Code postal
5000

IPW

Ancienne église Notre-Dame de Namur

Dédiée à l’origine aux saints Pierre et Paul et servant d’église au couvent des Franciscains avant de devenir paroissiale, l’église Notre-Dame a été construite en style classique de 1749 à 1753 par l’architecte namurois J.T. Maljean. Érigée en briques et pierre bleue en remplacement d’un édifice gothique, elle adopte un plan traditionnel à trois nefs de cinq travées sur colonnes, transept saillant et chœur de trois travées fermé à l’est par une abside en hémicycle. 

Les proportions de l’édifice étonnent : le vaisseau est large, long et particulièrement élevé, offrant au sanctuaire un volume des plus conséquents. La façade, haute et sévère, superpose les ordres ionique et composite et porte en son centre un portail en plein cintre daté de 1751. 
         
Dans le chœur est conservée l’épitaphe des comtes de Namur Guillaume Ier et Guillaume II et de leurs épouses. 

Les sépultures d’origine de ces comtes se trouvaient dans l’ancienne église et disparurent en même temps que l’édifice qui fut démoli en 1750 pour être reconstruit. Les tombes furent remplacées par une épitaphe encastrée dans le décor du lambris du chœur. Il s’agit d’une dalle gravée, au décor rocaille encadrant l’inscription latine suivante : « in subjecta chrypta jacent ad beatam resurrectione comites namurcenses guillelmus primus et secundus pater filius cum uxoribus catharina a saubadia et johanna ab harcourt » (Dans cette tombe reposent les bienheureux comtes de Namur Guillaume premier et second, père et fils, et leurs épouses Catherine de Savoie et Jeanne d’Harcourt). 

L’épitaphe fait référence à Guillaume Ier le Riche (1324-1337-1391) et sa seconde épouse Catherine de Savoie (†1388) et à son fils Guillaume II (1345-1391-1418) et sa seconde épouse Jeanne d’Harcourt (1372-1456). Ces deux comtes issus de la maison de Dampierre comptent parmi les derniers souverains à régner uniquement sur le comté de Namur avant sa vente au duc de Bourgogne. 

Guillaume Ier, cinquième fils du comte de Namur Jean Ier, connut un règne sans désordre majeur qu’il occupa à acquérir des fiefs dans le but d’agrandir son territoire. Son fils Guillaume II connut lui aussi un règne calme, passé à encourager l’industrie et fortifier le territoire. Mort sans descendance, son frère Jean III lui succéda.

Depuis quelques années, l’Église Notre-Dame a été réaffectée en centre culturel.

Rue Saint Nicolas 2 

5000 Namur

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Frédéric MARCHESANI, 2013

SPW - J.-L. Carpentier

Parlement wallon (ancien hospice Saint-Gilles)

Situé au pied de la citadelle de Namur, l’hospice Saint-Gilles, attesté dès le XIIIe siècle, est entièrement reconstruit entre 1667 et 1724. Composé de trois ailes selon un plan en U ouvert sur la Meuse, le bâtiment est typique des constructions mosanes du XVIIe siècle : façade composée de brique pour les murs et de pierre calcaire pour le soubassement, encadrement de fenêtres, chaînages d’angle et cordons. Face à la citadelle se dresse un portail baroque en calcaire.

Après son abandon dans les années 1960, l’hospice devient propriété de la Région wallonne en 1985. Celle-ci entame des travaux de rénovation dans les années 1990 sur les plans de l’architecte André Dupont. Le bâtiment est consolidé et les murs extérieurs enduits de couleur rouge qui restitue la coloration des briques dont la disposition est rappelée par des joints. L’aménagement intérieur respecte les structures existantes, comme la salle des séances publiques, en U étroit, rappelant la Chambre des Communes anglaise. Une audacieuse verrière extérieure est ajoutée ultérieurement pour faciliter les circulations internes.

Le siège du Parlement wallon

L’installation de l’assemblée parlementaire wallonne au Saint-Gilles avait été envisagée à l’automne 1975 par le premier Conseil régional avant que celui-ci ne retienne l’idée d’une implantation neuve sur le site (voisin) du Grognon. Lorsqu’en 1985, la Région avait acquis l’ancien hospice, inoccupé depuis vingt ans, c’était initialement dans le but d’y reloger le cabinet du Ministre-Président, la Maison jamboise ne devant abriter dans la conception de ce dernier que les réunions de l’Exécutif. La réorientation de l’affectation se passa en deux temps : d’abord suite à l’implantation du cabinet du Ministre-Président dans la Maison jamboise, qui rendait les surfaces du Saint-Gilles excessives pour les seules réunions de l’Exécutif si bien qu’il fut décidé dès 1992 d’y loger plutôt des services du Parlement.

