de la cause wallonne ».

Jo Woussen (né à Liège en 1928) n’était pas un militant wallon, mais cet ouvrier métallurgiste fut tué d’une balle lors d’une charge de gendarmerie le 17 janvier 1961 à Chênée, pendant les manifestations de l’hiver 1960. Son destin est ainsi lié à un des grands moments fondateurs de l’identité wallonne : la « grande grève » de décembre 1960-janvier 1961 contre le projet de loi « unique » du gouvernement chrétien-libéral de Gaston Eyskens, qui annonça une série de bouleversements importants du côté des forces politiques et syndicales wallonnes, et du Mouvement wallon. Elle eut un impact considérable quant au progrès de la revendication fédéraliste.

Dès le 17 novembre 1960, une réunion des cadres wallons de la FGTB à Charleroi décidait, entre autres, la parution à partir de janvier 1961 d’un journal de lutte « spécifiquement wallon » et de la mise sur pied d’un organe de coordination syndicaliste wallon. Dès décembre 1960, l’action de grève apparaît surtout comme wallonne et socialiste. André Renard préconise une grève générale de durée illimitée, toutes les régionales wallonnes (sauf une) et les centrales professionnelles majoritaires en Wallonie l’approuvent, mais toutes les régionales flamandes (sauf Gand) et les centrales majoritaires en Flandre votent contre ! La grève dura plus d’un mois et ses objectifs évoluèrent : de l’opposition à la loi unique, l’accent se déplaça vers les problèmes spécifiquement wallons et la revendication s’étendit aux réformes de structures économiques et politiques.

Un comité de coordination des Régionales wallonnes de la FGTB avait été créé le 23 décembre à Namur. Il déclare dès le 2 janvier 1961 que « dès à présent se pose le problème de réformes de structures seules capables d’assurer l’expansion économique et la prospérité de la Wallonie dans le cadre des structures politiques du pays révisées ». Le même jour, les représentants des Fédérations wallonnes du PSB réunis à Namur décident de constituer un Comité permanent de liaison entre les Fédérations et soulignent la nécessité d’une révision des structures politiques du pays, autrement dit – car c’était déjà de cela qu’il s’agissait – du fédéralisme.

Le lendemain 3 janvier à Yvoz-Ramet, André Renard situe clairement l’enjeu : « le peuple wallon est mûr pour la bataille. Nous ne voulons pas que les cléricaux flamands nous imposent la loi. Le corps électoral socialiste représente 60 % des électeurs en Wallonie. Si demain le fédéralisme était instauré, nous pourrions avoir un gouvernement du peuple et pour le peuple ». Haranguant les grévistes le 6 janvier à Liège, le 11 à Mons, le leader syndical parle dans le même sens. Pour la première fois, la revendication d’une réforme radicale de l’État est affichée par les travailleurs wallons en lutte et elle retrouve un soutien populaire comme en juillet 1950.

L’essoufflement du mouvement commence en Wallonie quand les grévistes wallons, qui luttaient pour le retrait pur et simple de la loi, pour les réformes de structures économiques et pour le fédéralisme, s’aperçoivent que la grève ne peut plus trouver d’issue politique immédiate. Le mouvement se relâche dès le 16 janvier. Le 21, il reste 150.000 grévistes wallons seulement. Le Comité de coordination des Régionales wallonnes de la FGTB décide de « suspendre » la grève pour le 23 et de « donner de nouvelles formes à l’action », ce qui aboutira à la création du Mouvement populaire wallon, le nouveau fer de lance du combat wallon avant la création du Rassemblement wallon en 1965.

Cimetière de Chênée-Centre
Rue de Chèvremont
4032 Liège

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Manufacture impériale des armes de Liège

La fabrication d’armes civiles et militaires est une vieille spécialité liégeoise qui, au fil des siècles, se perfectionne et étend sa renommée. 

La Révolution industrielle permet à la région liégeoise de devenir un des plus importants centres armuriers du monde, une fois encore sous l’impulsion de Napoléon. 

Au début du XIXe siècle, la production est encore manuelle et les édifices qui renferment ces activités sont les demeures de marchands dits « fabricants » ; les ouvriers chargés d’assembler les armes travaillent alors le plus souvent à domicile. Il s’agit généralement de demeures qui se confondent avec d’autres dans le paysage urbain ou de demeures de prestige de construction plus ancienne mais que les grands manufacturiers se sont réappropriés. 

