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4000

IPW

Statue La Légende

Oeuvre du sculpteur liégeois Joseph Rulot (1853-1919), La Légende devait au départ faire partie d’un ensemble monumental en l’honneur de la mémoire du poète wallon Nicolas Defrêcheux (1825-1874), auteur de Lèyiz-m’plorer et membre fondateur de la Société liégeoise de littérature wallonne en 1856 déjà. 

Un concours lancé en 1895 avait abouti au choix du projet initial de l’artiste, qui se composait de quatre figures allégoriques (La Légende, La Poésie, La Fantaisie et La Naïveté) et de divers personnages issus des poèmes de Nicolas Defrêcheux, ainsi qu’une fontaine et un portrait en médaillon du poète. 

Suite à des problèmes de financement et à une polémique quant à son emplacement, le projet subit des retards jusqu’à ce que la Première Guerre mondiale et la mort de Joseph Rulot en 1919 sonnent la fin de l’entreprise. 

Aujourd’hui, une seule des quatre statues se trouve encore dans le parc de la Boverie.

Sculptée dans la pierre à partir d’une maquette de Rulot, elle fut acquise par la ville de Liège en 1956 et installée à son emplacement définitif au milieu des années 1960. Beaucoup plus petite que la taille de douze mètres prévue à l’origine, et dénaturée de sa signification première, cette statue reste néanmoins le témoin d’une entreprise grandiose qui avait pour but de célébrer la Wallonie au travers d’un hommage à un de ses écrivains.

Parc de la Boverie 

4000 Liège

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Collection privée

Colonne de Sainte-Walburge

Dès les premières années de son existence, le jeune état belge tient, tout naturellement, à rendre hommage aux révolutionnaires de 1830 qui lui ont permis de se libérer du joug hollandais. Au fil du temps, et malgré l’instauration du 21 juillet comme fête officielle, les journées de septembre continuent d’être célébrées avec faste par la population. A Liège, leur point d’orgue en est le « pèlerinage » au monument aux morts de 1830 de Sainte-Walburge, situé à l’endroit où les volontaires liégeois ont arrêté les Hollandais, le 30 septembre 1830.
 

La Colonne de Sainte-Walburge © Collection privée

Dès la fin du XIXe siècle, les volontaires survivants et les militaires y côtoient les premiers militants wallons. Pour le jeune Mouvement wallon, les événements révolutionnaires symbolisent également la lutte pour la liberté et contre l’imposition du néerlandais en Wallonie, autant de thèmes se trouvant au centre de leurs revendications. En mai 1900, le décès de Walthère Ista, le dernier combattant liégeois de 1830, fait planer une menace sur l’avenir de l’événement. Commence alors le combat de la Ligue wallonne de Liège pour la pérennisation de cette organisation à haute valeur symbolique.

 

 

Affiche de la première Fête de Wallonie à Liège © Province de Liège – Musée de la Vie wallonne - FHMW

En 1905, l’important Congrès wallon de Liège, évoque l’idée d’organiser  des fêtes purement wallonnes, sans pour autant se prononcer formellement à ce sujet. A leur sorite, les participants se rendent néanmoins à Sainte-Walburge, sous une pluie diluvienne. C’est en 1913, dans la foulée de l’adoption d’autres symboles identitaires comme le drapeau et l’hymne, que la Fête de Wallonie sera instaurée par l’Assemblée wallonne, premier parlement – officieux – du peuple wallon. Après une première organisation à Verviers, de nombreuses autres villes wallonnes tiennent leur première édition, la quatrième dimanche de septembre.

 

Après la Première Guerre mondiale, en 1923, le mouvement sera relancé depuis Namur, par François Bovesse, pour devenir la manifestation populaire que nous connaissons aujourd'hui.

A Liège, la colonne de Sainte-Walburge demeurera longtemps un haut-lieu de ces fêtes, comme en témoignent des dépôts de fleurs organisés le dernier dimanche de septembre pendant les deux conflits mondiaux, alors que les festivités avaient, bien évidemment, été suspendues.