Ensuite, lors du rejet par la Ville de Namur, suite à un référendum populaire, du projet de construction d’un bâtiment neuf pour la salle des séances du Parlement sur le Grognon : le président de l’assemblée, Guy Spitaels, proposa à celle-ci, le 26 juin 1996, d’installer sa salle des séances et ses locaux principaux dans le Saint-Gilles alors déjà en cours de rénovation, ainsi que son lointain prédécesseur Franz Janssens l’avait imaginé onze ans plus tôt.

La première séance du Parlement dans ses nouveaux locaux eut lieu à la rentrée parlementaire du 21 octobre 1998. Aujourd’hui, le Saint-Gilles est devenu un symbole fort du pouvoir régional, au même titre que l’Élysette qui lui fait face de l’autre côté de la Meuse.

"Détaché en 1995 à la présidence de mon parti pour y remplir les fonctions de chef de cabinet, je n’ai pas vécu l’aménagement dans le bâtiment du Saint-Gilles. J’y ai directement siégé comme parlementaire et président. S’ il est vrai que l’ensemble a été superbement rénové et se situe au confluent symbolique de la Meuse et de la Sambre, j’ai cependant été amené à déclarer qu’ il me paraissait encore trop peu fonctionnel pour répondre aux exigences d’une Assemblée moderne qui doit gérer le destin de la Wallonie. Aujourd’hui, j’espère que les années à venir verront la transformation de ce bâtiment, en harmonie avec le site que les Namurois nomment « le Grognon ». Il y va pour Namur, de sa dimension de capitale wallonne et pour la Wallonie, de la traduction architecturale de sa modernité et de son nouvel élan".  Témoignage de Richard Miller, in L’Aventure régionale, p. 296. 

Rue Notre-Dame 1
5000 Namur

carte

Classé comme monument le 15 janvier 1936

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

SPW - G. Focant 

Palais provincial de Namur

Ancienne demeure des évêques de Namur, de 1732 à la Révolution française, et siège des institutions provinciales depuis 1830, cet imposant palais classique est un des plus beaux édifices de Wallonie, tant par son architecture que par sa décoration intérieure. Construit en brique enduite et pierre bleue, sur un plan en U, il comporte un haut frontispice au centre de l’aile principale. L’ancienne chapelle de l’évêché a été réaffectée en salle de réunion pour le Conseil provincial.

1974 : la première salle de séance du Conseil régional provisoire

Le premier Conseil régional wallon, issu de la loi de régionalisation préparatoire de 1974, qui créait des institutions provisoires154, était composé des sénateurs francophones élus en Wallonie, au nombre de 62x, dont 25 socialistes qui refusèrent de participer aux travaux après la séance d’installation. Sous la présidence du libéral carolorégien Franz Janssens (1914-1985), le Conseil tint ses 23 séances plénières de la législature 1974-1977, sauf une (le 1er décembre 1975 à Bruxelles), dans la salle du Conseil provincial, dont sa séance inaugurale le 26 novembre 1974 à 14 heures. Jusqu’à leur installation au château de La Plante, à l’été 1975, les services du Conseil (présidence, greffe, comptes rendus intégral et analytique, secrétariat des groupes) furent également hébergés dans les locaux du palais provincial namurois.

« Convoqué pour la première fois par le ministre Alfred Califice, le Conseil régional wallon tint sa séance d’installation le 26 novembre 1974 à 14h, en la salle du Conseil du Gouvernement provincial à Namur. Le bureau provisoire était composé du doyen d’âge, Jacques Hambye, qui occupait le fauteuil de la présidence, et des deux membres les plus jeunes, Frédéric François et André Bertouille, remplissant les fonctions de secrétaire. Le doyen ouvrit la séance en déclarant qu’il s’agissait de la première manifestation tangible en Wallonie d’une profonde transformation des structures de l’État belge. La séance se tenait dans la chapelle de l’ancien évêché ; le président siégeait sous une colombe en plâtre représentant le Saint Esprit ; il était donc particulièrement bien inspiré. La disposition de la salle avait été étudiée afin de permettre de faire figurer au premier rang huit PS, quatre PSC, trois PLP et trois RW. Sa configuration respectait la force des quatre partis politiques ; c’était un modèle du genre compte tenu de l’exiguïté de la salle. Les membres de l’Exécutif avaient été placés à la droite du président et le greffier, avec ses collaborateurs, à sa gauche. »  Témoignage de Jacques Brassine de la Buissière, Le Conseil régional wallon 1974-1979, Namur, 2008, p. 29.