Plusieurs témoins subsistent dans les quartiers de Saint-Léonard et Coronmeuse, à cheval entre les communes de Liège et Herstal.

 Le fronton de l’hôtel Gosuin, place Coronmeuse à Herstal © IPW

L’hôtel Gosuin, situé place Coronmeuse, évoque aujourd’hui encore la personnalité de Jean Gosuin, cloutier de formation, directeur de la manufacture de Charleville avant d’arriver à Liège où il fonde une nouvelle usine qui connaît rapidement un succès grandissant. 

Le 24 mars 1803, son entreprise reçoit le monopole de la fabrication des armes militaires pour 6 ans. Les nombreuses campagnes menées par Napoléon à travers l’Europe offrent une quantité de travail considérable à cette manufacture privée. Gosuin vend les armes à l’État à un prix convenu de 29 F/pièce et engage de plus en plus : son entreprise passe de 51 ouvriers en 1799 à 1500 en 1813 !

 Fort de son succès, Gosuin acquiert un très bel hôtel de maître érigé à la fin du XVIIIe siècle. La demeure présente une haute façade de brique et calcaire de sept travées sur trois niveaux surmontée d’un fronton sur lequel figure une représentation de la Justice et de sa balance. Celle-ci est entourée de motifs caractéristiques de l’activité du fabricant (deux canons et une pile de boulets) et de l’époque (la Justice s’appuie sur des faisceaux républicains).

Non loin, au début du quai Saint-Léonard, subsistent les bâtiments de la manufacture nationale puis impériale des armes de Liège. Il s’agit de plusieurs habitations construites au XVIIIe siècle sises aux numéros 25-26 et 33-34. Prises en location par Jean Gosuin dès 1792 afin d’accroître la surface de ses installations, ces demeures ne témoignent en rien de leur passé. Dans ces maisons se trouvaient une salle de révision pour les canons, une salle de réception des fusils, des dépôts de pièces et de produits finis, des magasins de matière première et un entrepôt de bois de fusils. Après la période française, ces installations sont rachetées par le fabricant d’armes Pierre-Joseph Malherbe qui y exerce ses activités jusque dans la seconde moitié du XIXe siècle.
 

La plaque commémorative du banc d’essai des armes à feu de Liège © IPWD’autres bâtiments n’ont pourtant pas été conservés. La fonderie de canons, créée en 1803 et implantée sur le quai de Coronmeuse, a cessé ses activités en 1940. Les bâtiments ont ensuite été détruits pour ériger l’actuel athénée Liège-Atlas. Cette fonderie de canons possédait sous l’Empire six hauts fourneaux et six machines à vapeur. Sa production était assez importante bien que tout se faisait à la main. Autre établissement caractéristique de l’époque, le « banc d’épreuve des armes à feu », créé dès 1672, mais installé par la suite dans la rue Saint-Léonard, a lui aussi disparu. 

Aujourd’hui, une plaque commémorative apposée sur la façade du nº 243, rappelle cet état de fait. Elle comporte dans sa partie supérieure une représentation du perron liégeois au-dessus d’une inscription « Lieu où a été par Décret impérial du 14 déc[embre] 1810 et l’arrêté de la Préfecture de l’Ourthe du 13 mai 1811, établi le Banc d’Épreuve officiel des Armes à Feu de Liège, pour le bien du Commerce, de la Sécurité des utilisateurs et le Renom de l’Armurerie liégeoise ».

 

 

Quai de Maestricht 13 
4000 Liège

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Classé comme Monument le 24  juillet 1936
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Frédéric MARCHESANI, 2014

Révolution liégeoise

Maison natale de Jean-Nicolas Bassenge

Cette petite maison de la seconde moitié du XVIIe siècle est une des belles constructions anciennes du centre de la cité. Érigée dans le pur style traditionnel liégeois en brique et calcaire, elle est percée de baies à linteaux droits, comporte une bâtière à coyau et une lucarne à fronton triangulaire. Identique dans sa conception à sa voisine de droite bien que moins élevée, elle abrite aujourd’hui un établissement horeca. Au-dessus de la porte d’entrée se trouve une plaque commémorative rappelant le passé historique de la demeure : « Ici est né le 24-XI-1758 Jean-Nicolas Bassenge, l’un des chefs de la Révolution liégeoise de 1789 ».

Issu d’une famille de la haute bourgeoisie principautaire, Jean-Nicolas Bassenge se fait connaître en 1781 en publiant La nymphe de Spa, apologie de la philosophie des Lumières qui lui cause quelques ennuis. Malgré la protection du prince-évêque François-Charles de Velbrück, il décide de partir pour Paris où il rencontre les plus célèbres écrivains de l’époque.