 

Rue Sergent Merx 99

4000 Liège

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Guy Focant (SPW)

Cathédrale Saint-Paul et l’ancienne abbaye de Beaurepart

Fondée aux alentours de 970 puis reconstruite en style gothique entre les XIIIe et XVIe siècles, la cathédrale Saint-Paul impressionne par ses dimensions et sa riche ornementation. Sa voûte est décorée de rinceaux peints et son choeur orné de vitraux Renaissance. Devenue cathédrale au début du XIXe siècle, l’église est alors enrichie d’un nouveau mobilier néogothique, ainsi que du mobilier d’églises détruites après la Révolution, comme le Christ gisant de Jean Del Cour. Elle devient aussi le dépositaire du trésor de l’ancienne cathédrale Saint-Lambert. Récemment dotée de nouvelles verrières contemporaines et reconnue patrimoine exceptionnel de Wallonie, la cathédrale de Liège s’apprête à entamer un important chantier de restauration qui vise à lui redonner son lustre d’antan.

Dès les premières heures de la Révolution, la collégiale Saint-Paul fait les frais du changement de régime, tant de la part des Liégeois que des Français. Le 1er octobre 1795, la principauté est annexée à la France et soumise aux lois républicaines. Le chapitre collégial est supprimé et l’église Saint-Paul est transformée en abattoir et en boucherie. Elle est pillée de ses objets de culte, la plupart de ses verrières sont brisées, le plomb des vitraux retiré pour en faire des balles, le pavé est enfoncé et plusieurs cloches sont volées. Partie intégrante d’un projet devant doter des dizaines de musées nationaux sur tout le territoire français, Saint-Paul (comme de nombreuses autres églises belges) est dépouillée d’une partie de son patrimoine. C’est ainsi qu’en 1797 la Conversion de saint Paul de Bertholet Flémal, chef-d’œuvre du baroque liégeois, est détaché du maître-autel de la collégiale et emporté en France. L’œuvre est aujourd’hui visible au musée des Augustins de Toulouse.

En 1801, le Concordat entre le Premier Consul et le pape Pie VII ouvre la voie à la pacification religieuse. Saint-Paul redevient un lieu de culte et le nouvel évêque de Liège, Monseigneur Zaepffel, organise son diocèse. Les chanoines retrouvent leur église, élevée au rang de cathédrale en 1803 et choisie pour remplacer la défunte cathédrale Saint-Lambert pour sa position centrale et ses dimensions imposantes. Le nouvel évêque de Liège est un pur produit de la politique religieuse menée par Napoléon. Né en 1744 en Alsace, chanoine de la collégiale Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg et chanoine de la collégiale Notre-Dame de Saverne, il émigre en Allemagne après la Révolution. Il séjourne alors dans le pays de Bade jusqu’au Concordat. La nouvelle politique menée par Napoléon est bénéfique au religieux qui bénéficie des premières nominations épiscopales orchestrées par le Premier  Consul. Jean-Évangéliste Zaepffel profite ainsi de ses relations familiales (il est le grand-oncle du général Clarke, ministre de la Guerre et futur général d’Empire) pour se faire nommer à la tête du nouveau diocèse de Liège le 30 avril 1802. La cérémonie d’installation a lieu dans l’ancienne capitale principautaire le 22 août suivant. Privé d’un évêque et d’une cathédrale depuis plusieurs années, le diocèse de Liège doit être réorganisé : Zaepffel réforme les administrations de bienfaisance du département de l’Ourthe et choisit l’ancienne collégiale Saint-Paul pour installer le siège de sa nouvelle cathédrale. Le 14 mai 1803, l’évêque signe le décret qui élève la collégiale au rang de cathédrale.