Place Saint-Aubain
5000 Namur

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Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

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Musée archéologique de Namur

Située en bordure de la Sambre, l’ancienne halle des bouchers de Namur a été bâtie de 1588 à 1590 sur ordre du gouvernement du roi d’Espagne Philippe II par Conrad II de Nuremberg et Bastien Sion, maîtres des ouvrages du comté de Namur. 

Reconnue Patrimoine exceptionnel de Wallonie, la « halle al’Chair » est construite en brique et pierre bleue. Elle constitue un des derniers témoins de l’architecture traditionnelle mosane de la fin du XVIe siècle. Élevé sur trois niveaux surmontés d’une grande toiture ardoisée ponctuée de lucarnes, le bâtiment est imposant et caractérisé par de hautes fenêtres à croisée. Boucherie à l’origine, l’édifice connaît, dans les siècles suivants, de nombreuses affectations : école dominicale de l’évêché de Namur, magasin, arsenal, hôpital, temple protestant, salle de théâtre, salle du Conseil communal, école primaire et, enfin, depuis 1855, et pour quelques mois encore, siège du musée archéologique de Namur.

Tout comme à Mons pour le département de Jemappes, le musée de Namur possède, dans ses collections, la première pierre de la colonne départementale de Sambre-et-Meuse. La cérémonie de pose de cette pierre avait, elle aussi, eu lieu le 14 juillet 1800, en présence du préfet Emmanuel Pérès. 

Contrairement à Mons, cette colonne fut bien érigée sur la place d’Armes de Namur. Simple, le monument se composait d’une colonne carrée en pierre, de 2 mètres de hauteur. Cette colonne fut détruite en 1814 au moment de la chute de l’Empire et de l’arrivée des troupes coalisées dans nos régions. La « première pierre » resta enfouie sous le pavement et a été retrouvée en 1865 et déposée au musée. 

Cette pierre carrée, de 85 cm de large, est polie et recouverte de l’inscription suivante : « Première pierre de la colonne à ériger à la mémoire des braves du département de Sambre et Meuse morts pour la défense de la patrie, posée par le citoyen Pérès, préfet du département de Sambre et Meuse, le 25 messidor an VIII de la République française ». 

La pierre se trouve toujours au musée aujourd’hui ; elle est encastrée dans un mur du grand escalier. Comme à Mons, le musée archéologique de Namur compte également, dans ses collections, une pierre de la Bastille.

 

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014

 Bruxelles, KIK-IRPA

Mausolée de monseigneur Pisani de la Gaude

Second évêque concordataire de Namur, Joseph Pisani de la Gaude repose dans la cathédrale Saint-Aubain. Né à Aix-en-Provence en 1743, avocat dans un premier temps, il embrasse la carrière ecclésiastique sous l’influence de son oncle, l’évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, et est ordonné prêtre en 1773. Il devient rapidement vicaire du diocèse de son oncle avant d’être nommé évêque de Vence en 1783. Chassé de son siège épiscopal par les révolutionnaires en 1791, il s’exile en Italie (Nice, Rome, Venise et Pesaro). Suite à la pacification religieuse apportée par le Concordat de 1801, il peut rentrer en France mais se retrouve sans emploi : la réorganisation des diocèses voulue par Napoléon a fait disparaître le diocèse de Vence.

À Namur, un premier évêque concordataire avait été nommé par Napoléon en 1802. Il s’agit ici aussi d’un Français. Né en Moselle, Claude de Bexon ne supporte pas sa charge bien longtemps et démissionne en septembre 1803. Suite à cette démission, l’ancien évêque de Vence est nommé à ce poste le 3 février 1804 par Bonaparte et confirmé par le pape le 28 mai suivant. Le diocèse est en crise et doit gérer une sorte de schisme local mené par les Stévenistes. Pisani prend possession de son diocèse le 15 août et entame son action, caractérisée par la reconstruction et la réorganisation de la vie pastorale. Fait baron d’Empire, il poursuit son travail après la chute du régime et meurt à Namur le 23 février 1826.

Réalisé en 1826 par le sculpteur Philippe Parmentier, son monument funéraire représente le défunt dans ses habits épiscopaux, couché, le bras droit reposant sur deux coussins. Au-dessus figurent les armoiries de l’évêque représentant un arbre surmonté de deux étoiles. Elles sont accompagnées de sa devise « Gemino sub sydere tuta » (en sûreté sous les deux étoiles). Le gisant et les armoiries sont sculptés dans du marbre blanc et situés sur un haut socle de marbre noir, le tout situé dans une niche.