Défenseur des idées républicaines et spectateur des premiers événements révolutionnaires en France, il rentre à Liège dès que la Révolution éclate en 1789. Il prend la tête du mouvement de protestation avec Fabry et Chestret et rédige, pour le compte de la Société des amis de la liberté et de l’égalité de Liège, un plaidoyer pour la réunion du pays de Liège à la France. 

Il est exclu de l’amnistie après le rétablissement du prince-évêque de Hoensbroeck et repart à Paris. Il retourne dans sa ville natale à la fin de l’année 1792 avec les troupes du général Dumouriez mais s’exile une fois encore après la défaite de Neerwinden en mars 1793. 

L’annexion de nos territoires en 1795 marque son retour définitif dans la cité ardente. Sous le régime français, il est commissaire général du directoire exécutif du département de l’Ourthe puis est élu en 1798 pour représenter son département au conseil des Cinq-Cents à Paris. Favorable au coup d’État de Bonaparte en 1799, il siège sous le Consulat au corps législatif et y défend ses idéaux républicains. Il se retire de la vie politique en 1802 et devient conservateur de la bibliothèque municipale de Liège. Il meurt le 16 juillet 1811, à l’âge de 52 ans.

Rue de la Goffe
4000 Liège

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La plaque commémorative se trouve juste au-dessus de la porte d'entrée d'un établissement horeca

Frédéric MARCHESANI, 2014

IPW

Maison des syndicat, Place Saint-Paul

C’est en 1948 que la Fédération des Métallurgistes FGTB de la Province de Liège acquiert place Saint-Paul, avec l’aide de la FGTB nationale, un ancien hôtel de maître du XIXe siècle que la Régionale FGTB de Liège/Huy/Waremme remplace un quart de siècle plus tard par un immeuble neuf inauguré en 1975. 

Ce bâtiment abrite les locaux de la Form’action André Renard, personnalité qui incarnera et diffusera largement la conscience wallonne et fut élevé, pour cela, au rang de Commandeur du Mérite wallon en 2012.

1950 : un projet de gouvernement wallon 

Au lendemain de la mort de quatre manifestants à Grâce-Berleur au plus fort des grèves pour l’abdication de Léopold III, le 30 juillet 1950, c’est à la Maison des Syndicats de la FGTB place Saint-Paul, selon plusieurs témoignages, que la mise en place d’un gouvernement wallon séparatiste fut sérieusement envisagée au cours d’une réunion rassemblant le comité liégeois de grève (dont André Renard, Robert Lambion, Robert Gillon), des représentants de partis (libéral et communiste) et des militants de mouvements wallons. Selon un autre témoin, deux autres réunions auraient eu lieu en d’autres endroits de Liège, la veille et l’avant-veille, avec le même projet, dont André Renard entretint également des syndicalistes non liégeois le 29 juillet à Pont-à-Lesse. La solution de compromis qui intervint peu après dans l’affaire royale mit un terme à ces menées révolutionnaires, rarement évoquées depuis.

Place Saint-Paul9-11
4000 Liège

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

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Maison de la métallurgie et de l’industrie

Ce musée liégeois qui retrace au travers de ses collections l’histoire des industries et des techniques est installé dans l’ancienne usine Espérance-Longdoz fondée en 1846 pour le laminage du fer et la fabrication du fer-blanc. Parmi les neuf salles d’exposition, celle consacrée aux métaux non ferreux présente une trace liée à l’épopée napoléonienne. À la veille de son départ pour l’île d’Elbe, l’empereur offre une baignoire en zinc à son secrétaire particulier, le baron Agathon Jean François Fain. Cette belle baignoire l’avait suivi dans ses campagnes de Russie, d’Allemagne et de France. Napoléon avait lui-même reçu cet imposant objet de la part de Jean-Jacques Daniel Dony, chimiste et industriel liégeois, inventeur du procédé industriel d’exploitation du zinc dans les premières années du XIXe siècle. 

La première usine à zinc fondée dans le monde le fut en 1809 dans le quartier Saint-Léonard à Liège. Cette baignoire figure depuis 1997 dans les collections de la maison de la métallurgie et de l’industrie de Liège et est très justement surnommée « baignoire de Napoléon ».

Boulevard Raymont Poincarré 17
4020 Liège

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Frédéric MARCHESANI, 2014