Non loin de la nouvelle cathédrale se trouve l’ancien couvent de Beaurepart, dont le sort est lui aussi lié au Concordat et à la politique menée par Jean-Évangéliste Zaepffel. Construit par les frères Mineurs et occupé à partir de 1243 par les chevaliers de l’Ordre teutonique des Vieux-Joncs, le couvent est cédé aux Prémontrés en 1288. Les bâtiments conventuels sont occupés par les troupes républicaines françaises entre 1792 et 1794. Les Prémontrés en reprennent ensuite possession, entre 1795 et 1799. Les lieux sont ensuite transformés en arsenal par les autorités départementales. Situés le long de la Meuse, les bâtiments actuels sont le fruit de plusieurs campagnes de construction. Au sud-est, le logis abbatial a été érigé dans la seconde moitié du XVIe siècle et constitue le bâtiment principal sur lequel s’appuient les quatre ailes du cloître. L’église abbatiale a été érigée sur les plans de l’architecte liégeois Barthélemy Digneffe entre 1762 et 1770, à l’emplacement de l’ancienne église gothique.

L’abbaye est affectée à la résidence de l’évêque de Liège en 1809 par décret impérial, alors que Liège vient d’accueillir un nouveau prélat. Décédé le 17 octobre 1808, chevalier de la Légion d’honneur, Monseigneur Zaepffel est inhumé dans la chapelle du château de Lexhy (Grâce-Hollogne). C’est le grand vicaire de Paris, François-Antoine Lejéas, qui obtient les faveurs impériales. Il est nommé évêque de Liège le 9 février 1809 et prête serment le 19 mars suivant. Après avoir successivement reçu une nouvelle cathédrale et un nouvel évêque, le diocèse de Liège reçoit donc un bâtiment dans lequel installer les services épiscopaux. L’évêque y installe également le Grand Séminaire de Liège, supprimé en 1797 et rétabli dix ans plus tard. Le bâtiment abrite encore de nos jours les services du diocèse de Liège et le séminaire épiscopal.

 

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Hôtel Van den Steen de Jehay

Construit au début du XVIe siècle par Gérard Chevalier, chanoine tréfoncier, ce bel hôtel de maître est achevé dans la seconde moitié du même siècle par Gérard Chevalier, neveu du précédent. Il est ensuite restauré dans la seconde moitié du XVIIIe siècle sur les plans de Jacques-Barthélemy Renoz, architecte particulièrement productif en principauté à cette époque. Il tire son nom actuel de la famille Van den Steen de Jehay, occupant des lieux entre 1641 et 1866. L’hôtel est ensuite divisé en six lots lors d’une vente publique organisée en 1872 ; il s’agit des bâtiments situés entre les numéros 29 et 39 du Mont-Saint-Martin actuellement. Le nº 33 constitue l’entrée principale originelle, remaniée par Renoz et conservant une ample porte flanquée de deux grosses colonnes d’ordre toscan et surmontée d’une fenêtre munie d’un balcon de ferronnerie. Les baies du dernier étage sont couronnées d’un fronton triangulaire mordant dans la corniche de frise. Les nºs 37-39 constituent l’ancien corps d’habitation de la demeure et sont caractérisés par leur imposante toiture. Datée du XVIe siècle puis restaurée par Renoz, la riche bâtisse comprend un rez-de-chaussée entièrement élevé en calcaire et percé de deux portes. Les deux étages supérieurs, de hauteur dégressive, sont construits en brique et tuffeau et éclairés chacun par cinq baies à croisée.

Plusieurs personnalités d’importance séjournent à cet endroit sous le régime français. En 1795, le représentant de la Convention Robert s’y installe au cours de la mission d’étude de la situation de l’ancien pays de Liège que l’on venait de lui confier. Au début du siècle suivant, l’hôtel héberge le second Consul, Cambacérès, venu rendre visite aux autorités du département de l’Ourthe. Enfin, le préfet et Bonaparte y sont accueillis en 1803.