Une longue inscription latine figure sur le socle du monument : « Æternae memoriae ill[ustrissi] mi ac R[everendissi]mi D[omi]ni D[omi]ni Caroli-Francisci-Joseph Baronis de Pisani de la Gaude Episcopi qui per XXII anni Ecclesiam Namurcen[sem] pie sapitenter feliciterq[ue] rexit et operibus bonis virtutisbus[que] in obdorm[itiona] die XXIII februari MDCCCXXVI ÆT[ATE] LCCCII R.I.P. » (« À l’éternelle mémoire […] de Charles-François-Joseph, baron de Pisani de la Gaude, évêque qui, avec sagesse et bonheur a dirigé pendant 22 années l’Église de Namur, mort le 23 février 1826 […] »).

Place du Chapitre 3
5000 Namur

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014

SPW

Hommage du Gouvernement wallon sur la tombe de François Bovesse

Cimetière de Belgrade (Namur)

Conçu en 1865 comme un parc aux allées majestueuses bordées d’arbres imposants dont seuls quelques uns subsistent, le cimetière de Namur dit « de Belgrade » comporte de nombreux monuments commémoratifs, un carré militaire et la sépulture de plus de 67.000 Namurois. Comme tous les grands cimetières urbains de la seconde moitié du xixe siècle, il a été dessiné par un architecte qui a prévu une entrée monumentale, de larges allées carrossables arborées et une grande pelouse d’honneur.

À l’instar des cimetières liégeois de Robermont et de Sainte-Walburge, celui de Belgrade à Namur est également le lieu de nombreuses commémorations autour de tombes de militants wallons. D’autres sépultures méritent de retenir l’attention par leur symbolisme.

 

 

Jean-Antoine Bioul (1915-1983) : la tombe de ce lieutenant-colonel honoraire est intéressante par le médaillon figurant un coq et la dédicace « Wallon toujours » qui y sont présents.

 

 

 

 

 

 

Nicolas Bosret (1799-1870) : auteur de nombreuses chansons en wallon, dont Li Bia Bouquet, que la ville de Namur choisira comme hymne en 1857, et membre de la Société royale Moncrabeau, société folklorique et philanthropique namuroise. L’hommage des Fêtes de Wallonie au cimetière de Namur inscrit la sépulture de Nicolas Bosret à son programme en 1959. La pierre tombale porte les armoiries de la Royale Moncrabeau.

 

 

 

 

Hommage du Gouvernement wallon sur la tombe de François Bovesse © SPW

François Bovesse (1890-1944) : grand militant libéral wallon, fut à l’origine des fêtes de Wallonie à Namur en 1923. Gouverneur de la province de Namur en 1937, il continua néanmoins à combattre le flamingantisme. Démis de ses fonctions par les Allemands, il s’engage dans la Résistance et il est assassiné par des rexistes le 1er février 1944. Le 6 février 1954, le Comité namurois des fêtes de Wallonie lui rend un hommage solennel sur sa tombe, qui fait également partie du circuit lors de l’hommage rendu au cimetière de Namur le dimanche des fêtes de Wallonie. En septembre 1985 lors de son éphémère implantation à Namur, le Ministre-Président wallon Jean-Maurice Dehousse dépose une gerbe de fleurs sur la tombe, geste que répétera notamment Guy Spitaels en 1992 lors de son entrée en fonctions.

 

 

 

Joseph Calozet (1883-1968), auteur wallon, secrétaire de la Fédération wallonne littéraire et dramatique de la province de Namur, membre de Rénovation wallonne en 1945 et du comité provincial namurois de patronage du Congrès national wallon en 1947. Président du Théâtre wallon namurois, il participe au second Congrès culturel wallon de 1955. À la fin des années 1970, la tombe de Joseph Calozet est mise au programme du traditionnel hommage aux Wallons rendu le dimanche des fêtes de Wallonie.

 

 

 

 

 

Monument aux morts de 1940-1945 : ce monument érigé au coeur du cimetière est, avec la tombe de François Bovesse, une des premières fleuries lors de l’hommage rendu au cours des fêtes de Wallonie depuis les années 1950. Les autres sépultures ont été ajoutées par la suite à ce pèlerinage.

Chaussée de Waterloo 438

5002 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

G. Focant -  SPW Patrimoine

Château des comtes de Namur et site de la citadelle

Vestiges archéologiques sur le site de la citadelle de Namur. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

La place forte de Namur est incontestablement caractérisée par le site de la citadelle, occupé depuis la Préhistoire. C’est sur ce site stratégique que la résidence des comtes de Namur est construite à partir du XIIe siècle. Le château comtal occupe alors la zone la plus basse de l’éperon et s’étage en terrasses recoupées par un fossé en son point culminant. La collégiale Saint-Pierre-au-Château, citée dès le XIIe siècle et détruite en 1746, émergeait de l’ensemble des bâtiments. Les vestiges du château forment le noyau ancien de la citadelle. Si on ignore quand les comtes décidèrent de se fixer définitivement à cet endroit, l’existence d’une résidence comtale sur le site de la citadelle s’achève avec la vente du comté de Namur au duc de Bourgogne en 1421. La fonction résidentielle du lieu prend progressivement fin, le nouveau comte ne résidant pratiquement jamais à Namur.

La citadelle de Namur et le pont de Jambes. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Du logis comtal situé au point haut ne subsistent que l’âme de deux tours circulaires et quelques vestiges. En contrebas, vers le pont de Jambes, subsistent deux tours faisant partie de la seconde enceinte médiévale construite par le comte de Namur Guy de Dampierre : la tour Joyeuse et la tour César. La tour Dessus Bordial évoque quant à elle l’enceinte du XIVe siècle. Le site connaît ensuite un nouveau souffle et sa vocation militaire va croissante à partir du XVe siècle. Face à la principauté de Liège, Namur devient une place forte à la frontière de l’État bourguignon. Les ingénieurs de Charles Quint construisent une première véritable citadelle ; les Espagnols poursuivent le travail de fortification aux XVIe et XVIIe siècles. Vauban perfectionne l’ensemble après le siège de Namur par les armées de Louis XIV et les Autrichiens poursuivront l’occupation stratégique du site au XVIIIe siècle.

Portrait du comte de Namur Maximilien-Emmanuel de Bavière attribué à Joseph Vivien et conservé au musée de Groesbeeck de Croix à Namur © KIK-IRPA, Bruxelles

La citadelle de Namur, modifiée de tous temps, constitue encore aujourd’hui un site exceptionnel, conservant des vestiges de plusieurs époques et permettant à elle seule de témoigner de la présence des comtes de Namur, du Moyen Âge à l’époque autrichienne. Devant le fossé du donjon, une chapelle dédiée à saint Pierre fut élevée sous l’impératrice Marie-Thérèse en 1754 pour remplacer la collégiale détruite par un incendie suite à l’invasion des troupes françaises en 1746. Suite à la guerre de succession d’Autriche, l’empereur Joseph II décida du démantèlement partiel de la citadelle qui perdit son rôle militaire, jusqu’à l’annexion de nos territoires aux Pays-Bas en 1815.

Route merveilleuse 64
5000 Namur

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Frédéric MARCHESANI, 2013

Guy Focant (SPW)

Château de La Plante à Namur

Cet élégant édifice en U de style Louis XVI aménagé au milieu du xixe siècle par Louis Mohimont au départ de deux maisons jointives du xviiie siècle fut loué à la Province de Namur par les descendants du dernier occupant avant d’être vendu, incendié, menacé de démolition, et heureusement racheté à partir de 1998 par l’ACIS, Association chrétienne des institutions sociales et de santé, dont il abrite le siège social.

1974 : le Conseil régional provisoire

Le ler avril 1974, à l’initiative de François Perin du côté francophone, Ministre RW des Réformes institutionnelles dans une coalition dirigée par Léo Tindemans, la loi dite de « régionalisation préparatoire » créa au sein du Gouvernement trois Comités ministériels des affaires régionales et, au départ des Sénateurs, trois Conseils régionaux consultatifs dont le premier Conseil régional wallon. Ce fut une étape importante dans la voie de la régionalisation à trois, mais les travaux de ce premier CRW furent boycottés par le Parti socialiste en raison de l’hostilité du coprésident du PSB André Cools à cette structure sans pouvoir née en dehors de la volonté du PSB.

Le CRW tint ses séances publiques dans la salle du Conseil provincial de Namur et c’est également de cette dernière qu’il obtint en sous-location, pour y installer ses services à partir du ler juillet 1975, le château de la Plante que la Province prit en location à cet effet pour un bail de neuf ans. Les présidences de groupes et les bureaux de l’assemblée y furent installés jusqu’à leur dissolution peu avant les élections législatives d’avril 1977. Au terme de celles-ci, le retour des socialistes au pouvoir devait notamment se traduire par la suppression des Conseils issus de la loi de 1974 avant la création d’un nouveau CRW, radicalement différent, trois ans plus tard.