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Frédéric MARCHESANI, 2014

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Hôtel des comtes de Méan

Si la façade à rue de ce très bel hôtel de maître a été reconstruite en 1878, l’ancien hôtel des comtes de Barbanson puis de Méan possède une histoire bien plus longue encore. La remarquable façade Renaissance à l’arrière date de 1620 et est ornée, au rez-de-chaussée, de quatorze arcades cintrées. Le bâtiment, construit sur un plan en U, s’articule autour d’un noyau du XVe siècle, progressivement agrandi et transformé au fil des siècles. Couplé à l’hôtel voisin de Sélys-Longchamps, l’hôtel des comtes de Méan a récemment bénéficié d’une restauration minutieuse. Les deux hôtels abritent aujourd’hui un complexe hôtelier de grand luxe. Anecdote institutionnelle parmi d’autres, la maison de maître abrite le conseil de surveillance et de passeport à l’époque française.

Avenue Louis de Loncin 6
6940 Durbuy

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Frédéric MARCHESANI, 2014

Guy Focant

Hôtel de Hayme de Bomal et la Maison Curtius


 

La façade de l’hôtel de Hayme de Bomal, du côté du quai de Maestricht © IPW

Vaste édifice en calcaire et brique enduite ou peinte, l’hôtel de Hayme de Bomal est construit sur un plan en U. Il présente deux façades à rue dont une première, discrète, s’ouvre sur la place Saint-Barthélemy et une seconde, plus majestueuse, expose son riche décor sur le quai de Maestricht. L’hôtel de maître a été érigé entre 1775 et 1778, probablement par Barthélemy Digneffe, pour le compte du bourgmestre Jean-Baptiste Hayme de Bomal. L’hôtel a aujourd’hui intégré le complexe muséal du Grand Curtius après avoir été pendant de longues années affecté aux collections du musée d’armes de la ville de Liège. Il comporte une cour intérieure agrémentée d’une fontaine et de somptueux salons richement décorés accessibles par un élégant escalier d’honneur. Il s’agit encore d’un des plus beaux exemples d’architecture et d’arts décoratifs néoclassiques conservés en Belgique.

Quelques années à peine après son édification, l’hôtel de Hayme de Bomal passe entre les mains de la famille d’Ansembourg. Comme de nombreuses autres demeures possédées par des personnalités de la noblesse ou de la haute bourgeoisie d’Ancien Régime, il est envahi, pillé et souillé par des révolutionnaires avant d’être affecté, le 6 août 1795, par le comité révolutionnaire comme logement pour les représentants du peuple. Le bâtiment est ainsi pour la première fois lié à des fonctions administratives : les commissaires envoyés à Liège par la Convention pour organiser ce qui deviendra le département de l’Ourthe y trouvent un logement de fonction. En 1800, à l’arrivée du premier préfet Antoine Desmousseaux, l’hôtel de Hayme de Bomal devient la préfecture du département. Il abrite les logements de fonctions du préfet du département de l’Ourthe. Les bureaux de l’administration départementale sont installés non loin de là, dans la maison Curtius, très bel édifice de style Renaissance mosane édifié en bord de Meuse au XVIIe siècle. Ce rôle administratif perdure après le départ des Français : les Hollandais affectent le bâtiment aux services du gouvernement provincial en 1815.
 

La plaque commémorative des deux visites de Napoléon à Liège sur la façade de l’ancienne préfecture de l’Ourthe © IPW

Bonaparte et Joséphine logent à cet endroit les nuits des 1er et 2 août 1803 à l’occasion de la visite du Premier Consul dans les départements réunis. L’empereur Napoléon Ier et Marie-Louise y font une seconde visite le 7 novembre 1811. Aujourd’hui, une plaque commémorative apposée sur la façade du quai de Maestricht rappelle cette visite et l’affectation du bâtiment au début du XIXe siècle : « Dans cette maison, palais du gouvernement et hôtel de la préfecture sous le régime français, le général Bonaparte, Premier Consul de la République, accompagné de madame Bonaparte a séjourné du 13 au 15 thermidor an XI (1-3 août 1803). Devenu Napoléon, empereur des Français, il y logea avec l’impératrice Marie-Louise dans la nuit du 7 au 8 novembre 1811 ».