L’implantation de La Plante était prévue pour n’être que provisoire, le Bureau politique du CRW ayant souhaité dès 1975 pouvoir installer le Conseil, sa salle des séances et ses services dans l’ancien hospice Saint-Gilles au confluent de la Meuse et de la Sambre, puis dès l’année suivante, dans un bâtiment neuf à construire sur la pointe du Grognon.

1980 : le premier siège de la SRIW

Créée par la loi du 4 août 1978 (après la fin des Conseils régionaux consultatifs), la Société régionale d’Investissement de Wallonie fut officiellement constituée à Namur le 22 octobre 1979. Elle commença effectivement à fonctionner à partir du 1er mars 1980 dans les locaux du château de La Plante désertés par le défunt Conseil, avant de s’installer dans un immeuble de bureaux à Jambes, place Joséphine-Charlotte, puis de rejoindre Liège dans les années 1990 avec les autres organismes publics régionaux à vocation économique.

Avenue de la Pairelle, 32-34, 5000 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy (Focant)

Centre administratif Cap Nord du SPW

Conçu par l’architecte montois Jean Barthélemy (par ailleurs président des Journées du Patrimoine en Wallonie de 1991 à 2008) au sein de l’Atelier d’urbanisme, de réhabilitation et d’architecture (AURA), le Centre administratif du Ministère de l’Équipement et des Transports - aujourd'hui intégré au sein du Service public de Wallonie - fut édifié derrière les voies de chemin de fer de la gare de Namur à partir d’octobre 1996 et achevé en juin 1999. L’édifice se singularise non seulement parce qu’il fut le plus grand bâtiment public réalisé jusqu’alors en Wallonie, mais aussi par la précision et le raffinement de sa réalisation ainsi que par la modernité de son image. Offrant une superficie totale de 68.000 m² et pouvant accueillir 950 agents autour d’une rue intérieure qui permit de développer un espace interne d’une valeur esthétique manifeste, il réussit le pari d’intégrer une construction d’envergure dans le paysage urbain en tirant parti d’un terrain long et étroit, tout en marquant sa présence – et donc celle de la Région – avec une certaine solennité.

Un ministère pour le XXIe siècle

La création du Ministère de l’Équipement et des Transports (le MET) remonte à l’été 1989, lorsqu’eut lieu le transfert aux Régions (décidé par la loi du 8 août 1988) de nouvelles compétences, principalement en matière d’économie, de transport et d’infrastructure. Quelques 3.500 agents des Travaux publics, des Communications, du Fonds des Routes, des Voies navigables et des Voies aériennes intégrèrent ainsi le 1er janvier 1990 le tout nouveau Ministère, créé alors aux côtés du Ministère de la Région wallonne (le MRW, remontant à 1981). Ceux-ci furent d’abord disséminés dans divers locaux namurois, mais le principe de la construction d’un bâtiment pour les regrouper fut arrêté dès 1990 et le choix du site de la gare fut accepté par l’Exécutif régional dès l’année suivante. Il fallut ensuite deux ans de discussions complexes sous la
houlette du cabinet du Ministre en charge des Implantations Robert Collignon pour que le projet prenne corps et soit approuvé en mai 1994, puis deux ans de démarches diverses encore pour pouvoir entamer le chantier en octobre 1996.

Le démarrage des travaux du Centre administratif du MET suivait d’un peu plus d’un an et demi l’inauguration par le même Robert Collignon, le 13 janvier 1995, du siège central du MRW, à Jambes, entamé en mars 1992. OEuvres des architectes Honoré, Minet, Wargnies, Farla et Greisch, celui-ci accueillait sur le site de l’ancien hôtel de ville de Jambes quelque 800 fonctionnaires dans un bâtiment renouant avec l’inspiration urbanistique et architecturale de la Renaissance, tout en dégageant à ses pieds une nouvelle place de la Wallonie. L’équipe architecturale initiale (Honoré et Farla) avait été constituée en 1984 déjà lorsque le Ministre-Président Jean-Maurice Dehousse avait lancé un concours de promotion pour l’implantation des administrations régionales à Namur, décidée en 1983 mais remise en cause entre 1985 et 1987.