Longtemps exposée dans l’hôtel Hayme de Bomal, une célèbre peinture d’Ingres se trouve aujourd’hui au musée des Beaux-Arts de Liège. Intitulée Bonaparte, Premier Consul, la toile a été peinte en 1804 à la demande de Napoléon qui n’a probablement jamais accordé de séance de pose à l’artiste. Il est représenté âgé de 34 ans, posant sa main sur un document sur lequel est inscrit « Faubourg d’Amercoeur rebâti », témoin de la volonté du Premier Consul d’aider financièrement les habitants de ce quartier liégeois bombardé par les Autrichiens à reconstruire leurs habitations. Il porte le costume rouge de consul de la République et pose devant une fenêtre ouverte au travers de laquelle on aperçoit la citadelle et la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert du temps de sa splendeur. Au moment de la réalisation du portrait, la cathédrale était en effet déjà en cours de démolition. L’œuvre fut ensuite offerte par Napoléon à la ville de Liège, comme cela fut d’ailleurs le cas pour d’autres villes (des portraits similaires sont notamment conservés à Anvers et Bruges parmi d’autres nombreuses villes de l’Empire).
 

Bonaparte, Premier Consul, peinture d’Ingres conservée au musée des Beaux-Arts de Liège © Ville de Liège

Féronstrée 136 
4000 Liège

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Frédéric MARCHESANI, 2014

SPW - G. Focant

Abbaye Saint-Laurent de Liège

L’ancienne abbaye bénédictine de Saint-Laurent a été fondée à la suite de la construction en 968 d’un oratoire dédié à saint Laurent par l’évêque de Liège Éracle. L’évêque Réginard offre au monastère sa charte de donation en 1034. L’abbaye reste jusqu’à l’annexion française un foyer intellectuel de premier plan jouissant d’un rayonnement exceptionnel. Les bâtiments subsistant s’articulent autour de deux cours jointives plantées d’arbres. 

La cour d’honneur est bordée par l’hôtel abbatial construit aux XVIIe et XVIIIe siècles, par le bâtiment dit "du Vivier" et par une aile néogothique érigée en 1904 pour remplacer les anciennes écuries. Au centre, autour du puits, sont disposées les colonnes d’origine de la première cour du palais des princes-évêques. La seconde cour est constituée par les trois côtés du cloître, lui aussi du XVIIIe siècle, surplombant la ville et fermé à l’origine par l’imposante église abbatiale, détruite en 1809.

Comme de nombreux autres établissements conventuels, l’abbaye Saint-Laurent voit son sort basculer avec la fin de l’Ancien Régime. En 1790, au plus fort de la Révolution, le prince-évêque de Liège appelle à l’aide ses voisins et des troupes prussiennes s’installent à l’abbaye et en perturbent l’activité religieuse. En 1792, à l’initiative du dernier prince-évêque François-Antoine de Méan, Saint-Laurent accueille des réfugiés de prestige : le comte d’Artois, frère cadet de Louis XVI et futur Charles X et sa famille venus de Namur. 

Après l’entrée triomphale du général Dumouriez à Liège en novembre 1792 et l’occupation de nos régions par les Français, les moines se résignent à accueillir des troupes et à transformer leur abbaye en hôpital militaire, à dater du 1er février 1793. Les soldats républicains, les malades, les blessés et même les galeux et les vénériens sont accueillis au rez-de-chaussée, dans le cloître et dans l’abbatiale. 

Après la débâcle de Dumouriez à Neerwinden, les moines réinvestissent leurs biens pour quelques mois seulement. La victoire de Fleurus et la seconde occupation de Liège par les troupes républicaines sonnent le glas de l’abbaye. En 1795, elle devient officiellement l’"Hôpital de l’Égalité". Le 1er septembre 1796, les biens de l’abbaye sont saisis et dispersés. 