Une cellule provisoire de la future administration wallonne, forte de douze agents, avait été mise en place en mars 1981 et elle s’était efforcée dans un premier temps de regrouper l’ensemble des fonctionnaires alors régionalisés en un lieu unique à Bruxelles, square Frère-Orban. À l’époque, en matière d’outils publics régionaux, seuls des agents de la Société de Développement régional de Wallonie (SDRW) se trouvaient à Namur, soit au siège de celle-ci (rue Grafé, 5), soit au 54 de la rue Godefroid, face à la gare. Ils furent intégrés au MRW en juillet 1983, la SDRW ayant été dissoute. Les premiers transferts de fonctionnaires depuis Bruxelles pour Namur eurent lieu au milieu des années 1980, dans les endroits les plus divers : au-dessus du magasin C&A face à la gare, dans une aile encore inoccupée de l’hôpital (avenue Albert Ier face à la Meuse), dans des immeubles à appartements transformés en bureaux à Jambes, etc. Le Ministre-Président Bernard Anselme put élaborer une politique d’implantations plus cohérente au tournant des années 1980-1990.

Témoignage de Georges Horevoets, ancien Secrétaire général du Ministère de la Région wallonne

"Nous avons également à négocier le transfert des fonctionnaires qui composent le Ministère de la Région wallonne au départ de huit ministères nationaux. Le passage des membres du personnel des ministères nationaux aux ministères des Communautés et des Régions ne se fait pas sans peine. Sur les mille quatre cent cinquante agents qui composent le cadre du Ministère, neuf cents tout au plus sont transférés. Les effectifs ressemblent quelquefois à une armée en déroute. Des pans entiers de l’administration se retrouvent sans le moindre encadrement. De surcroît, ils sont dispersés dans de multiples bâtiments bruxellois. Je me souviens encore que l’on nous avait même transféré des agents... décédés ou retraités. 
Notre tâche consiste alors à rassembler l’ensemble de nos troupes en un lieu unique de Bruxelles : square Frère-Orban, à proximité du Conseil d’État. Pour faire face à une telle situation comme pour éviter tout double emploi, nous proposons à l’Exécutif régional wallon de fusionner le Ministère et la Société de Développement régional pour la Wallonie (S.D.R.W). Ce que malheureusement nous n’avons pas prévu, c’est qu’à la veille de la fusion, l’Exécutif décide de gonfler le cadre de la S.D.R.W, si bien que ce sont cent cinquante-six agents supplémentaires qui rejoignent le Ministère. 
En 1984, l’Exécutif décide d’installer ses services à Namur. D’abord, le cabinet du Ministre-Président, puis l’administration. L’économie, l’environnement, les pouvoirs locaux déménagent ensuite progressivement. Fin 1985, changement de coalition. Melchior Wathelet décide de tout arrêter, allant jusqu’à rappeler les camions en route vers Namur. L’administration doit dès lors vivre avec cette double implantation jusqu’en 1988, moment où l’ensemble des services rejoignent définitivement la capitale wallonne". 
Source: L’Aventure régionale, p. 71-72.

Boulevard du Nord, 8, 5000 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Immeuble, rue Van Opré n° 97

Immeuble de bureaux sans recherche architecturale particulière, tel qu’il s’en est construit beaucoup à Jambes autour de la place Joséphine-Charlotte, au tournant des années 1970 et 1980.

1984 : le premier cabinet ministériel à Namur

Aussi longtemps que le pouvoir exécutif wallon encore embryonnaire fut composé de membres de Gouvernement central (Comité ministériel des Affaires wallonnes présidé par Alfred Califice de 1974 à 1977 ; premiers Exécutifs régionaux présidés par Jean-Maurice Dehousse d’avril 1979 à décembre 1981), ceux-ci siégeaient par la force des choses à Bruxelles. C’est le pouvoir exécutif autonome (mais alors obligatoirement composé à la proportionnelle) qui décida le 27 octobre 1982 d’installer à Namur, au plus tard en 1985, les cabinets ministériels wallons et les administrations régionales. L’Exécutif fut présidé par le même Jean-Maurice Dehousse d’octobre 1982 à décembre 1985 après neuf mois de présidence du libéral André Damseaux (de janvier à octobre 1982).

Malgré cette décision de principe, l’Exécutif wallon resta entièrement localisé à Bruxelles durant encore deux ans, seules ses réunions budgétaires étant organisées au château de La Hulpe.