En 1809, l’abbaye est sécularisée et l’abbatiale démolie. En 1814, au cours des dernières campagnes napoléoniennes, quelques soldats de la Grande Armée considérés comme prisonniers de guerre figurent au  nombre des "patients" de l’hôpital, au même titre que des Suédois, Hollandais, Prussiens, Autrichiens et Russes. Les Hollandais transforment l’ancienne abbaye en caserne militaire dès 1815 sans supprimer l’hôpital créé auparavant par les Français. Cet hôpital militaire fonctionne jusqu’en 1970.

En 2021, la Province de Liège achète le site de Saint-Laurent et y installe, un an plus tard, les services dépendant du département de la Santé et des Affaires sociales. 

Rue Saint Laurent 79
4000 Liège

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Frédéric MARCHESANI, 2014

 © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste Henri KOCH

Buste à la mémoire de Henri Koch, réalisé par Jacques de Biolley, 14 septembre 1972.
 
Virtuose, chambriste et professeur, Henri Koch a perpétué à un haut niveau l’école liégeoise du violon. 

Déjà honoré de son vivant, il ne tarda pas à voir son buste prendre place dans l’espace public de Wallonie. 

Trois ans après sa disparition, les autorités de la ville de Liège inaugurent en effet le travail réalisé par le sculpteur Jacques de Biolley et installé au cœur du boulevard Piercot, à deux pas du Conservatoire de Liège et d’autres bustes de musiciens célèbres : Ysaÿe, Thomson, Clokers.


Natif de Liège, Henri Koch (1903-1969) y a fait toute sa carrière et a contribué à son rayonnement musical. Il y a d’abord fait de brillantes études au Conservatoire, en dépit de l’occupation allemande, avant de les poursuivre à Paris auprès du professeur M-E. Hayot. Lauréat de nombreux prix, notamment « médaille vermeil de violon » dans la classe d’Oscar Dossin (1923), il devient 1er violon dans le Quatuor de Liège créé en 1924 par Jean Rogister et, à ce titre, est régulièrement en tournées en Europe comme aux États-Unis. Prix Kreisler 1928, nommé professeur de violon au Conservatoire de Liège (1932-1968), 1er violon du Quatuor Reine Elisabeth (1939-1943), professeur à la Chapelle musicale, il fonde, en 1947, le Quatuor municipal de Liège dont il est le 1er violon, avant de devenir celui de l’Orchestre symphonique de Liège. Fidèle participant aux Concerts d’été de Stavelot, il est aussi le fondateur des Solistes de Liège. Proche des Amis de l’Art wallon, Koch est le premier à enregistrer la Sonate et le Quatuor de Lekeu. Fondateur de l’Association pour la Musique de Chambre (1932), il contribue au renouveau de la musique des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment, à partir d’instruments anciens.

Buste Henri Koch (Liège)


Le monument qui est inauguré en septembre 1972, dans le cadre des Fêtes de Wallonie en présence notamment de l’échevin Jean Lejeune, se trouve par conséquent à deux pas de l’endroit où Henri Koch passa une partie importante de son existence. 

C’est à Jacques de Biolley (Bruxelles 1911 – Uccle 1990) que fut confié le soin de réaliser son buste et le socle qui le porte. Jacques de Biolley était un ami du musicien. Lointain descendant des industriels verviétois faisant commerce de la laine depuis le début du XVIIIe siècle, arrière-petit-fils du vicomte Raymond de Biolley (1789-1846), il est à la fois créateur de monnaies, dessinateur, et sculpteur. Autodidacte, il signe ses principaux bas-reliefs dans la région de Stavelot et Malmedy. Là, il réalise surtout le médaillon carré, en bronze, de la botaniste Marie-Anne Libert (1964).

 

 

Sources

José QUITIN et Martine KOCH, dans Nouvelle Biographie nationale, t. I, p. 212-216
Musica et Memoria, http://www.musimem.com/koch_henri.htm (s.v. octobre 2014)
Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, Liège, 1995, p. 180
La Vie wallonne, II, 1969, n°326, p. 135-136
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 302

 

 

 

Boulevard Piercot 
4000 Liège

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Paul Delforge

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Plaque Georges ISTA

Plaque commémorative Georges Ista, réalisée à l’initiative des amis de l’écrivain, date inconnue.