Le ministre socialiste de l’Environnement, Valmy Féaux, fut le premier à installer son cabinet ministériel à Namur, au 97 de la rue Van Opré, sur deux plateaux que Cockerill Sambre venait de libérer dans un immeuble proche de la place Joséphine-Charlotte et des premiers bureaux de la SRIW (Société régionale d’Investissement de Wallonie). L’installation du cabinet à Namur eut lieu en décembre 1984. C’est dans un bâtiment annexe à peine terminé au coin de la rue Van Opré et de la rue Kefer (aujourd’hui occupé par des services de l’Inspection de l’Enseignement de la Communauté française), destiné à une des cellules du cabinet, qu’eut lieu le 13 mars 1985 la première réunion à Namur de l’Exécutif régional wallon. Son président, Jean-Maurice Dehousse, installa à son tour son cabinet dans la capitale wallonne en septembre suivant (avenue Prince de Liège, de l’autre côté de la place Joséphine-Charlotte), mais pour trois mois seulement.

Fin 1985, le premier Exécutif composé selon les règles normales du jeu démocratique (majorité sociale-chrétienne-libérale et opposition socialiste et écologiste), présidé par le social-chrétien Melchior Wathelet, décidait, en effet, de réinstaller à Bruxelles la totalité des cabinets ministériels wallons. Valmy Féaux quitta Namur le 9 décembre, non sans avoir planté un tilleul « commémoratif » sur l’esplanade faisant face à ses locaux. Ceux-ci sont toujours occupés aujourd’hui par divers services administratifs de la Région.

Dans le prolongement du no 97 de la rue Van Opré, mais situé place Joséphine-Charlotte, no 2, un nouvel immeuble de neuf étages (dont la construction avait été entamée en 2004) accueille depuis le 15 décembre 2008 les services du Secrétariat général du SPW (Service public de Wallonie).

Au sein de l’Exécutif, le débat est vif. Un clivage fort sépare ceux qui pensent qu’il faut rester à Bruxelles à proximité des grands centres de décision, là où se trouve l’administration (essentiellement les ministres libéraux et social-chrétien) et ceux qui, au contraire, plaident pour une installation – même si elle doit s’échelonner – sur le territoire wallon, à Namur, ville choisie pour accueillir les institutions politiques de la Région wallonne et où se trouve déjà depuis fin 1980 le Conseil régional wallon, aujourd’hui appelé Parlement wallon (essentiellement les ministres socialistes). Derrière ce clivage se profile surtout un désaccord profond entre partisans et adversaires de la fusion de la Communauté française et de la Région wallonne. En attendant, chacun s’installe – les uns dans une perspective définitive, les autres provisoire – à Bruxelles dans des locaux proposés par des sociétés immobilières. Témoignage de Valmy Féaux, in L’Aventure régionale, p. 94-95.

" Cet hiver-là, la Meuse charriait de gros blocs de glace sous le pont des Ardennes. En certains endroits, il était même possible de traverser le fleuve à pied. Il faut dire que depuis le lendemain de Noël – nous sommes en 1984 – la température à Namur est largement, et de façon continue, négative… atteignant même début janvier une pointe de -20 degrés. C’est pendant cette période hivernale, aux conditions climatiques exceptionnelles, que les premiers collaborateurs du cabinet du Ministre de la Région wallonne pour l’eau, l’environnement et la vie rurale emménagent à Namur – plus exactement à Jambes, à deux pas du pont des Ardennes… balayé par un fort vent polaire. Il fallait voir arriver ces pionniers ! Emmitouflés dans leurs anoraks et leurs pelisses, leurs visages à moitié dissimulés derrière une écharpe, le bout du nez perlé de gel, ils semblaient émerger de la toundra. En arrivant devant le grand bâtiment blanc de la rue Van Opré, appelé à abriter le cabinet du Ministre, ils éprouvaient un vif soulagement… tout en esquissant un sourire plutôt narquois. La carte de voeux du Ministre cette année-là ne reprenait- elle pas en exergue – ô ironie ! – un vers de Georges Brassens : « Il suffit de passer le pont ; c’est tout de suite l’aventure ». Eh oui, quelle aventure ! Ils s’en souviennent encore aujourd’hui, ces vaillants éclaireurs de la présence ministérielle en terre namuroise." Témoignage de Valmy Féaux, in L’Aventure régionale, p. 93.

"Notre Exécutif lui-même se cherchait encore, géographiquement parlant. Il siégeait au boulevard de l’Empereur, à Bruxelles, mais il se réunissait au château de La Hulpe quand il s’agissait de discuter du Budget. Nous n’en étions pas encore, loin s’en faut, à imaginer de faire de Namur le centre géographique et politique de la Wallonie qui se composait politiquement".  Témoignage de Jacqueline Mayence, in L’Aventure régionale, p. 80. 

Rue Van Opré 97 
5100 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009