Se confondant quasiment avec les matériaux utilisés pour réaliser la façade du rez-de-chaussée de la maison sise au 25 de la rue du Pâquier, dans le quartier d’Outremeuse, à Liège, une plaque commémorative est dédiée à Georges Ista. Gravée dans la pierre, avec un ornement floral discret sur le bord supérieur, la mention précise :


ICI A ŒUVRE
GEORGES ISTA
ECRIVAIN WALLON
1874-1939


Artiste touche-à-tout avec un égal talent, Georges Ista a animé la vie culturelle wallonne sur les scènes liégeoises durant les années précédant la Grande Guerre. 

Amoureux de la langue française, défenseur de la langue wallonne, pionnier de la bande dessinée, dessinateur, aquafortiste, peintre, graveur sur armes, Ista a hérité de ses ancêtres tapissiers-garnisseurs d’une grande sensibilité artistique, à laquelle il ajoute un grand souci d’exactitude et un esprit certain de fantaisie. 

Entre 1905 et 1912, il écrit et fait jouer huit comédies qui sont autant d’études de mœurs, de portraits ciselés de « types locaux ». 

Celui qui fait alors les beaux jours du Pavillon de Flore et du « nouveau » théâtre communal wallon séjourne dans la maison du quartier d’Outremeuse où est apposée la plaque commémorative. 

C’est aussi là qu’il rédige les chroniques qu’il destine à la presse liégeoise (Journal de Liège, de 1906-1912). 

Tout en restant en contact régulier avec ses amis wallons, Ista prend cependant la route de Paris, où il s’établit à partir de 1909 et où il parvient à vivre de sa plume. Pendant trente ans, il fréquente avec bonheur les milieux artistiques parisiens. Celui qui accueillit Georges Simenon lorsque le jeune Liégeois arriva à Paris a aussi donné son nom à une place de sa ville natale.

Sources

Paul DELFORGE, Georges Ista, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 854-855
Frédéric PAQUES, http://reflexions.ulg.ac.be/cms/c_40738/la-bd-belge-des-premiers-temps?part=4 (s.v. septembre 2014)
Daniel DROIXHE, La Vie wallonne, IV, 1975, n°352, p. 204-207
Maurice WILMOTTE, Mes Mémoires, Bruxelles, 1919, p. 120 et ssv.

 

Plaque Georges Ista (Liège)

 
 

 

Rue du Pâquier 25
4020 Liège

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Paul Delforge

Paul Delforge

Statue Hugues de PIERREPONT

Statue de Hugues de Pierrepont, réalisée par Léopold Noppius, c. 15 octobre 1880.

Au milieu du XIXe siècle, afin de doter l’institution provinciale de Liège un bâtiment digne de ce niveau de pouvoir, d’importants travaux sont entrepris autour de l’ancien palais des princes-évêques. Propriétaire des lieux (1844), l’État belge retient le projet du jeune architecte Jean-Charles Delsaux (1850) et lui confie la mission de réaliser une toute nouvelle aile, en style néo-gothique, sur le côté occidental du Palais. Face à la place Notger, Delsaux (1821-1893) achève l’essentiel du chantier en 1853, mais des raisons financières l’empêchent de réaliser la décoration historiée qu’il a prévue pour la façade du nouveau palais provincial. Vingt-cinq ans plus tard, le gouverneur Jean-Charles de Luesemans prend l’avis d’une commission pour déterminer les sujets et les personnes les plus dignes d’illustrer le passé de « la Nation liégeoise ». En l’occurrence, elle privilégiera les acteurs du Moyen Âge. Placés sous la responsabilité de l’architecte Lambert Noppius (1827-1889), une douzaine de sculpteurs vont travailler d’arrache-pied, de 1877 à 1884, pour réaliser 42 statues et 79 bas-reliefs. Dès la mi-octobre 1880, 27 des 42 statues sont achevées, validées par la Commission et mises à leur emplacement respectif. La statue d’Hugues de Pierrepont est parmi celles-ci.

À titre personnel, Léopold Noppius (1834-1906), le frère de l’architecte liégeois, signe onze décorations particulières, dont 9 statues de personnalités majeures de l’histoire de la principauté de Liège. Avec sa crosse à la main, Hugues de Pierrepont (Reims ? – Huy 1229) est bien visible depuis la rue du Palais. Successeur d’Albert de Cuyck, élu non sans difficultés, ce 60e prince-évêque est rapidement mêlé aux conflits impériaux et appelé à faire face à l’appétit du duc de Brabant. À la tête de Liège entre 1200 et 1229, cet ecclésiastique originaire du diocèse de Laon a marqué l’histoire liégeoise durant son long règne. S’il se distingue par sa bataille victorieuse face au duc de Brabant (Steppes, 1213), il doit aussi effacer les traces de la mise à sac de Liège en 1212 et rétablir l’ordre contesté par « les petits » séduits par les avantages de la charte d’Albert de Cuyck. Outre les travaux de fortifications et d’embellissement de la cité, le prince-évêque contribue à l’agrandissement de la principauté, étant suzerain de Moha et de Looz, avant d’acquérir la ville de Saint-Trond (1227) et de renforcer sa position à Waremme, Hoegaerden et Tongres. Fondateur de plusieurs monastères, dont celui du Val-Saint-Lambert et l’abbaye de Neufmoustier, il participe au concile de Latran de 1215 et choisit de finir ses jours dans la principauté de Liège en dépit d’une proposition qui lui est faite de devenir archevêque de Reims, sa ville natale. Sans doute Léopold Noppius a-t-il été influencé par cette image du prince et de l’évêque réunissant dans la même personne le pouvoir spirituel et le pouvoir temporal, car sa statue montre un de Pierrepont portant la mitre, et tenant entre ses mains à la fois un glaive, une crosse et un livre qui pourrait bien être la Bible. Entre les statues de Lambert le Bègue et de Jacques de Hemricourt dont Noppius est aussi l’auteur, la statue de Hugues de Pierrepont se situe sur la façade occidentale, dans la partie inférieure, à l’extrême gauche. Assurément, ce trio de statues témoigne d’un souci d’art et de différenciation, caractéristique de l’excellence de l’école liégeoise de sculpture.

Avant ce chantier de décoration, Léopold Noppius dont l’atelier accueillait le tout jeune Léon Mignon avait déjà signé quelques bas-reliefs, médaillons et bustes en région de Liège, comme sur le fronton du portique d’accès à l’Institut de Zoologie de l’Université de Liège. Réalisant des statues s’inspirant de sujets religieux (Vierge, Saint-Sébastien, etc.) qui ornent les églises, il rédige et publie, en 1880, un Projet de cortège historique pour Liège. Après le succès rencontré par celui organisé à Bruxelles à l’occasion des cinquante ans de la Belgique, il présente aux autorités liégeoises, et aussi à tous les partenaires du pays wallon, un projet de cortège historique qui pourrait se dérouler à Liège afin d’honorer et de glorifier tous ceux qui ont contribué à l’histoire de la principauté de Liège, voire du pays wallon. Nombre des personnalités évoquées dans son opuscule se retrouvent sur la façade du palais provincial. En 1905, pour l’Exposition universelle de Liège, il avait signé une statue de Cockerill qui est sa dernière œuvre majeure.

 

Sources
 

Léopold NOPPIUS, Cortège historique, Liège son passé son présent, Liège, éd. Blanvalet et Cie, 1880
Jean LEJEUNE (dir.), Liège et son palais : douze siècles d’histoire, Anvers, Fonds Mercator, 1979
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La Meuse, 2 octobre 1880

 

 

Statue de Hugues de Pierrepont

Façade latérale du Palais provincial, face à la place Notger
4000 Liège

carte

Paul Delforge